170 research outputs found
En milieu hospitalier, les travailleurs d’hygiène et salubrité sont-ils aussi exposés aux médicaments antinéoplasiques?
France Labrèche, chercheuse à l’IRSST et Capucine Ouellet, hygiéniste du travail à l’IRSST, nous expliquent la contamination par les antinéoplasiques des surfaces de travail manipulées par les travailleurs d’hygiène et de salubrité en milieu hospitalier. Les antinéoplasiques sont utilisés pour le traitement du cancer et certains peuvent avoir d’autres effets toxiques chez des travailleurs qui les manipulent.
Pour plus d\u27informations voir le rapport de recherche Antinéoplastiques en milieu hospitalier : étude pilote sur l\u27exposition potentielle du personnel d\u27hygiène et de salubrité (R-1090)
Effets sanitaires des pesticides agricoles les plus vendus au Québec : synthèse et mobilisation des connaissances
Cette présentation fera une synthèse des connaissances quant aux effets nuisibles sur la santé humaine d’une exposition professionnelle aux pesticides
Occupational exposures to chemicals in dentistry: A scoping review
The dental workforce comprises a variety of professions, most of which are predominantly occupied by women. Dental workers can be exposed to numerous toxic chemicals such as mercury, methacrylate polymers, and silica. This scoping review aims to synthesize the scientific literature on quantified chemical exposures and to identify research gaps in occupational chemical hazards faced by dental professionals. This review followed the Joanna Briggs Institute approach and PRISMA-ScR guidelines, using three concepts to search PubMed, Embase, and Web of Science: workers, dental care, and chemicals. Studies from high-income countries, published in French or English between 2000 and 2024 and reporting direct quantitative exposure data, were included. A descriptive analysis presents exposures measured in urine, blood, and air samples for the most assessed chemicals. Thirty articles were included in the review, with two-thirds focused on exposures of dentists and none of denturists. Exposure assessments most often focused on mercury (n = 17 studies), followed by nitrous oxide (n = 6), methacrylate compounds (n = 4), and silica (n = 3). Most studies showed exposure levels below occupational exposure standards; however, certain aerosol-releasing tasks could exceed recommended occupational exposure limits of 0.025 mg/m³ for mercury and silica. Dental students in a simulation laboratory were exposed to a 4-hr mercury vapor level up to 3 mg/m3, and dentists’ exposure in clinics reached 0.45 mg/m³. Silica concentrations were below occupational exposure limits in dental clinics but reached twice the standard in a dental laboratory during prosthodontics polishing activities. The review emphasizes the need for comprehensive exposure assessments among dental workers and highlights the lack of focus on denturists, dental technicians, and dental assistants. To adequately assess the overlooked risks posed by multi-exposures to chemicals among dental workers, future studies need to analyze and report on exposures and risks stratified by occupation, task, and sex
Estimating the number of cases of occupational cancer in Quebec
Comme dans la majorité des pays industrialisés, le cancer constitue la première cause de décès au Québec : en 2013, on estime à 20 200 le nombre de décès par cancer et à 48 700 le nombre de nouveaux diagnostics de cancer.
La cancérogénèse est un processus multifactoriel et complexe, qui débute plusieurs années avant que le cancer n’apparaisse cliniquement. Un cancer est considéré d’origine professionnelle lorsqu’il résulte de l’exposition, en milieu de travail, à un agent chimique, physique ou biologique, ou encore de conditions inhérentes à une activité de travail. Il s’agit d’un cancer qui ne se serait probablement pas produit si la personne n’avait pas exercé ce travail. Plusieurs études ont estimé que de 2 à 8 % de l’ensemble des cancers seraient attribuables au travail, selon les pays et le nombre de sièges et de types de cancer considérés. Cependant, pour certains sièges ou types de cancer, la proportion attribuable au travail est beaucoup plus élevée, allant par exemple jusqu’à plus de 90 % pour le mésothéliome de la plèvre chez les hommes. Afin de prioriser les besoins en recherche et en prévention, il faut d’abord connaître l’ampleur du problème et ce rapport présente, dans ce but, une estimation du nombre des cancers d’origine professionnelle chez les travailleurs québécois.
L’importance du nombre de ces cancers a été estimée de deux façons complémentaires : d’abord à l’aide des données québécoises d’indemnisation pour cancer d’origine professionnelle et en utilisant des proportions publiées de cancers attribuables au travail. Ces deux sources de données comportent certaines limites, mais ont l’avantage d’être rapidement disponibles et de permettre l’ordonnancement des cancers à des fins de priorisation de recherche et pour guider les actions de prévention.
