14 research outputs found
Clyde Plumauzille, Prostitution et Révolution. Les femmes publiques dans la cité républicaine (1789-1804)
Arrêtée comme prostituée en mars 1794, Marie Anne Renaud rétorque au commissaire de police qu’elle « aimait mieux faire ce métier que de voler » (p. 65). Quelques mois plus tard, Sophie Conard se justifie en expliquant qu’elle a simplement fait « comme toutes les femmes » (p. 68). Ces termes donnent une idée des questions posées par cet ouvrage bienvenu. Clyde Plumauzille ne se contente pas de se pencher sur les expériences vécues par les prostituées durant la Révolution française ; elle mont..
Pétitions de femmes en faveur d’une réforme révolutionnaire de la famille
Au cours de la Révolution, des centaines de femmes adressèrent des pétitions aux assemblées nationales pour réclamer des modifications du droit de la famille, tel que le droit au divorce et au partage égal de l’héritage. Les pétitionnaires utilisaient souvent la rhétorique révolutionnaire afin de critiquer le « despotisme » masculin régnant dans la famille et de plaider pour des rapports familiaux plus égalitaires et plus affectueux. Notre article met en question l’idée selon laquelle la Révolution se bornait à encourager le rôle domestique des femmes à l’intérieur de la « sphère privée ». Son action était plus ambiguë. Tout en soutenant fermement la rhétorique de la domesticité, la Révolution octroya aux femmes des droits civiques ainsi qu’un accès plus facile aux gouvernants et créa le langage et la pratique politique nécessaires à la critique des inégalités de genre.The Petitions of Women in Favor of Revolutionary Reform of the Family. During the French Revolution, hundreds of women addressed petitions to the national assemblies to demand modifications in family rights like the right of divorce and an equal share in inheritance. The petitioners often used revolutionary rhetoric to criticize male «despotism» reigning in the family, and to plead for more egalitarian and more affectionate family relationships. This article challenges the notion that the Revolution was limited to encouraging the domestic role of women within the «private sphere». Its action was more ambiguous. While firmly supporting the rhetoric of domesticity, the Revolution granted women civic rights as well as easier access to those in political power,  and created the language and political practice necessary for the criticism of gender inequalities
Qu'est-ce qui fait un père ? Illégitimité et paternité de l'an II au Code civil
What makes a father? Illegitimacy and paternity from the Year II to the Civil Code.
In the fall of 1793, the Convention attempted to endow illegitimate children, if recognized by their parents, with inheritance rights equivalent to those of legitimate children. This article explores judicial contestation over this controversial family policy and examines how negotiating social practices was intertwined with the political recovery from the Terror. Natural children had difficulty winning their rights in court, not only because of embedded Old Regime practices, but also because the Terror had heightened the perceived need to restore social order via strongly, bounded families and secure property. Illegitimate children supported their inheritance claims by invoking a fluid, inclusive family, bound together by affective freedom and natural bonds. In contrast, their opponents fomented post-Terror anxieties about the instability of property, broken families, untrustworthy emotions, and fragile fathers. Within this conservative climate, judges demanded increasingly stringent proofs of paternity and weakened the original law. These judicial and popular negotiations over family and fatherhood influenced lawmakers as they moved toward the Civil Code of 1804 and embraced a family model, rooted in strong fathers, positive law, and secure property.À l'automne 1793, la Convention a essayé d'accorder aux enfants illégitimes, lorsqu'ils étaient reconnus par leurs parents, des droits successoraux égaux à ceux des enfants légitimes. Cet article explore le combat judiciaire sur cette politique familiale controversée et examine comment la négociation des pratiques sociales était imbriquée dans la convalescence politique consécutive à la Terreur. Les enfants naturels avaient du mal à faire valoir leurs droits au tribunal, non seulement en raison des pratiques d'Ancien Régime, mais aussi parce que la Terreur s'est efforcée plus encore de rétablir le pouvoir et la définition de la famille comme institution. Les descendants illégitimes ont, pour soutenir leurs demandes d'héritages, proposé le modèle d'une famille inclusive et perméable, unie par l'affection et les liens naturels. À l'inverse, leurs adversaires ont entretenu des angoisses d'après-Terreur sur les familles divisées, les émotions instables, la fragilité des pères et l'incertitude de la propriété. Dans ce climat conservateur, les juges, de plus en plus exigeants dans la recherche des preuves de la paternité, ont affaibli l'application de la loi de l'an II. Ces négociations populaires et judiciaires sur la paternité ont influencé les législateurs au moment où ils se dirigeaient vers le Code civil de 1804 et soutenaient un modèle familial fondé sur une paternité autoritaire, le droit positif et la propriété sûre et certaine.Desan Suzanne. Qu'est-ce qui fait un père ? Illégitimité et paternité de l'an II au Code civil. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 57ᵉ année, N. 4, 2002. pp. 935-964
Pétitions de femmes en faveur d'une réforme révolutionnaire de la famille en Angleterre
Suzanne Desan, The Petitions of Women in Favor of Revolutionary Reform of the Family.
