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«La relation de limitation et d’exception dans le français d’aujourd’hui : excepté, sauf et hormis comme pivots d’une relation algébrique »
L’analyse des emplois prépositionnels et des emplois conjonctifs d’ “excepté”, de “sauf” et d’ “hormis” permet d’envisager les trois prépositions/conjonctions comme le pivot d’un binôme, comme la plaque tournante d’une structure bipolaire. Placées au milieu du binôme, ces prépositions sont forcées par leur sémantisme originaire dûment métaphorisé de jouer le rôle de marqueurs d’inconséquence systématique entre l’élément se trouvant à leur gauche et celui qui se trouve à leur droite. L’opposition qui surgit entre les deux éléments n’est donc pas une incompatibilité naturelle, intrinsèque, mais extrinsèque, induite. Dans la plupart des cas (emplois limitatifs), cette opposition prend la forme d’un rapport entre une « classe » et le « membre (soustrait) de la classe », ou bien entre un « tout » et une « partie » ; dans d’autres (emplois exceptifs), cette opposition se manifeste au contraire comme une attaque de front portée par un « tout » à un autre « tout ». De plus, l’inconséquence induite mise en place par la préposition/conjonction paraît, en principe, tout à fait insurmontable. Dans l’assertion « les écureuils vivent partout, sauf en Australie » (que l’on peut expliciter par « Les écureuils vivent partout, sauf [qu’ils ne vivent pas] en Australie »), la préposition semble en effet capable d’impliquer le prédicat principal avec signe inverti, et de bâtir sur une telle implication une sorte de sous énoncé qui, à la rigueur, est totalement inconséquent avec celui qui le précède (si « les écureuils ne vivent pas en Australie », le fait qu’ils « vivent partout » est faux). Néanmoins, l’analyse montre qu’alors que certaines de ces oppositions peuvent enfin être dépassées, d’autres ne le peuvent pas. C’est, respectivement, le cas des relations limitatives et des relations exceptives. La relation limitative, impliquant le rapport « tout » - « partie », permet de résoudre le conflit dans les termes d’une somme algébrique entre deux sous énoncés pourvus de différent poids informatif et de signe contraire. Les valeurs numériques des termes de la somme étant déséquilibrées, le résultat est toujours autre que zéro. La relation exceptive, au contraire, qui n’implique pas le rapport « tout » - « partie », n’est pas capable de résoudre le conflit entre deux sous énoncés pourvus du même poids informatif et en même temps de signe contraire : les valeurs numériques des termes de la somme étant symétriques et égales, le résultat sera toujours équivalent à zéro
Lhabileté syntaxique est-elle un gage dune bonne compréhension en lecture ? Analyse des performances de lecteurs de 8-9 ans
L'objectif principal de ce travail est dexaminer les influences des habiletés syntaxiques sur les performances en lecture denfants de 8-9 ans. Le rôle de la syntaxe passe le plus souvent au deuxième plan des descriptions de lacte lexique, à la fois dans les observations des processus de lecture des adultes experts, et dans limportance qui lui est accordée dans lapprentissage de la lecture. Néanmoins, depuis 15 ans, le modèle structural de lecture (Greenberg, Healy, Koriat, & Kreiner, 2004) se met progressivement en place et son fonctionnement, de mieux en mieux décrit dans la littérature scientifique, accorde une place prépondérante à la construction on-line de la structure syntaxique des phrases lues. Cependant, deux éléments sont encore peu pris en compte : dune part, ses rapports avec les variations interindividuelles habituellement observées en lecture et dautre part sa mise en place chez les jeunes apprentis-lecteurs. Dans cette étude, nous présentons les résultats de deux expérimentations menées auprès de jeunes élèves venant tout juste d'apprendre à lire. Nous montrons que non seulement les processus structuraux décrits par Koriat se mettent rapidement en place chez les jeunes lecteurs, mais également que leur maîtrise est très fortement associée au niveau de compréhension en lecture des élèves. Nous discutons ces résultats dans la perspective du modèle structural de lecture et de ses conséquences possibles sur lapprentissage de lecture
