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La genèse des transferts de populations dans les territoires libérés
RésuméDans l’histoire du déplacement de la minorité ukrainienne de Pologne vers l’URSS, effectué dans le contexte de la modification des frontières polono-soviétiques à partir de septembre 1944, l’attention des spécialistes s’est surtout focalisée sur la phase critique de ce transfert, devenu forcé dès la mi-1945 et mettant surtout en cause l’action de l’État polonais dans la migration contrainte. En revenant sur la première séquence de cette histoire et en se basant, principalement, sur l’exploitation d’archives ukrainiennes soviétiques, cet article entend reconstituer les projets, les attentes, et les pratiques mises en œuvre par les agents ukrainiens chargés, en Pologne, d’encadrer le départ de la minorité. Il revient, ce faisant, sur les origines de l’enchaînement des violences et rend compte des pressions exercées par l’acteur ukrainien sur son homologue polonais pour réaliser l’épuration ethnique des territoires, montrant in fine à quel point ce pan sombre d’histoire s’est écrit à deux voix.AbstractThe genesis of population transfers in liberated territories : The “voluntary” evacuation of Poland’s Ukrainian minority to the Soviet Union (September 1944-June 1945)Students of the transfer of Poland’s Ukrainian minority to the Soviet Union initiated in September 1944 on the occasion of the border change between Poland and the Soviet Union have so far focused their attention on the critical phase of this transfer - which became compulsory in the middle of 1945 - and held the Polish state responsible for this forced migration. The author of the present article chooses to focus on the first stage of the transfer. She uses Soviet Ukrainian archives in order to reconstitute the plans, expectations, and practices of the Ukrainian officers in charge of organizing the minority group’s departure. In the process, she goes back to the origin of the escalation of violence and gives an account of the pressures exerted by Ukrainian officers on their Polish counterparts to achieve ethnic cleansing, and eventually demonstrates that it took two to write this dark episode of history
Kate Brown, A Biography of no Place
Biographie d’un « non lieu » – c’est ainsi que Kate Brown a choisi de nommer un espace rebelle à toute définition, appelé « confins » (Kresy) par les Polonais parce que situé à la périphérie orientale de l’ancienne Rzeczpospolita, qui constitua aussi les marches occidentales de l’Ukraine ou la « petite Russie » de l’empire des tsars, et encore une part de la zone de résidence juive instaurée à la fin du xviiie siècle par Catherine II. Autant dire un territoire en proie à des rivalités multisé..
« Kto naš, kto ne naš » Théorie et pratiques de la citoyenneté à l’égard des populations conquises
RésuméCet article a trait à la conception soviétique de la citoyenneté et à la façon dont elle a été appliquée à l’égard des anciens citoyens polonais déportés des territoires annexés par l’URSS en 1939-1940. Il retrace les différentes opérations d’enregistrement -- passeportisations, dépasseportisation -- auxquelles ce groupe a été soumis dans un contexte politique bilatéral qui a connu plusieurs bouleversements et rend compte du caractère essentiellement instrumental de la citoyenneté, fondée d’abord sur la territorialisation des individus, puis sur leur appartenance ethnique, et enfin sur leur ancienne appartenance étatique. Dans chacun de ces cas, il tente de reconstituer à la fois les pratiques d’assignation identitaire, caractérisées par l’exigence de preuves documentaires, mais confrontées de fait aux « sans-papiers », et leurs objectifs dont la cohérence ne se manifeste qu’à l’issue du vaste périple vécu par les anciens déportés, lors de leur évacuation vers la Pologne en 1946, posant ainsi la question du rôle de l’administration de l’identité dans l’élaboration de la décision politique et l’organisation des transferts massifs de population.Abstract“Kto nash, kto ne nash.” The citizenship of conquered populations in theory and practice. The case of Poles in Russia, 1939-1946.This article deals with the Soviet conception of citizenship and the way in which it was applied to former Polish citizens deported from the territories annexed by the USSR in 1939-1940. It relates the various registration operations -- passportizations, depassportization -- to which this group was submitted in a bilateral political context that went through many upheavals. It also explains the purely instrumental character of citizenship, which was first based on territorialization, then on ethnic, and ultimately national, ties. In each of these cases, it tries to reconstruct identity assignation practices characterized by documentary evidence requirements addressed in reality to an undocumented public. It also tries to redefine these pratices’s objectives whose coherence only became evident at the end of the deportees’ long voyage, when they were evacuated to Poland in 1946. The article thus poses the question of identity assignation in political decision-making and in the organization of mass population transfers
Peter Gatrell, Nick Baron, eds., Warlands
Depuis les années 1990, à la faveur du renouveau historiographique sur la genèse de l’après-guerre en Europe centrale et de l’actualité des pratiques d’épuration ethnique liées aux guerres de l’ex-Yougoslavie, les travaux se sont multipliés sur la grande remue d’hommes qui a accompagné l’établissement du nouvel ordre européen à partir de 1945. Warlands se présente dans la continuité de publications collectives visant, à travers différentes études de cas, à dresser un panorama de la complexité..
