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    Les enjeux actuels des débats sur la mémoire et la réparation pour l’esclavage à l’île Maurice

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    Dans l’île Maurice plurielle, les débats autour de la mémoire et de la réparation pour l’esclavage se déroulent sur fond de « malaise créole », résultant d’une perception de marginalisation et d’exclusion de cette communauté des fruits du développement économique. L’émergence du discours du malaise créole est étroitement associée à une tentative de ce groupe, majoritairement de foi catholique, de se forger une nouvelle identité ethnique à l’intérieur d’un système hautement ethnicisé, comme prélude à la mobilisation sociopolitique. Le groupe créole va ainsi se (re)fonder autour de l’esclavage et de la commémoration du 1er février, date anniversaire de son abolition, pour réclamer un programme d’empowerment tant au niveau culturel, social et économique comme réparation pour les torts causés par l’esclavage. Si les demandes identitaires ont été prises en compte à la fois par l’État et par la hiérarchie de l’Église catholique, les demandes de réparation économique, voire de compensation financière individuelle, suscitent en revanche controverses et questionnements dans une société pluriethnique qui a connu à la fois l’esclavage et l’engagisme indien. Cependant, les émeutes sanglantes de février 1999 ont démontré clairement l’urgente nécessité d’élaborer de nouvelles solidarités entre l’État, le secteur privé et la société civile dans son ensemble pour combattre l’exclusion de groupes vulnérables dans une société inégalitaire à l’heure de la globalisation.In the plural context of Mauritius, the debates over memory and reparation for slavery are unfolding against a backdrop of “malaise créole”, itself the result of a perception of marginalization and exclusion of the creole community from the fruits of economic development. The emergence of the discourse of “malaise créole” is closely associated with an attempt of the creole community, catholic in its great majority, to forge a new ethnic identity within a highly ethnicised system for the purpose of socio-political mobilization. The creole community has thus reconstructed itself by reappropriating its slave past and around the commemoration of the abolition of slavery on 1st February of each year in order to fight for a program of cultural, economic and social empowerment. The state and church hierarchy have since taken measures to satisfy most of the cultural demands of the creole community. However, its demand for economic reparation, albeit monetary compensation for each descendant of slave, have raised controversies and major objections in a society that have been constructed by slaves as well as Indian indentured laborers. Yet, the tragic event of February 1999 have revealed to each and every one the urgent need to forge a new solidarity among state, private sector and civil society at large in the struggle against the exclusion of vulnerable groups in an era of globalisation

    Réparations, restitutions, réconciliations

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    L’Occident doit-il s’acquitter de réparations pour les préjudices subis par les Africains et plus généralement par les peuples de la diaspora africaine lors de la traite des esclaves et de la colonisation ? À partir de cette question, nous abordons quelques exemples précis, notamment celui de la Commission d’enquête sur l’assassinat de Patrice Lumumba, instituée par la chambre belge des représentants, qui se rapproche le plus d'une demande de pardon pour la colonisation et d'une offre de réparations. Le cas sud-africain et, plus largement, celui de l'Afrique australe, où la question des réparations et de l'amnistie pour les crimes de violation des droits de l'Homme est largement débattue, fait l’objet de plusieurs contributions. Il permet également d'aborder la question des réparations pour les torts subis dans le cadre d’une «colonisation intérieure». Le travail de mémoire, qu’il est impossible d’ignorer lorsqu’on traite des réparations et de la réconciliation, figure en toile de fond de plusieurs articles sans que la majorité des auteurs l’abordent explicitement. Cette question reçoit une attention particulière dans les articles qui traitent des Antilles et de l’océan Indien et dans le dossier consacré au Burundi ainsi que dans la Chronique bibliographique. La place de la mémoire et de ses enjeux dans l’espace public est frappante à la Réunion, à l’île Maurice ; elle nous touche différemment mais non moins intensément en Haïti. À l’inverse, la mémoire est écrasée au Burundi par l’Histoire chargée par des vainqueurs de parvenir à l’établissement des « vérités » définitives. Mise au silence, renvoyée dans la sphère privée, blottie au fond du religieux, la mémoire est exclue de l’espace public. Faute d’un travail de mémoire qui engage les citoyens, les institutions monopolisent les revendications de réparations et gèrent la réconciliation qui n’engagent qu’elles-mêmes, et donc personne. Nous nous penchons également sur le problème de la restitution des objets d'art, notamment le cas de l’obélisque d’Aksoum
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