Selon les statistiques d’indemnisation pour cancer de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), au Québec, moins de 100 travailleurs ont été indemnisés par année entre 2005 et 2007 pour un nouveau diagnostic de cancer lié au travail. Parmi les dossiers ouverts entre 1997 et 2005, 362 décès par cancer ont été indemnisés, dont six chez des femmes (tous des mésothéliomes). Chez les hommes, plus de la moitié de ces cancers étaient des mésothéliomes, de la plèvre ou du péritoine, suivis par les cancers du poumon. La majorité des cancers indemnisés l’ont été pour des travailleurs de la fabrication, des mines et de la construction. En partie à cause des difficultés à prouver une relation causale et aussi de la longue période de latence entre l’exposition en milieu de travail et la survenue du cancer, il ressort que très peu de cancers font l’objet d’une indemnisation par la CSST.
La deuxième méthode utilisée pour estimer le nombre de cancers d’origine professionnelle consistait à appliquer des proportions de cancer attribuables au travail (publiées par des chercheurs provenant de pays relativement comparables au Québec, soit la Finlande et la Grande-Bretagne) au nombre total de décès par cancer et de nouveaux cas de cancer diagnostiqués annuellement au Québec. Cette méthode a permis d’estimer que 6 % (entre 5 et 8 %) de tous les nouveaux cancers pourraient être causés par le travail (8 à 13 % chez les Québécois et 2 à 3 % chez les Québécoises), pour un total de 1 800 à 3 000 nouveaux cancers annuellement entre 2002 et 2006. Les cancers d’origine professionnelle touchant le plus de Québécois seraient ceux de la trachée, des bronches et des poumons, de la prostate, de la peau (excluant le mélanome) et de la vessie de même que le mésothéliome, le cancer du côlon et les lymphomes non hodgkiniens. Les cancers touchant le plus de Québécoises seraient ceux du sein et de la trachée, des bronches et des poumons. Il a aussi été estimé que 8 % (entre 7 et 11 %) de tous les décès par cancer (11 à 17 % chez les hommes et 2 à 4 % chez les femmes) seraient associés au travail, soit de 1 110 à 1 700 décès par cancer annuellement entre 2002 et 2006. Les décès par cancer seraient les plus fréquents pour le cancer de la trachée, des bronches et des poumons pour les deux sexes et ensuite pour le mésothéliome, le côlon et la prostate chez les hommes et le cancer du sein chez les femmes.
Les chiffres présentés plus haut mettent en évidence l’importance, sous-estimée, du fardeau des cancers d’origine professionnelle au Québec. Nous n’avons pas tenté de chiffrer l’impact socio-économique de ces maladies. Cet exercice a été effectué en Alberta, avec les données de cancer de 2006 et les coûts de 2008. Les chercheurs ont estimé que, pour 761 nouveaux cas annuels de cancer liés au travail et 2 700 personnes vivant avec un cancer d’origine professionnelle, chaque année 15,7 millions de dollars étaient dépensés en coûts médicaux directs et 64,1 millions de dollars en coûts socio-économiques indirects. Le constat ne peut être moins élevé au Québec où l’estimation est de 1 800 à 3 000 nouveaux cas de cancer liés au travail par année.
La longue latence entre l’exposition à un cancérogène et la survenue des cancers signifie que les cancers observés maintenant sont le résultat d’expositions datant de 10 à 50 ans. Cependant, les travailleurs québécois continuent d’être exposés à des cancérogènes et il faut agir maintenant pour influencer l’état de santé qu’ils auront au cours des prochaines décennies.
Abstract
As in most industrialized societies, cancer is the leading cause of death in Quebec: in 2013, it is estimated that 20,200 people will die of cancer and that 48,700 new cases will be diagnosed.
Carcinogenesis is a complex, multifactorial process that begins many years before clinical symptoms of cancer appear. Cancer is considered to be occupational in origin when it results from workplace exposure to a chemical, physical or biological agent, or from conditions inherent in a work activity. The disease would probably not have developed if the person had not done that job. A number of studies have estimated that from 2% to 8% of all cases of cancer are attributable to work, depending on the country and the number of cancer sites and types considered. However, for some sites or types, the proportion of cases attributable to work is far higher: occupation is thought to account, for instance, for over 90% of all cases of pleural mesothelioma in men. To be able to prioritize research and prevention needs, an accurate picture of the extent of the problem is needed. The purpose of this report is therefore to present an estimate of the number of cases of occupational cancer among Quebec workers.
