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Helvétius sous la loupe de Nietzsche
Nietzsche tient Helvétius pour un penseur radical des Lumières, contrairement à d’autres auteurs, qui dépendent, selon lui, de la pensée chrétienne médiévale. Si Helvétius fait figure d’exception, ce n’est pas seulement à cause de son matérialisme, qui lui avait attiré l’opposition des autorités d’Ancien Régime et des censeurs, ou à cause de son athéisme relatif, c’est plutôt en raison de sa conception du civisme et de la vertu, qui le tient à distance de la morale chrétienne et du platonisme. Helvétius a ouvert une nouvelle page de la pensée politique et Nietzsche s’en est inspiré pour sa théorie du philosophe comme législateur. L’accueil enthousiaste que Nietzsche réserve à la pensée d’Helvétius fait aussi suite à une période de réception critique en Allemagne. Cette réhabilitation est révélatrice des revirements de la réception des Lumières françaises dans le monde germanique et nous renseigne sur la possibilité ou l’impossibilité de rompre avec le Moyen Âge.Nietzsche considers Helvetius a radical Enlightenment thinker, unlike other authors who are reliant on medieval Christian thought. If Helvetius is an exception, it is not only because of his materialism, which aroused the opposition of Old Regime authorities and censors, or because of his atheism; it is rather because of his conception of citizenship and virtue, which keeps him at a distance from Christian morality and from Platonism. Helvetius opened a new page of political thought and Nietzsche was inspired by it for his theory of the philosopher as legislator. Moreover, Nietzsche's enthusiastic reception of Helvetius follows a period of critical reception in Germany. This rehabilitation reveals shifts in the Germanic world, and informs us about the possibility or impossibility of breaking with the Middle Ages
Wave Equation Numerical Resolution: a Comprehensive Mechanized Proof of a C Program
We formally prove correct a C program that implements a numerical scheme for
the resolution of the one-dimensional acoustic wave equation. Such an
implementation introduces errors at several levels: the numerical scheme
introduces method errors, and floating-point computations lead to round-off
errors. We annotate this C program to specify both method error and round-off
error. We use Frama-C to generate theorems that guarantee the soundness of the
code. We discharge these theorems using SMT solvers, Gappa, and Coq. This
involves a large Coq development to prove the adequacy of the C program to the
numerical scheme and to bound errors. To our knowledge, this is the first time
such a numerical analysis program is fully machine-checked.Comment: No. RR-7826 (2011
De la vertu antique aux vertus de l'avenir : la conception nietzschéenne des vertus, entre héritages et renouveau
For the free spirit who professes to think "beyond good and evil", does philosophical activity still have anything to do with what the Greeks called "virtue"? By presenting himself as the « first immoralist », Nietzsche gives us more than one reason to believe it doesn’t. However, numerous clues conspire to position Nietzsche in the spiritual lineage of the Greeks, who never separated philosophical activity from a search for moral excellence or « virtue ». Nietzsche wanted to rehabilitate the concept of virtue in the nineteenth century, because in his view, what makes moral discussion undecidable in modern days is the damning absence of a consensus on moral qualities. Restoring an aretaic perspective in morals will first require to denounce several representations of moral motivation. Nietzsche will indeed criticize all anthropologies that predetermine what the purpose of man is in terms of moral development, starting with the ancient ethics rooted in eudemonism, as well as modern morals built on duty or utility. In parallel with this critical work, the role of the philosopher will be tasked with redefining completely the prerequisites for the emergence of virtues as originated within the primordial realm of impulses. The question becomes how virtues can be acquired and exercised outside a conventional understanding of ethics. Through the prism of breeding as the process of strengthening character and sharpening the mind, Nietzsche will gradually redefine all virtues (courage, justice, magnanimity, humility, love, loneliness, probity, hardness, etc.). To understand the challenges of his double enterprise of both criticism and innovation, we will interrogate the history of philosophy, as