17 research outputs found
Villes et recompositions spatiales
Les villes sont des réalités empiriques, dont la dimension concrète est fondamentale puisque c'est ainsi qu'elles se donnent à voir à travers certains styles architecturaux, certains modes de circulation, d'habitation, d'animation, et des populations plus ou moins hétérogènes. Mais les sciences de la ville qui se sont constituées au XXe siècle ont cherché à intégrer le propos descriptif à des formulations théoriques tentant de rendre compte des agglomérations comme modèle, ou comme système, correspondant à un certain type d'espace. Tout d'abord définie par opposition au rural par l'ensemble des auteurs, cette distinction s'est peu à peu révélée obsolète au fur et à mesure que les frontières réelles et virtuelles entre les espaces urbains et ruraux s'effaçaient. Cette mutation fondamentale a fait l'objet de nombreuses conceptualisations, lesquelles permettent de mieux appréhender les dynamiques spatiales aujourd'hui
Château Rouge, une centralité africaine à Paris
National audienceAu cours des années 1990, le nombre de commerces alimentaires tenus par des Africains originaires du Sud du Sahara a augmenté à Paris et en région parisienne. Cette présence est particulièrement importante dans le 18ème arrondissement de Paris, à la station de métro , lieu que les chalands qualifient de . A partir d'une enquête ethnographique, l'auteur s'attache à restituer l'historique de ce , sa morphologie, la typologie des commerces qui y sont implantés, ainsi que les trajectoires urbaines que ce lieu produit. L'auteur propose alors de définir Château Rouge comme une centralité africaine
Le chaud et le froid des politiques énergétiques: des usages de la climatisation à leur prévention.
International audienceLe chaud et le froid des politiques énergétiques: des usages de la climatisation à leur prévention. La climatisation a connu un essor important depuis quelques années en Guadeloupe, contribuant à augmenter la demande en électricité. Des particuliers ont ainsi investi dans des installations à la suite de l'épidémie de dengue : ils fermaient les fenêtres afin que les moustiques, vecteurs du virus, ne rentrent pas dans leur logement ; mais l'air manquait alors, et la chaleur se faisait sentir. D'où l'investissement dans une climatisation. Ce cas n'est pas isolé et concerne d'autres départements d'Outre-Mer, mais aussi des départements du sud de la France où la climatisation sert aussi à se prémunir des invasions de moustiques. Cet exemple souligne des transferts d'usages, ici initialement de refroidissement du logement à la prévention sanitaire, qui contribuent à la diffusion de la climatisation. En France métropolitaine, seules 5% des résidences principales sont climatisées, mais ce chiffre a doublé entre 2003 et 2008 1. Si la climatisation est plus présente dans les DOM, elle est inégalement répartie dans ces territoires. Pour illustration, elle concerne un tiers des logements en Guadeloupe où elle est à l'origine de près du quart des consommations en électricité (Galenon, 2011), et seulement 16 % des logements réunionais. Mais partout se dessinent ou se confirment, selon les territoires, une augmentation des installations de climatisation dans le résidentiel sur des modalités qui mettent en jeu des éléments parfois inattendus. Ainsi, et alors que les politiques en matière d'énergie tentent d'infléchir les pratiques vers une plus grande modération des consommations en électricité des particuliers, on observe un changement de pratiques domestiques vers des usages énergétivores. Au travers de nos enquêtes menées dans l'Hexagone et dans des DOM, on observe pourtant des pratiques de refroidissement naturelles qui concernent le logement et ses abords (ex. aération ou fermeture du logement, végétation aux abords du logement) ou les habitants eux-mêmes (ex. vêtements légers, sieste). Ces pratiques locales sont ancrées dans un mix énergétique et font référence, dans les discours des habitants, à des habitudes transmises de génération en génération. Ce qui justifie l'idée de « savoirs locaux», c'est-à-dire de savoirs diffus dans la société (Roué, 2012) qui s'appliqueraient ici à la gestion des températures intérieures du logement. On peut alors s'interroger sur les raisons pour lesquelles la climatisation se diffuse, alors qu'existent des solutions qui ne consomment pas ou peu d'électricité. Une première raison tient à l'évolution des normes de construction. Dans les DOM, la forte diffusion de la climatisation tient aussi à l'existence de programmes collectifs neufs dont les modes et matériaux de construction ne sont pas toujours adaptés au climat (Donn, Garde, 2015), ce qui contraint les habitants de ces logements à utiliser la climatisation-ce qui n'est pas particulier à ces territoires, et souligne la responsabilité d'un ensemble d'acteurs (ex. architectes, concepteurs,) dans l'essor de cet usage (Chapells, Shove, 2005). Celui-ci n'est 1 Sources : Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Energie (CEREN)
