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    Examen critique de la notion de fétiche à partir du cas evhé

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    Plusieurs catégories d'objets dont le culte relève de problématiques différentes peuvent être pris, chez les Evhé, pour des « fétiches » : statuettes figuratives de jumeaux décédés, d'invisibles conjoints épousés au cours de l'existence prénatale, ou de divers messagers des divinités ; autels ou symboles d'ancêtres et de divinités ; habitacles d'âmes de mauvais morts ou d'esprits errants ; supports concrétisés ou imaginaires de puissances nécessaires à l'exercice de contraintes magiques sur d'autres esprits ; entités démoniaques fabriquées en piégeant des esprits sur de tels supports, etc. Devant la difficulté de donner du terme fétiche une définition qui serait acceptable pour tous et ne s'appliquerait qu'à une seule de ces catégories, il semble que la notion de fétiche convient mal à une compréhension scientifique des activités magico-religieuses en question. Il est proposé de travailler plutôt les notions évhé de puissance spirituelle (gbogbo) et de charme (bo), ainsi que la conception évhé de l'unification, par l'aspect le plus éminent de Dieu (Mawu), du champ de force spirituelle au sein duquel tous les esprits (luvho), ou agents de transformation des idéaux en phénomènes, se trouvent plongés.The Ewe have several categories of what could be called fetishes, even though the ways these are used in worship vary widely : statuettes representing deceased twins, invisible spouses from one's life-before-birth, or various messengers of the divinities ; altars or symbols of the ancestors and divinities ; the dwelling places of wandering spirits or of the souls of persons who met a « bad » death ; the concrete or imaginary mediums necessary to exercise magic power over other spirits ; the objects made by trapping divine or demonic beings. Given the difficulty of defining fetish in a way that would be acceptable to everyone and apply to but one of these categories, this term seems to be of little use for scientifically understanding the magic and religious activities under consideration. It would be better to deepen our comprehension of Ewe notions of spiritual power (gbogbo) and charms (bo) as well as of their conception of how the most eminent aspect of God (Mawu) unifies the field of spiritual forces wherein all spirits (luvho), agents that transform ideals into phenomena, are grounded

    Les ingrédients des fétiches

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    Les « fétiches » en vigueur chez les Adja-Evhé du Togo doivent l'essentiel de leur efficacité à des ingrédients dissimulés aux regards, entassés les uns sur les autres, n'ayant nullement pour fonction de représenter ou de signifier quelque chose d'autre. Dépourvus de toute liaison avec des esprits particuliers, ils ne sont destinés qu'à évoquer la force spirituelle ayant affecté le corps ou l'objet dont ils proviennent. On utilise ces ingrédients pour s'approcher d'entités surnaturelles (par exemple les vodu), auxquelles il est indispensable d'avoir été initié avant de pouvoir les forcer à entrer en jeu au moyen de paroles qui les identifient.The “fetishes” used by the Adja-Ewe (Togo) are efficacious because of their ingredients, which, concealed by being piled on top each other, do not represent or signify anything else. These ingredients are not linked to particular spirits. They merely evoke the type of spiritual force that affected the bodies or objects whence they have been extracted. A person uses these fetishes to approach supernatural entities (for example, the voodoo), but he has to have been initiated before the latter can be made to come into play through the words identifying them

    Le « culte des ancêtres » en pays evhé

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    L’expression « culte des ancêtres » devrait normalement être réservée aux pratiques cérémonielles adressées à la personne des ancêtres eux-mêmes. Cependant, divers auteurs rangent sous ce titre les cultes rendus sur les trônes-autels des ancêtres, cultes qui sont adressés collectivement aux ancêtres d’un lignage et à ce que ceux-ci ont laissé sur terre après eux. L’exposé ci-dessous vise avant tout à écarter une telle confusion en expliquant la véritable nature du culte des trônes et des constituants de la personne humaine.The phrase “ancestor worship” should be reserved for ritual practices that address specific ancestors. Various authors, however, use it to refer to the cults related to the altar-thrones that serve as the shrines for rites addressed to a lineage’s ancestors as a group and to what the ancestors have left behind, whence the need to explain the nature of these thrones and the Ewe conception of personhood

    Présentation

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    « Quand on écrira l’histoire de la science des religions et de l’ethnographie, on sera étonné du rôle indu et fortuit qu’une notion du genre de celle de fétiche a joué dans les travaux théoriques et descriptifs. Elle ne correspond qu’à un immense malentendu entre deux civilisations, l’Africaine et l’Européenne »... « Il faut éliminer la notion de fétiche et de fétichisme de la théorie sociologique de ces religions qui ont été jusqu’ici considérées comme en étant exclusivement composées ». Mar..

