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L'avenir du passé Yéniche: témoignages de personnes touchées par l'œuvre des enfants de la Grand-Route
Etre nomade parmi les sédentaires a valu aux Yéniches et, plus globalement, aux «Tsiganes», de nombreuses pratiques discriminatoires et racistes. Ce document a pour objet un volet intérieur de la «politique tsigane» menée par la Suisse. Alors que ses frontières seront fermées aux Roms, Sintis et autres groupes nomades étrangers jusqu’en 1972 – malgré le péril que représentait un renvoi vers l’Allemagne nazie –, la Suisse choisit la sédentarisation forcée pour ses «Tsiganes». Elle procède, entre 1926 et 1973, au retrait systématique d’enfants yéniches à leurs parents et à leur mise sous tutelle. Les services sociaux ainsi que les organes de tutelles sont impliqués dans cette action connue sous le nom d’Oeuvre des Enfants de la Grand-Route. Sorte d’antithèse de leurs concitoyens sédentaires, les Yéniches ont été une cible de choix de la politique d’assistance de l’époque. Quel est l’impact de cette action aujourd’hui ? Comment ont-ils «géré» ce vécu ? Comment se définissent-ils à présent et de quelle manière ontils construit leur propre rapport à l’histoire ? Quel regard portent-ils sur les institutions sociales ? Telles sont les questions qui ont orienté ce travail. Ce document a la particularité de compléter l’histoire traditionnelle en alliant sources écrites et orales. Il restitue, par extraits, le précieux témoignage de personnes touchées par l’Oeuvre des Enfants de la Grand-Route. Ces récits apportent des renseignements sur leurs ressentis et leurs représentations. Ils viennent également nourrir diverses thématiques comme celle du fragile équilibre entre intégrité et intégration. Si cette étude s’intéresse aux faits de l’histoire en matière d’exclusion et de racisme, elle n’en demeure pas moins un document d’actualité. D’une part, le doublet méfiance et crainte marque toujours les relations entre sédentaires et voyageurs. D’autre part, ladite étude s’efforce de comprendre par quel mécanisme on a pu considérer les Yéniches comme une exception à l’égalité promise. L’espoir qui anime cette démarche est qu’elle pourra concourir à davantage d’ouverture envers cet Autre, nomade ou sédentaire, qui sert de cible au racisme ou aux préjugés. Enfin, ce document contient quelques propositions pour que le travailleur social ne soit plus jamais associé à un ennemi redoutable par les Yéniches
Communication invitée du thème « Entre vivants et morts : regards croisés sur une frontière relative et fluctuante » - Au cœur de la mort : passage de vie à trépas et engagement ethnographique
Dès les fondements de la discipline anthropologique, le thème de la mort n’a cessé de nourrir une abondante littérature qui met en perspective les façons dont les collectivités construisent les frontières entre le monde des vivants et le monde des morts ; dont elles définissent des intervalles entre ces mondes ou désignent des lieux réservés aux défunts. Rares pourtant sont les recherches empiriques qui décrivent et analysent, sur la base d’observations directes de première main, le passage d..
Entre psychologie des rites et anthropologie de la perte
Certaines approches disciplinaires – psychologie, psychanalyse, anthropologie – se croisent parfois lorsqu’il s’agit de formuler une réflexion théorique sur le deuil et la mort. Les anthropologues ne centrent plus uniquement leurs interprétations sur les rites funéraires ou les obligations culturelles du deuil, mais s’intéressent également au sens de la perte ; les psy- quant à eux ne se bornent pas toujours à la seule étude des mécanismes intrapsychiques et accordent une place importante aux rites et usages sociaux, régulièrement perçus comme la meilleure façon de canaliser la détresse et le chagrin des proches juste après un décès. Se basant sur une recherche en cours relative à des situations de deuil au travail dans diverses moyennes et grandes entreprises, cet article revient sur quelques-uns de ces croisements disciplinaires et s’interroge sur la façon de penser le deuil là où s’exerce une activité professionnelle.Some disciplines – psychology, psychoanalysis, anthropology – cut each other at times when it comes to formulate a theoretical reflection on bereavement and death. Anthropologists do not center anymore their interpretations on funerary rituals and mourning obligations exclusively ; they also get interested into the sense of loss. As for them, psy- are not always limited to studying intra-psychic processes and give to the rituals and social customs a central importance ; these are regularly perceived as the best way to canalize someone’s distress and sorrow right after death. Based on an ongoing research into death at the workplace within medium-sized and big companies, this article goes back over some of these theoretical crossings and looks at the way of thinking about bereavement in situations of employment
Imagining terminality: anticipations of suicide with assistance in Switzerland
This article explores how people who solicit assistance in dying imagine and anticipate their own terminality. Its objective consists in describing and interpreting the fact that these individuals go beyond their medical condition when commenting on such a request and on their engagement in this process. Based on an ongoing ethnographic inquiry funded by the Swiss Science Foundation and carried out in Switzerland, where assistance with suicide is permitted within a unique legal framework, the article shows the importance of taking into consideration the role that affective and imaginative internalized contents – imagination, broadly conceived – play in the realization of assisted suicide. These contents are key to appreciating a decision to request to die with assistance as well as its justifications
Ethnographie du suicide assisté en Suisse
Bien que le suicide assisté reste en Suisse un phénomène social minoritaire, il suscite des débats passionnés réactualisant cette vieille interrogation: est-ce que la vie vaut la peine d’être vécue ? Et dans quelles circonstances
Les associations d'immigrés extra-européens en Valais romand: quelle intégration?