The number of cases of workplace cancer was estimated by means of two complementary methods: first, using Quebec workers’ compensation data for cases of occupational cancer and, second, based on the published percentages for forms of cancer attributable to work. While these two data sources have certain limitations, they offer the advantage of being readily available and allowing forms of cancer to be classified for the purposes of setting research priorities and guiding prevention initiatives.
According to cancer compensation data from the Commission de la santé et de la sécurité du travail (workers’ compensation board, or CSST), in Quebec, fewer than 100 workers were compensated annually between 2005 and 2007 for a new diagnosis of work-related cancer. In 362 of the files opened between 1997 and 2005, compensation was paid out to people who died of cancer, including six women (all from mesothelioma). For men, over half of cases were mesothelioma, of the pleura or the peritoneum, with the second leading cause being lung cancer. The majority of workers compensated had been employed in manufacturing, mining or construction. Owing in part to the difficulty of establishing a cause-and-effect relationship and also to the lengthy latency period between workplace exposure and development of the disease, compensation is paid out by the CSST in only a small number of cancer cases.
The second method used to estimate the number of cases of occupational cancer consisted in applying the percentages of cancer cases attributable to work (published by researchers in places fairly similar to Quebec, such as Finland or the United Kingdom) to the total number of deaths from cancer and the number of new cases of cancer diagnosed each year in Quebec. This method indicates that 6% (between 5% and 8%) of all new cases of cancer could be work-related (8% to 13% for Quebec men and 2% to 3% for Quebec women), for a total of 1,800 to 3,000 new cases of cancer annually between 2002 and 2006. The forms of occupational cancer that affect the greatest number of Quebecers are cancer of the trachea, bronchus and lungs, prostate, skin (excluding melanoma) and bladder, along with mesothelioma, cancer of the colon and non-Hodgkin\u27s lymphomas. The most common forms of cancer for Quebec women are breast cancer and cancer of the trachea, bronchus and lungs. It has also been estimated that 8% (between 7% and 11%) of all cancer deaths (11% to 17% among men and 2% to 4% among women) are work-related, which would correspond to 1,110 to 1,700 deaths a year from cancer between 2002 and 2006. The most common forms of cancer that lead to death are cancer of the trachea, bronchus and lungs for both sexes, followed by mesothelioma, colon and prostate cancer among men, and breast cancer among women.
The above figures highlight the (underestimated) extent of the burden of occupational cancer in Quebec. We did not attempt to put a dollar figure on the socioeconomic impact of these diseases. An assessment of this kind was conducted in Alberta, however, using cancer data from 2006 and cost data from 2008. The researchers estimated that for 761 new cases of work-related cancer annually and 2,700 people living with some form of occupational cancer, 64.1 million in indirect socioeconomic costs every year. The total burden must be at least as high in Quebec, where it is estimated that there are 1,800 to 3,000 new cases of work-related cancer annually.
The long latency period between exposure to a carcinogen and the appearance of cancer symptoms means that cases being seen now are the result of exposure from 10 to 50 years ago. Yet Quebec workers are still being exposed to carcinogens, and now is the time to act if we want to have an impact on their health in the coming decades
The incidence of postmenopausal breast cancer in relation to occupational exposure to textile fibers and dusts in Montreal, Canada, 2008-2011
Objective To estimate the associations between occupational exposure to textile fibers/dusts, and incidence of postmenopausal invasive breast cancer.
Methods
A population-based case-control study conducted in Montreal (2008 − 2011) identified hospital cases (N = 695) and population controls (N = 608) from the electoral list. Occupational hygienists examined participants’ occupations and tasks, and attributed exposures to several textile fibers. For all tumors and according to biomolecular subtypes, odds ratios (OR) and 95% confidence intervals (95%CI) were estimated using logistic regression models with different exposure indices, adjusting for potential confounders.
Results
Ever exposure to cotton dust was associated with an increased risk (OR = 1.42, 95%CI = 0.95-2.16) as was ever exposure to treated textile fibers before age 36 years and/or before first full-term pregnancy (OR = 1.39, 95%IC = 0.97-2.01).