Anouche Kunth, Exils Arméniens. Du Caucase à Paris, 1920‑1945
Le pluriel de l’exil mentionné dans le titre de cet ouvrage aussi bien que la référence au Caucase signalent d’emblée l’ambition et la complexité de la recherche menée par Anouche Kunth. L’ambition en effet, car l’auteur, tout en retraçant l’histoire d’un groupe très minoritaire, une centaine de familles représentant la classe privilégiée des Arméniens de l’Empire russe, interroge sa place et son inscription dans l’autre exil arménien, celui des rescapés du génocide venus de l’Empire Ottoman...
Paul Robinson, The White Russian Army in exile
Malgré le nombre croissant de travaux consacrés à l’histoire de l’Armée blanche en exil, l’étude de Paul Robinson apporte, à plusieurs titres, un regard nouveau sur le devenir des émigrés militaires depuis leur départ de Russie en 1920 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Ainsi que son titre le suggère, The White Russian Army in exile est conçu comme une synthèse historique retraçant, tour à tour, les étapes géographiques et les formes d’implantation des groupes de l’Armée blanche à l’étrange..
Anouche Kunth, Exils Arméniens. Du Caucase à Paris, 1920‑1945
Le pluriel de l’exil mentionné dans le titre de cet ouvrage aussi bien que la référence au Caucase signalent d’emblée l’ambition et la complexité de la recherche menée par Anouche Kunth. L’ambition en effet, car l’auteur, tout en retraçant l’histoire d’un groupe très minoritaire, une centaine de familles représentant la classe privilégiée des Arméniens de l’Empire russe, interroge sa place et son inscription dans l’autre exil arménien, celui des rescapés du génocide venus de l’Empire Ottoman...
Alain Blum, Martine Mespoulet, L’anarchie bureaucratique
Cet ouvrage se présente comme une monographie consacrée à l’histoire de l’administration statistique en URSS dans les années 1920 et 1930 qui distingue, d’une part, l’évolution de l’institution et, de l’autre, l’élaboration d’une « statistique socialiste ». Dans un premier temps, le parti pris de l’Anarchie bureaucratique est de retracer l’histoire de cette administration à travers les parcours socio-professionnels, institutionnels, politiques des statisticiens qui ont animé la Direction cent..
Theodore R. Weeks, From Assimilation to Antisemitism
Par l’intitulé de son livre, « De l’assimilation à l’antisémitisme », Theodore Weeks évoque d’emblée la grande ligne de force qui sous-tend son étude sur la « question juive », telle qu’elle a été abordée par les publicistes, les écrivains et, plus généralement, par les représentants de la société dans la Pologne sous domination russe. L’auteur inscrit sa réflexion dans un paradoxe majeur : jusqu’aux années 1870-1880, les tenants de l’opinion polonaise ont défendu le principe de l’assimilatio..
Olaf Mertelsmann, ed., The Sovietization of the Baltic States
The Sovietization of the Baltic States rassemble une quinzaine de contributions très variées, aussi bien par les thèmes traités, les périodes, les pays, que par les approches choisies. Inutile, donc, de chercher un fil conducteur dans cet ouvrage dont le maître d’œuvre, Olaf Mertelsmann, assume la diversité en soulignant dans l’introduction que le processus de soviétisation a revêtu des aspects, des temporalités très différentes selon les régions ou les pays annexés, et qu’il n’a pas constitu..
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