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Jules Ferry 3.0, Bâtir une école créative et juste dans un monde numérique.
Avec le soutien du secrétariat général, notamment : Somalina Pa, Rapporteur général adjoint, LéaDouhard, Rapporteur, Dimitri Barclais, Chargé de mission.Rapport du conseil national du numériqueDans le sillage de ses travaux sur l’Inclusion numérique, le Conseil national du numérique a constitué fin2013 un groupe de travail dédié à l’éducation dans une société numérique, composé de Sophie Pène,membre pilote, Serge Abiteboul, Christine Balagué, Ludovic Blecher, Michel Briand, Cyril Garcia, FrancisJutand, Daniel Kaplan, Pascale Luciani Boyer, Valérie Peugeot, Nathalie Pujo, Bernard Stiegler, BrigitteVallée.Ce rapport est le fruit de long mois de travail au cours desquels plus de cent personnes ont étérencontrées, de nombreux rapports ont été parcourus, de riches échanges et d’intenses réflexions onteu lieu. L’Education nationale a été a été comparée à d’autres administrations, l’Ecole de la Républiqueexaminée à l’aune d’autres modèles, privés, étrangers.De ces efforts d’observation et de compréhension, il reste deux constats essentiels.Non, l’Education nationale n’est pas le lieu de tous les conservatismes. Dans les classes françaises, desélèves sont attentifs à des professeurs qui cherchent sans relâche les meilleurs chemins, des exercicesimaginatifs excitent leur désir d’apprendre. Ces professeurs sont par ailleurs remarquablement forméset d’un haut niveau culturel, du primaire au lycée.Et pourtant, le système scolaire ne va pas bien. Fondé sur l’égalité, il produit plus d’inégalités scolairesque la plupart des pays de l’OCDE. Valorisant la réussite, il abandonne 20% des élèves à l’échec. Plutôtsatisfait de lui-même, il remarque peu que beaucoup d’élèves perdent leur motivation à apprendre.Pourquoi un tel contraste entre l’investissement passionné des professeurs et la réussite modérée dusystème ? Et si le numérique ne constitue pas la réponse à tous les maux, comment peut-il contribuer à réduire les inégalités scolaires ? Peut-il améliorer la qualité des cours et des apprentissages, tout enrendant la vie scolaire plus agréable ?Quand on dit « numérique », la plupart des gens voient un ordinateur. Il faut aussi y voir un changementdans les savoirs, l’avènement d’une société de la question plutôt que de la réponse. Avec une école quipropose une organisation plus horizontale, plus coopérative, plus solidaire, plus créative.Avec ce rapport, l’ambition du Conseil est de décrire cette vision de l’école d’un monde numérique endevenir, affrontant l’épreuve d’une société en pleine mutation, et de proposer les « chemins praticables» pour y parvenir. Les recommandations qu’il porte ont été pensées comme des pistes d'actions decourt et de moyen termes pour redonner du sens à l'Ecole dans la transition numérique.Nos propositions pour bâtir ensemble l’école juste et créative du 21e siècle s’articulent autour de deuxgrands axes. Ce qu’il faut enseigner et comment : informatique, littératie, humanités numériques.Comment redessiner le tissu éducatif : école en réseau, nouvelles industries de la formation, recherche,startups, etc.1. Enseigner l’informatiqueIl est ici question d’enseigner la pensée informatique pour mieux comprendre le monde numérique quinous entoure et être pleinement un citoyen actif dans la société. Il s’agit aussi d’envisagerl’enseignement de l’informatique comme une opportunité pour introduire de nouveaux modesd’apprentissage à travers des expériences, en mode projet, par essai-erreur. La condition est laformation d’un corps d’enseignants en informatique par la création d’un Capes et d’une Agrégationd’informatique.2. Installer à l’école la littératie de l’âge numériqueLa littératie numérique, c’est non seulement des savoirs, des compétences mais aussi des méthodes quifont qu’un individu peut être acteur de sa vie dans une société numérique. Ancrer l'école dans cettedynamique, c'est inviter les élèves à participer à une culture et à une économie, fondée sur l’échangedes savoirs, la coopération, la création.3. Créer un nouveau bac généraliste, le bac HN Humanités numériquesCe nouveau bac s’inscrirait dans son époque. Il reflèterait l’aventure de la jeunesse et revitaliserait lesétudes secondaires avec la création numérique, le design mais aussi la découverte des big data, de ladatavisualisation, des métiers informatiques et créatifs. La mise en œuvre de ce bac pourrait démarrertrès rapidement avec des lycées volontaires pour l’expérimenter, et pourquoi pas à distance.4. Concevoir l’école en réseau dans son territoireIl faut changer les établissements avec un management réel, une vie d’équipe, des projets, del’interdisciplinarité. Avancer en confiance avec les collectivités locales, le tissu économique local, lesassociations éducatives, les parents. L’école en réseau, c’est une nouvelle alliance éducative.5. Lancer un vaste plan de recherche pour comprendre les mutations du savoir et éclairer lespolitiques publiquesVia une politique volontariste, 500 thèses nouvelles seraient lancées chaque année sur des sujetsinterdisciplinaires pour mieux décrypter les changements fondamentaux induits par la sociéténumérique sur la transmission des savoirs et les méthodes d’apprentissage. 6. Mettre en place un cadre de confiance pour l'innovationToutes les parties prenantes (éditeurs scolaires, pure players du numérique, constructeurs, éditeurslogiciels, pôles de compétitivité) ont besoin de ce cadre pour innover et tester ensemble, avec lesétablissements et les collectivités locales. Il s'agit de partager des standards et de donner les cadresd’utilisation des données de l’éducation, de valoriser par l'indexation le référencement des ressourcespédagogiques partagées, de privilégier des écosystèmes riches de services et de fonctionnalités pourstimuler le désir d'apprendre et de travailler en groupe, enfin d'encourager la co-création (living labs,expérimentations).7. Profiter du dynamisme des startups françaises pour relancer notre soft powerL’éducation numérique, c’est aussi un nouveau champ de l’économie, l’Ed- tech. L’économie numériquea commencé à réorganiser l’éducation de l’extérieur avec des initiatives disruptives comme l'école 42 ,les Moocs, la Khan Academy. Des méthodes d’apprentissage innovantes fondées sur des technologiesémergent (adaptive learning, data driven education, …). Il faut maintenant en tirer les conséquences etaccepter la confrontation avec ces nouvelles dynamiques pédagogiques. Cela conditionne une présencede la culture française dans l’espace numérique de la formation au 21e siècle.8. Ecouter les professeurs pour construire ensemble l'école de la société numériqueAujourd’hui on achète des équipements et on demande aux professeurs de s’y adapter. Pourdévelopper le numérique scolaire, il faut changer de méthode, rompre avec la logique de l’offre et del’assignation, étudier avec les professeurs leurs besoins réels, pour qu’ils travaillent avec aisance etconservent le temps de la relation avec les élèves.Notre éducation, notre école, sont embarquées dans la transition numérique. Ce chantier, vaste etcomplexe, il nous incombe de le conduire collectivement. C’est pourquoi ce rapport est remis à tousceux qui souhaitent « bâtir l’école créative et juste dans un monde numérique »