Sexualité et procréation chez les Mvae
International audienceLes Mvae du sud Cameroun (groupe Bëti Fang) attribuent l'absence d'enfants à une rupture interdit ou à une action dans la sphère occulte. Dans le premier cas, les interdits sexuels, provisoires ou permanents, établissent les cadres culturels de la sexualité socialement proscrite, dans un régime de relative liberté sexuelle ; en cas de rupture d'interdit, l'origine de l'absence de grossesse ou la fausse couche à une théorie des liquides corporels et de leurs contacts. Dans le deuxième cas, celle-ci est attribuée à une action maléfique extérieure au corps de la femme et intérieure au corps social. Ces deux niveaux d'interprétation forment un continuum
Petits producteurs en energie solaire en Corse: routines domestiques et rapports sociaux locaux à l'énergie en contexte semi-insulaire
International audienc
Alimentation et migration, une définition spatiale
Pour les migrantes camerounaises rencontrées, l'aliment du pays n'a pas le même goût selon le lieu de son acquisition et les relations (marchandes ou non marchandes, officielles ou non) que celle ci engage. Ainsi, l'étude des sphères de l'échange, et de leur inscription spatiale, permet de cerner les contours de groupes sociaux dont font partie les migrantes
Mode de vie urbain et patrimoine
La mission du patrimoine ethnologique et le conseil du patrimoine ethnologique ont été créés en 1980 à la suite de l'année du patrimoine. En 2005 la mission du patrimoine ethnologique, sous le nom de « mission ethnologie » a rejoint les services de l'archéologie et de l'inventaire général, pour former avec eux la sous direction de l'archéologie, de l'ethnologie, de l'inventaire et des systèmes d'information. Son action est désormais épaulée par deux départements transversaux : département de la recherche de la méthode et de l'expertise, et département des systèmes d'information.Sophie Bouly de Lesdain, docteur en ethnologie, chercheure hors-statut, est membre stagiaire du LAU (UPR34 CNRS) depuis le 16 septembre 2004.Rapport d'étude à la Mission de patrimoine ethnologique n°2001562090La Mission du Patrimoine Ethnologique a commandité une étude contractuellement formulée (Article 2) dans les termes qui suivent : “ Cette évolution n'est pas sans conséquences pour la mise en valeur patrimoniale et architecturale, pour les institutions culturelles et muséales, parmi lesquelles apparaissent des nouveaux venus comme les maisons de l'architecture ou les musées de ville, dont les orientations restent à définir. Dans le cas des écomusées, supposés entretenir un lien fort au territoire et au local, quel rapport le musée entretient-il dès lors avec son territoire ? Comment rendre compte de cette déterritorialisation à travers les collections ? Comment collecter le contemporain ? Quelles en sont les conséquences en matière de publics ? ”. L'étude s'est centrée sur des structures ayant historiquement un lien fort avec le territoire. À cet égard, les musées se situent au carrefour de plusieurs mobilités : tout d'abord, de publics, ensuite des territoires que l'on envisage à travers l'analyse des thèmes d'expositions et des modalités de constitution des collections. Pour les musées d'Art et d'histoire, la question territoriale semble être moins pertinente, raison pour laquelle ils ont été écartés. La recherche réalisée sous la direction de Anne Raulin (LAU UPR34 CNRS), et gérée par le LAU. Le comité de pilotage était composé de Odile Welfelé, chef de la Mission du patrimoine ethnologique, Françoise Magny, conseiller musées de la Drac Ile-de-France, Denis-Michel Boëll, inspection générale des musées, Alexandre Delarge, conservateur de l'écomusée de Fresnes & Henri Zuber, directeur de l'unité mémoire de la RATP.Etude (n° 2001562090/10) financée par Le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction de l'Architecture et du Patrimoine, Mission du Patrimoineethnologiqu
Migrations camerounaises et sorcellerie en France
Cameroonese Migrations and Sorcery in France
Sophie BOULY DE LESDAIN
As far as we know, anthropologists specialized in sorcery have never studied the relationships between sorcery and migration.
Cameroonese living in Paris refer to sorcery at different stages of their migration, but different types of social relationships are involved depending on whether France or Cameroon is considered.
We show that Cameroonese analyse migration in terms of the control of the use of magic forces. We therefore demonstrate that beyond the ethnic and social diversity of Cameroon, sorcery is a means of power in Cameroon and a value which contributes to the strengthening of African identity in France.Migrations camerounaises et sorcellerie en France
Sophie BOULY DE LESDAIN
A notre connaissance, les anthopologues qui ont étudié les phénomènes de sorcellerie n 'ont pas abordé le thème des relations entre la sorcellerie et la migration.
