48 research outputs found

    Lieux de parole et d’écriture

    Get PDF
    Les « Lieux de parole et d’écriture » font partie intégrante de l’objet anthropologique. La question est posée de manière dont la parole de l’autre et le vécu des situations d’enquête prennent forme dans l’écriture. La cérémonie du « bain des reliques » à Madagascar en 1978 a inspiré le roman de Michèle Rakotoson, et celle de 1968 a été pour moi un révélateur de la transformation sociale à l’œuvre dans le contexte de la première République malgache. L’analyse des deux formes d’écriture – romanesque et anthropologique – met en évidence le processus d’abstraction et de distanciation critique vis-à-vis de la cérémonie à laquelle chacun des auteurs se sont confrontés. Le sens caché se lit donc entre les lignes, mais il en est de même de « l’observation participante » qui met en œuvre le statut de l’étranger dans les rapports internes. Certaines situations d’enquête sont à la limite du romanesque. Les exemples pris dans notre expérience personnelle du « bain des reliques » et dans le récit rapporté par Sophie Godefroit dans « A l’Ouest de Madagascar » justifient ce point de vue.The « areas of spoken and written communication » are an integral part of anthropological subject matter. The question of the way in which the speech of others and real-life experience of study situations take shape in writing is presented. The « relic-bathing » ceremony in Madagascar in 1978 was the source of inspiration for the novel by Michèle Rakotoson. The 1968 ceremony was for me a revelation of the social change at work in the context of the first Madagascan Republic. The analysis of these two forms of writing – the novelistic and the anthropologic – brings to the fore the processes of abstraction and of critical distancing with regard to the ceremony which each of the authors confronted. The hidden meaning is therefore to be read between the lines. The same can be said for « participating observation » which brings into play the status of the outsider in internal relations. Certain study situations border on the novelistic. The examples taken from our personal experience of the « relic-bathing » ceremonies and from the account given by Sophie Godefroit in A l’Ouest de Madagascar justify this point of view

    Lecture alternative à propos de l’ouvrage de Jean Copans : Georges Balandier, un anthropologue en première ligne

    Get PDF
    Dans cet article, Suzanne Chazan prend position sur la publication par Jean Copans du livre Georges Balandier, un anthropologue en première ligne consacré à la vie et l’œuvre de l’anthropologue. Elle commente le ton sur lequel l’auteur fait part de sa grande connaissance de l’œuvre de cet universitaire de renom. Elle discute également sous plusieurs aspects les apports et les limites de cet ouvrage en regard de sa propre lecture et de sa propre connaissance de l’œuvre de Balandier.In this paper, Suzanne Chazan takes a stand about Jean Copans’ book Georges Balandier, un anthropologue en première ligne on the life and work of the anthropologist. She comments on the tone adopted by the author telling us about his vast knowledge of the work of this renowned academic. She also discusses under various aspects the contributions and the limits of his book, compared to her own reading and knowledge of Balandier’s work

    Insularité et mondialisation

    Get PDF
    L’île Maurice fait partie aujourd’hui des pays nouvellement industrialisés. Le modèle pluriculturel et les catégories censitaires héritées de la colonisation sont en décalage fréquent avec les nouveaux rapports de production mis en œuvre dans la sphère de développement industriel des zones franches et celui plus récent de l’agro‑industrie. Ce décalage m’amène à interpréter les divers contenus référentiels de l’ethnicité et la créolité, dont les frontières se révèlent de plus en plus floues, du point de vue des rapports existant entre l’économie et les institutions culturelles et politiques. Les notions d’identités et de diasporas sont-elles susceptibles de donner à voir et comprendre les rapports sociaux en train de se construire à travers l’émergence de nouveaux rapports de production ?Mauritius belongs today among the newly industrialised countries. The pluri‑cultural model and the categories inherited from the period of colonisation are often out of step with the new relations of production that have been introduced in the sphere of the industrial development of free zones and, more recently, in that of agro‑industry. This discrepancy leads me to interpret the various referential contents of ethnicity and Creole identity, the frontiers of which appear increasingly vague, from the viewpoint of the relationships which exist between the economy and cultural and political institutions. Are the notions of identity and diaspora able to reveal and make sense of the social relations that are in the process of being constructed through the emergence of new relations of production

    La démarche anthropologique de Gérard Althabe

    Get PDF
    Gérard Althabe m’avait demandé de présenter une lecture critique de l’ouvrage Anthropologie politique d’une décolonisation au moment de sa parution, en février 2000, ce dont je m’acquitte aujourd’hui. Les articles qui composent cet ouvrage m’étaient tous connus car je fais partie de la première génération de ceux qu’il a formés sur le terrain malgache. Il ne s’agit pas d’une simple réédition d’articles anciens, mais d’une mise en regard des données de terrain et de leurs modes de traitement, ..

