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    Questions aux linguistes d’aujourd’hui sur poĂ©sie, langue et didactique

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    1. Quelle place tient la poĂ©sie dans vos lectures, dans votre vie ? Lisez-vous de la poĂ©sie contemporaine ? Quelle place tient la poĂ©sie dans la vie des jeunes que vous connaissez, quelle place a-t-elle tenue dans votre formation ? La poĂ©sie se trouve-t-elle pour vous uniquement dans les poĂšmes ? OĂč ailleurs ? 2. La poĂ©sie et la linguistique ont eu, dans l’histoire des cent ans derniers, des rapports, de la connivence, mais quasi marginaux ou clandestins, mĂȘme si les formalistes russes Ă©taien..

    Questions aux poĂštes

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    Au questionnaire proposĂ© Ă  six poĂštes, en miroir de celui des linguistes, ont rĂ©pondu : Édith Azam, Françoise Delorme, DaniĂšle Faugeras, IrĂšne Gayraud, Liliane Giraudon, Marie de Quatrebarbes. Chacune aura sĂ©lectionnĂ© en fin d’entretien deux titres de son Ɠuvre et un ou deux de ses contemporains qui ont retenu son attention ; parmi les vingt titres retenus, juste un auteur est citĂ© deux fois. L’une est aussi Ă©ditrice, deux sont traductrices, deux pratiquent un autre art, une un artisanat, et presque toutes ont l’habitude de dire leurs poĂšmes Ă  l’école primaire ou secondaire et de conduire des ateliers d’écriture. Voici les problĂ©matiques abordĂ©es : 1) Leur rĂ©action Ă  l’échantillon uniquement fĂ©minin de l’enquĂȘte et au terme de « poĂ©tesse » ; 2) leur relation Ă  la langue et Ă  la syntaxe ; 3) l’exploration et l’expĂ©rimentation du monde et de la vie par la poĂ©sie ; 4) l’imaginaire : sa dĂ©finition problĂ©matique, son rĂŽle dans l’écriture et l’apprentissage ; 5) la relation de la poĂ©sie Ă  la voix : voix interne(s) et externe(s) ; 6) PoĂ©sie, Ă©ducation, Ă©lĂšves en difficultĂ© et interventions des poĂštes Ă  l’école. La plupart des poĂštes-femmes refusent le terme de poĂ©tesse comme discriminatoire, suggĂ©rant une prĂ©tendue diffĂ©rence entre poĂ©sie masculine et fĂ©minine. L’échantillon fĂ©minin a fait gĂ©nĂ©ralement problĂšme. Toutes disent que la langue est une composante fondamentale de l’écriture et de la lecture sans partager la mĂȘme dĂ©finition de la syntaxe : syntaxe normative ou systĂšme ouvert de la syntaxe Ă©tendue, ni la mĂȘme conduite envers normes et rĂšgles. La plupart relĂšvent le rĂŽle de la matiĂšre sonore et visuelle des mots, sans oser l’intĂ©grer Ă  la syntaxe Ă©tendue. La langue est retenue comme vie, mouvement corporel, dĂ©sir, mais aussi comme Ă©chec, essai perpĂ©tuel, parfois comme maladie ou dĂ©sastre. Le point de vue des poĂštes sur la langue est moins linguistique qu’existentiel et philosophique. Deux camps s’opposent pour savoir qui, de la langue ou du monde/de l’observation/de la perception/du ressenti, est le premier. Certains distinguent « rĂ©el » et « rĂ©alitĂ©, i.e, la rĂ©alitĂ© commune, superficielle : leur objectif serait d’affronter le rĂ©el en se dĂ©barrassant de la subjectivitĂ© et du « moi ». Mais la cible est rĂ©guliĂšrement manquĂ©e. Le monde et la vie d’un cĂŽtĂ©, la langue de l’autre restent deux mystĂšres durs Ă  raccorder, quoique indissociables. L’imaginaire se dĂ©finit diffĂ©remment selon la culture de chacune ; certaines se rĂ©fĂšrent Ă  la psychanalyse et Ă  Lacan, d’autres acceptent la distinction proposĂ©e entre imaginaire singulier et imaginaire collectif, certaines partent de l’acception adjectivale de monde imaginaire construit par chacun en propre. Juste une considĂšre que le problĂšme ne se pose pas pour un adulte, quand la plupart s’interrogent beaucoup, passionnĂ©ment. L’imaginaire serait Ă  la fois reliĂ© Ă  la peur, aux peurs ancestrales et Ă  leur revers : Ă©nergie, courage, pulsion crĂ©ative, intersubjectivitĂ©, voire rĂ©flexivitĂ©. L’imaginaire, Ă  la jointure entre inconscient, premiĂšre levĂ©e d’images et de mots, alimenterait le dĂ©sir de renaĂźtre toujours dans la langue et de dĂ©voiler ou d’intensifier le rĂ©el. La diction publique est une pratique ordinaire que les poĂštes aiment et redoutent ; le corps est impliquĂ© dans sa quasi-nuditĂ©, ce qui nĂ©cessite de la confiance mutuelle. Certaines y voient un champ d’expĂ©rimentation ou une Ă©tape de crĂ©ation. Dire la poĂ©sie, mĂȘme silencieusement, est aussi une aide frĂ©quente Ă  l’écriture. Presque toutes font des rĂ©citals ou des ateliers (d’écriture ou de traduction de poĂšmes) dans les Ă©coles ou dans d’autres lieux sociaux, ce qui accroĂźt le rĂŽle social de la poĂ©sie. Chacune parle des Ă©vĂ©nements qui ont dĂ©clenchĂ© la rĂ©action positive de tels Ă©lĂšves, en difficultĂ© notamment. En tireraient profit d’abord l’image de soi et la motivation en lien avec la vie intĂ©rieure ; ensuite le goĂ»t d’apprendre, de vivre, de regarder, quelle que soit la discipline ; enfin l’attention plus fine Ă  la langue, Ă  son fonctionnement et Ă  sa sĂ©miose. Mais toutes insistent sur l’« écopoĂ©sie » en tant que milieu d’apprentissage et de rencontres humaines, l’annĂ©e durant, plutĂŽt que sur des projets didactiques ciblĂ©s sur une seule matiĂšre, langue maternelle ou