Conclusions
These suggestive associations and the rapid evolution of textile fibers treatment warrant additional scrutiny, especially among younger women
Green jobs in Quebec: Definition and assessment of potential chemical and biological risks to workers\u27 health
Les emplois générés par les efforts d’écologisation de l’économie sont en pleine croissance. Ces emplois, couramment appelés « emplois verts », étaient estimés en 2010 à plus de 155 000 au Québec et à 682 000 au Canada. Ces chiffres dépendent bien entendu des définitions données aux termes « écologie » et « environnement », mais donnent une idée de l’importance de ce secteur en croissance. Plusieurs nouvelles technologies se développent et il est impératif d’en apprécier les risques potentiels pour la santé des travailleurs.
L’objectif de cette recherche est de tracer le portrait québécois des emplois verts et d’apprécier le risque potentiel pour la santé des travailleurs découlant de leur exposition aux substances chimiques et aux agents biologiques. Il s’agit plus spécifiquement :de définir le secteur économique « vert » au Québec; d’identifier les « emplois verts »; de déterminer les substances chimiques et les agents biologiques auxquels les travailleurs pourraient être exposés; et d’en apprécier qualitativement le risque potentiel pour la santé des travailleurs.
Plusieurs outils ont dû être adaptés ou créés afin d’atteindre ces objectifs. L’identification des emplois verts s’est basée principalement sur les critères extraits de la Loi sur le développement durable du Québec. Le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN) et la Classification nationale des professions (CNP) ont établi la base à partir de laquelle nous avons identifié les appellations d’emploi vert au Québec. L’appréciation du risque pour les travailleurs s’appuie principalement sur le modèle de gestion graduée du risque (Control Banding). Cette méthode de gestion qualitative de risque vise à assurer la sécurité des travailleurs exposés à des produits pour lesquels peu d’informations sont disponibles. Un niveau ou bande de danger (toxicité) est attribué aux substances en les comparant à des produits similaires dont le danger est connu et l’exposition à ces substances au poste de travail est également estimée de façon semi-quantitative (bande d’exposition). La majorité des modèles sont fondés sur quatre ou cinq grandes bandes de danger et un nombre équivalent de bandes d’exposition, représentant ainsi de 16 à 25 situations possibles.
L’ensemble de la démarche a permis d’identifier environ 400 appellations d’emplois qui peuvent être considérés « verts » selon la définition proposée et les critères retenus. Ces emplois sont regroupés dans 63 professions différentes pour lesquelles le risque chimique ou biologique potentiel a été apprécié et dont 21 représentent un risque élevé. Elles sont donc prioritaires en termes de recherche sur la santé et la sécurité des travailleurs. D’une façon plus spécifique, les résultats mettent en évidence le risque associé à la gestion des matières résiduelles, une industrie grandissante à laquelle de plus en plus d’activités peuvent être reliées, comme la production énergétique, la production agricole ou la récupération de matières premières. Les centres de tri se multiplient, l’épuration des effluents industriels prend de l’importance tandis que les certificats d’autorisation des sites d’enfouissement ne se délivrent plus aussi facilement qu’autrefois.
Bien que l’appellation « emplois verts » soit à la mode et s’inscrive dans une perspective de développement durable, peu d’informations sont disponibles sur le sujet. Il s’agit de la première étude de cette nature au Québec. Elle peut donc servir de base pour la détermination de priorités de recherche futures dans le domaine des emplois verts. De plus, les hygiénistes peuvent avantageusement utiliser la méthode développée dans une perspective de prévention ou de protection des travailleurs, avec une approche qu’ils pourront enrichir de données plus précises ou quantitatives.
Abstract
Jobs related to the greening of the economy are on the rise. In 2010, there were estimated to be more than 155,000 of these so-called “green jobs” in Québec and 682,000 across Canada. These figures clearly depend on how the terms “ecology” and “environment” are defined, but are indicative of the magnitude of this growth sector. Many new technologies are being developed and it is imperative to assess potential risks to worker health.
The purpose of this research is to provide an overview of green jobs in Québec and assess the potential health risk for workers exposed to chemicals and biological agents. More specifically, the objective is to:define the Québec “green industry”; identify “green jobs”; determine which chemicals and biological substances workers may be exposed to; qualitatively assess the potential risk to worker health.