    Les cérémonies de purification des mauvais projets prénataux chez les Mwaba-Gurma du nord-Togo

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    Avant de quitter Yεdong, la demeure souterraine de Yεdu (Dieu Soleil), une personne choisit les « paroles » pour sa vie. Constitué comme des jumeaux non identiques, elle est dotée de miεl (souffle, force vitale), et un aïeul avec le même miεl la mène par l’est à la surface de la terre, à travers la brousse et dans le ventre de la mère. Lors de son décès, cet aïeul la ramènera à Yεdong. Certains sacrifices sont liés à cette constitution prénatale d’identité…Before leaving Yεdong, the underground dwelling of Yεdu (God, Sun), a person chooses the “words” for his life. Constituted as a pair of mixed twins, he is endowed with miεl (breath, life-force). A forebear with the same miεl leads him to the earth's surface from the east, through the bush and into the womb (and later back to Yεdong at death). Certain sacrifices concern the individual's prenatal constitution of an identity

    Le deuil du conjoint en pays évhé

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    Nullement proportionnés à l'intensité de l'affection pour le défunt et exécutés indépendamment d'autres rites funéraires, les rites évhé du veuvage semblent destinés à prévenir des réactions d'auto-accusation dépressive liée au sentiment de ne pas avoir rempli ses devoirs envers le disparu. Ces rites, systématiquement centrés sur la personne du défunt, peuvent être interprétés comme son initiation à une condition nouvelle où, détaché de son conjoint et de ses subordonnés, il reprendra place auprès du principe vital qui l'avait envoyé au monde. Le deuil évhé apparaît comme un devoir à rendre au défunt pour l'aider à accepter son nouveau mode d'existence, puisque sa disparition physique n'est pas un anéantissement ou éloignement définitif mais une transformation des modalités de sa présence.Performed independently of funeral ceremonies, Ewe widowhood rites are not directly proportional to feelings for the deceased. Their aim seems to be to prevent reactions of depressive self-accusation that one has not fulfilled duties toward the dead person. Systematically centered on the deceased, these rites can be interpreted as his (or her) initiation into a new condition as, separated from spouse and subordinates, he returns to the vital principle that sent him into this world. Mourning is a duty to be executed for the dead person so that he accept his new existence, since his physical extinction is not thought to be a definitive departure or annihilation, but a transformation of the way he is present

    Le sacrifice et son étude du point de vue néoplatonicien

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    Contrairement à certaines idées reçues, la théorie néoplatonicienne du sacrifice correspond étroitement à la mentalité et aux pratiques religieuses d’Afrique occidentale. En effet, des pratiques divinatoires et religieuses analogues à celles que nous pouvons encore observer en Afrique étaient courantes dans le monde grec. Les philosophes grecs, en particulier ceux qui se réclamaient de Pythagore et de Platon, ont tenté de fournir une explication rationnelle de ces pratiques. Il serait dommage de ne pas tenter de tirer parti de tels travaux…Contrary to widely accepted ideas, the neo-Platonic theory of sacrifice closely corresponds to the religious mind-set and practices of West Africa. Divination and religious observances similar to what we encounter in Africa were widespread in ancient Greece. Greek philosophers, in particular those who laid claim to the ideas of Pythagorus and Plato, provided a rational explanation of these practices. It would be a shame not to try to profit from their work

    Les libations et le rôle de la présentatrice d’eau enfarinée dans le sacrifice mwaba-gurma (Nord-Togo)

