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Migrations de la violence, violence en migration. Les vulnérabilités des populations centraméricaines en mobilité vers le Nord
Les trajectoires migratoires centramĂ©ricaines se dĂ©ploient dans des espaces gĂ©ographiques et sociopolitiques Ă risque, oĂą les situations de danger et de vulnĂ©rabilitĂ©s sont multiformes. Ă€ partir d’une lecture des expĂ©riences et des contextes de mobilitĂ©, l’auteur interroge les expressions de violence comme un des motifs de migration, comme une contrainte Ă la rĂ©alisation des projets migratoires et enfin comme un effet des politiques migratoires de contention. Il fait l’hypothèse que les formes des violences sont entrecroisĂ©es, souvent cumulatives, et que leur rĂ©manence constitue aujourd’hui une composante des phĂ©nomènes migratoires dans la rĂ©gion. L’article vise Ă interroger comment un « continuum de violences » produit de la marginalitĂ© et gĂ©nère des situations qui, Ă leur tour, alimentent des formes de vulnĂ©rabilitĂ©s oĂą les risques encourus sont banalisĂ©s alors mĂŞme que la prĂ©sence migratoire est socialement, juridiquement et politiquement sous-Ă©valuĂ©e et invisibilisĂ©e.Central American migratory trajectories take place in risky geographical and socio-political spaces, where situations of danger and vulnerability are multifaceted. Based on an observation of experiences and contexts of mobility, the author examines expressions of violence as one of the motives for migration, as a constraint to the implementation of migration projects and finally as an effect of migration policies of contention. He assumes that the forms of violence are intertwined, often cumulative, and that their persistence constitutes a component of migration phenomena in the region today. The article aims to question how a “continuum of violence” produces marginality and generates situations that, in turn, fuel forms of vulnerability where risks are trivialized when the migratory presence is socially, legally and politically undervalued and invisibilized.Las trayectorias migratorias centroamericanas se despliegan en espacios geográficos y sociopolĂticos de riesgo, donde las situaciones de peligro y vulnerabilidad son multifacĂ©ticas. A partir de una lectura de las experiencias y contextos de movilidad, el autor examina las expresiones de violencia como uno de los motivos de la migraciĂłn, como una limitaciĂłn para la realizaciĂłn de proyectos migratorios y, por Ăşltimo, como un efecto de las polĂticas migratorias de contenciĂłn. Desarrolla la hipĂłtesis de que las formas de violencia están entrelazadas, a menudo son acumulativas, y que su persistencia hoy en dĂa constituye un componente del fenĂłmeno migratorio en la regiĂłn. El artĂculo examina cĂłmo un «continuo de violencia» produce marginalidad y genera situaciones que, a su vez, alimentan formas de vulnerabilidad en las que se banalizan los riesgos cuando la presencia migratoria es social, jurĂdica y polĂticamente infravalorada e invisibilizada
Chapitre V. Savoir et pouvoir : les réseaux sociaux de la migration
Nous avons vu jusqu’à présent les formes du système migratoire ocampense et les différentes dynamiques liées à son développement. À plusieurs reprises, le constat d’un mode d’organisation spécifique s’est dessiné et nous avons pu discerner des processus où se combinent des stratégies d’acteurs, des logiques de nature collective et des contraintes externes. Le poids de ces éléments conduit à s’interroger sur les dimensions explicatives du phénomène migratoire : si la nécessité économique est l..
Le Mexique à la croisée des deux Amériques
International audienceIl est commun de dire que le Mexique est un pays d'interface entre Amérique du Nord et Amérique latine, lié tout autant à la première qu'à la seconde par la géographie et par l'histoire. Nord-américain par ses liens géographiques et économiques avec son puissant voisin, le Mexique est en même temps une entité majeure de l'aire latino-américaine, dont il partage la langue, une histoire et une culture préhispanique en de nombreux points comparables. Cette position de charnière entre nord et sud du continent constitue une réalité géographique et historique avec laquelle le pays doit composer au quotidien. Au-delà de sa situation particulière à l'échelle continentale, le Mexique connaît une dualité dans sa société et sur son territoire. Depuis ce que l'on nomme aujourd'hui la Mexamerica 1 – la région nord du pays faisant symétrie au sud-ouest des États-Unis à forte composante hispanique – jusqu'à la Mésoamérique –l'Amérique « moyenne », berceau de la civilisation maya –, les rapports du pays avec son environnement régional sont historiquement très prégnants. On schématise assez bien la situation contemporaine lorsqu'on oppose un Mexique du Nord, plus industriel, plus urbain, mieux intégré au système économique régional à un Mexique du Sud, plus indien, plus rural, plus pauvre, présentant bon nombre des caractéristiques du sous-développement et s'apparentant de la sorte à ses voisins centre-américains. Entre les deux, la vaste région urbaine formée autour de Mexico et de ses villes satellites qui concentre à la fois une part importante de la population nationale, de l'appareil productif industriel et, surtout, du pouvoir politique et décisionnel. Alors que le pays s'intègre de plus en plus dans une économie mondialisée, la question de son positionnement par rapport aux entités régionales apparaît aussi en arrière-fond de bon nombre des stratégies politiques et économiques mises en oeuvre. La relation au puissant voisin du Nord, évidente, nécessaire, mais aussi encombrante et source de dépendance, doit-elle se faire au détriment des rapports avec l'Isthme centre-américain et avec le reste de l'Amérique latine ? Y at -il la place pour une voie mexicaine indépendante et ouverte sur différents horizons quand nombre des questions nationales sont très intimement liées, dans différents domaines, à l'évolution des rapports avec les États-Unis ? 1 Le terme est de Joël Garreau, qui l'utilise d'abord à l'occasion d'un découpage régional des États-Unis pour qualifier la région du Sud-Ouest, fortement liée au Mexique. L'expression a connu un certain succès et a été largement reprise pour désigner à la fois un espace fonctionnel de forte intégration entre les deux pays et, dans une certaine mesure, un espace culturel binational de plus en plus autonome qui se développe de part et d'autre de la frontière
Conclusion
Entre Amérique latine et Amérique anglo-saxonne, le système migratoire mexicain tisse une toile fine et serrée de flux, de relations et d’influences. Au bout de près d’un siècle de déplacements, le fait migratoire constitue un processus majeur de transformation des espaces et des sociétés en Amérique du Nord. En lui-même, le mouvement de population est producteur de nouvelles situations, de nouvelles expériences pour les individus qui se déplacent et sont conduits à évoluer dans un milieu dif..