Ă©trangĂšre. Donc, mĂȘme si les rĂ©ponses des poĂštes et des linguistes s’accordent largement sur la langue, la voix et l’enseignement, elles divergent nĂ©anmoins sur la dĂ©finition de la poĂ©sie, lĂ  plus centrĂ©e sur le fonctionnement de la langue, ici branchĂ©e sur le corps, l’imaginaire, le rĂ©el. Mais on dĂ©couvre entre eux une fascination rĂ©ciproque, comme si les uns avaient un pouvoir mystĂ©rieux dont les autres seraient privĂ©s.The questionnaire proposed to six poets, echoing the one for linguists, is filled up by: Edith Azam, Françoise Delorme, DaniĂšle Faugeras, IrĂšne Gayraud, Liliane Giraudon, Marie de Quatrebarbes. Each of them has selected, at the end of the interview, two titles of her own works and one or two contemporaries from her recent reading who deserve to be known. Among these 20 books, only one author is referred twice. One of the poets is moreover an editor, two are translators, and two practice another art, one handicraft. Almost all of them are used to perform their poems in primary or secondary schools and some of them lead creative writing workshops. Here are the issues raised by the questionnaire: 1) Their reaction towards the “women-only” sampling in the questionnaire and their attitudes towards the word “poetess”; 2) their relation with language and syntax; 3) The exploration and experimentation of world and life through poetry ; 4) imaginary (as a noun): its problematic definition, its role in writing and learning; 5) the relation between poetry and voice: internal and external voice(s); 6) poetry, education, non-enhanced students and poets’ interventions in schools. Most of the poets do not accept the word ‘poetess’, regarding it as a discrimination, which suggests the so-called difference between masculine and feminine poetry. The “women-only” sampling becomes therefore a problem. Language is widely accepted as a fundamental component in writing and reading but people share distinguished definitions of syntax including the standard syntax, the extended syntax as an open system, or the same behavior towards norms and rules. A majority emphasizes the role of sound /visual materials in words, but dare not to admit their places in extended syntax. Language is considered as life, physical movement, desire but also as failure, perpetual attempt, sometimes as disaster or disease. The poets’ point of view of language is less linguistic, more existential and philosophical. Two camps stand against each other on the question whether language or the world/the observation/the perception/the feeling, comes the first? Some of them make the difference between ‘real” and ‘reality’, i.e. common and superficial reality: their target would be to face the real, sometimes by getting rid of their own subjectivity and themselves. But the target is regularly missed. The world and life on one side, and language on the other side, stand as two mysteries hard to connect, however inseparable. Imaginary is defined differently along with the culture. Some refer to the psychoanalysis or Lacan, some accept the proposed distinction between singular imaginary and collective imaginary, others take it as an adjective of the imaginary world built by each person. Just one does not consider it as an issue for adults, whereas most of them discuss this issue with passion. Imaginary would connect the fear, the ancestoral fear and their failures: energy, courage, creative impulse, intersubjectivity, and even reflexivity. Imaginary, at the crossroad of unconscious, together with the first rise of images and words, would feed the desire to revive again and again through language and to unveil or intensify the real. Saying poetry aloud in public is a common practice poets generally like and fear. Body is involved, almost naked, which therefore needs mutual confidence. For some, it is an experimentation area or a step of creation. Saying poetry, even just in silence, is also a frequent help to writing. Almost all the poets manage performances and workshops (writing or translating poems) in schools or in other social places, therefore strengthening the social role of poetry. Everyone says about positive reactions in some pupils triggered by poetry, especially in the non-enhanced ones. The first benefit would be a better self-image and motivation in connection with inner life; the second is the appetites to learn, to live and to look, whatever the discipline is; and thirdly, it brings an accurate attention towards the language, its functioning and the semiosis. But all insist on â€˜Ă©copoĂ©sie’, i.e learning environment all along the year, and the human meetings rather than strict teaching projects devoted to one topic only, mother tongue or foreign language. So, even if the responses from the poets and linguists demonstrate their wide agreements on language, voice and teaching, they, nevertheless, differ a lot on their definition of poetry: linguists concentrate on the language functioning while poets focus more on body, imaginary and ‘real’. But there exists a kind of mutual charm flowing between them, as if each side held the mysterious power that the other side had been deprived of

