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L’âme du monde : Platon, Anaxagore, Empédocle
Y avait-il un antécédent à la conception platonicienne de l’âme du monde chez les penseurs présocratiques ? Vu l’état fragmentaire de notre corpus, il est plus prudent de se limiter à une question plus étroite : Platon lui-même signale-t-il un tel antécédent ? Deux philosophes présocratiques se prêtent à l’examen : Anaxagore et Empédocle. (1) Dans le Cratyle, Platon identifie l’Intellect anaxagoréen à « l’âme qui ordonne et maintient la nature de toutes les choses ». Dans le Phédon, il reproche à la théorie d’Anaxagore de concevoir l’Intellect comme une force physique et non comme une faculté de connaissance qui détermine les fins. Dans le Timée, il élabore une théorie de l’âme du monde comme une nature automotrice qui agit sur les corps mais qui possède aussi un intellect appréhendant des réalités intelligibles. (2) Y avait-il, dans les poèmes d’Empédocle, quelque chose d’analogue à l’âme du monde de Platon ? C’est surtout l’Amitié qui se porte candidat. Malheureusement, on ne peut apporter de réponse satisfaisante à cette question aussi longtemps qu’il n’y a pas d’accord sur la nature de l’Amitié et de la Haine, des daimones et de la phrên hierê dans les poèmes d’Empédocle. Cependant, des passages du Timée et du Politique suggèrent que Platon pensait à Empédocle en formulant ses propres vues sur la cosmologie. Il a néanmoins profondément remanié la conception empédocléenne de l’Amitié et de la Haine, de même qu’il a transformé la conception anaxagoréenne de l’Intellect cosmique. Ce n’est que sous cette réserve qu’on peut invoquer le Noûs d’Anaxaxore et la Philiê d’Empédocle comme des antécédents de l’âme du monde de Platon.Was there an antecedent to Plato’s concept of the World Soul in the writings of the Presocratics? Given the scarcity of our evidence, it is safer to narrow the question down: Does Plato himself point to such an antecedent? Two Presocratic philosophers may appear as a case in point: Anaxagoras and Empedocles. (1) In the Cratylus, Plato identifies the Anaxagorean Intellect with a soul ‘ordering and holding the nature of everything’. In the Phaedo, he criticizes Anaxagoras’ theory because it presents the Intellect as a mere physical force and not a cognitive capacity fixing goals. In the Timaeus, he elaborates a theory of the World Soul as a self-moving nature which acts upon bodies but also possesses an intellect grasping intelligible realities. (2) Was there, in Empedocles’ poems, something analogous to Plato’s World Soul? Love in particular is a candidate. Unfortunately, the question cannot be properly answered as long as there is no agreement on the nature of Love and Strife, the daimones and the phren hiere in Empedocles’ poems. Passages from the Timaeus and Politicus, however, suggest that Plato thought of Empedocles while formulating his own cosmological ideas. But in so doing he restructured Empedocles’ conception of Love and Strife radically, as he did with Anaxagoras’ conception of the cosmic Intellect. Only with this caveat in mind we can speak of Anaxagoras’ Nous and Empedocles’ Philie as antecedents of Plato’s World Soul
Platon et la psychè
Le numéro XI des Etudes Platoniciennes est le second numéro d'une série consacrée au thème "Platon et ses prédécesseurs" qui fut l'objet des recherches présentées au Séminaire d'Études Platoniciennes de 2009 à 2012. Ce numéro, qui a pour thème la psychè, se propose de répondre à deux questions : comment Platon, héritier d’un ensemble complexe de croyances, de théories, et de représentations sur l’âme, peut-il nous aider à mieux comprendre, par les transformations qu’il fait subir aux prédécesseurs qu'il utilise, les auteurs pré-platoniciens sur des éléments de leur psychologie ? Comment d’autre part, l’analyse des dispositifs de ces transformations nous renseigne-t-elle sur les véritables stratégies philosophiques platoniciennes pour édifier ses propres théories sur l’âme ? À travers ce volume se dessinent aussi les gestes qui ont conduit à reconnaître sous le terme de « psychologie » un ensemble de savoirs et de croyances dont Platon hérite, qu’il véhicule, et contribue à transformer