Le présent travail consiste à comprendre en quoi les associations de migrants extra-européens du Valais romand encouragent l’intégration des personnes migrantes dans la société d’accueil. L’intégration est conçue ici comme dépendante de l’accès à la participation citoyenne et à la reconnaissance. L’intuition de départ étant que la constitution de groupes et d’associations autonomes partant de l’initiative de personnes migrantes favorise l’intégration par des pratiques de solidarités, la création de liens et par la possibilité de faire valoir des droits et d’obtenir une reconnaissance. D’après l’exploration de terrain, il existe actuellement dans le Valais francophone quinze associations d’immigrés extra-européens. Sept d’entre elles ont étérencontrées. Les résultats de ce travail montre que les associations rencontrées favorisent l’intégration car elles entretiennent des réseaux composés de nombreux liens avec l’Etat et le tiers secteur de la société d’accueil et permettent la création depratiques de solidarités entre migrants
Le paysage relationnel du deuil
Le deuil est trop souvent considéré comme la seule réponse d’un individu au décès d’une personne proche. Il est appréhendé comme un processus plus ou moins long qui se laisse décrire par une série d’étapes, de phases ou de passages susceptibles de rendre la transition du deuil effective. Cet article invite à sortir de cette lecture égocentrée du deuil. Il s’intéresse, d’une part, à la façon dont le deuil est vécu au travail lorsqu’une personne reprend son activité professionnelle après le décès d’un proche et à la façon dont les travailleurs sociaux peuvent ou non se considérer en deuil face à la mort d’individus qu’ils accompagnent d’autre part. Cet article montre que le deuil est avant tout façonné par une succession de moments et de circonstances d’intensité émotionnelle et affective, variable selon les contextes sociaux et les interactions entre individus plus ou moins concernés par le décès de quelqu’un.Grief is too often considered as the sole response of an individual to the loss of a loved one. It is perceived as a more or less prolonged process that can be described through a series of stages or phases enabling the passage of grief. This article puts into question this egocentric conception of grief. On the one hand, it is based on how grief is experienced at the workplace when a person goes back to work after the loss of a loved one. On the other hand it explores how social workers consider themselves as being in grief, or not, after the death of individuals whom they support. This article shows that grief is shaped above all by a succession of moments and circumstances of emotional and affective intensity that varies according to social contexts and interactions between individuals more or less concerned with somebody’s death
Au cœur de la mort ::faire science avec les défunts
Dès les fondements de la discipline anthropologique, le thème de la mort n’a cessé de nourrir une abondante littérature qui met en perspective les façons dont les collectivités construisent les limites entre les vivants et les morts ; dont elles définissent des intervalles entre ces deux catégories tout en désignant des lieux réservés aux défunts. Dans un premier temps, ce texte retrace la façon dont ces limites et leurs transgressions ont été appréhendées par les anthropologues culturels et sociaux. Il évoque ensuite un possible infléchissement dans la manière de saisir ces aspects en prenant appui, d’une part, sur la notion d’immortalisme technoscientifique et sur l’émergence de certaines pratiques funéraires écologiques ; il situe, d’autre part, l’intérêt méthodologique d’être présent pour un motif de recherche lors d’un passage de vie à trépas, en l’occurrence lors d’un suicide assisté, pour documenter l’établissement de cette limite. Par ces deux illustrations, l’objectif est de mettre en perspective les questionnements des anthropologues culturels et sociaux avec ceux que sont susceptibles de rencontrer les bio-anthropologues et l’archéologie funéraire pour interpréter le rapport entre vivants et morts au fil de l’histoire.Ever since the founding of anthropology as a discipline, the theme of death has nourished an abundant literature that puts into perspective the ways in which communities construct boundaries between the living and the dead: how they define intervals between the two categories while designating places reserved for the deceased. In this text, we first discuss how these boundaries and their transgressions have been considered by cultural and social anthropologists. We then suggest that a shift has occurred in perspectives on these aspects, through a commentary on the notion of techno-scientific immortalism and the emergence of certain ecological funeral practices. In parallel, we show the methodological importance of being present at the time of a passage from life to death, in this case at the time of an assisted suicide, in order to document how this boundary between life and death is established. Through these two illustrations, the aim is to bring the questions raised by cultural and social anthropologists into perspective with questions liable to be encountered by biological anthropologists and funerary archaeology when interpreting the relationship between the living and the dead over historical time
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