    Les problÚmes de ponctuation générale soulevés par la poésie contemporaine

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    Cet article vise la double relation entre linguistique et poĂ©sie dans le domaine de la ponctuation. AprĂšs avoir constatĂ© l’élargissement progressif de la ponctuation au cours des cinq millĂ©naires d’écriture, nous proposons d’examiner les problĂšmes de linguistique que la poĂ©sie contemporaine met sur le devant. Le blanc n’est pas simplement une marque de ponctuation (le signe majeur, selon N. Catach), mais un tiroir distinct du plurisystĂšme ponctuationnel, ayant ses propres unitĂ©s discursives, syntaxe et sĂ©mantique. Il en va de mĂȘme avec la « ponctuation grise » ou graphique. La ponctuation canonique deviendra alors « ponctuation noire », avec ses signes habituels Ă  valeur tant Ă©motionnelle que mĂ©talinguistique. La ponctuation Ă©tendue pourrait ĂȘtre analysĂ©e comme une scĂ©nographie textuelle, Ă©clairant les unitĂ©s discursives dans leurs mouvements et ajustements pluriels tant de syntaxe que de sĂ©mantique. Ainsi la poĂ©sie contemporaine nous suggĂšre-t-elle une conception affinĂ©e de la ponctuation.The main target of this article is to show the double relation between linguistics and poetry on the account of punctuation. The historical tendency has been to enlarge punctuation during the five millenaries of writing, which we can continue by examining the problems of linguistics contemporary poetry brings to the fore. Blank is not a simple punctuation grade (the most important, said N. Catach) but a quite distinct drawer of the punctuation plurisystem, with its own discursive units, its syntax and its semantic. The same with grey punctuation (or graphic punctuation). The usual punctuation will be therefore called black punctuation with its usual signs which will be considered as emotional and metalinguistic signs as well. The proposed extended punctuation could be analyzed as a text scenography, able to highlight the different text units, their movements and adjustments combined by a plural syntax at the benefit of a plural semantics. So contemporary poetry suggests a more refined conception of punctuation

    Pour une Ă©copoĂ©sie de l’apprentissage de la lecture au cycle 2, qui n’oublie pas les Ă©lĂšves en difficultĂ©