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    L’expression la plus utilisée par les Mwaba-Gurma pour le sacrifice veut dire « versement d’eau ». Elle désigne tout acte de relation avec le monde divin, qu’il s’agisse de la prière ou du sacrifice. Sans « versement d’eau », pas de sacrifice. L’eau se présente sous trois grands aspects. L’eau pure, qui reflue vers l’origine et rafraîchit, est versée lors des prières. Imprégnée des signes provenant de la demeure divine, l’eau enfarinée n’est versée que lors de sacrifices sanglants. Sous l’effet de la chaleur procréatrice, l’eau transformée en bière de millet est versée avant l’immolation et sera consommée par les personnes qui participent au repas sacrificiel ; elle accompagnera les paroles qui donne expression aux signes. Le sacrifice ne peut être séparé de l’acte de divination qui l’a préscrit. L’oracle est obtenu lors d’une divination utilisant huit cordelettes. Celles-ci sont partagées en trois, ce qui fait apparaître deux groupes de trois cordelettes assimilés à deux « querelleurs » — les trois de droite, féminines, représentent la procréation et la chaleur sous le contrôle du soleil, masculin, alors que les trois à gauche, masculines, représentent la différentiation et l’eau fraîche de la lune, féminine — et le groupe central de deux cordelettes assimilé au juge. Le sacrifice mwaba se présente comme un moyen d’entretenir une relation avec une réalité fondamentale, lointaine et cachée. Il n’oblige pas les puissances à intervenir mais sert plutôt à rembourser une dette résultant de leur intervention, que celle-ci ait été voulue ou pas.The phrase that the Mwaba-Gurma most frequently use to for sacrifice means “pouring water”. It refers to any action, whether prayers or sacrifices, for entering in relation with the supernatural world. If water is not poured, there is no sacrifice. Water has three major aspects. Cooling as it flows back to its source, pure water is poured during prayers. Impressed with the reflection of signs/words in the divine dwelling-place, water with suspended millet flour in it is poured only during sacrifices with bloodshed. Water having undergone the action of fire, millet beer is poured before immolations and drunk by participants during the sacrificial meal; it accompanies the uttering of words that give expression to the signs. Sacrifices are inseparable from the divination that prescribes them. The divinatory message is generated out of a division into three sets of the eight divinatory strings: the two in the middle arbitrate the quarrel between the three on the right (feminine representatives of procreation and heat under the control of the masculine sun) and the three on the left (masculine representatives of differentiation and of the fresh water from the feminine moon). Sacrifices are a means for maintaining a relation with a fundamental, distant and hidden, reality. They never force spirits to intervene but rather pay off debts incurred for their interventions, whether requested or not

    Présentation

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    Les objets de culte africains, ou du moins certains d'entre eux, sont-ils si spéciaux qu'il convienne de recourir, pour les désigner, au vieux terme de fétiche ? D'abord forgé pour caractériser les religions d'Afrique noire jugées fausses ou primitives, puis utilisé par l'économie politique marxiste pour dénoncer l'aliénation du sujet dans sa relation à la marchandise, enfin, repris par la psychiatrie pour désigner la relation perverse à l'objet, le terme est apparu si chargé de connotations ..

    La relation au conjoint idéal et le statut de l'imaginaire chez les Evhé

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    Abstract The relationship with the Ideal Spouse and the Statuts of the Imagination among the Ewe The Ewe join every human being with an invisible spouse from the time when the individual taking form in the womb, existed only in a psychic world in the underground dwelling of a great goddess-mother. The rites for négociation and reconciliation with this spouse reveal the individual's «imaginary» life in this dwelling-place and its subsistence as the secret, constant basis of his or her personality from birth till death. The very frequent consultations with the soothsayer and consequent religious acts all have the unique goal of rediscovering the way to get into touch with this prenatal experience in order to better adapt the subject's existence to the ideal that it represents. The choice, among the subject's friends and relatives, of representatives of those with whom he or she had kept company before birth brings to light within the social context a reserve of relations with the imaginary world. The subject has to maintain ties with these representatives, and this contributes to his mental well-being.Résumé La relation au conjoint idéal et le statut de l'imaginaire chez les Evhé. A tout être humain les Evhé associent un conjoint invisible qui aurait été le sien du temps où, bien avant de venir prendre corps dans le ventre d'une femme, il n'existait que sous le mode psychique dans la demeure souterraine d'une grande déesse mère. Les rites de négociation et de réconciliation avec ce conjoint mettent en lumière la nature, qualifiée dans le texte d'imaginaire, de la vie poursuivie en cette demeure et la façon dont elle subsiste auprès de chacun, de la conception à la mort, comme fondement secret invariant de la personnalité. Toutes les consultations, extrêmement fréquentes, du devin, et tous les actes religieux qui s'ensuivent, n'ont pour but que de retrouver le chemin de cette expérience prénatale pour mieux adapter l'existence du sujet à l'idéal qu'elle représente. De plus, le choix dans l'entourage du sujet de représentants des personnages qu'il a fréquentés avant de naître, avec qui il lui est souvent prescrit d'entretenir, selon des modalités de son choix, des relations purement symboliques, nous révèle, inséré dans le contexte social, un champ préservé de relations à l'imaginaire aux effets certains sur le bien-être mental.De Surgy Albert. La relation au conjoint idéal et le statut de l'imaginaire chez les Evhé. In: Journal des africanistes, 1980, tome 50, fascicule 2. pp. 73-105
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