A number of tools had to be adapted or created in pursuit of these objectives. Green jobs were primarily identified based on data taken from the Québec Sustainable Development Act. The North American Industry Classification System (NAICS) and the National Occupational Classification (NOC) formed the basis for identifying green job titles in Québec. The worker risk assessment mainly relies on the control banding model, a qualitative risk management method designed to ensure the safety of workers exposed to products for which little information is available. A hazard level or band (toxicity) is assigned to substances by comparing them to similar products with known hazards, and workstation exposure to these substances is also semi-quantitatively measured (exposure band). Most models are based on four or five broad hazard bands and an equivalent number of exposure bands, representing 16 to 25 possible situations.
The overall process identified some 400 “green” job titles matching the proposed definition and the criteria used. These jobs are grouped into 63 different occupations which have been assessed for potential chemical or biological risk, 21 of which are high risk and, consequently, a high priority for occupational health and safety research. More specifically, the findings highlight the risk associated with waste management, a growing industry to which more and more activities can be connected, including energy production, farming or raw material recovery. Sorting centres are springing up everywhere, treatment of industrial effluents is gaining importance and landfill certificates of approval are not being issued as readily as in the past.
Although the term “green jobs” is fashionable and consistent with the idea of sustainable development, information on the subject is scarce. This study, the first of its kind in Québec, can serve as a basis for determining future research priorities in the area of green jobs. Moreover, hygienists can profitably use the developed method for prevention or worker protection purposes, with an approach that they can enrich with more precise or quantitative data
Carcinogenic substances: Exposure profile of Quebec workers
La liste des substances et conditions de travail associées à un risque élevé de cancer ne cesse d\u27augmenter. Cependant, afin de prioriser les besoins en recherche et d\u27orienter les activités préventives dans le domaine des cancers d\u27origine professionnelle et des substances cancérogènes, il importe de disposer de données sur l\u27exposition des travailleurs à ces cancérogènes. Il faut d\u27abord connaître l\u27ampleur du problème et établir un état de la question, en termes d\u27exposition aux substances ou circonstances d\u27exposition cancérogènes et en termes d\u27importance du nombre de cancers d\u27origine professionnelle. Ce rapport présente les résultats de la première étape d\u27une démarche menée à l\u27Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) afin de documenter l\u27exposition des travailleurs québécois aux substances ou circonstances d\u27exposition cancérogènes. Ce document constitue un apport important à la connaissance québécoise sur l\u27exposition aux cancérogènes; les constats effectués devraient être utiles aux personnes concernées par cette problématique.
Il a été possible de compiler des estimations d\u27exposition pour 38 substances cancérogènes listées à l\u27annexe 1 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail (notations C1, C2 ou C3) et dans la liste des cancérogènes avérés ou probables du Centre international de recherche sur le cancer (groupes 1 et 2A). Le nombre de travailleurs potentiellement exposés à chaque cancérogène considéré a été obtenu en appliquant des pourcentages de travailleurs exposés à ce cancérogène dans les secteurs d\u27activité concernés, calculés à partir de diverses sources d\u27information, aux effectifs de la main-d\u27oeuvre des secteurs d\u27activité du Québec estimés à partir des données du recensement de la population de 2006. L\u27information sur l\u27exposition a été extraite de la base des données d\u27analyses de laboratoire effectuées par l\u27IRSST pour le Réseau public de la santé au travail, des résultats de quelques projets spéciaux menés par l\u27IRSST, des données de l\u27Enquête sociale et de santé 1998 de Santé-Québec, des données rassemblées par Santé Canada sur les radio-expositions professionnelles et des données d\u27exposition compilées dans le cadre du projet CAREX Canada (mené par l\u27Université de Colombie-Britannique). Pour quelques cancérogènes, les données d\u27exposition proviennent de deux sources françaises : l\u27Enquête SUMER menée par le Ministère du travail de France auprès des médecins du travail et les matrices emplois-expositions MATGÉNÉ développées par l\u27Institut de veille sanitaire.
Selon cette approche, les dix substances ou circonstances auxquelles les travailleurs québécois sont exposés en plus grande proportion sont : le rayonnement solaire (6,6 %), le travail de nuit régulier ou un horaire alternant incluant la nuit (6,0 %), les gaz d\u27échappement diesel (4,4 %), les poussières de bois (2,9 %), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (excluant les fumées diesel) (2,0 %), le benzène (1,7 %), la silice (1,5 %), le plomb (1,3 %), les rayonnements ultraviolets artificiels (1,1 %) et les huiles minérales (1,0 %).
