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« Tabou chimique » et conflit en Syrie
Au cours de l’année 2011, la Syrie devient le théâtre d’une importante contestation qui cible Bachar el-Assad et son gouvernement. La protestation se transforme rapidement en un conflit violent opposant une rébellion armée au pouvoir en place. Les médias rapportent la dureté de cette lutte qui provoque la mort de milliers de Syriens. En 2013, le dossier syrien prend une nouvelle tournure. Ce que d’aucuns craignaient depuis quelques années devient réalité : des armes chimiques ont été utilisée..
Valider la guerre : la construction du régime d’expertise stratégique
L’ambition de cet article est d’apporter une contribution en matière d’analyse interprétative du phénomène guerrier. Dans cette optique, il s’interroge sur les mécanismes de la pensée stratégique qui ont contribué à faire de la guerre moderne une pratique sociale jugée techniquement faisable et, partant de là , légitime pour les militaires. Pour ce faire, l’analyse proposée s’inscrit dans les champs, très proches sur le plan théorique, de la sociologie pragmatique (en s’inspirant d’auteurs tels que Luc Boltanski, Nicolas Dodier et Francis Chateauraynaud) et de la sociologie des sciences (en s’appuyant surtout sur les travaux de Bruno Latour). D’une part, la sociologie des sciences a développé un très fertile questionnement portant sur la construction des faits scientifiques dont la présente étude s’inspirera largement. D’autre part, la sociologie pragmatique a élaboré un cadre de compréhension des actions collectives qui s’articule à l’enquête sur la construction sociale des faits. Grâce à ces deux approches, nous nous proposons d’enquêter sur la formation d’un régime d’expertise stratégique qui soutient la légitimité technique de l’emploi de la force militaire. Ensemble, la sociologie des sciences et la sociologie pragmatique apportent un éclairage particulièrement pertinent à la question de la guerre.This article is intended to contribute to the interpretative analysis of war. For that purpose, I investigate how some apparatuses located in strategic thinking help making modern war a social practice considered as technically feasible and, at the same time, legitimate for soldiers. In order to do that, I made use of two different but closely related theoretical fields, i.e., pragmatic sociology (finding inspiration in the work of scholars such as Luc Boltanski, Nicolas Dodier and Francis Chateauraynaud), and sociology of scientific knowledge (mostly by referring to the work of Bruno Latour). On the one hand, the sociology of scientific knowledge has developed a productive questioning on the construction of scientific facts that was particularly relevant in the context of the following research. On the other hand, pragmatic sociology bequeath a compatible frame able to describe collective actions. The combination of both approaches allows to describe the formation of a strategic expertise regime that supports the technical legitimacy of the use of military force. Together, the sociology of scientific knowledge and the pragmatic sociology bring a particularly relevant perspective to the research partaining to war
La volonté de réprimer
Cet article explore la composante transnationale de la généalogie contre-insurrectionnelle. Dans un premier temps, il analyse le rôle structurant du modèle stratégique classique européen et son application dans la guerre coloniale. Ensuite, il met en évidence les mécanismes de diffusion transnationaux des pratiques contre-révolutionnaires et contre-insurrectionnelles à partir de la guerre froide. Pour terminer, il s’intéresse aux réarticulations de cette généalogie transnationale entre la fin de la guerre froide et les conflits contemporains en Irak et en Afghanistan.This article aims at exploring the transnational component of the counterinsurgency genealogy. It begins by analyzing the classical European strategic model structuring function and its application in colonial warfare. Then, it puts emphasis on the transnational diffusion mechanisms of the counter-revolutionary and counterinsurgency practices from the cold war onwards. Lastly, it addresses the last re-articulations of the transnational genealogy between the end of the cold war and the contemporary conflicts in Iraq and Afghanistan
Produire de la capacité de gestion de crise internationale
Cette analyse soulève la question de savoir comment l’OTAN parvient à créer sa capacité de gestion de crise. Plus précisément, elle s’intéresse, dans une optique sociologique constructiviste à ceux qui, en parlant au nom de l’OTAN, parviennent à fonder et diffuser la représentation de l’organisation en tant qu’entité capable de résoudre des crises internationales (comme en Afghanistan de nos jours). Le questionnement ne porte donc pas sur la mise en place d’une capacité matérielle de gestion de crise. Il n’est pas non plus une évaluation de l’efficacité, sur le terrain, des procédures de gestion de crise en situation de « reconstruction post-conflit ». De façon plus limitée, le questionnement porte sur la construction de l’affirmation selon laquelle l’OTAN a la capacité technique de gérer la crise. Plus prosaïquement, il pourrait se traduire de la façon suivante : « Pourquoi et comment l’OTAN est-elle convaincue qu’elle est capable de gérer des crises internationales ? » L’existence d’une telle affirmation est, d’après nous, un préalable incontournable à toute continuité des interventions de l’OTAN. Il s’agit d’une justification technique publique qui s’élabore dans les discours, les rapports, les manuels, etc. Cette affirmation contribue par ailleurs à donner une identité à l’organisation et aura un impact sur la crédibilité qu’on lui reconnaîtra pour agir dans le champ en question.This analysis is questioning how NATO is creating her crisis management capacity. Using a sociological constructionist perspective, it investigates how people speaking in the name of NATO are founding and diffusing the representation of the organisation as an entity able to solve international crisis (like the current one in Afghanistan). However, the question has nothing to do with the development of the material development of a crisis management capacity. Nor is it related to the field efficiency of the crisis management procedures in situation of “post-conflict reconstruction”. The question is a narrower one asking how the affirmation that NATO has the technical capacity to manage the crisis was created. The question could be translated in more mundanely terms as : “Why and how is NATO convinced she is able to manage international crisis ?”. Such an affirmation is, I believe, a necessary precondition to any NATO intervention. This is a technical public justification that is built in discourses, reports or manuals. Moreover, this affirmation contributes to provide an identity to the organisation and will have direct consequences on the credibility it is recognised to intervene in the mentioned field
