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Education, protection and control of youth : contribution to a sociology of socio-judicial careâs professionals
"C'est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus Ă©troites appartenances, et c'est notre regard aussi qui peut les libĂ©rer." Amin Maalouf, Les identitĂ©s meurtriĂšres, 1998. Ces trois derniĂšres dĂ©cennies ont vu une juxtaposition de dispositifs censĂ©s rĂ©pondre Ă la dĂ©linquance juvĂ©nile. Notre thĂšse est une rĂ©flexion sur le traitement de celle-ci par une partie des acteurs et des actrices de la chaĂźne de la rĂ©action sociale, sur la conception et la configuration de la justice des mineur-e-s, tant au civil quâau pĂ©nal. Elle se fonde sur la façon dont les professionnel-le-s de lâĂ©ducation, notamment, dĂ©terminent et prĂ©sident aux choix institutionnels de rĂ©ponses Ă cette question Ă©minemment sociale et indubitablement politique. Si, en droit, la loi pĂ©nale se dote de spĂ©cificitĂ©s en fonction de lâĂąge, elle se doit dâĂȘtre aveugle au sexe, au genre et Ă lâethnie. En effet, dans sa conception, en tant quâinstitution, mais surtout en tant quâidĂ©al, la justice vise Ă dĂ©passer lâarbitraire. Par le biais des institutions chargĂ©es de sa matĂ©rialitĂ©, par les acteurs et actrices de celles-ci, et les actes par lesquels sâopĂ©rationnalise le contrĂŽle de la jeunesse, elle nâest, toutefois, Ă©tanche ni au systĂšme patriarcal, ni au prisme de lâethnicisation. En dĂ©pit de lâexpression de volontĂ©s manifestes dâĂ©galitĂ©, les pratiques et discours des professionnel-le-s rencontrĂ©-e-s tĂ©moignent dâune mise en Ćuvre diffĂ©renciĂ©e, selon les reprĂ©sentations vĂ©hiculĂ©es et portĂ©es sur tel ou tel marqueur identitaire, donnant Ă lâapplication de ces politiques de protection ou de punition de la jeunesse, un genre ou encore une coloration ethnique qui se superposent, voire sâentremĂȘlent. En sâacquittant de lâapprentissage de la conformitĂ© aux mineur-e-s confiĂ©-e-s sur dĂ©cision judiciaire, les professionnel-le-s participent Ă la perpĂ©tuation dâassignations prĂ© dĂ©terminĂ©es : les mĂ©canismes de (re) production institutionnelle de sous catĂ©gories rĂ©vĂšlent alors un net Ă©cart entre le traitement des garçons et celui des filles. Ils dĂ©voilent, par ailleurs, les tensions soutenues entre injonction Ă lâindividualisation des rĂ©ponses et difficultĂ© Ă dĂ©passer la dichotomie fĂ©minin/masculin, figeant, en quelque sorte, dans un registre biologique, les grilles dâanalyse des comportements des adolescent-e-s. Sâil sâagit, pour les un-e-s comme pour les autres, de rectifier les processus dâintĂ©riorisation de normes sociales en Ă©chec et de former des sujets responsables de leurs actes, le prisme du genre divulgue le laborieux ou plus prĂ©cisĂ©ment, lâimpossible pari de lâindividualisation. Il met ainsi en lumiĂšre un contrĂŽle diffĂ©renciĂ© des garçons et des filles qui, pour les premiers, sâĂ©labore Ă partir de lâacte de dĂ©linquance, mais qui, pour les secondes, est davantage guidĂ© par une idĂ©e si ce nâest une idĂ©ologie de la fĂ©minitĂ©. Les trajectoires individuelles sâen trouvent impactĂ©es : lĂ oĂč les filles voient les leurs possiblement rĂ©versibles, les garçons sont, en quelque sorte, « condamnĂ©s Ă la pĂ©nalitĂ© ». Le genre offre, par ailleurs, en sa qualitĂ© de catĂ©gorie dâanalyse, lâopportunitĂ© dâobserver une division sexuĂ©e des tĂąches entre hommes et femmes au travail. De surcroit, par le truchement de lâintersectionnalitĂ©, la mobilisation du versant ethnique connote les prises en charge. Une modĂ©lisation des pratiques des professionnel-le-s se dessine alors, tĂ©moignant de la difficultĂ© Ă accompagner dans les processus de socialisation, la formation de lâindividualitĂ© et lâĂ©mergence dâune conscience apte Ă faire des choix. Pour rendre possible la relation Ă©ducative, quelles sont les pratiques effectives ? Quelles contraintes reposent sur les acteurs et les actrices ? Quelles sont les incidences que cette modĂ©lisation induit sur les jeunes ?"It is our gaze that often encloses others in their closest sense of belonging, and it is also our gaze that can liberate them."Amin Maalouf, In the Name of Identity: violence and the need to belong, 1998 It is no exaggeration to say that these last three decades have seen a juxtaposition of measures supposed to respond to juvenile delinquency: this thesis is a reflection on the treatment of this issue by some of social chainâs actors, on the conception and the configuration of juvenile justice, in its civil and penal aspects. It is based on the way in which education professionals, in particular, determine and preside over the institutional choices of response to this eminently social and undoubtedly political issue. If the criminal law has specific features according to age, it is supposed to be blind to sex, gender and ethnicity. Indeed, in its conception as an institution but especially as an ideal, justice aims at overcoming arbitrariness. Through the institutions responsible for its implementation, through their actors or their acts by which youth control is carried out, the law is, however, not impervious to either the patriarchal system or to ethnicity. Even though they show a patent will/wish for equality, the practices and discourses of the actors attest to a differentiated implementation, according to the representations conveyed and carried on this or that identity marker, giving the application of these protection or punishment policies, gender or ethnic hues that can overlap or even be intertwined. As they teach educational standards to minors under legal supervision, the