Plusieurs secteurs d\u27activité comportent plus de 20 cancérogènes différents, notamment ceux de la fabrication, de la construction, des autres services sauf les administrations publiques, des services publics, des services professionnels, scientifiques et techniques et des services administratifs, de soutien, de gestion des déchets et d\u27assainissement. Parmi les secteurs manufacturiers avec des expositions multiples aux cancérogènes, se retrouvent ceux de la fabrication de produits minéraux non métalliques, de matériel de transport, de la première transformation des métaux, de la fabrication de produits chimiques et de la fabrication du papier.
À partir de ces pourcentages d\u27exposition, on estime qu\u27au moins 230 300 québécois seraient exposés au rayonnement solaire et que plus de 150 000 travailleurs seraient exposés aux gaz d\u27échappement diesel dans le cadre de leur travail. Plus de 50 000 travailleurs seraient exposés à des cancérogènes dans chacun des secteurs d\u27activités suivants : fabrication, transport et entreposage, agriculture, foresterie, chasse et pêche ainsi que soins de santé et d\u27assistance sociale.
Les expositions aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), aux gaz d\u27échappement diesel, au benzène et au rayonnement solaire touchent une majorité des secteurs où travaillent des jeunes travailleurs selon les données disponibles, soit notamment ceux du commerce de détail, des arts, spectacles et loisirs et de l\u27hébergement et restauration.
L\u27analyse des données selon le sexe montre que les femmes seraient plus nombreuses à être exposées à des cancérogènes dans le secteur des soins de santé et d\u27assistance sociale (rayonnements ionisants, travail de nuit, rayonnements UV artificiels et rayonnement solaire). Les hommes se retrouvent en plus grande proportion dans les secteurs de l\u27agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse, de l\u27extraction minière, de pétrole et de gaz, de la construction, des services publics, de la fabrication et du transport et entreposage; ces secteurs se caractérisent notamment par l\u27exposition au rayonnement solaire, aux poussières de bois, au travail de nuit, à la silice, aux gaz d\u27échappement diesel, aux huiles minérales et au plomb.
Malgré leurs limites, les estimations produites constituent des indicateurs utiles quant à l\u27importance de l\u27exposition potentielle des travailleurs québécois aux substances cancérogènes, notamment parce qu\u27il s\u27agit du premier portrait de ce genre réalisé à partir d\u27une agrégation de données issues de diverses sources.
Comme les cancers prennent plusieurs années à se développer et qu\u27il peut être difficile de faire le lien entre un cancer et une exposition professionnelle particulière, la meilleure stratégie est la prévention. La démarche de prévention pour l\u27exposition aux cancérogènes est la même que la démarche d\u27hygiène pour tout danger en milieu de travail : l\u27anticipation, l\u27identification, l\u27évaluation et la maîtrise du risque (par l\u27élimination à la source, la substitution, la diminution de l\u27exposition), tout en s\u27assurant d\u27informer et de former les employeurs et les travailleurs sur les substances cancérogènes.
Abstract
The list of substances and working conditions linked to a high risk of cancer continues to grow. To establish priorities in research needs and orient preventive action in the field of occupational cancer and carcinogenic substances, it is important to have data on worker exposure to these carcinogens. First the scope of the problem must be determined and an overall portrait drawn up in terms of both exposure to carcinogenic substances or conditions and the incidence of occupational cancer. This report presents the results of the first stage in a project at the Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) aimed at documenting the exposure of Québec workers to carcinogenic substances or conditions. It offers an important contribution to Québec knowledge about exposure to carcinogens; its observations should be useful to anyone interested in this topic.
Exposure estimates were compiled for 38 carcinogenic substances listed in Schedule I of the Regulation respecting occupational health and safety (designation C1, C2 or C3) and in the known or probable carcinogens list published by the International Agency for Research on Cancer (groups 1 and 2A). The number of workers potentially exposed to each carcinogen was obtained by applying the percentages of exposed workers in a given industry, calculated from various data sources, to the number of people working in that industry in Québec according to the 2006 census data. The information on exposure was based on laboratory tests performed by the IRSST for the Réseau public de la santé au travail, the results from a number of special projects carried out by the IRSST, data from Santé-Québec\u27s survey on health and wellbeing (Enquête sociale et de santé 1998), Health Canada data on occupational radiation exposure, and exposure data compiled as part of the CAREX Canada project conducted by the University of British Columbia. For some carcinogens, the exposure data came from two French sources: the SUMER survey of occupational physicians by France\u27s Ministère du travail, and the MATGÉNÉ job exposure matrices developed by the Institut de veille sanitaire.