    Production endogène de l’histoire à l’Ile Maurice

    Get PDF
    La Gazette des îles de la mer des Indes est un journal mensuel fondé par un journaliste mauricien pour rendre compte de la richesse des journaux anciens et fonder une approche critique des faits contemporains. La genèse du projet, la méthode aléatoire choisie pour la présentation des articles de la presse ancienne présentent le métier de journaliste comme un art majeur qui connaît ses limites quand il s’agit d’interpréter les événements du passé au regard de l’actualité.En conséquence, la « gazette » n’a pour objectif que d’avoir une fonction intermédiaire de la parole à l’écriture par les inscriptions de mémoire qu’elle organise. Aucune interprétation de l’histoire n’est proposée et la mise en regard des articles de la presse ancienne met en évidence que la « parole met l’histoire hors vérité ».Mais, que l’on soit historien, anthropologue de métier ou journaliste, la recherche de ce qui fait sens dans l’actualité est considérée comme une valeur communément partagée qui demande à être objectivée par une méthode. La méthode « gazette » est révélatrice d’une forme d’interrogation de l’histoire sans référence à une quelconque idéologie de l’origine, qui rejoint d’une certaine manière l’histoire de la « colonie » de peuplement mauricienne.The Indian Ocean Islands Gazette is a monthly newspaper founded by a Mauritian journalist in order to give an account of the richness of past newspapers and to establish a critical approach to contemporary events. At the outset of the project and through the precarious method chosen to present of old newspaper articles, journalism is portrayed as being a serious craft which knows its limits when it comes to interpreting events of the past from the viewpoint of current events.Consequently, the sole aim of the “Gazette” is to fill the function of intermediary between the spoken and the written word in presenting the transcriptions of memory. No interpretation of history is suggested and the examination of old newspaper articles underscores the fact that “speech places history outside truth”.But, whether one is an historian, a professional anthropologist or a journalist, the quest for what makes sense in current events is considered to be a commonly shared value which needs to be objectivized by method. The “Gazette” method reveals a form of examination of history devoid of any reference to any kind of ideology of origin, specific to Mauritian history

    Les fondements du pluriculturalisme mauricien et l’emergence d’une nouvelle société

    Get PDF
    Introduction Cet article présentera les fondements du pluriculturalisme mauricien à travers l’analyse du contenu de la créolité au regard de l’émergence d’une autochtonie historiquement instituée au moment où l’esclavage a pris fin, donnant naissance à un système contractuel d’exploitation de la main‑d’œuvre sur les plantations avec l’arrivée massive d’immigrants indiens. Par le détour de la longue histoire mauricienne, celle de l’émergence d’une colonie, je mettrai en évidence la double natu..

    Le fitampoha de 2004 dans la région Nord du Menabe, à l’ouest de Madagascar

    Get PDF
    Le fitampoha est la cérémonie dynastique du souvenir des rois sakalava qui a lieu tous les 10 ans depuis 1904 et tous les 5 ans depuis 1988. Celui de 2004, un siècle après la colonisation française, n’a plus rien à voir avec les cérémonies qui ont eu cours tout le long du XXe siècle. Un nouveau cap est franchi. Après avoir été à l’origine, un rituel des prémisses, après s’être commué en culte guerrier, célébrant le retour de la chasse ou d’expéditions menées contre les peuples voisins, cette institution s’est naturellement chargée d’un sens politique au moment où Ndriandahifoutsy, premier roi attesté de la dynastie sakalava maroseragna, a étendu le territoire royal vers l’ouest : intégration des étrangers, contrôle des alliances et affermissement du pouvoir royal. Avec le temps, le fitampoha est devenu le cadre de la stabilisation des lignées à chaque succession royale, de sorte que la généalogie des rois sakalava, reconstituée par les historiens, montre que la succession dynastique du Menabe a suivi les règles de préférence patrilinéaire et de primogéniture. Avec la colonisation, la question de la légitimité lignagère est devenue une affaire plus formelle que réelle. L’interrogation suscitée par le déroulement du fitampoha 2004 a alors porté sur le poids relatif de l’histoire royale au regard des évènements contemporains. On s’est demandé si le « passé étant mort, l’histoire ne serait pas en train de ressusciter esthétiquement ». En tout état de cause, le fitampoha du troisième millénaire n’est plus aujourd’hui que le lieu d’inscription des rapports externes en rapport avec l’autonomie régionale. C’est un espace symbolique révélateur de la fragmentation sociale des lignées en rupture avec les ancêtres. Tout se passe comme si les procédures administratives pouvaient servir directement la cause des solidarités horizontales instituées dans les « familles recomposées » sakalava et se substituer aux légitimités ancestrales.The fitampoha is a dynastic ceremony in memory of the Sakalava kings which has taken place every 10 years since 1904 and every 5 years since 1988. A century after French colonisation, the 2004 ceremony was nothing like those that were current all through the 20th century. Originally a harvest ritual, before commuting into a war cult celebrating the return of the hunt or expeditions led against neighbouring peoples, this institution naturally took on a political meaning at the time when Ndriandahifoutsy, the first attested king of the Maroseragna sakalava dynasty, extended the royal territory westwards: integration of foreigners, control of kinship and marriages and consolidation of royal power. In time, the fitampoha became a framework for the stabilisation of lineages at each royal succession, in such a way that the genealogy of the Sakalava kings, reconstructed by historians, shows that the Menabe dynastic succession followed rules of patrilineal preference and primogeniture. With colonisation, the question of lineage legitimacy became more of a formal than genuine matter. The questions raised by the 2004 fitampoha thus concerned the relative weight of royal history with respect to contemporary events. People asked themselves whether the « past being dead, history is not in the process of coming back to life aesthetically ». In any case, the fitampoha of the 3rd millennium is today only the site for the inscription of external relations in connection with regional autonomy. It is a symbolic space that reveals the social fragmentation of lineages estranged from the ancestors. Everything takes place as if the administrative procedures could directly serve the cause of horizontal solidarities instituted in the sakalava « reconstituted families » and substitute themselves for ancestral legitimacies

