89 research outputs found
La réception catholique des Formes élémentaires de la vie religieuse (1912) d'Émile Durkheim
La rĂ©ception des Formes parmi les catholiques a Ă©tĂ© Ă la fois importante – comme en tĂ©moignent le nombre et la qualitĂ© d'ensemble des recensions –, plutĂ´t courtoise de ton et très critique sur le fond. De Loisy (qui a fourni des arguments Ă ses anciens coreligionnaires) Ă Lucien Laberthonnière, il n'a rencontrĂ© parmi les catholiques que des contradicteurs qui se sont montrĂ©s très attentifs, dans la lignĂ©e des controverses Ă propos du modernisme, aux problèmes de mĂ©thode que posait sa pensĂ©e. Plus encore qu'au contexte tendu du dĂ©but du siècle qui n'a certes pas facilitĂ© les choses, cette fin de non-recevoir Ă©tait surtout due au caractère très contre-intuitif de sa pensĂ©e pour des croyants, Ă l'ampleur de ses ambitions thĂ©oriques et Ă son prophĂ©tisme latent. Il a fallu attendre que la conjoncture s'apaise et que sa pensĂ©e se dĂ©cante chez ses disciples, dans l'entre-deux-guerres, pour qu'un savant catholique comme Gabriel Le Bras puisse en faire l'une des sources d'inspiration de son travail.The reception of the Forms among Catholics was important – as evidenced by the amount and quality of the reviews –, courteous (overall) and extremely critical. From Loisy (who, in this case, gave ammunition to his former coreligionists) to Lucien Laberthonniere, he met, among Catholics, only opponents who were very attentive, in the modernism controversy tradition, to the methodological problems prompted by his thoughts. This negative response was not only due to the tension of the turn of the century that did not help matters, but also mainly to the fact that his thoughts were highly counter-intuitive for believers, just as his theoretical ambitions and latent prophetism. It was not until the situation calmed down and his thoughts started to settle with his disciples, during the inter-war period, that a Catholic scholar like Gabriel Le Bras was able to turn him into a source of inspiration for his work.La recepciĂłn de las Formas entre los catĂłlicos fue a la vez importante –como testimonian el nĂşmero y la calidad del conjunto de las reseñas–, de tono más bien cortĂ©s y en el fondo, muy crĂtico. De Loisy (que proporcionĂł argumentos a sus antiguos correligionarios) a Lucien Laberthonnière, Las Formas sĂłlo encontrĂł entre los catĂłlicos objetores que se mostraron muy atentos, en el linaje de las controversias sobre el modernismo, a los problemas de mĂ©todo que planteaba su pensamiento. Más aĂşn que al contexto tenso de principios de siglo, que no facilitĂł por cierto las cosas, esta desestimaciĂłn se debĂa sobre todo a al carácter muy contra-intuitivo del pensamiento durkheimiano para los creyentes, a la amplitud de sus ambiciones teĂłricas y a su profetismo latente. Hubo que esperar que la coyuntura se calme y que su pensamiento decante entre sus discĂpulos, en el entre-guerras, para que un acadĂ©mico catĂłlico como Gabriel Le Bras pudiera convertirlo en una de las fuentes de inspiraciĂłn de su trabajo
Marie Huber, Un Purgatoire protestant ? Essai sur l’état des âmes séparées des corps, introduction et notes d’Yves Krumenacker
Le moyen de résister au charme et à l’intelligence de Marie Huber ? On comprend aisément qu’elle ait pu à ce point séduire Yves Krumenacker ces dernières années tant la figure de cette protestante hétérodoxe, née à Genève en 1695 et morte à Lyon en 1753, a quelque chose de fascinant. On est habitué aux mystiques féminines mais ici c’est autre chose : peut-être la première véritable théologienne de la tradition chrétienne, même si sa théologie n’était ni très technique ni très savante (elle ig..
Emmanuel FUREIX, La France des larmes. Deuils politiques à l’âge romantique (1814-1840), préface d’Alain Corbin
Emmanuel Fureix étudie, dans cet ouvrage remarqué, tiré de sa thèse de doctorat, les « deuils politiques à l’âge romantique (1814-1840) ». Philippe Muray a écrit, dans Le XIXe siècle à travers les âges, que le deuil était « la véritable religion du siècle », en particulier ce culte du souvenir et de la tombe qui fut, assurément, l’un de ses ancrages culturels et anthropologiques les plus répandus et les plus unanimes. La formule (même si Muray est absent de la bibliographie) contribue à expli..