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    Cet article, constatant l’échec de la politique de l’apprentissage de la lecture depuis les annĂ©es 1980, essaie de promouvoir le rĂŽle de la poĂ©sie comme accompagnatrice d’une mĂ©thode systĂ©matique inspirĂ©e des rĂ©sultats des sciences cognitives et de la linguistique. Il montre que les poĂšmes, dans le sillage des comptines, permettraient de faciliter le saut symbolique et cognitif que reprĂ©sente cette seconde symbolisation linguistique, en faisant le rapport entre l’imaginaire du sujet apprenant et son questionnement plus abstrait sur le fonctionnement de la langue. Mais cette facilitation de la poĂ©sie ne peut idĂ©alement se faire qu’à des conditions strictes d’étayage et de milieu d’apprentissage, l’écopoĂ©sie.This article, noting the failure of the policy of learning to read since the eighties, tries to promote the role of poetry as a companion to a systematic method inspired by the laws of cognitive science and linguistics. It shows that poems, in the wake of nursery rhymes, would facilitate the symbolic and cognitive jump represented by this second linguistic symbolization, making the connection between the imagination of the learner and his more abstract questioning on the functioning of the language. But this facilitation of poetry can ideally be done only under strict conditions of support and environment of learning, â€œĂ©copoĂ©sie”(ecopoesis)

    Ponctuations blanche et grise dans un album de jeunesse de BĂ©atrice Poncelet

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    Pour Ă©crire et publier un texte il a toujours fallu un auteur, des lecteurs potentiels et un tiers : scripteur, copieur, Ă©diteur, imprimeur, diffuseur... La mise en page et la lisibilitĂ© ont Ă©tĂ© des prĂ©occupations dĂšs les dĂ©buts historiques de l’écriture (Pardee, 1982 ; Poccetti, 2011). On a souvent chargĂ© ce mĂ©diateur de mille pĂ©chĂ©s, sans mettre Ă  son crĂ©dit la lisibilitĂ© du texte ou, mieux, sa « rĂ©-Ă©nonciation Ă©ditoriale » (Laufer, 1989 ; Souchier, 1991, 2005, 2007 ; Dessons, 1992, 2000 ; ..

    ET : signe clé de la poétique de Vents de Saint-John Perse ?

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    International audienc

    La ponctuation de Nathalie Sarraute ou le théùtre de la phrase

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    Toute Ă©criture dĂ©veloppe un systĂšme de ponctuation qui lui est propre, constituant une vĂ©ritable signature. Il est Ă  la fois idiosyncrasique et conforme, sinon Ă  un usage passĂ©-prĂ©sent de la langue, du moins Ă  une attente et une entente de la langue. En retour l’usage fait par tel Ă©crivain de la ponctuation peut nous Ă©clairer sur la ponctuation gĂ©nĂ©rale et la phrase. Nous entendons par « ponctuation » la ponctuation noire et la ponctuation blanche. Celle-ci ne semble pas jouer un rĂŽle primord..

    Qu’est-ce que la poĂ©sie nous dit du monde ?

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    La poĂ©sie contemporaine nous dit-elle quelque chose particulier du monde que les autres rĂ©gimes littĂ©raires, que les autres arts ne nous diraient pas ? Est-elle, Ă  l’intĂ©rieur des sciences de la culture un observatoire incomparable, et donc indispensable ? La poĂ©sie est rarement interrogĂ©e sous cet angle, Ă  quelques exceptions prĂšs (Collot, Bougault, Bissay, par exemple). Le roman, la bande dessinĂ©e, le thĂ©Ăątre font du monde un objet tellement plus Ă©vident. En revanche on parle souvent du mon..

    AndrĂ© Du Bouchet : la ponctuation du monde et le passage d’une phĂ©nomĂ©nologie Ă  une hermĂ©neutique matĂ©rielle

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    Introduction Si le mot « monde » est trĂšs prĂ©sent dans l’Ɠuvre d’André Du Bouchet, notamment dans MatiĂšre de l’interlocuteur (p. 27), ce n’est certainement pas pour dĂ©signer le monde superficiel : celui des villes et des campagnes, des paysages et du temps historique, ou celui de l’enfance – ce qu’on pourrait appeler globalement le monde journalistique, romanesque ou lyrique. La dĂ©marche poĂ©tique de Du Bouchet s’apparenterait plus – par sa tĂ©nacitĂ©, par la permanence de l’objet et l’élaborati..

    Les mondes flottants de Marie de Quatrebarbes : avec le poémateur, voguons !

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    La premiĂšre question tournerait autour du monde, et en quoi il consiste : monde humain ou extra-humain ? La question du « rĂ©el » vient alors s’interposer : le rĂ©el coĂŻncide-t-il avec le monde ou est-il un monde augmentĂ© et par quoi ? La troisiĂšme porterait sur ce qui, ou qui le constitue : une puissance transcendantale ou, plus littĂ©rairement, une intĂ©rioritĂ©, un point de vue. En littĂ©rature, il est difficile de distinguer le sujet, focalisateur, du monde focalisĂ©. Le monde, en poĂ©sie tout pa..
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