Engagements fragiles : des militants syndicaux agricoles à travers leurs incertitudes

National audienc

Politique du care et transition écologique : l'agriculture au cœur d'une nouvelle critique sociale ?

National audienceCette communication explore le lien entre les pratiques matérielles de la transition écologique et la critique sociale, en s'appuyant sur l'étude ethnographique d'un collectif américain de réinsertion d'anciens combattants par l'agriculture. Nous nous intéressons aux déplacements de la critique qu'effectue ce mouvement, en particulier le lien qu'établissent ses animateurs entre la transition écologique et la cause pacifiste. Dans un premier temps, nous montrons que l'idée selon laquelle le travail en agriculture « bio » peut receler des vertus thérapeutiques, ou peut s'avérer épanouissant, permet au mouvement d'expliciter de nouvelles attentes envers l'activité agricole : ces attentes combinent une attention à des formes d'accomplissement personnel et des horizons politiques et moraux plus larges. Nous montrons alors que la dimension sociale et politique du care est au cœur de la critique sociale que propose le mouvement. Dans un second temps, nous proposons de dresser un tableau plus large des différentes manières dont l'idée selon laquelle la nature recèle des bienfaits est aujourd'hui réinventée : celle que nous décrivons dans la partie précédente, qui politise en permettant à de de nouveaux acteurs d'investir le débat public, voisine alors avec d'autres qui, en spiritualisant (mouvements New Age) ou en technicisant (mouvement de « care farming ») évacuent cette dimension politique en réduisant le « care » au « cure ». Nous montrons alors comment les nouvelles attentes envers le travail agricole et l'agriculture « bio » peuvent être émancipatrices et permettre l'émergence de nouvelles revendications visant une société écologisée et pacifiée, mais aussi comment elles peuvent n'être qu'une remise au goût du jour des formes de gestion des populations déviantes ou vulnérables qui ont été mises en place au XIXème siècle

L'expérience de soldats atteints de stress post-traumatique dans des fermes bio. Nouvelles attentes normatives envers le travail agricole

National audienceLa diffusion, à la fin du XXème siècle, de la psychologie comme des mots d’ordre écologistes, l’apparition d’injonctions au « bien-être », ont permis de réactualiser cette idée déjà ancienne selon laquelle « la nature » recèlerait des vertus thérapeutiques. Cette idée sert aujourd’hui de socle au développement d’activités de soin qui prônent l’immersion de corps au travail : le travail agricole devient ainsi un moyen par lequel certaines populations vulnérables (personnes âgées, autistes, personnes souffrant de troubles post-traumatiques…) sont invitées à faire cette expérience. Cette proposition de communication développe une approche sociologique et s’appuie sur une enquête de terrain menée aux Etats-Unis, sur un mouvement de réinsertion par l’agriculture biologique de soldats de retour d’Irak (souvent atteints de stress post-traumatique). Nous présenterons les travaux américains contemporains qui entendent théoriser les vertus du travail de la terre (en montrant notamment sur quelle vision de la nature, de la ferme et de la personne ils s’appuient), pour ensuite les confronter au matériau empirique recueilli (entretiens semi-directifs avec les personnes, observation participante). Nous expliciterons alors les attentes de ces anciens soldats, la manière dont ils rendent compte de leur expérience, les éléments qu’ils mettent ou non en valeur dans leur travail, en montrant l’existence d’un certain décalage entre cette expérience sensible et la manière dont les théoriciens de « l’agrothérapie » attestent des effets bénéfiques de « la nature ». Nous montrerons que ce décalage (qui se marque par une distanciation et une certaine ironie) n’empêche pas les personnes de décrire de manière positive leur expérience, et ainsi d’expliciter certaines attentes normatives sur ce que devrait être la « bonne » agriculture, réintroduisant une attention à la vulnérabilité dans un monde professionnel où les représentations professionnelles restent associés à la virilité et la productivité. Ce matériau nous permettra donc de comprendre, en creux, ce qui rend l’agriculture industrialisée insupportable aux corps au travail

Comprendre les parcours d'engagement public. Contribution à une sociologie pragmatique des récits militants

National audiencePour comprendre les phénomènes de mobilisation, d’action collective ou d’engagement public, les sciences sociales ont dans un premier temps été peu soucieuses des histoires de vie des personnes : la théorie de l’action rationnelle, avec notamment le « paradoxe » d’Olson, s’est développée autour de la figure de l’individu, dotée d’intérêts mais dépourvue d’ancrage social, historique ou biographique. La capacité à saisir l’épaisseur des devenirs biographiques a alors constitué l’un des enjeux majeurs auxquels ont eu à répondre les approches critiques de ce modèle, ou plus largement les approches faisant davantage de place au terrain. Ainsi, l’idée selon laquelle l’engagement public ne va pas de soi, non pas en raison d’un simple calcul rationnel entre les coûts et les avantages individuels de la mobilisation, mais parce qu’il passe par des liens interpersonnels et des formes d’apprentissage, parce qu’il nécessite certaines ressources, dispositions ou capitaux, acquis au cours d’un processus et actualisables ou non dans certains contextes ou mondes militants, etc., marque l’essentiel des travaux contemporains sur l’action collective. Ces travaux, qui s’intéressent tant aux logiques d’entrée dans la mobilisation qu’aux logiques de désengagement, associent des outils provenant de traditions différentes pour rendre compte de l’importance des parcours biographiques : le concept interactionniste de « carrière » (« carrières militantes ») et le concept bourdieusien de « trajectoire »

Le "retour à la terre", une forme d'émancipation?

