Crise laitière et quotas : l'évolution de la politique laitière en France et dans la Communauté

Quotas and milk crisis : the évolution of dairy policy in France and in the EEC. This article aims at giving an analytic interpretation of the policy change induced by dairy quotas. They explain why the dairy crisis in the EEC could resuit on quotas as a compromise solution although the majority of the member States had originally rejected this solution. For everybody, it tuas the lesser of two evils. In four years of quota policy, the régulations have been made more and more complex by the EEC which has allowed national specifie Systems to develop, leading to two main consequences : the basic principle of quotas has been rather welland quickly accepted ; but it implied a partial renationalisation of dairy policies. Two aspects of the French situation are pointed out. In the beginning, the management of the quota System heavily relied upon the processing industry, and has increasingly tended to be ruled by regional committees, which means a comeback of the farmers unions ; an efficient public policy aiming at the "restructuration" of the French dairy industry was run through subsidies to farmers giving up their deliveries. After an immédiate success of these programs, the farmers tend to respond less and less. Further structural changes in the production of milk ask for a new regulation : the question of a quota market becomes the center of the French discussions about dairy policy.Le propos des auteurs est d'analyser et d'interpréter les changements de politique agricole qui résultent des quotas laitiers. Ils expliquent pourquoi la crise laitière communautaire a pu déboucher sur les quotas, comme solution de compromis, alors que la majorité des Etats membres rejetaient auparavant cette solution : pour tous, il s'agissait d'un moindre mal. En quatre ans d'application des quotas, la CEE a élaboré une réglementation de plus en plus complexe et a laissé une marge croissante pour le développement de systèmes nationaux, ce qui a deux conséquences principales : le principe des quotas a été relativement bien et rapidement admis ; mais le prix à payer a été une renationalisation partielle des politiques laitières. L'accent est mis sur deux aspects particuliers de la situation française : la gestion des quotas qui, au début, reposait principalement sur les firmes transformatrices et qui tend de plus en plus à être assurée par des organismes régionaux, ce qui signifie un regain de pouvoir des organisations professionnelles ; une politique active de restructuration du secteur de la production, passant par les primes aux exploitants abandonnant l'activité laitière. Après un succès immédiat de ces mesures, la participation des producteurs diminue fortement. Poursuivre les changements structurels dans le secteur exige une nouvelle réglementation : la question du marché des quotas est passée au centre du débat français sur la politique laitière.Hairy Denis, Perraud Daniel. Crise laitière et quotas : l'évolution de la politique laitière en France et dans la Communauté. In: Cahiers d'Economie et sociologie rurales, N°7, 2e trimestre 1988. Quotas laitiers. pp. 9-36

S'adapter aux quotas : une revue des conseils, des pratiques et des analyses

Adapting to quotas : an advices, practices and analyses review. With quotas, the growth of milk deliveries can no longer by itself improve dairy farmers' incomes. That is why farmers' unions, research institutes and dairy processors hâve lookedfor alternative solutions, in order to increase or maintain dairy farmers' incomes. This paper tries to compare advices given by different authors and institutions with actual producers adjustements. Most generally, quotas don't affect the principles of an intensification of milk production. High yields are still the best way of improving labour efficiency ; for the same level of milk deliveries, intensification enables a part of the labour force and of the land to be used in order to develop other activities. Yet, a development of alternative productions is slowed down by their low returns, and by the agricultural markets uncertainty.Avec la mise en place des quotas, la croissance des livraisons ne peut plus désormais assurer à elle seule l'amélioration du revenu des producteurs laitiers. Les organisations professionnelles, les instituts de recherche et les firmes laitières travaillent donc à l'élaboration de solutions alternatives permettant d'assurer la progression, ou du moins le maintien des résultats économiques des exploitations. Dans cet article, les auteurs ont analysé les propositions des uns et des autres, et les pratiques adoptées par les producteurs laitiers pour atteindre cet objectif. De manière générale, les quotas ne remettent pas en cause les principes de l'intensification fourragère et laitière. Celle-ci demeure une voie privilégiée d'amélioration de la productivité de travail ; elle permet, à production laitière égale, de dégager de la surface et de la main-d'œuvre pour développer d'autres productions. La diversification des activités demeure cependant hypothéquée par l'incertitude des marchés agricoles, et par la rentabilité souvent médiocre des solutions de remplacement.Desbrosses Bernard, Hairy Denis. S'adapter aux quotas : une revue des conseils, des pratiques et des analyses. In: Cahiers d'Economie et sociologie rurales, N°7, 2e trimestre 1988. Quotas laitiers. pp. 141-153