professionals participate in the perpetuation of social representations: the institutional (re) production mechanisms of subcategories indicate a clear difference between the treatment of boys and girls. Moreover, they reveal the tensions sustained between the injunction to individualized answers and the difficulty of going beyond the feminine / masculine dichotomy, which, in a way, fixes in a biological register the grids of analysis of teenagersâ behaviors. Indeed, if for the ones as for the others, it is a matter of correcting the failing processes of internalization of social standards and of training subjects to be responsible for their acts, the prism of gender reveals the laborious even impossible bet of individualization. It thus highlights a differentiated control of boys and girls, which for the former is developed from the act of delinquency but for the latter, is guided more by an idea or an ideology of femininity. Personal paths are consequently affected; when girls see their paths possibly reversible, boys are in a way âcondemned to penaltyâ. It also offers, as a category of analysis, the opportunity to observe a gendered division of tasks between men and women at work. Finally, through intersectionality, the mobilization of the ethnic side connotes support and then draws a model of professional practices that demonstrate the difficulty of accompanying, in socialization processes, the formation of individuality and the emergence of a subject responsible for his or her actions. In order to make the educational relationship possible, what practices are adopted? What are the constraints for the actors? What room for maneuver is there and above all, what effects are induced on young people
8. Entre genre et ethnicitĂ© : penser lâindividualisation des prises en charge
Comme lâont soulignĂ© Christine Guionnet et Ărik Neveu, la comprĂ©hension du genre et de ses effets sociaux suppose son articulation permanente avec dâautres variables sociologiques, comme la classe, la catĂ©gorie socioprofessionnelle, lâorigine ethnique (Guionnet et Neveu, 2004). Dans ce chapitre, issu dâune recherche en cours et dâune enquĂȘte de deux ans au sein de lâĂcole nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ), nous revenons sur la prĂ©gnance des catĂ©gorisations genrĂ©es et e..
Visiteurs et personnels de zoos urbains : une approche sociogéographique des liens entre conception de la nature et actions
Cet article Ă©mane dâun travail pluridisciplinaire autour des rapports quâentretiennent lâhumain et ses institutions avec le monde animal : Ă partir de lâexemple de trois zoos urbains, gĂ©ographie et sociologie conversent sur la façon dont les actions mises en place dans le cadre de ces espaces influencent la conception de la nature des acteurs, visiteurs mais aussi professionnels exerçant dans ces zoos. Le traitement et lâanalyse dâune vingtaine dâentretiens semi-directifs et dâobservations in situ mettent en exergue lâambivalence de lâimpact des actions des zoos sur le public. Tout en maintenant une fonction de distraction et de loisir, le zoo dĂ©fend sa place dâacteur engagĂ© dans la conservation des espĂšces animales, toutefois, la permanence de son existence nuance son efficacitĂ© Ă protĂ©ger durablement la nature des effets pervers des activitĂ©s anthropiques.This article emanates from a multidisciplinary work about the relationships that the human being and its institutions maintain with animal world: from the example of three urban zoos, geography and sociology converse on how zoosâ actions influence the conception of the nature of its visitors and its professionals. The treatment and analysis of twenty interviews and observations demonstrate the ambivalence of the impact of zoosâ actions on the public. While maintaining a function of distraction and leisure, the Zoo defends its place as an actor engaged in the conservation of animal species, however, the permanence of its existence nuances its effectiveness to protect sustainably the nature of the perverse effects of human activities
Le contrÎle des jeunes déviants
Les perceptions publiques de la jeunesse semblent se cristalliser autour de deux figures bien distinctes : dâun cĂŽtĂ©, une jeunesse ordinaire, dont on dit souvent quâ« il faut bien quâelle se passe ». Elle est certes parfois turbulente, ou mĂȘme politisĂ©e, mais ses dĂ©sordres semblent transitoires et, du moins aux yeux dâune partie de la sociĂ©tĂ©, lĂ©gitimes. De lâautre cĂŽtĂ©, une jeunesse menaçante, issue des classes populaires, qui met en Ă©chec les instances traditionnelles de socialisation et ne semble rĂ©pondre quâaux exigences de la rue, du quartier ou du gang. Si cette seconde figure nâest pas nouvelle, sa perception sâest sensiblement modifiĂ©e et le fossĂ© sâest creusĂ© entre les deux polaritĂ©s. Ă la reprĂ©sentation des dĂ©viances comme des sĂ©quences prĂ©visibles et presque inĂ©vitables de la vie des jeunes (hommes le plus souvent) dâorigine populaire sâest substituĂ©e lâimage de dĂ©viances ancrĂ©es, accompagnĂ©es de violences incontrĂŽlĂ©es, menant de la petite dĂ©linquance Ă la grande criminalitĂ©, ou â ultime menace de notre Ă©poque â aux radicalisations les plus terrifiantes. Cet ouvrage met en lumiĂšre le fonctionnement des dispositifs de contrĂŽle et les processus de typification qui contraignent en partie la jeunesse stigmatisĂ©e Ă ne pouvoir exister quâĂ lâintĂ©rieur de cadres forgĂ©s pour elle. La multiplicitĂ© des territoires investiguĂ©s, de la France au BrĂ©sil, en passant par le QuĂ©bec et les Ătats-Unis, permet de prĂ©senter une grande variĂ©tĂ© de cas et de dĂ©gager certaines tendances dâensemble