Ce texte donne quelques repère d'ordre général permettant contextualiser l'expérience de la commune de Trémargat (Centre-Bretagne) dans les aspirations contemporaines au retour à la terre. Des mouvements contre-culturels américains des années 1960 (le retour à la terre comme éveil spirituel autant que comme forme de contestation) aux luttes sociales en France (le retour à la terre comme acte militant, du Larzac aux ZAD), ce texte montre comment le retour à la terre est un geste porteur d'émancipation sociale et politique, mais aussi comment il peut être dévoyé et servir la promotion d'un ordre social conservateur

Prévenir la violence dans l'activité militante : trois études de cas

CT1National audienceThis article focuses on how activist groups work to manage tense situations, preventing them from tipping over into violence. The situations these groups are involved in (demonstrations, for example) are characterized by combined worry and uncertainty about outcome. The prospect of violence appears when actors demonstrate either « excessive » or « insufficient » engagement. These two types of risk are examined successively in terms of how activists work to reduce or correct them. They do so not just by creating proximity ties with others in face-to-face relations (tact, solicitude, listening, trust, a compensatory type of deference, care not to hurt the person) but also by taking into account the material surroundings of the action (ensuring this cannot facilitate a shift to violence). It is shown that the public engagement of such groups is strengthened by more particular types of engagement. Activist activity is seen to be an activity of composition in which actors work to organize group heterogeneity.Cet article prend pour objet la manière dont les collectifs militants s’efforcent de gérer des situations tendues en faisant en sorte qu’elles ne basculent pas dans la violence. Les situations dans lesquelles s’engagent ces collectifs (la manifestation, par exemple) sont tissées d’inquiétude et d’indétermination quant à leur issue. L’horizon de la violence survient lorsque les acteurs manifestent ce que l’on peut appeler soit un « excès d’engagement », soit un « défaut d’engagement ». Ces deux formes de risque sont examinées successivement, à travers la manière dont les militants s’efforcent de les réduire ou de les corriger : non seulement par l’établissement de liens de proximité avec autrui dans des relations de face-à-face (le tact, la sollicitude, l’écoute, la confiance, une forme compensatrice de déférence ou encore une attention à ne pas blesser la personne) mais également par la prise en compte de l’environnement matériel de l’action (éviter que cet environnement se prête à un basculement dans la violence). Nous montrons alors que l’engagement public de tels collectifs est soutenu par des formes plus particularisées d’engagement. L’activité militante se donne ici à voir comme une activité de composition dans laquelle les acteurs s’efforcent d’ordonner l’hétérogénéité des collectifs

How can rural areas and people contribute to contemporary social movements

International audienceCare farming or agrotherapy describe the way a certain vision of agriculture is used to do therapy. Here, we intend to understand how contemporary social movements in the rural world use very personal or private feelings and relationships to make a public statement. This paper presents an ethnographic research on the Farmer-Veteran Coalition (FVC), originated by organic farmers who took part in the recent anti-war protest. The movement seeks to help the veterans from Irak or Afghanistan (some of them suffering from mental injuries such as PTSD) with the idea that running an organic farm is part of a healing process to them. This paper describes how valuing local or personal goods (instead of big rallying cries such as pacifism) allows this mixed group to stick together and express a form of social criticism, both within the agricultural world (a new kind of statement for sustainable agriculture and family farms) and from the agricultural world to the public sphere (an anti-war statement and the proposition of an alternative lifestyle). Since FVC finds its origins in the bonds created between several of its leaders at the time they were part of The Farm (a rural commune founded Tennessee), this case study prompts a discussion on a history of communes and back-to-the-land movements since the 60’s, while highlighting what seems new in this case and not just recycled

Retour à la terre et éthique du care dans les mouvements sociaux

National audienceCette communication rend compte d'un héritage des mouvements de "retour à la terre" des années 1960-1970 dans les mobilisations contemporaine et dans la reconfiguration de la critique sociale. S'intéressant à l'engagement des agriculteurs américains dans le mouvement pacifiste après le 11-Septembre, elle décrit les trajectoires de reconversion militante et montre comment les enjeux agricoles ou ruraux sont le centre d'une redéfinition de la critique autour de demandes de "care". Face à des analyses qui soulignent les processus de "conventionalisation" de l'agriculture bio issue du "retour à la terre", notre enquête montre la persistance d'engagements protestataires à travers certains déplacements critiques

Quartiers et parcelles de la citoyenneté : L'engagement militant à travers ses compositions et ses épreuves

SAD CT1National audienc

Le retour à la terre dans les mouvements sociaux contemporains: Agriculture et anciens combattants dans la mobilisation pacifiste aux Etats-Unis

National audiencePour faciliter l'intégration à l'UMR Cesaer des chercheurs du SAD de Dijon (ex-UR 718 LISTO-D), cette communication au séminaire du CESAER vise à présenter aux nouveaux collègues, et à soumettre à leur discussion, les recherches que j'ai entreprises sur les nouvelles formes d'investissement de l'activité agricole. Cette communication s'appuie sur les premiers résultats l'enquête ethnographique menée sur l'engagement des agriculteurs dans les mouvements sociaux américains (mouvement pacifiste) et développe la question de la mutation des espaces ruraux américains