Chez les migrants camerounais vivant à Paris, le discours de la sorcellerie intervient aux différentes étapes du parcours migratoire, mais il engage des relations sociales variables selon l'espace considéré. Notre analyse souligne en quoi les Camerounais interprètent la migration en terme de contrôle de l'usage des forces occultes. Ce faisant, nous démontrons l'existence d'une ethnogénèse qui transcende la diversité des origines ethniques et sociales, tant au Cameroun, que les migrants considèrent comme un champ de pouvoir, qu'en France, où le discours de l'action maléfique met en forme une communauté africaine.Migraciones camerunesas y brujería en Francia
Sophie BOULY DE LESDAIN
Según lo que sabemos, los antropolólogos que han estudiado los fenómenos de brujería no han abordado el tema de las relaciones entre la brujería y la migración. Los emigrantes cameruneses que viven en París se refieren a la brujería en las diferentes etapas del recorrido migatorio, envolviendo relaciones sociales variables según el espacio considerado. Nuestro análisis muestra como los Cameruneses interpretan la imigración en términos de control del uso de las fuerzas ocultas. De esta manera, demostramos la existencia de una etnogénesis que trasciende la diversidad de los orígenes étnicos y sociales, tanto en Camerún, considerado por los emigrantes como un campo de poder como en Francia, donde el discurso de la acción malefica pone en forma una comunidad africana.Bouly De Lesdain Sophie. Migrations camerounaises et sorcellerie en France. In: Revue européenne des migrations internationales, vol. 10, n°3,1994. CERPAA CERPOD ORSTOM – Migrations africaines, sous la direction de Yves Charbit et Nelly Robin. pp. 153-174
Le chaud et le froid des politiques énergétiques: des usages de la climatisation à leur prévention.
International audienceLe chaud et le froid des politiques énergétiques: des usages de la climatisation à leur prévention. La climatisation a connu un essor important depuis quelques années en Guadeloupe, contribuant à augmenter la demande en électricité. Des particuliers ont ainsi investi dans des installations à la suite de l'épidémie de dengue : ils fermaient les fenêtres afin que les moustiques, vecteurs du virus, ne rentrent pas dans leur logement ; mais l'air manquait alors, et la chaleur se faisait sentir. D'où l'investissement dans une climatisation. Ce cas n'est pas isolé et concerne d'autres départements d'Outre-Mer, mais aussi des départements du sud de la France où la climatisation sert aussi à se prémunir des invasions de moustiques. Cet exemple souligne des transferts d'usages, ici initialement de refroidissement du logement à la prévention sanitaire, qui contribuent à la diffusion de la climatisation. En France métropolitaine, seules 5% des résidences principales sont climatisées, mais ce chiffre a doublé entre 2003 et 2008 1. Si la climatisation est plus présente dans les DOM, elle est inégalement répartie dans ces territoires. Pour illustration, elle concerne un tiers des logements en Guadeloupe où elle est à l'origine de près du quart des consommations en électricité (Galenon, 2011), et seulement 16 % des logements réunionais. Mais partout se dessinent ou se confirment, selon les territoires, une augmentation des installations de climatisation dans le résidentiel sur des modalités qui mettent en jeu des éléments parfois inattendus. Ainsi, et alors que les politiques en matière d'énergie tentent d'infléchir les pratiques vers une plus grande modération des consommations en électricité des particuliers, on observe un changement de pratiques domestiques vers des usages énergétivores. Au travers de nos enquêtes menées dans l'Hexagone et dans des DOM, on observe pourtant des pratiques de refroidissement naturelles qui concernent le logement et ses abords (ex. aération ou fermeture du logement, végétation aux abords du logement) ou les habitants eux-mêmes (ex. vêtements légers, sieste). Ces pratiques locales sont ancrées dans un mix énergétique et font référence, dans les discours des habitants, à des habitudes transmises de génération en génération. Ce qui justifie l'idée de « savoirs locaux», c'est-à-dire de savoirs diffus dans la société (Roué, 2012) qui s'appliqueraient ici à la gestion des températures intérieures du logement. On peut alors s'interroger sur les raisons pour lesquelles la climatisation se diffuse, alors qu'existent des solutions qui ne consomment pas ou peu d'électricité. Une première raison tient à l'évolution des normes de construction. Dans les DOM, la forte diffusion de la climatisation tient aussi à l'existence de programmes collectifs neufs dont les modes et matériaux de construction ne sont pas toujours adaptés au climat (Donn, Garde, 2015), ce qui contraint les habitants de ces logements à utiliser la climatisation-ce qui n'est pas particulier à ces territoires, et souligne la responsabilité d'un ensemble d'acteurs (ex. architectes, concepteurs,) dans l'essor de cet usage (Chapells, Shove, 2005). Celui-ci n'est 1 Sources : Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Energie (CEREN)