Nietzsche dialogues with multiple moral theorists. We will also investigate cultural history to ponder the contribution of each historical stratum currently at the heart of European moral tradition. Finally, we will redefine philosophy as a way of life to show that Nietzsche is the first to engage in new experiences, with the virtues he inherits.Pour un esprit libre qui fait profession de penser « par-delà bien et mal », l’activité philosophique a-t-elle encore quelque chose à voir avec ce que les Grecs nommaient la « vertu »? Tout porte à croire que ce n’est pas le cas, si l’on se fie aux dires de Nietzsche, qui se présente comme le « premier immoraliste ». Pourtant, on peut rassembler de nombreux indices qui prouvent que Nietzsche se positionne dans la postérité des Grecs, qui ne séparaient jamais l’activité philosophique d’une recherche de la vertu. Nietzsche veut réhabiliter le concept de « vertu » au XIXème siècle, car à ses yeux, le caractère insoluble des débats moraux, dans la modernité, tient à l’absence d’un consensus, sur les qualités morales. Renouer avec une problématique arétique supposera d’abord de dénoncer différents modèles de la motivation morale. Nietzsche critiquera toutes les anthropologies qui prédéterminent la finalité de l’homme selon un perfectionnement moral, à commencer par les éthiques antiques fondées dans un eudémonisme, ainsi que les morales modernes, qui sont bâties sur le devoir, ou sur la recherche de l’utilité. Parallèlement à ce travail critique, le rôle du philosophe sera de redéfinir intégralement les conditions d’émergence des vertus à partir de l’univers primordial des pulsions. Il s’agira de questionner les modalités d’acquisition et d’exercice des vertus, en dehors de l’éthique traditionnellement comprise. Adoptant la perspective de l’élevage dans le but de renforcer le caractère et aussi d’aiguiser l’esprit, Nietzsche va progressivement réinventer toutes les vertus (courage, justice, magnanimité, humilité, amour, solitude, probité, dureté, etc.). Pour ressaisir les enjeux de ce double geste de critique et de création, nous pratiquerons l’histoire de la philosophie, car Nietzsche dialogue avec de nombreux théoriciens des vertus. Mais nous pratiquerons aussi l’histoire culturelle, pour mesurer les apports de chaque strate historique, au cœur de la tradition morale européenne. Et enfin nous procéderons à une redéfinition de la philosophie comme manière de vivre pour montrer que Nietzsche est le premier à se livrer à des expériences nouvelles, avec les vertus dont il hérite.(FILO - Philosophie) -- UCL, 202
La critique de la culture chez Michel Henry. Une postérité nietzschéenne ?
Cet article montre que Michel Henry se réapproprie la problématique nietzschéenne du nihilisme. L’axiologie phénoménologique de Husserl et Scheler laisse ainsi la place à un questionnement renouvelé sur les valeurs, en dehors de l’éthique, sur le terrain plus fondamental de la culture
Nietzsche et la transition des Lumières
Il semble difficile de décider si Nietzsche doit être identifié comme un penseur des Lumières, ou des anti-Lumières, tant il apparaît possible de « tirer » sa philosophie vers chacun de ces deux bords, et différents commentateurs ont tenté de jouer la carte de l’une ou de l’autre de ces deux possibilité. Cet article tente de reconstituer fidèlement le positionnement nietzschéen, en montrant que les Lumières historiques constituent seulement une transition vers un projet de réactualisation des Lumières que Nietzsche nomme les "Nouvelles Lumières"
Recension du livre d'Andreas Urs Sommer. Kommentar zu Nietzsches Der Fall Wagner, Götzen- Dämmerung
Andreas Urs Somm er. Kommentar zu Nietzsches Der Fall Wagner, Götzen-Dämmerung (Historischer und kritischer Kommentar zu Friedrich Nietzsches Werken,6, 1). Un vol. de xvi-698 p. Berlin, Boston, De Gruyter, 2012. Prix : 69,95 €. ISBN 978-3-11-028683-0 (hbk) ; 978-3-11-028688-5 (pdf
Recension du livre de Jochen Schmidt & Sebastian Kaufmann. Kommentar zu Nietzsches Morgenröthe [J. Schmidt]/ Kommentar zu Nietzsches Idyllen aus Messina [S. Kaufmann]
Jochen Schmidt – Sebastian Kaufmann. Kommentar zu Nietzsches Morgenröthe [J. Schmidt]. Kommentar zu Nietzsches Idyllen aus Messina [S. Kaufmann](Historischer und kritischer Kommentar zu Friedrich Nietzsches Werken, 3, 1). Un vol. de xiv-611 p. Berlin, Boston, De Gruyter, 2015. Prix : 69,95 €. ISBN 978-3-11-029303-6 (hbk) ; 978-3-11-029327-2 (pdf) ; 978-3-11-038889-3 (e-book)
Nous, Européens d'après-demain. L'idée d'Europe et la philosophie de l'avenir selon Nietzsche.
