7 research outputs found
De Lancelot à Renart : comment adapter sans trahir ?
L’adaptation pour la jeunesse d’un roman tel que le Lancelot en prose nĂ©cessite un certain nombre d’amĂ©nagements, dus aux dimensions de l’œuvre, au foisonnement des personnages et des aventures. Il importe d’accroĂ®tre la lisibilitĂ© du roman, en le recentrant sur les personnages principaux. L’essentiel est de ne pas fausser le sens du roman : la reprĂ©sentation de l’amour, la place de la religion doivent ĂŞtre respectĂ©es, aussi Ă©tranges qu’elles puissent paraĂ®tre Ă un jeune lecteur du XXIe siècle. RĂ©Ă©crire pour la jeunesse des Ĺ“uvres destinĂ©es Ă un public adulte confronte parfois l’auteur Ă un problème de censure : jusqu’oĂą peut-on pousser la fidĂ©litĂ© Ă l’œuvre d’origineÂ
Vidéo : Récrire pour penser, entre création et pédagogie
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Lancelot du Lac : un roman pour la jeunesse ?
Adapter pour la jeunesse une œuvre médiévale… L’entreprise place celui qui la tente dans une situation inconfortable. Il ne va cesser d’osciller entre deux pôles antagonistes. D’un côté, il souhaite transmettre un patrimoine ancien qu’il aime, mais qui appartient à une époque irrémédiablement révolue, et qui s’exprime à travers des normes littéraires qui n’ont plus cours. À l’opposé se situe le destinataire de son travail : un destinataire spécifique, incroyablement éloigné de l’œuvre médiéva..
De Lancelot à Renart : comment adapter sans trahir ?
L’adaptation pour la jeunesse d’un roman tel que le Lancelot en prose nĂ©cessite un certain nombre d’amĂ©nagements, dus aux dimensions de l’œuvre, au foisonnement des personnages et des aventures. Il importe d’accroĂ®tre la lisibilitĂ© du roman, en le recentrant sur les personnages principaux. L’essentiel est de ne pas fausser le sens du roman : la reprĂ©sentation de l’amour, la place de la religion doivent ĂŞtre respectĂ©es, aussi Ă©tranges qu’elles puissent paraĂ®tre Ă un jeune lecteur du XXIe siècle. RĂ©Ă©crire pour la jeunesse des Ĺ“uvres destinĂ©es Ă un public adulte confronte parfois l’auteur Ă un problème de censure : jusqu’oĂą peut-on pousser la fidĂ©litĂ© Ă l’œuvre d’origineÂ
Médiévalités enfantines
Il s’agit de partir du présent pour envisager le passé comme « défini » ou rendu insaisissable, ce qui complexifie l’espace temporel et le propos des jeunes médiévalités. Qu’ils soient en rapports étroits et historicisés avec le Moyen Âge, ou simplement dans des liens lâches, poétiques et métaphorisés avec ce souple référent, plusieurs types d’objets culturels inondent le marché actuel. L’enfant en est la cible préférentielle : le plaisir qu’on lui offre (ou plus souvent lui vend) sera apporté par un livre, une BD ou un jeu de rôle. Les adaptateurs de littérature médiévale se situent dans une chaîne de transmission qui soumet les chefs-d’œuvre classiques à d’autres exigences qualitatives. Rencontres internationales avec le roi Arthur, Vikings enfin rendus présentables, Graal servant de moule aux reformulations littéraires, tous les anciens supports revivent, la fantasy contribuant également à cet essor puisque elle correspond à une sorte de conte merveilleux que des bouillons de culture médiévale ont aidé à grandir. La figure du chevalier s’autonomise, le Père Noël envoie des lettres, les albums de BD servent de compléments naturels. Toutes ces tentatives sont charmantes, mais plus ou moins intellectuelles. Il faut s’attendre à de constantes métamorphoses, donc aussi au fait que la plume change de main (car il n’y a pas que le lectorat à se féminiser). Le néo-médiéval popularise à tout-va, livre du rêve, du jeu et du savoir tout ensemble. Car si récréatives les médiévalités enfantines le sont par destination, éducatives elles le sont aussi par nature. Cet ouvrage s’adresse à tous ceux qui s’intéressent : aux objets culturels destinés à la jeunesse ; - à l’éducation des enfants ; - à la mouvance des rapports établis entre le savoir et le jeu ; - à l’écriture des adaptations ; - à la littérature médiévale et au médiévalisme ; - à l’émergence de nouvelles mythologies et à la redéfinition de grands types ; - à la fantasy et à Harry Potter
Enseigner la langue et la littérature du Moyen Âge en France aujourd'hui
Alors que de très nombreuses productions écrites, visuelles, audio-visuelles contemporaines empruntent au Moyen Âge thèmes, objets, figures, moyennant une connaissance des medievalia très variable et une conscience épistémologique tantôt très affirmée, tantôt très floue, voire inexistante, la question de l’éducation de la jeunesse des collèges et lycées au Moyen Âge, à sa langue, à sa littérature et à sa culture en général met face à un défi dont il faut préciser l’urgence et la nécessité. De fait, la connaissance du Moyen Âge ne relève pas d’une problématique « simplement » historique ou scolaire. Elle a également pour enjeu la façon dont notre société se représente elle-même, continument et massivement, dans ses productions écrites, visuelles ou audio-visuelles, au moyen d’emprunts à une matière médiévale largement réélaborée. Plus que toute autre période de l’Histoire européenne, le Moyen Âge et sa culture apparaissent sans ambiguïté comme une matrice propre à mettre en fiction et en scène le contemporain et notre modernité, nos problématiques socio-politiques, économiques, culturelles les plus brûlantes. L’analyse et la compréhension des enjeux de cet investissement sociétal du médiéval par le contemporain nécessite des connaissances a minima que l’école se doit de fournir à ses élèves. Cantonner le Moyen Âge à l’ancien et à l’inessentiel au profit la seule et néanmoins indispensable éducation aux médias, à l’image et au web, c’est prendre le risque d’éduquer à un medium sans donner les outils permettant d’en comprendre le contenu informationnel, son traitement et leur signification profonde. Certes, au-delà du Moyen Âge, c’est toute notre culture commune qui doit être visée. Mais en livrant des pistes de réflexion sur l’enseignement du fait littéraire et linguistique médiéval dans les classes du Secondaire, ce numéro de Perspective Médiévales répond au souci de la Société des Langues et Littératures Médiévales d’Oc et d’Oïl de mieux articuler recherche universitaire et enseignement au collège et au lycée. Sébastien Douche