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Sur le chemin de Buchenwald
En 1963, âgé de 37 ans, l’activiste communiste Jorge Semprún publie en français le roman Le Grand Voyage dans lequel il raconte le périple de 800 km qui l’avait conduit en train de Compiègne jusqu’à Buchenwald en septembre 1943. Il avait alors 19 ans. C’est dans ce camp de la mort situé près de Weimar – cité de Goethe, que Semprún admirait – qu’il sera interné jusqu’à sa libération par les troupes américaines en avril 1945. Pendant les quatre jours et cinq nuits de ce « grand voyage », le déporté ne cesse de mentionner et de commenter des références littéraires mais aussi des films, des chansons et des musiques. Par-delà la tragédie de la déportation et de l’expérience concentrationnaire, le présent article aborde le rapport entre le déporté et la culture, entre la victime et son isotopie littéraire et musicale, preuve qu’un intellectuel engagé peut puiser aussi bien dans le corpus de la culture populaire que dans celui de la « haute culture »
Du Madrid du franquisme au Madrid de la Movida
Le général Franco (dictature 1939-1975) a longtemps entretenu avec Madrid des relations méfiantes, pour des raisons liées au souvenir d'un père frivole qui abandonna sa famille en Galice pour s'installer dans la capitale avec sa maîtresse, mais surtout pour des raisons politiques, Madrid ayant été jusqu'en 1939 le siège de la résistance républicaine. Par les changements radicaux introduits dans l'odonymie madrilène par le pouvoir franquiste (rues, places, avenues), par la multiplication des commémorations et des défilés à caractère idéologique, enfin par l'érection de quelques monuments qui prétendaient honorer le Caudillo et son régime (Arc de Triomphe de la Moncloa, Ministère de l'Air) Madrid vécut pendant quatre décennies au rythme de la dictature et dans ses rites. Plus tard, dans le contexte de la Movida, la Transition démocratique modifia profondément l'image et la réputation de la capitale. Mais est-on certain que les régimes politiques marquent durablement le visage d'une capitale ?"El general Franco (dictadura 1939-1975) mantuvo durante mucho tiempo con Madrid una relación de recelo, por razones vinculadas con el recuerdo de un padre frívolo que abandonó a su familia en El Ferrol para instalarse en la capital con su amante, pero sobre todo por razones de carácter político pues Madrid fue hasta 1939 la sede de la resistencia republicana. A través de los cambios rotundos introducidos por el poder franquista en la odonimia madrileña (calles, plazas, avenidas), de la multiplicación de las conmemoraciones y desfiles de carácter ideológico, y por fin de la edificación de algunos monumentos que pretendían honrar al Caudillo y su régimen (Arco de la Victoria de la Moncloa, Ministerio del Aire) Madrid vivió durante cuatro décadas con el ritmo y los ritos de la dictadura. Luego, con la Movida, la Transición democrática modificó profundamente la imagen y la reputación de Madrid. Pero cabe preguntarse si los regímenes politicos son capaces de cambiar de modo duradero la imagen de una capital
Madrid selon Basilio Martín Patino : le charme discret de l’imperfection
Basilio Martin Patino’s 1985 movie is a polymorphous piece blending fictional and documentary elements in a way that makes interpretation difficult. The story may be summarized in the following way: on the occasion of the 50th anniversary of the outbreak of the Spanish Civil War, a German production company sends a documentarian to Madrid to have him shoot a documentary on Civil War Madrid. But Hans’s ready empathy with his subject matter quickly puts off the executive of the production company; this entails a breach of Hans’s contract and this aborted artistic endeavor causes him great frustration. Through the moviemaker’s thoughts on History (in this case the years of the Spanish Republic, of the civil war and of the first Franco regime) and on the sometimes antagonistic relations between History and memory, Madrid is a celebration of the Spanish capital. Though some critics think that Madrid has always wanted a global approach to its urban areas and its architecture – a criticism scathingly voiced by the intellectual in the movie (actually the philosopher Carlos Paris) when he discusses Madrid with Hans on the rooftop of a skyscraper - the German moviemaker is so enamored with the capital that he only sees charms and spells where others see an urban chaos and a lack of harmony and architectural coherence. Thus, Martin Patino offers the spectators a loving and mythical vision of a city which is deeply faithful to its culture, its popular art and its tradition of freedom fighting