    Opération de « nettoyage » au Bangladesh

    Get PDF
    Suzanne Chazan-Gillig – Tu es retournée en décembre 2002 au Bangladesh à l’occasion de la tenue d’un colloque international et tu as été frappée par les changements de ce pays où tu as travaillé. Peux‑tu expliquer pourquoi et comment tu considères la situation du Bangladesh comme un analyseur des métamorphoses générales engendrées par la globalisation et par les événements du 11 septembre 2002 dans les pays dits périphériques ? Monique Selim – On assiste aujourd’hui à un double processus : la..

    Du maître sans commandement au supposé sachant dans la pratique anthropologique

    Get PDF
    La notion de « maître sans commandement » est un concept fondateur des procédures de contrôle instituées dans « la passe », cadre organique de la validation des savoirs et des pouvoirs par les pairs en psychanalyse. En anthropologie, si l’évaluation par les pairs est aussi le fondement de la validation des concepts qui évoluent, engendrent de nouvelles manières d’appréhender la réalité des choses, dites, vécues, fantasmées ou les trois, la difficulté majeure est de trouver un cadre d’objectivation régulier qui permette de contrôler à tout moment, en chaque circonstance, la distance établie entre sujet et objet à travers divers modes de production de l’altérité. Dans le contexte actuel de structures d’évaluation, privées de la légitimité académique en mal de reproduction dans le contexte de « mort des idéologies », les publications pêchent trop souvent par ignorance des travaux antérieurs, débouchant sur des bibliographies tronquées quand elles n’exigent pas, pour les thèmes dits porteurs, que les auteurs citent tous les écrits sur le sujet traité. En évoquant la notion de « maître sans commandement» spécifique de la cure analytique, j’ai évoqué la difficulté d’instruire la qualité d’une recherche, son originalité par les pairs quand les conflits qui traversent les groupes ont pris le pas sur les hommes et leurs idées. N’est‑ce pas là une des plus importantes raisons de l’absence de débats actuels sur l’histoire du mouvement des idées dans notre discipline ?The notion of « maitre sans commandement » is a founding concept of the controlling procedures in « la passe », a ruling framework set up to validate both knowledge and power by peers in psychoanalysis. In anthropology, if peer evaluation is also the foundation which underlies the validation of concepts which continue to evolve and engender new means of perceiving the reality of things spoken, experienced, imagined or indeed all three together, the major difficulty is finding a fixed analytical framework which would make it possible to measure at any time, in every circumstance, the distance which exists between subject and object through different ways of producing differentia. In the current climate of the « death of ideologies », evaluation structures are denied academic recognition due to their non-reimplementation. As a result, publications too often err, because of their lack of awareness of earlier works, producing incomplete bibliographies where authors are not required, when writing about themes considered to be « in vogue », to quote all the sources available on the subject in question. When I spoke of the notion of « maître sans commandement » which is specific to analytic treatment, I discussed how difficult it is for peers to assess the quality of research when conflicts between groups take precedence over men and their ideas. Perhaps this is one of the main reasons for the absence of recent debate on the history of the movement of ideas in our discipline

    Présentation

    Get PDF
    Derrière l’apparente diversité des points de vue exposés par les auteurs qui composent ce numéro, une même sensibilité se dégage à la lecture des articles qui considèrent tous la situation de handicap comme étant celle de la condition humaine dans ce qu’elle a de plus difficile. Ce niveau de généralité ne signifie nullement que la stigmatisation, au sens où l’école de Chicago l’entend, serait l’indicateur principal permettant d’identifier le statut spécifique des personnes en situation de han..
    corecore