Écriture et transmission des savoirs de l’Antiquité à nos jours

Pendant longtemps, la transmission des savoirs s’est faite directement, du maître à l’élève, de l’artisan à l’apprenti, par un enseignement oral que venait compléter la démonstration des gestes de la pratique. L’apparition de l’écriture, et plus encore la diffusion de la literacy ont fait que des méthodes de transmission indirectes ont pu se faire jour et que l’acquisition d’un savoir, quel qu’il soit, a pu se faire sans contact immédiat avec le détenteur de ce savoir, mais par le truchement d’un livre ou d’une autre forme d’écrit. Il s’est ensuivi une capacité de diffusion des savoirs quasiment illimitée, des plus techniques et spécialisés aux plus abstraits et généralistes. C’est cette explosion de la transmission des savoirs que les vingt auteurs des contributions ici réunies ont cherché à explorer en mettant en lumière différentes facettes, à travers une série d’exemples, allant de l’Antiquité à l’époque contemporaine. Le Congrès national des sociétés historiques et scientifiques rassemble chaque année universitaires, membres de sociétés savantes et jeunes chercheurs. Ce recueil est issu de travaux présentés lors du 143e Congrès sur le thème « La transmission des savoirs »

Le bassin de Longwy et son paysage : de l’industrie sidérurgique à « la civilisation du loisir », une mue difficile ?

L’article vise à interroger la reconfiguration de l’espace urbain marqué par l’industrie sidérurgique au XXe siècle, dans le bassin de Longwy en Meurthe-et-Moselle. Ce dernier passe d’une époque industrielle, entièrement dédiée à l’industrie du fer à une prépondérance des activités tertiaires, notamment touristiques et artistiques, non sans mal d’ailleurs. Dès 1978, le démantèlement de la sidérurgie voulu par les pouvoirs publics inflige de grandes blessures dans le territoire et l’emploi longoviciens. Durant un moment, les friches industrielles témoignent des meurtrissures. Aujourd’hui, malgré quelques vestiges, Longwy n’a pas pris l’option muséographique de Völklingen en Allemagne. La ville, qui dispose d’une source, sans être devenue thermale, voit ses remparts fortifiés par Vauban, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008. Longwy produit également des émaux d’art. Sur les anciens sites des usines sidérurgiques se bâtissent différents immeubles d’habitation, au milieu d’une nature qui reprend ses droits de manière exubérante. Des projets d’aménagement urbain, touristique et culturel sont également à l’étude.Batard Annick. Le bassin de Longwy et son paysage : de l’industrie sidérurgique à « la civilisation du loisir », une mue difficile ?. In: Ordonner les lieux et les hommes. Actes du 135e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Paysages », Neuchâtel, 2010. Paris : Editions du CTHS, 2015. pp. 7-16. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 135-16

Les héros du multimédia, entre mythe du surhomme et homme « comme tout le monde »

L’article interroge quelques héros qui se dégagent de la production de nouveaux produits culturels multimédias que sont les CD-Rom et les jeux vidéo dans l’espace public médiatique culturel. S’appuyant sur les analyses de Paul Ricœur concernant la réalité et la fiction des récits, la question porte sur les héros de l’histoire adaptés par le multimédia édité, puis ceux créés par la fiction, leur dimension individuelle ou collective, de surhomme ou, à l’inverse, d’homme « comme tout le monde ». Quelques personnages multimédias sont étudiés, tels Lara Croft, Mario, ou les Sims, ainsi que la figure du soldat. La dernière partie interroge la possibilité de circulation d’un média à l’autre, appelée ici « intermédialité », et cette dernière ne participe pas à l’inscription de ces héros dans la sphère publique médiatique.Batard Annick. Les héros du multimédia, entre mythe du surhomme et homme « comme tout le monde ». In: Usages savants et partisans des biographies, de l’Antiquité au XXIe siècle. Actes du 134e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Célèbres ou obscurs : hommes et femmes dans leurs territoires et leur histoire », Bordeaux, 2009. Paris : Editions du CTHS, 2011. pp. 147-154. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 134-4

Le portrait journalistique : entre approfondissement et anecdote

Notre article interroge les portraits publiés dans les journaux de la presse généraliste, comme Le Figaro, Libération et Le Monde. Après avoir rappelé la filiation avec la littérature et la peinture, nous observons que le journal Libération, qui met en place une rubrique spécifique dédiée au portrait dès 1994, fait largement école depuis. Le portrait est un genre journalistique codifié, souvent apprécié des lecteurs. Il se caractérise par la description mais aussi le reportage, ainsi que par le respect de la vie privée mais aussi parfois la découverte d’anecdotes, voire d’indiscrétions. De plus, le portrait écrit est généralement accompagné d’une ou de plusieurs photographies. La rubrique « Portrait » stricto sensu n’est pas la seule occasion de dresser des portraits de gens divers, même la rubrique « Nécrologie » peut le faire, à tel point qu’il serait presque possible de parler d’omniprésence des portraits dans la presse écrite. Si la pratique diffère légèrement d’un journal à l’autre, un certain respect du genre domine. Notre troisième partie s’interroge sur ce que signifie cette multiplication des portraits et constate un mouvement de tendances contraires, l’un à l’anecdote et l’autre à l’approfondissement. L’anecdote réside dans le côté futile de divulgation d’indiscrétions dans un certain esprit de « peoplisation ». De l’autre côté, l’approfondissement s’exerce soit en donnant davantage de précisions sur des personnes célèbres, soit, au contraire, en accordant la parole à tous, y compris des inconnus, par le biais du portrait.Batard Annick. Le portrait journalistique : entre approfondissement et anecdote. In: Le portrait : formes, catégories et fonction d’un genre. Actes du 132e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Images et imagerie », Arles, 2007. Paris : Editions du CTHS, 2010. pp. 39-49. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 132-6