During the French Revolution, hundreds of women addressed petitions to the national assemblies to demand modifications in family rights like the right of divorce and an equal share in inheritance. The petitioners often used revolutionary rhetoric to criticize male « despotism » reigning in the family, and to plead for more egalitarian and more affectionate family relationships. This article challenges the notion that the Revolution was limited to encouraging the domestic role of women within the « private sphere ». Its action was more ambiguous. While firmly supporting the rhetoric of domesticity, the Revolution granted women civic rights as well as easier access to those in political power, and created the language and political practice necessary for the criticism of gender inequalities.Au cours de la Révolution, des centaines de femmes adressèrent des pétitions aux assemblées nationales pour réclamer des modifications du droit de la famille, tel que le droit au divorce et au partage égal de l'héritage. Les pétitionnaires utilisaient souvent la rhétorique révolutionnaire afin de critiquer le « despotisme » masculin régnant dans la famille et de plaider pour des rapports familiaux plus égalitaires et plus affectueux. Notre article met en question l'idée selon laquelle la Révolution se bornait à encourager le rôle domestique des femmes à l'intérieur de la « sphère privée ». Son action était plus ambiguë. Tout en soutenant fermement la rhétorique de la domesticité, la Révolution octroya aux femmes des droits civiques ainsi qu'un accès plus facile aux gouvernants et créa le langage et la pratique politique nécessaires à la critique des inégalités de genre.Desan Suzanne. Pétitions de femmes en faveur d'une réforme révolutionnaire de la famille en Angleterre. In: Annales historiques de la Révolution française, n°344, 2006. La prise de parole publique des femmes sous la Révolution française. pp. 27-46
The family on trial in revolutionary France
In a groundbreaking book that challenges many assumptions about gender and politics in the French Revolution, Suzanne Desan offers an insightful analysis of the ways the Revolution radically redefined the family and its internal dynamics. She shows how revolutionary politics and laws brought about a social revolution within households and created space for thousands of French women and men to reimagine their most intimate relationships. Families negotiated new social practices, including divorce, the reduction of paternal authority, egalitarian inheritance for sons and daughters alike, and the granting of civil rights to illegitimate children. Contrary to arguments that claim the Revolution bound women within a domestic sphere, The Family on Trial maintains that the new civil laws and gender politics offered many women unexpected opportunities to gain power, property, or independence. The family became a political arena, a practical terrain for creating the Republic in day-to-day life. From 1789, citizens across France - sons and daughters, unhappily married spouses and illegitimate children, pamphleteers and moralists, deputies and judges - all disputed how the family should be reformed to remake the new France. They debated how revolutionary ideals and institutions should transform the emotional bonds, gender dynamics, legal customs, and economic arrangements that structured the family. They asked how to bring the principles of liberty, equality, and regeneration into the home. And as French citizens confronted each other in the home, in court, and in print, they gradually negotiated new domestic practices that balanced Old Regime customs with revolutionary innovations in law and culture. In a narrative that combines national-level analysis with a case study of family contestation in Normandy, Desan explores these struggles to bring politics into households and to envision and put into practice a new set of familial relationships