Le département de l’Eure sous la République directoriale

Étudier la période directoriale dans le cadre d’un département, tel est le propos de cette thèse. Le territoire sur lequel a porté la recherche peut sembler restreint mais le cadre départemental apparaît néanmoins comme pertinent et s’impose au chercheur qui souhaite travailler sur la Révolution française. En effet, à partir de 1790, cette nouvelle circonscription administrative a constitué un espace cohérent où se déroulait une vie politique locale ayant son rythme propre, souvent différent ..

Procès-verbaux de la société populaire de Bernay (14 juillet 1790-4 mai 1795)

La société populaire de Bernay, dans l’Eure, est l’une des premières à se créer en Normandie, dès juillet 1790, la plupart des sociétés n’apparaissant qu’à l’été 1793. Le département étant particulièrement pauvre en registres de délibérations de sociétés populaires, le choix de Bernay s’imposait ; d’autant plus que ses deux registres couvrent un large spectre chronologique (14 juillet 1790-15 floréal an III / 4 mai 1795), débordant très largement de la grande période des sociétés populaires, l’an II. Par ailleurs, la ville − qui compte environ 5 000 habitants − est sous l’Ancien Régime un centre administratif et religieux animé par des activités industrielles et commerciales importantes. Devenue chef-lieu de district, Bernay met en place les nouvelles institutions. Confrontée au problème lancinant des subsistances, Bernay, qui a donné quatre députés montagnards, s’oppose au fédéralisme. Mais cette attitude ne domine pas dans la ville même, où on assiste à l’émergence d’un sentiment républicain modéré, qui s’incarne dans la personnalité de plusieurs des membres de la société populaire, notamment des prêtres, qui l’animent

Les sociétés populaires à travers leurs procès-verbaux

Sous la Révolution française, les sociétés populaires ont créé et animé des réseaux de sociabilité politique dont leurs procès-verbaux sont des témoins. Ces délibérations sont des sources remarquables que la collection des "Documents inédits sur l’histoire de France", publiée sous l’égide du Comité des travaux historiques et scientifiques, permet de redécouvrir. Les études réunies dans cet ouvrage nous invitent à mieux comprendre le fonctionnement des sociétés populaires et à mesurer l’importance de leurs archives pour l’histoire politique et sociale

Chapitre VIII. La réaction de l'an v

Après un an et demi de fonctionnement chaotique du régime directorial, les élections de l’an V constituaient un enjeu essentiel pour l’avenir du régime. Le Directoire allait-il réussir trouver un soutien dans le pays ? Après la conjuration des Égaux et l’épuration antijacobine menée à l’occasion de la répression anti-babouviste, le régime issu de la Constitution de l’an III fut tenté de s’appuyer sur la droite royaliste mais celle-ci était divisée entre royalistes purs ou « jacobins blancs » ..

Alexandre Romain Crochon, commissaire du Directoire dans le département de l'Eure

Alexandre Romain Crochon, who was the first central superintendent of the Eure, held the function from Brumaire Year 4th (October 1795) to Germinal Year 6th (april 1798). Having a lot of power all over the department, this former federalist, who was a native of Pont-Audemer always worked with the help of the Central Administration, he had to control. Placed at the top of the network of the district commissaries, Crochon worked in lots of domains and he never hesitated to go and visit the districts which had been "infested with bandits". He was the man of the happy milieu, particularly hostile to the royalists, but frightened too, by the new-jacobin audacity. He looked for the conciliation more than the confrontation. At the beginning of his commissionership, he was supported by all the republicans but then his action was contested by the new-jacobins after Fructidor. The Bulletin of the Eure, published by Touquet didn't spare him, claiming for his destitution. But he escaped from it and then was elected at the Council of the Five-Hundred.Premier commissaire central de l'Eure, Alexandre Romain Crochon occupa le poste de brumaire an IV (octobre 1795) à germinal an VI (avril 1798). Disposant de pouvoirs étendus dans le département, cet ancien fédéraliste, originaire de Pont- Audemer, œuvra constamment de concert avec l'administration centrale, qu'il devait contrôler. Placé à la tête du réseau des commissaires cantonaux, Crochon intervint dans de nombreux domaines et n'hésita pas à se rendre dans les cantons « infestés par les brigands ». Homme du juste milieu, foncièrement hostile aux royalistes mais également effrayé par les audaces néo-jacobines, il recherchait la conciliation plus que l'affrontement. Bénéficiant, au début de son commissariat, de l'appui de tous les républicains, il vit son action contestée par les néo-jacobins après Fructidor. Le Bulletin de l'Eure, publié par Touquet, ne l'épargna pas, réclamant même sa destitution. Mais il y échappa avant de se faire élire au Conseil des Cinq-Cents.Goudeau André. Alexandre Romain Crochon, commissaire du Directoire dans le département de l'Eure . In: Annales de Normandie, 59ᵉ année, n°1, 2009. pp. 133-152

Chapitre XV. Soutenir l'agriculture, la manufacture et le commerce

Sous le Directoire, le bon citoyen devait être électeur, inscrit sur le registre civique, et participer à la Garde nationale, être instruit, fréquenter les cérémonies décadaires mais il devait également produire pour la collectivité. Comme la Constitution de l'an III l’avait proclamé à son article 16, il devait « exercer une profession mécanique », l’agriculture étant comprise dans ce genre d’activité. Dans un climat de crise monétaire et financière, l’activité économique ne pouvait guère êtr..

Chapitre XVI. Après la consultation de l'an vii, l'administration centrale à nouveau contestée

Normalement, le renouvellement de germinal an VII n’aurait dû concerner qu’un tiers des députés, sans conséquence sur l’équilibre politique des Conseils mais, en raison des invalidations prononcées au 22 floréal, un nombre élevé de « représentants du peuple » devaient être élus. En effet, 210 députés devaient être choisis pour le Conseil des Cinq-Cents et 105 pour le Conseil des Anciens. Comme le fait remarquer Bernard Gainot, « c’est presque la moitié du Corps législatif qui doit être renouv..

Chapitre X. Le coup d'État de Fructidor et ses conséquences

Après le succès des royalistes aux élections de germinal an V (avril 1797), l’équilibre politique des Conseils avait été modifié. Les députés prirent des mesures contre-révolutionnaires et désignèrent des royalistes à la présidence des deux assemblées : Pichegru aux Cinq-Cents et Barbé-Marbois aux Anciens tandis que Barthélémy, un royaliste modéré, était nommé au Directoire, en remplacement de Letourneur. La crise couvant entre le Directoire et les Conseils d’une part, l’exécutif se divisa su..

Chapitre VI. La crise de subsistances

L’abandon du Maximum le 4 nivôse an III (24 décembre 1794) intervenant durant un hiver précoce et rude entraîna une grave crise de subsistances dans le pays. La Normandie ne fut pas épargnée, y compris le département de l’Eure. À la très mauvaise récolte de l’été 1795, s’ajoutèrent les difficultés de circulation liées à un hiver très rigoureux : les rivières étant prises par les glaces et les voies terrestres détériorées, le transport des denrées vers les villes ne pouvait plus s’effectuer co..

Conclusion générale

Quelles mutations sont intervenues dans l’Eure durant la République directoriale, à la fois sur le plan administratif, politique, religieux ainsi que dans le domaine de la citoyenneté ? Quelles spécificités ce département a-t-il présenté pendant la période considérée ? Quels en furent les prolongements sous le Consulat, l’Empire et la monarchie constitutionnelle ? L’Eure n’avait pas accueilli favorablement le régime directorial et les nouvelles institutions prévues par la Constitution de l’an..