According to these calculations, the ten substances or conditions to which the greatest number of Québec workers are exposed are as follows: solar radiation (6.6%), night work or rotating shifts including night work (6.0%), diesel exhaust (4.4%), wood dust (2.9%), polycyclic aromatic hydrocarbons (excluding diesel exhaust) (2.0%), benzene (1.7%), silica (1.5%), lead (1.3%), artificial ultraviolet rays (1.1%) and mineral oils (1.0%).
In several industries, over 20 different carcinogens are present; these industries include manufacturing, construction, other services except public administration, utilities, professional, scientific and technical services, and administrative, support, waste management and remediation services. Among the manufacturing industries with exposure to multiple carcinogens are non-metallic mineral products, transportation equipment, primary metals, chemicals and paper.
Based on these percentages, it is estimated that at least 230,300 Quebecers are exposed to solar radiation and more than 150,000 to diesel exhaust in their jobs. Over 50,000 are exposed to carcinogens in manufacturing, transportation and warehousing, agriculture, forestry, hunting and fishing, and health care and social assistance.
Exposure to polycyclic aromatic hydrocarbons (PAHs), diesel exhaust, benzene and solar radiation affects most of the industries with a young labour force, including retailing, arts, entertainment and recreation, and accommodation and food services.
A breakdown of the data according to sex shows that more women are exposed to carcinogens in health care and social assistance (ionizing radiation, night work, artificial UV rays and solar radiation). Men are present in greater proportions in agriculture, forestry, hunting and fishing, mineral extraction, oil and gas, construction, utilities, manufacturing and transportation and warehousing; these industries are characterized by exposure to solar radiation, wood dust, night work, silica, diesel exhaust, mineral oils and lead.
Despite their limitations, the estimates are useful indicators of the extent of Québec workers\u27 potential exposure to carcinogenic substances, mainly because this is the first portrait of its type based on data aggregated from various sources.
Because cancers take several years to develop and it can be difficult to establish a link between a cancer and a given occupational exposure, the best strategy is prevention. The preventive approach for exposure to carcinogens is the same as for any occupational hazard: anticipation, identification, assessment and control (through elimination at source, substitution and reduction of exposure), as well as informing and educating employers and workers about carcinogenic substances
Summer temperatures, ozone concentrations and occupational injuries accepted for compensation in Quebec
Les changements climatiques sont indéniables et leurs impacts sur la santé de la population préoccupent de plus en plus les scientifiques et les décideurs publics. Les spécialistes prévoient des hausses de température au Québec et que les durées et l’intensité des périodes de chaleur accablante et de canicules augmenteront. D’autres paramètres environnementaux seront possiblement modifiés à la suite de l’augmentation de la température extérieure, comme la hausse des concentrations ambiantes de certains polluants atmosphériques tel l’ozone au sol.
Ces changements pourraient avoir un impact sur la santé et la sécurité des travailleurs. Dans la littérature, il est rapporté que l’exposition à la chaleur extérieure entraîne de la mortalité, de la morbidité et possiblement une augmentation de l’incidence des lésions professionnelles. Toutefois, les relations statistiques entre la température extérieure et la survenue de maladies ou d’accidents chez les travailleurs n’ont été que très peu documentées et ne l’ont jamais été dans des conditions similaires à celles du Québec. Le même constat s’impose quant à la relation entre l’ozone et les problèmes respiratoires chez les travailleurs, alors que les effets d’une exposition simultanée ozone-chaleur n’ont jamais été étudiés pour cette population.
L’objectif général de cette recherche était de documenter ces associations dans un contexte québécois. Pour ce faire, nous avons développé des modèles statistiques a) pour apprécier l’association entre la température extérieure estivale et les lésions professionnelles acceptées par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) pour les problèmes de santé reliés à une exposition excessive à la chaleur (insolations, syncopes, pertes de conscience, etc.), ainsi que pour les accidents du travail; b) pour explorer l’association entre les niveaux journaliers d’ozone troposphérique estivaux et les lésions professionnelles acceptées pour les atteintes respiratoires aiguës. Finalement, nous voulions aussi identifier les sous-populations, les industries et les professions les plus à risque de lésions professionnelles en lien avec la température ou la concentration d’ozone troposphérique.