Je montre que le tournant de la modernité vers l’époque contemporaine s’effectue suite à la désillusion des Lumières européennes et à l’avènement d’une nouvelle pensée de l’histoire, que l’on dira « post-hégélienne » ou « tragique ». Mais Nietzsche va s'intéresser aux Européens d’après-demain et il développe une philosophie de l’avenir. Je m’attache alors à retracer la mutation dans la conception de la « civilisation » et de l’histoire culturelle, depuis le siècle des Lumière jusqu’à Nietzsche. Cela m’amène à aborder les « philosophies du progrès » caractéristiques des Lumières, avant de me pencher sur les figures du pessimisme historique dans un cadre germanique (Léopold von Ranke, Jacob Burckhardt). Je me demande comment la « théorie des cycles culturels » qui trouve sa source chez Hegel, est réinterprétée chez les penseurs étiquetés comme « philosophes de la décadence ». Je montre que si Nietzsche fut parfois lu ainsi, il se singularise, car il ne souscrit pas au pessimisme historique. En d’autres termes, Nietzsche est un philosophe qui n’adhère pas à la théorie du progrès des Lumières, mais qui propose une « philosophie de l’avenir » de l'Europ
L'imitation des Grecs chez le jeune Nietzsche. De l'esthétique à la culture, une transposition de la mimèsis ?
Cet article se propose de montrer que le jeune Nietzsche s'appuie sur la pédagogie imitative des classiques allemands pour transposer le modèle des Grecs depuis l'esthétique vers la culture
Visages de la pensée ibérique
Sous l’expression de « pensée ibérique », on doit comprendre plusieurs visages, l’hispanique, le lusitanien ainsi que le latino-américain. Remontant à l’âge médiéval et formant une grande tradition, cette pensée reste pourtant insuffisamment connue, voire négligée par les milieux universitaires. Elle a donc suscité peu de travaux de recherche ou de réflexion d’ordre philosophique. Le présent numéro de L’Art du Comprendre entreprend d’éclairer l’univers philosophique ibérique, sans pour autant prétendre en fournir une quelconque somme ou en présenter une vision exhaustive. Il s’est plutôt agi, à travers quelques auteurs importants, anciens ou contemporains, de faire ressortir des problématiques transversales ou des spécificités. Résistant le plus souvent aux visées théoriques et abstraites de la tradition académique occidentale, la philosophie ibérique traite d’abord de la situation de l’homme dans le monde. Imprégnée d’héritages religieux, ou dans une tension créatrice avec ceux-ci, elle parle d’un sujet aux prises avec l’existence, ses chemins, ses aspirations ou ses illusions. Du coup, entre – tenant une certaine distance avec la modernité abstraite, elle aurait du mal à faire siennes les questions de notre mondialité technique et sociale. Sans doute est-ce là le prix que la pensée ibérique doit payer pour être restée liée et fidèle à l’humanisme des Lettres. Avec, entre autres, Lulle, Vives, Cervantès, Unamuno, ou des poètes comme Machado, Pessoa, Zambrano, etc., la pensée ibérique s’est, en effet, nourrie de la chair des mots, de l’énigme des signes, pour concevoir les rapports de l’homme au monde, à autrui et à soi-même. Elle a alors osé la lecture d’un réel ébranlé par les forces de l’imaginaire; l’immortel Quichotte en porte la figure emblématique. L’orientation générale de cette pensée formerait ainsi un univers singulier où l’épreuve vitale de l’existence, une spiritualité concrète, la poésie de l’âme et les enjeux passionnés du monde travailleraient à rejoindre et soutenir le génie créateur des caractères et des peuples