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Les Chroniques gargantuines et la parodie du chevaleresque
Les Chroniques gargantuines, textes anonymes en prose du XVIe siècle auxquels s'apparentent le Pantagruel et le Gargantua de Rabelais, proposent une version parodique des récits historiographiques et des romans de chevalerie, par le rabaissement et l'amplification des caractéristiques formelles et des composantes traditionnelles de ces deux genres — protestation de vérité et procédés de véridiction, etymologies étiologiques, tripartition du récit, etc
Le masque du Rieur de la cour de Suzanne de Nervèze
Les premières années de la Fronde ont donné lieu à une floraison d’écrits polémiques ; « il n’est pas mesme jusque des femmes qui ne s’en meslent », remarque avec mépris le bibliothécaire du cardinal Mazarin, Gabriel Naudé. Au nombre de ces femmes libellistes figure Suzanne de Nervèze dont Le Rieur de la cour paraît en 1649. Dans ce petit ouvrage, elle met en place un certain nombre de stratégies textuelles pour légitimer sa prise de parole publique et critique. Portant le masque du Rieur, ce « Démocrite nouveau », elle dénoncera tous les visages de l’hypocrisie courtisane. Cependant, par delà cette leçon morale, c’est le statu quo d’un ordre social et politique en crise qu’elle cherchera finalement à conserver.The early years of the Fronde produced a flowering of polemical writings: “il n’est pas mesme jusque des femmes qui ne s’en meslent” [even women are getting involved], Cardinal Mazarin’s librarian, Gabriel Naudé, noted with disdain. Among these female lampoonists was Suzanne de Nervèze, whose Le Rieur de la cour [The Court Jester] was published in 1649. In this brief work, the author adopts a number of textual strategies to legitimize her public and critical expression of opinion. Wearing the mask of the Jester, this “new Democritus,” she goes on to denounce all the expressions of court hypocrisy. Beyond this lesson in ethics, however, what she ultimately seeks to preserve is the status quo of a social and political order in crisis
Rabelais et l'hybridité des récits rabelaisiens
International audienceAttachée aux idées d’impureté, de dégénérescence et de stérilité dans l’épistémè renaissante, mais valorisée par les régimes esthétiques moderne et postmoderne, l’hybridité est à la fois un propos et une manière de la geste pantagruélique. Ce volume considère trois registres où Rabelais tantôt dissimule les sutures de son bouturage poétique, tantôt en exhibe les tensions productives. Dans l’ordre générique, les fables, listes, joutes oratoires, prières et autres formes littéraires tissent des liens atypiques, mais vivaces. Fécondes aussi sont les rencontres de nature intertextuelle, qui puisent aux sources les plus diverses (savantes et populaires, antiques et contemporaines, françaises, européennes et orientales) et s’observent jusque dans les contrefaçons rabelaisiennes du XIXe siècle. L’hybridité langagière, enfin, procède du mélange babélesque des langues et du croisement d’autres systèmes de signes, ceux-là harmonieux ou inaudibles, comme la musique et le gestuel, voire le silence même