Les territoires de la mobilité
Certaines logiques de migration internationale de travail s’apparenÂtent de plus en plus Ă des logiques de circulation – l’émigration ne se dĂ©clinant plus en termes de rupture ou de nouveau dĂ©part. Aujourd’hui, les liens maintenus de part et d’autre de l’espace migratoire, le va-et-vient des personnes, l’échange de biens et d’idĂ©es constituent un système migratoire dynamique dans lequel le mouvement se perpĂ©tue selon des lois qui lui sont propres. La circulation migratoire entre le Mexique et les Etats-Unis en est sans doute l’exemple le plus manifeste, et l’incessante activitĂ© Ă la frontière entre les deux pays en tĂ©moigne au quotidien. La traditionnelle image du paysan mexicain traversant le Rio Grande pour rejoindre une grande ville des Etats-Unis ne recouvre que très partiellement la rĂ©alitĂ© ; celle du norteño revenant rĂ©gulièrement au pays ou celle des familles acheminant des marchandises pour des proches Ă l’étranger peuvent aujourd’hui l’accompagner. Mais comment s’organisent ces mobilitĂ©s de personnes et de biens ? Quel est le rĂ´le des individus et des rĂ©seaux sociaux dans la mise en place et le maintien des logiques du mouvement ? Plus largement, quels peuvent ĂŞtre les impacts de ces mises en relation multiformes pour les sociĂ©tĂ©s et les territoires qu’elles traversent ? C’est Ă de telles questions que s’attache l’auteur en proposant ici une lecture socio-spatiale du système migratoire mexicain. Analysant les stratĂ©gies mises en place par les migrants, il rĂ©vèle les diffĂ©rentes Ă©tapes du processus migratoire et les logiques d’investissement dĂ©doublĂ© des individus dans les lieux de dĂ©part et d’installation. En s’intĂ©ressant Ă des espaces de vie complexifiĂ©s Ă la fois par le mouvement et par des situations de multiculturalisme, l’étude offre une rĂ©flexion sur la façon dont les logiques transnationales de mobilitĂ© produisent des formes spĂ©cifiques de rapport au territoire
Une géographie de la migration mexicaine aux États-Unis
Selon les échelles de temps prises en compte, le contexte de la migration mexicaine aux États-Unis est marqué conjointement par la permanence et le changement. En effet, si l’on se réfère à une dimension historique longue, la permanence des causalités économiques du mouvement confère à la migration une stabilité particulièrement remarquable sur plusieurs décennies. À l’inverse, les conditions de déplacement entre les deux pays subissent des transformations rapides, liées aux variations des co..
Chapitre VII. La formation d’une communauté transnationale
Dans l’exemple d’Ocampo tel que développé jusqu’ici, les logiques d’organisation sociale et de « gestion » de la migration par ses acteurs ont été abordées à différentes échelles. Dans les effets qu’elle produit, la portée de ces logiques doit maintenant être spécifiée de façon globale. En effet, alors que l’expérience directe de la mobilité ne concerne qu’une part (certes importante) de la population locale, le fait migratoire est omniprésent dans ses manifestations indirectes et concerne to..
Chapitre III. Parcours et canalisation au sein de l’espace migratoire
Pour les besoins de l’exposé, nous avons traité jusqu’ici dans deux chapitres distincts les dimensions spatiales du système migratoire mexicain. Les dynamiques de la mobilité dans les lieux de départ et dans ceux d’arrivée étaient de cette manière plus faciles à isoler et à analyser. Cela étant, on ne peut qu’insister sur le résultat excessivement figé auquel nous conduit ce découpage d’un objet d’étude par définition mouvant et extérieur aux catégories classiques de l’analyse des territoires..
La frontera y el Estado-NaciĂłn en la perspectiva de los migrantes internacionales
Note portant sur l'auteur En esta investigaciĂłn me intereso por la nociĂłn de frontera desde el punto de vista de la migraciĂłn internacional. La observaciĂłn de flujo de personas en las fronteras de los Estados es una constante en muchos lugares. El paso fĂsico de una lĂnea –es decir la frontera en su sentido más estricto– da lugar a una concentraciĂłn espacial que facilita esa observaciĂłn. Sin embargo, creo necesario no limitar el análisis a lo que podrĂamos calificar como el ”momento migratori..
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