Croissance et concentration dans l'industrie laitière

[fre] Les structures de l'industrie laitière française sont entrées dans une phase de réorganisation rapide : en sept ans, 1.705 établissements laitiers (sur 6.000) ont « disparu ». . Après avoir mesuré : l'ampleur, de ce mouvement de concentration, les auteurs se sont efforcé d'analyser, les facteurs techniques et économiques, qui orientent la croissance des entreprises laitières.. Le phénomène essentiel réside dans la croissance d'un petit nombre de grandes firmes, croissance qui semble se faire selon deux directions principales : . — la conquête du marché de produits nouveaux . — le contrôle d'une aire géographique de grande consommation. [eng] The structures of the French dairy industry has entered a phase of rapid reorganization in seven years, 1 705 dairy units (out of 6 000) have « disappeared ». . After appreciating the importance of this concentration, the authors have tried to analyse the technical' and economic factors which influence the growth of dairy firms. . The essential phenomenon is the growth of a small number of big firms. This' growth seems to take two main directions : . — control of the market of new products . — control of a high-consuming geographical area.

Prix du lait et systèmes de production : à propos de quelques alternatives de politique laitière

[eng] In order to limit the growth of milk supply in Europe, and also to reorientate the trends in technical development, many recent proposals have been based on a change in the milk pricing system. The authors have studied the possible consequences of alternative milk pricing policies on a sample of milk farms in the west of France, and in the EEC. They show that no formula is capable of obtaining both supply control and substantial redistribution of farmer's income. There is no miracle answer within the pricing system alone : it must be integrated into a general policy. [fre] Pour limiter la croissance de l'offre de lait en Europe, et aussi pour réorienter les formes du développement productif, de nombreuses propositions de réformes du système de paiement des producteurs ont récemment été avancées. Les auteurs ont analysé les effets potentiels de politiques de prix alternatives sur un échantillon d'exploitations laitières de l'Ouest de la France, ainsi que sur l'ensemble des producteurs de lait européens. Ils montrent qu'aucune formule de différenciation de prix n'est susceptible d'obtenir simultanément une régulation de l'offre et une redistribution sensible des revenus agricoles. Aucune solution miracle ne peut donc être trouvée au seul niveau des prix ; c'est une politique globale qui doit être mise en œuvre dans le secteur laitier.

Compétitivités relatives de la production laitière dans la CEE. Evolution récente

[eng] Relative competitiveness in milk production in EEC (Recent Evolution) . On the first part, the paper shows the stability of milk location and farming systems in Europe. After we examine the competitiveness problems (and theirs evolutions between 1984 and 1986), according to the RICA data, with two points of view : the competitiveness by costs, on the one hand, and on the other hand, the income inequalities. Three countries have a good position for the production costs, with very different inputs combinaisons : United Kingdom, Ireland and Belgium. The hierarchy of costs-competitiveness is not modified between 1984 and 1986. However the structure of costs is modified : the decrease of variable costs, notably the purchased feedstuff s, balances the increase of structure costs. Between 1984 and 1986, the incomes have a positive evolution, by the compound play of costs, prices and sizes. Finaly the dairy quotas did not indude a « homogeneity » of economic conditions of milk production in Europe. The diversity of prices, costs and incomes persists. [fre] Après avoir montré la stabilité de la localisation et des systèmes de production du lait en Europe, cet article examine les problèmes de compétitivité (et leurs évolutions entre 1984 et 1986), à partir des données du RICA, sous deux angles complémentaires : la « compétitivité par les coûts » et les inégalités de revenu. Du point de vue des coûts de production, trois pays apparaissent particulièrement bien placés malgré des combinaisons factoriel- les très différentes : le Royaume-Uni, l'Irlande et la Belgique. L'échelle des compétitivités-coûts se modifie peu au cours de la période 1984/1986. La structure des coûts se modifie néanmoins : l'accroissement des charges de structure est compensé par des baisses sensibles des charges proportionnelles, notamment des aliments achetés. Enfin, la période se caractérise par une évolution positive des revenus, sous le jeu combiné des coûts, des prix et des dimensions. Globalement, la mise en place des quotas ne semble pas s'être accompagnée d'une homogénéisation des conditions économiques de la production laitière. La diversité des prix, des coûts et des revenus persiste.