Les modélisations suggèrent que le nombre quotidien de lésions acceptées pour des problèmes de santé liés à la chaleur et pour des accidents de travail augmente de façon log-linéaire avec les températures extérieures en été au Québec. Des hausses de 42 % du nombre journalier de lésions pour les problèmes de santé reliés à la chaleur (nombre journalier moyen = 0,13, de 0 à 10) et de 0,2 % pour les accidents de travail (nombre journalier moyen = 306, de 54 à 641) ont été estimées pour chaque 1 °C supplémentaire de la température maximale journalière, entre -7,8 et 37,3 °C. Ces analyses ont également mis en évidence que la force des associations pouvait varier selon l’âge, le secteur industriel et la catégorie professionnelle (manuelle par rapport aux autres catégories). Ces résultats doivent être interprétés avec précaution, car cette étude comporte plusieurs limites, dont l’utilisation de données d’indemnisation (qui contiennent peu d’information sur les circonstances exactes de la survenue de la blessure ou du problème de santé), de même qu’une mesure peu précise de la température et de l’humidité sur les lieux de travail le jour où s’est produite la lésion, estimée à partir de données régionales.
Dans le contexte où l’on prédit pour le Québec une augmentation des températures estivales dans les prochaines années, il importe de mettre en place des mesures préventives qui cibleraient particulièrement les travailleurs les plus sujets aux effets de la chaleur et de poursuivre les efforts de recherche pour l’avancement des connaissances dans ce domaine, en utilisant notamment des indices plus valides de stress thermique. Par ailleurs, la faible puissance statistique des résultats concernant l’association entre les atteintes respiratoires aiguës et les estimations des concentrations d’ozone empêche toute conclusion ferme à cet égard. Les travailleurs extérieurs font néanmoins partie des groupes d’individus les plus exposés à l’ozone au sol et à d’autres polluants de l’air, et conséquemment, il serait souhaitable de poursuivre les réflexions à ce sujet.
Abstract
Global warming is undeniable, and its impact on population health is a growing concern among scientists and public policy makers. Specialists are predicting not only that temperatures will rise in Quebec, but also that heat waves and heat emergencies will be longer and more intense. Other environmental parameters may also undergo changes with the increase in outdoor temperatures: for example, ambient concentrations of air pollutants, such as ground-level ozone, could rise.
These changes could have an impact on worker health and safety. The literature reports that exposure to outdoor heat can cause death, disease and possibly an increase in occupational injuries. However, the statistical relationship between outdoor temperature and the incidence of illness or accidents among workers is not well documented and has never been studied in conditions similar to those in Quebec. The same is true regarding the relationship between ozone and acute respiratory disorders in workers, while the effects of simultaneous exposure to heat and ozone have never been studied in this population.
The general objective of our study was to document these associations in a Quebec setting. To do so, we developed statistical models to (a) assess the association between outdoor summer temperature and occupational injuries accepted for compensation by the Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST, now named CNESST) [Quebec workers’ compensation board] in connection with overexposure to heat (sunstroke, fainting, loss of consciousness, etc.) and work-related accidents; (b) explore the association between daily summer levels of tropospheric ozone and occupational injury claims for acute respiratory illnesses accepted for compensation. Last, we also wanted to identify subpopulations, industries and occupations most at risk for occupational injuries related to heat or tropospheric ozone concentrations.
Modelling suggests a log-linear relationship between outdoor summer temperatures in Quebec and daily counts of accepted injury claims for heat-related health problems and work-related accidents. Daily counts of accepted injury claims for heat-related health problems (mean daily number = 0.13, from 0 to 10) and work-related accidents (mean daily number = 306, from 54 to 641) increased an estimated 42% and 0.2%, respectively, for every 1°C increase in maximum daily temperature (range = −7.8°C to 37.3°C). Analyses also showed that the strength of the associations may vary depending on worker age, industrial sector and occupation’s physical workload (manual labour or other). These results must be interpreted with caution, however, as the study has a number of limitations, including the use of compensation data (which contain little information about the exact circumstances of the occurrence of the injury or health problem) and imprecise workplace temperature and humidity values at the time of injury, which were estimated from regional data.
Given that summer temperatures in Quebec are expected to increase in coming years, it is essential to implement preventive measures specifically targeting those workers most likely to suffer from heat effects and to continue research to advance our knowledge in this field, in particular by using better heat stress indices. The low statistical power of the results regarding the association between acute respiratory illnesses and estimated ozone concentrations precludes drawing any firm conclusions in this respect. As outdoor workers are nonetheless among those most exposed to ground-level ozone and other air pollutants, further study of this subject is clearly warranted
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