La « carte de l’autre vie » au XIXe siècle
Depuis le Moyen Ă‚ge, l’au-delĂ est structurĂ© comme une topographie, c’est-Ă -dire comme un ensemble de lieux articulĂ©s par une doctrine du salut (enfer, paradis, purgatoire, limbes) qui a marquĂ© profondĂ©ment l’imaginaire occidental. Ă€ l’issue de son enquĂŞte sur l’histoire du paradis, Jean Delumeau concluait Ă l’existence d’une sorte de loi d’inconcevabilitĂ© croissante des reprĂ©sentations de l’au-delĂ qu’il a qualifiĂ© de processus d’« utopisation » (au sens de devenir « non-lieu »). La thèse de cet article, qu’on a conçu comme un essai, est double : rappeler que l’au-delĂ n’a pas toujours Ă©tĂ© pour les croyants un espace purement symbolique et encore moins une simple mĂ©taphore, mais qu’il l’est devenu ; montrer ensuite que ce basculement de l’au-delĂ du statut d’espace rĂ©el Ă celui d’espace symbolique s’est produit tardivement dans les mentalitĂ©s religieuses occidentales, au xixe siècle, et que les annĂ©es du Second Empire ont jouĂ© dans ce processus un rĂ´le dĂ©cisif.Since the medieval times, the hereafter is structured as a topography, that is to say a group of spots articulated by a salvation doctrine (hell, paradise, purgatory and limbo) which has deeply influenced the western imaginary. At the end of its inquiry on the history of paradise, Jean Delumeau stated the existence of a kind of increasing inconceivability law regarding the hereafter perceptions which he qualified as an “utopization” process (in the sense of becoming a “non-spot”). The thesis of this article is twofold: reminding that for the believers the hereafter has not always been a purely symbolic spot and even less a simple metaphor, but that it has become so; point out afterwards that the swinging of the hereafter from the status of real spot to the one of a symbolic spot occurred lately in the western religious mentalities, during the xixth century, and that the Second Empire years have played a decisive role in this process. (Trad. d’Olivier de Bannes)Desde la Edad Media, el más allá está estructurado como una topografĂa, es decir como un conjunto de lugares articulados por una doctrina de salvaciĂłn (infierno, paraĂso, purgatorio, limbos) que ha marcado profundamente el imaginario occidental. Al tĂ©rmino de su investigaciĂłn sobre la historia del paraĂso, Jean Dalumeau concluĂa con la formulaciĂłn de una suerte de ley de lo inconcebible creciente en las representaciones del más allá, que Ă©l calificĂł de proceso de “utopizaciĂłn” (en el sentido de volverse un “no-lugar”). La tesis de este artĂculo, que hemos concebido como un ensayo, es doble : recordar que el más allá no ha sido siempre, para los creyentes, un espacio puramente simbĂłlico y aĂşn menos una simple metáfora, sino que ha adquirido estas caracterĂsticas ; mostrar luego que este movimiento del más allá del estatuto del espacio real al del espacio simbĂłlico se ha producido tardĂamente en las mentalidades religiosas occidentales, en el siglo xix, y que los años del Segundo Imperio han jugado en este proceso un rol decisivo. (Trad. de VĂ©ronica BĂ©liveau-GimĂ©nez
Dom Jean Pateau, Le salut des enfants morts sans baptĂŞme
En 2007, la Commission théologique internationale (CTI), un organisme créé en 1969 pour aider dans son travail la Congrégation pour la doctrine de la foi, a publié un document d’une trentaine de pages sur « L’espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême ». Aussi étrange que cela puisse paraître, la question y était présentée comme « une priorité pastorale de notre époque moderne » en raison non plus de la mortalité infantile mais de la diminution du nombre de baptêmes en Occid..
SAINT-MARTIN (Isabelle). – Voir, savoir, croire. Catéchismes et pédagogie par l’image au XIXe siècle
Le beau livre d’Isabelle Saint-Martin, remarquablement illustré, renouvelle en profondeur les travaux plus anciens sur l’histoire de la catéchèse, comme ceux d’Élisabeth Germain. Au carrefour de l’histoire de l’art, de l’histoire de l’édition et de l’histoire religieuse, l’auteur étudie avec une parfaite maîtrise une quinzaine de catéchismes en images publiés pour l’essentiel entre 1880 et 1910. Au centre du corpus, véritable « monument catholique » pour reprendre l’expression de son maître d..
Victor Hugo, Le Livre des Tables. Les séances spirites de Jersey
La publication en édition de poche d’une version augmentée du Livre des Tables de Hugo offre l’occasion de revenir sur ce qui fut à la fois un épisode important de la vie et de l’œuvre de l’écrivain (même si les spécialistes discutent de sa portée exacte) et un phénomène de société largement répandu dans les décennies centrales du xixe siècle: le spiritisme (le terme lui-même ayant été forgé en français par Allan Kardec en 1857). Car, s’il est bien connu en effet que Hugo s’est beaucoup intér..