Du Madrid du franquisme au Madrid de la Movida
Le général Franco (dictature 1939-1975) a longtemps entretenu avec Madrid des relations méfiantes, pour des raisons liées au souvenir d'un père frivole qui abandonna sa famille en Galice pour s'installer dans la capitale avec sa maîtresse, mais surtout pour des raisons politiques, Madrid ayant été jusqu'en 1939 le siège de la résistance républicaine. Par les changements radicaux introduits dans l'odonymie madrilène par le pouvoir franquiste (rues, places, avenues), par la multiplication des commémorations et des défilés à caractère idéologique, enfin par l'érection de quelques monuments qui prétendaient honorer le Caudillo et son régime (Arc de Triomphe de la Moncloa, Ministère de l'Air) Madrid vécut pendant quatre décennies au rythme de la dictature et dans ses rites. Plus tard, dans le contexte de la Movida, la Transition démocratique modifia profondément l'image et la réputation de la capitale. Mais est-on certain que les régimes politiques marquent durablement le visage d'une capitale
Réflexions autour du dispositif interpictural dans une toile de Equipo Crónica
Les enjeux de la citation Dans l’histoire de la littérature et des arts plastiques, le recours aux diverses formes de citation, emprunt ou co-présence a souvent été jugé légitime... à condition, bien entendu, que la citation soit explicite et qu’elle ne constitue pas un plagiat, lequel affecterait la réputation du « contrevenant ». En France, depuis du Bellay jusqu’à Mallarmé, le recours à la citation a été perçu comme légitime, ne serait-ce qu’en vertu de cette conscience malheur..
La « Volonté d’Empire » dans le discours franquiste : un Ailleurs conceptuel
Les penseurs catholiques et nationalistes du XIXe siècle (notamment Donoso Cortés, Menéndez Pelayo et Ángel Ganivet) ont eu une influence non négligeable dans la formation du futur Caudillo. À celle-ci s’ajouta la marque de quelques théoriciens plus politiques comme José Antonio Primo de Rivera et Ramiro Ledesma Ramos qui fondèrent un fascisme espagnol teinté de traditionalisme catholique et de nostalgie des temps des Rois Catholiques. En des termes différents, les uns et les autres ont promu l’idée d’un « destin impérial » et d’une « mission impérialiste » pour l’Espagne, conception plus apocryphe et mystique que réellement programmatique. Dans le discours politique de la dictature, ce concept vague mais souvent martelé, notamment dans les harangues adressées aux mouvements de jeunesse et devant les Cortes, fut abandonné dès la fin des années cinquante lorsque l’Espagne s’engagea dans une profonde réforme capitaliste impulsée par les ministres technocrates. Quels sont les fondements théoriques et les sources de cette notion d’« Empire » ? Pourquoi le régime franquiste eut-il à cœur de promouvoir ce concept qui fut progressivement perçu comme un ailleurs… avant de devenir un nulle part
La peinture hispano-américaine: Histoire et méthodologie par l'analyse de tableaux du XVIe siècle au XXIe siècle
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Le Madrid des originesou comment le mythe récrit l’Histoire
Contrairement à ses rivales des deux Castilles et du reste du Royaume, Madrid, devenu capitale de l’Espagne en 1561 par la volonté de Philippe II, ne jouissait d’aucune ancienneté prestigieuse attestée, pas même d’une véritable présence romaine. En fait Madrid est né à l’Histoire à la fin du IXe siècle sur décision de l’émir cordouan Mohammed Ier désireux d’établir un fortin sur le contrefort de la Meseta pour surveiller les mouvements des troupes chrétiennes dans leurs tentatives de reconquête. C’est dire si ces origines malencontreuses juraient avec l’affirmation de la Monarchie catholique chère à Philippe II et à ses successeurs de la Maison d’Autriche, bras armé de la chrétienté contre les protestants mais aussi contre les juifs et les musulmans. Qu’à cela ne tienne ! En revisitant et en manipulant des bribes d’Histoire et d’archéologie, les chroniqueurs du XVIIe siècle s’évertuèrent à forger des origines prestigieuses pour la capitale espagnole. Or, ce qui est le plus surprenant c’est que ce penchant pour le merveilleux et le mythe ne s’est pas éteint au Siècle des Lumières et que, çà et là, on en retrouve encore quelques traces dans la période récente
Martine Heredia, Tàpies, Saura, Millares. L’art informel en Espagne
International audienc