Excédents laitiers et crise agricole en France

Hairy D., Perraud D., Saunier P., Schaller B. Excédents laitiers et crise agricole en France. In: Études rurales, n°46, 1972. pp. 7-22

Le redéploiement des concours publics à l'agriculture dans la CEE et en France

[eng] Agricultural public outlays re-allocation in European Union and in France . CAP'S reform leads to a deep remodelling of agricultural's support methods. "Apparent" aids, incumbent to tax payers, succeed to "invisible" aids at consumer's charge. Last five years, EEC's market supports dropped from 12,3 to 3,4 thousand millions ecu, while direct aids increasead by 18,2 thousand millions. That new legibleness of european's farmers financial supports goes with great variations of their sectorial and geographical affectation. Thus, while expenses in arable crops sector, especially cereals, are substantially growing, one observed a decrease of dairy sector's expenses. Public expenditures relative value for breeding's cattle are stable all over the period. Taking in account high level of arable land's and live-stock's owned by french farmers, CAP'S reform first years lead to a substantial increase of public expenditures in favor of french agriculture : 58 thousand millions of francs in 1991, more than 75 in 1995. That growth, substantial greater than european public outlays, leads to an increase of France's share in these outlays : 19,7 % in 1991, 24 % in 1994, and probably 25% in 1995. [fre] La réforme de la PAC s'est traduite par une transformation fondamentale du mode de soutien à l'agriculture. A des aides "invisibles" acquittées par les clients de l'agriculture se sont substituées des aides "visibles" financées par le contribuable. En cinq ans les "aides marché" passent de 12,3 à 3,4 milliards d'écu alors que, dans le même temps, les aides directes progressent de 18,2 milliards. Cette "lisibilité" nouvelle des concours publics accordés aux agriculteurs européens s'accompagne d'une profonde recomposition de leur affectation sectorielle et géographique. Ainsi, alors que la place consacrée au financement des "cultures arables", et tout particulièrement des céréales, progresse très sensiblement, on assiste à un net recul des crédits destinés au secteur laitier. Les dépenses en faveur de la viande bovine restent, en valeurs relatives, stables durant la période. Compte tenu de l'importance des surfaces cultivées et du nombre élevé de bovins détenus par les agriculteurs français, les premières années de la réforme se traduisent par une hausse marquée des concours publics à l'agriculture productive française : 58 milliards de francs en 1991, plus de 75 milliards en 1995. Cette croissance, sensiblement plus forte que celle de l'ensemble des dépenses agricoles de l'Union Européenne, entraîne une augmentation de la part revenant à la France : 19,7 % des versements communautaires en 1991, 24 % en 1994 et - probablement - 25 % en 1995 et 1996.

La première campagne laitière sous quotas dans deux régions françaises

A first year under quotas in two French areas. This paper is based on an inquiry into dairy farms and milk processing plants located in Western and Eastern areas of France. Its purpose is to analyse the implementation of the quota system during the first dairy year. The authors consider successively the Systems of dairy production, and their evolution just before the introduction of quotas ; the structural effect of the national outgoers scheme and the characteristics of those who have taken advantage of it ; the methods used to determine milk producers and buyers quotas ; the ways in which milk producers have tried to adapt to their quotas. They show that farmers generally opted for cautious adjustments, which did not alter their Systems of production : quiring milk to calves, slaughtering some cows, reducing feed purchases. Restructuring milk production has only just begun.S'appuyant sur une enquête menée parallèlement dans deux régions françaises (Lorraine et Ouest) auprès de producteurs et de collecteurs de lait, cet article se propose d'analyser la première campagne d'application des quotas laitiers. Il examine successivement : la situation des systèmes de production du lait et leur dynamique à la veille de l'instauration de cette mesure ; l'impact des aides de l'Etat à la cessation de production laitière et le profil des producteurs qui en ont bénéficié ; les modalités d'établissement du quota des firmes et des références individuelles des livreurs ; l'adaptation de ceux-ci à ces références et leurs réactions. Il s'agit généralement d'ajustements prudents, qui ne remettent pas encore en cause les systèmes de production ; distribution de lait aux veaux, abattage de quelques vaches, baisse des achats d'aliments. En 1985, la restructuration du secteur laitier était tout juste engagée.Butault Jean-Pierre, Desbrosses Bernard, Hairy Denis, Perraud Daniel. La première campagne laitière sous quotas dans deux régions françaises. In: Cahiers d'Economie et sociologie rurales, N°7, 2e trimestre 1988. Quotas laitiers. pp. 117-140