Une révolution théologique oubliée. Le triomphe de la thèse du grand nombre des élus dans le discours catholique du XIXe siècle
En 1851, dans une de ses dernières conférences de Carême à Notre-Dame de Paris, le célèbre dominicain Henri Lacordaire fit sensation en défendant publiquement la thèse du grand nombre des élus parmi les catholiques. Depuis la fin de l’Antiquité en effet, la grande majorité des penseurs de la chrétienté occidentale avait défendu la thèse inverse. C’est cette révolution théologique oubliée, survenue au XIXe siècle, que l’on voudrait étudier ici, dans ses origines, ses formes et sa signification. Curieusement, l’événement n’a jusqu’à présent guère retenu l’attention, ni des théologiens ni des historiens. Or il paraît intéressant à plusieurs titres. D’abord parce qu’il s’agit d’un aspect important du processus de sortie de la « pastorale de la peur », qui caractérise globalement le XIXe siècle. Ensuite parce qu’il s’agit d’une révolution théologique dans un siècle qui a la réputation d’avoir été fort peu théologien et qui a généralement cherché des solutions dévotionnelles à ses problèmes doctrinaux, l’enfer faisant ici exception. Enfin parce qu’il pose le problème des rapports entre évolution des sensibilités, d’une part, production et réception du discours théologique de l’autre, un domaine longtemps négligé de l’historiographie.In 1851, in one of his last Lent lectures at Notre-Dame de Paris, the famous Dominican priest Henri Lacordaire produced a stir by publicly proclaiming that there was a great number of Chosen among the Catholics. Since the end of Antiquity, a large majority of thinkers in Western Christendom had defended the opposite thesis. This article analyzes this forgotten theological revolution and describes its origins, its many forms, and its meanings. Although the event has not captured the attention of theologians or historians, it is remarkable on several grounds. First, it represents one way of escaping the “pastorale of fear” (“pastorale de la peur”), so prevalent in the 19th century. Second, it was a major theological contribution in a century whose theological thinking is considered rather poor. Third, it raises the question of the relationship between the transformation of sensibilities and the production and reception of theological discourse, an issue long neglected by -historians.In einem seiner letzten Vorträge zur Fastenzeit in Notre-Dame Paris im Jahre 1851 sorgte Henri Lacordaire, der berühmte Dominikaner, für eine Sensation, in dem er öffentlich die These vertrat, es gäbe zahlreiche Erwählte unter den Katholiken. Tatsächlich hatte seit der Antike die große Mehrheit der Vordenker des westlichen Christentums das Gegenteil verfochten. Diese vergessene theologische Revolution des 19. Jahrhunderts soll hier in ihren Ursprüngen, Formen und Bedeutungen untersucht werden. Erstaunlicherweise stieß diese Begebenheit bisher weder bei Theologen noch bei Historikern auf großes Interesse. Dabei scheint sie in mehrerlei Hinsicht interessant. Zunächst handelt es sich um einen wichtigen Aspekt im Prozess der Abwendung von der „Pastoral der Angst“ (Jean Delumeau), die das 19. Jahrhundert generell charakterisierte. Außerdem kam diese Rede einer theologischen Revolution gleich in einem Jahrhundert, dem man nachsagt, eher arm an theologischem Denken gewesen zu sein und das für seine doktrinären Probleme generell Lösungen der Frömmigkeit suchte, wobei die Hölle hier eine Ausnahme bildete. Schließlich stellt sich hier das Problem der Beziehungen zwischen der zunehmenden Empfindsamkeit einerseits, und der Produktion und Rezeption des theologischen Diskurses andererseits, ein Bereich, der lange Zeit von der Historiographie vernachlässigt wurde
Régis Bertrand et Anne Carol (dir.), Aux origines des cimetières contemporains. Les réformes funéraires de l’Europe occidentale, xviiie-xixe siècle
On ne saurait trop recommander la lecture de ce bel ouvrage collectif sur les réformes funéraires françaises et européennes des xviiie et xixe siècles qui, dans sa conclusion, prolonge le propos jusqu’aux temps présents. Il fera certainement date dans l’historiographie du sujet. Il présente en effet un triple intérêt. Le premier est sa perspective géographique qui est européenne et qui lui permet d’aborder, au-delà du cas français et de l’application dans l’Europe napoléonienne du fameux décr..
Lynn L. SHARP,Secular Spirituality. Reincarnation and Spiritism in Nineteenth-Century France
Les sondages sur les croyances des Français montrent régulièrement qu’ils sont plus nombreux à croire à la réincarnation qu’à la résurrection des corps dont Saint Paul disait pourtant qu’elle était la pierre de touche du christianisme. On conviendra que même dans une société postchrétienne comme la nôtre, le phénomène a de quoi surprendre. Spontanément, on serait tenté de le mettre sur le compte des grandes ruptures culturelles et religieuses des années 1960, de la mode des religions oriental..
- …