Production des savoirs et représentations stratégiques
Qu’est-ce que les approches intéressées par le rôle des représentations et la création de la réalité sont en mesure d’apporter à l’étude de la stratégie et de la guerre ? C’est à cette question que l’article tente d’apporter un éclairage en mettant en évidence l’apport de quelques travaux contemporains. Ceux-ci développent deux grandes catégories de considérations en la matière, chacune liée à la déshumanisation et la construction de l’Autre dans le domaine stratégique. Il s’agit en outre de croiser les recherches émanant de l’histoire, de la sociologie et des études de relations internationales.What do approaches interested by representations and the creation of reality bring to the study of strategy and war ? This article tries to give an account to the question, showing the interest of some contemporary studies. These studies develop two great lines of considerations related to the topic, both pertaining to the dehumanisation of the construction of the Other by strategy. The analysis also aims at criss-crossing contributions from either history, sociology or international relations studies
« Tabou chimique » et conflit en Syrie
Au cours de l’année 2011, la Syrie devient le théâtre d’une importante contestation qui cible Bachar el-Assad et son gouvernement. La protestation se transforme rapidement en un conflit violent opposant une rébellion armée au pouvoir en place. Les médias rapportent la dureté de cette lutte qui provoque la mort de milliers de Syriens. En 2013, le dossier syrien prend une nouvelle tournure. Ce que d’aucuns craignaient depuis quelques années devient réalité : des armes chimiques ont été utilisée..
Politique internationale de la souffrance in/acceptable et usage d’armes chimiques en Syrie
Dans cette contribution, nous questionnons l’idée qu’il existe une norme stable et cohérente, sous forme de tabou moral, relative à l’arme chimique. Nous ne contestons certes pas le fait qu’il ait existé et qu’il existe encore un « dégoût » des armes chimiques. Toutefois, nous ne pensons pas que ce dégoût joue un rôle suffisant pour expliquer une éventuelle norme de comportement. En lieu et place, nous suggérons qu’il existe une attitude historiquement fluctuante vis-à -vis de ce qui est délim..
Reconnaître l’absence et dire les responsabilités : le cas des civils tués par les forces armées américaines en Afghanistan et en Irak
Cet article pose la question du mode de reconnaissance des morts civiles causées par les forces armées américaines lors des guerres en Afghanistan et en Irak au cours des années 2000. Il part du constat que la mortalité civile causée par les opérations militaires n’est pas immédiatement accessible. La connaissance de cette mortalité dépend d’un travail d’énonciation qui l’exprime, la confirme, la qualifie, ou encore la justifie. Nous faisons ici l’hypothèse que, dans le cas des conflits en Afghanistan et en Irak, le mode de reconnaissance de la mortalité civile dépend des effets d’une sorte de « controverse » opposant deux régimes d’énonciation. Le premier est un régime qui nie et/ou minimise la mortalité des civils et met en évidence un comportement « responsable » dans la prise en charge de la problématique par les militaires. Le second régime, quant à lui, conteste le fait que les guerres d’Afghanistan et d’Irak sont menées de façon assez précautionneuse pour les civils.This article is investigating the recognition of civilian mortality caused by American forces during the wars in Afghanistan and Iraq during the years 2000. It asserts that civilian death due to military operations is not directly knowable. The awareness of this mortality depends on an enunciation process that expresses, confirms, qualifies, or even justifies it. I make the hypothesis that, in both the Afghan and the Iraqi conflicts, the recognition of civilian mortality ultimately proceeds form a “controversy” opposing two so-called regimes of enunciation. The first one is either denying and/or minimizing civilian mortality and put emphasis on the “responsible” behavior of soldiers in their taking in charge of the problem. As for the second regime, it contests the fact that the wars in Afghanistan and Iraq are led with sufficient precaution for the civilians
Le monde est notre théâtre d’opération : interventions militaires et régime technostratégique depuis la fin de la guerre froide
Nous faisons ici l’hypothèse qu’il existe un régime de savoir technostratégique qui confère aux interventions militaires une grande aura et contribue, par ce biais, à les normaliser au sein des appareils en charge de l’exécution des politiques étrangères depuis la fin de la guerre froide. À partir d’une étude des discours militaires et sécuritaires contemporains, nous cherchons à savoir comment ce régime a été élaboré, comment il délimite un champ de possibles en matière d’interventions et comment il attribue à ce même champ de possibles une grande crédibilité.We hereafter make the case that a certain technostrategic knowledge regime exists that builds a good reputation
to military interventions. This contributes to normalizing the latter within the apparels responsible for the
execution of foreign policies, since the end of the cold war. Supported by a contemporary military and security
discourse analysis, this work analyses how this regime of knowledge was elaborated, how it circumscribes a field
of possibles for intervention and how it attributes great credibility to this very field of possibles
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