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Une guerre sourde
Les années 1920 ont été le théâtre de la montée en puissance de l'Union soviétique et de l'alignement des pays occidentaux contre le « péril rouge ». Cette histoire, qui pourrait s'intituler « La première véritable guerre froide », a le plus souvent été racontée du point de vue des puissances de l'Ouest. Mais avec l'effondrement de l'URSS, dans les années 1990, l'accès aux archives soviétiques a permis de jeter un tout nouvel éclairage sur cette période. Replacées dans leur juste contexte par le travail méticuleux et acharné de Michael J. Carley, et accompagnées de documents de sources britannique, française, allemande et américaine, dont plusieurs inédits, ces archives nous livrent le récit – décrit de l'intérieur – des premières années de l'État soviétique. En faisant une large place à l'humain, l'auteur illustre, non sans humour, le rôle essentiel d'individus comme Joseph Staline ou Léon Trotski, et leur influence sur la politique étrangère, qui se déploya dans des arènes assez éloignées de Moscou, notamment en Turquie, en Perse, en Afghanistan et, particulièrement, en Chine. Il retrace avec précision les positions et les interventions publiques – et surtout privées – des personnages de ce récit historique, et brosse un portrait vivant de la diplomatie des années 1920 et des relations de l'URSS avec l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France. L'actualité insufflant un véritable regain d'intérêt pour la Russie, ce livre saura captiver les érudits comme les amateurs
Chapitre six. « Doucement ! Ne nous énervons pas ! »
Le point de mire du Komintern Alors que les Français repoussent les propositions soviétiques, les Britanniques adoptent une attitude plus dure en maintenant le gouvernement soviétique à distance respectueuse. Le Foreign Office estime que, s’il maintient une « politique de réserve » à l’égard du gouvernement soviétique, Moscou devra « venir vers nous, l’air contrit, avec des propositions raisonnables ». C’est aussi la politique du secrétaire d’État Hughes. En réalité, même si le Foreign Office..
Chapitre neuf. Peur des Rouges, peur de la guerre
Après avoir normalisé ses relations avec Berlin, bien que de façon précaire, le Politburo peut faire preuve d’une plus grande assurance dans ses négociations avec le gouvernement britannique. À la fin de l’année 1926, les relations anglo-soviétiques se portent mal et continuent de se dégrader. Au mois de décembre, Rozengolts va rencontrer Gregory. Il n’a pas grand-chose de neuf à signaler à Moscou, si ce n’est que l’attitude au Foreign Office est « encore plus glaciale envers nous ». Se montr..
Five kopecks for five kopecks : Franco-Soviet trade negotiations, 1928-1939
Michael Jabara Carley, Five kopecks for five kopecks: Franco-Soviet trade negotiations, 1928-1939.
This article - which is based on French and British archives as well as the Dokumenty vneshnei politiki SSSR - is an account of Franco-Soviet trade negotiations during the 1930's. The article focuses on the political context of the negotiations, the issue of the Tsarist debts, and the opposition of the Ministry of Finance and the Banque de France (i.e., the mur d'argent) to a Franco-Soviet trade agreement. Hatred of Communism motivated opposition from the Banque de France and Finance Ministry bureaucracies in spite of lobbying from French industrialists who favoured a trade agreement with the USSR. These negotiations are a little known episode in the lamentable history of appeasement during the 1930's.Michael Jabara Carley, Cinq kopecks contre cinq kopecks : Les négociations commerciales franco-soviétiques, 1928-1939.
Cet article, qui est basé sur les archives françaises et anglaises ainsi que sur les Dokumenty vnešnej politiki SSSR retrace l'histoire des négociations commerciales franco-soviétiques durant les années 1930. L'article met l'accent sur le contexte politique des négociations, sur la question des dettes russes et sur l'opposition du ministère des Finances et de la Banque de France (c'est-à -dire le « mur d'argent ») à un accord commercial franco-soviétique. La haine du communisme a motivé l'opposition des Finances et de la Banque de France en dépit des pressions des industriels français en faveur d'un accord commercial avec l'URSS. Ces négociations sont un épisode assez peu connu dans l'histoire lamentable de la politique d'apaisement des années 1930.Carley Michael Jabara. Five kopecks for five kopecks : Franco-Soviet trade negotiations, 1928-1939. In: Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 33, n°1, Janvier-Mars 1992. pp. 23-57
Chapitre deux. « Nous devons faire du commerce et elles aussi »
Lorsque les puissances occidentales envisagent l’établissement de liens avec la Russie soviétique dans les années 1920, leur principale préoccupation est la sécurité de l’ordre capitaliste, ou la « vaissellerie familiale ». L’image vient d’Arthur Steel-Maitland, ministre du Travail du gouvernement conservateur britannique en 1924. Comme il le dit, « jusqu’à ce que le voleur prouve qu’il est repenti, on ne lui confie pas notre argenterie ». Le « repentir » soviétique implique essentiellement q..
Chapitre onze. « Les temps sont propices à toutes les suspicions »
En Europe, les dernières années de la décennie 1920 demeurent des « Années folles », comme les appellent les Français, et, en dehors des cercles gouvernementaux, les classes privilégiées semblent peu préoccupées par les affaires étrangères. Les Anglophones, eux, les appellent les Roaring Twenties, les années rugissantes. Dans les clubs de nuit des capitales européennes, l’ambiance est chaude, licencieuse et pleine de vie. Le jazz et les jazzmen américains sont alors populaires. Les biens nant..
Chapitre douze. « Toujours un atout dans notre jeu »
Si le NKID est incapable de faire des progrès à Washington ou à Paris, il continue en outre de rencontrer des difficultés à Berlin. Nous avons quitté le récit des relations soviéto-germaniques au mois de juin 1927. Pour le meilleur ou pour le pire, la politique de Rapallo a été rétablie, en dépit de craintes des deux côtés. Tchitcherine et Krestinski entretiennent la relation avec l’Allemagne, en maintenant des contacts étroits avec l’Auswärtiges Amt et des politiciens, des banquiers et des h..
Conclusion. Démêler les choses
À la fin des années 1920, Staline a établi son contrôle sur l’Union soviétique. Ses rivaux, de Trotski à Boukharine, sont des hommes vaincus et impuissants. Boukharine, Tomski et Rykov, qui formaient le dernier groupe d’opposition au sein du Politburo, sont les derniers à être démis de leurs fonctions ; Boukharine le sera en novembre 1929. Mais en réalité, la déchéance de Boukharine est bien antérieure à cette date. Staline joue au chat et à la souris avec ses victimes avant de s’en débarrass..
Chapitre trois. Quelle orientation pour la politique soviétique ?
Tchitcherine et Litvinov soutiendraient sans doute que la politique étrangère soviétique en Europe ne se limite pas à essayer d’améliorer les relations avec l’Allemagne. Les diplomates soviétiques témoignent aussi d’un grand intérêt envers la Grande-Bretagne et la France. Tchitcherine est assez optimiste en ce qui a trait aux relations anglo-soviétiques. Quant à Litvinov, s’il est peut-être plus sceptique, il n’en favorise pas moins l’étude des possibilités en dépit des accusations qui circul..