Les images des images : une mise en abyme témoignant d’une multiplication ou au contraire d’une reprise des images ?

Après avoir insisté sur la place de plus en plus grande accordée au visuel dans la presse écrite généraliste, même dans un journal réputé iconophobe comme Le Monde, notre article interroge la manière de pratiquer l’illustration des critiques de produits culturels et constate une similitude entre la manière de procéder de la critique littéraire et celle des nouveaux produits culturels. Notre seconde partie aborde l’usage de critères déjà utilisés par la critique cinématographique, mais aussi de nouveaux critères forgés pour la critique des cédéroms ou des jeux vidéo, et constate qu’il est possible parler de création de nouvelles images fixes ou animées, mais aussi de nouveaux critères. Notre troisième partie examine les différents cas de figures dans lesquelles les illustrations de la presse écrite ne sont que des reprises des mêmes images : images déjà connues, même sujet pour des titres multimédias différents, même illustration d’un journal à l’autre, reprise des photos du dossier de presse. Notre conclusion est donc nuancée, avec le constat de créations de nouvelles images numériques d’un côté, mais aussi d’une large reprise des mêmes images de l’autre, qu’elles soient sur informatique ou sur papier.Batard Annick. Les images des images : une mise en abyme témoignant d’une multiplication ou au contraire d’une reprise des images ?. In: Images militantes, images de propagande. Actes du 132e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Images et imagerie », Arles, 2007. Paris : Editions du CTHS, 2010. pp. 337-345. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 132-7

Le cédérom et sa critique journalistique

Le cédérom est aujourd'hui un objet doté d'une certaine banalité, vendu en librairie comme en supermarché. Pourtant, la transformation d'un simple support de mémoire en produit culturel a nécessité une construction compiexe, dans laquelle la presse traditionnelle a joué un rôle clef. Annick Bâtard éclaire la nature et les enjeux de ce processus, en situant dans le contexte de l'économie des industries culturelles la naissance de formes nouvelles d'une activité très ancienne, la critique littéraire et artistique.Batard Annick. Le cédérom et sa critique journalistique. In: Communication et langages, n°128, 2ème trimestre 2001. Dossier : Les T.I.C., objets de valeur. pp. 35-49

La nourriture dans la presse généraliste et la littérature françaises contemporaines entre plaisir et déplaisir…

L’article questionne l’imaginaire de la nourriture dans les discours de la presse écrite généraliste et de la littérature françaises contemporaines. Deux catégories, quasiment opposées, organisent ces discours, celle du plaisir de la bonne chère, face au déplaisir, aux inquiétudes, voire aux crises et scandales alimentaires. Après avoir rappelé que l’évocation de la gastronomie est une tradition ancienne, mais toujours bien présente dans la presse et la littérature contemporaine, à tel point qu’une collection (« Exquis d’écrivain » chez Nil éditions) lui a été dédiée durant quelques années, la seconde grande partie aborde la question des dégoûts, propres à l’idiosyncrasie de chacun, à la perte de goût ou de saveur de certains légumes comme la tomate par exemple. Enfin, la partie se clôt sur les crises et enjeux de l’alimentation, avec le scandale de la viande de cheval vendue pour du bœuf et la nécessité de penser à l’accès à une nourriture équilibrée pour tous les habitants du monde.Batard Annick. La nourriture dans la presse généraliste et la littérature françaises contemporaines entre plaisir et déplaisir…. In: Des mets et des mots. Actes du 138e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Se nourrir : pratiques et stratégies alimentaires », Rennes, 2013. Paris : Editions du CTHS, 2014. pp. 7-16. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 138-1

L’imaginaire multimédia des villes : entre réalisme et poétique

La communication interroge l’imaginaire de la ville dans les jeux vidéo critiqués par la presse écrite généraliste française. Le souci de réalisme adopté par les éditeurs de logiciels se développe au fil des possibilités techniques. Ainsi, la série de jeux Sim City consiste-t-elle à simuler la création d’une ville. Elle donne également lieu à des jeux spécifiques consistant à faire vivre les personnages (Les Sims). La série des Grand Theft Auto, jeux de courses de voitures, s’appuie sur une modélisation de la ville. Ces différents types de jeux vidéo oscillent entre inspiration de la réalité, esthétique de la banalité heureuse et poétique de la ville, sombre et angoissante. Les logiciels de modélisation, notamment ceux de Google, ne questionnent-ils pas une certaine forme de convergence dans ce recours à la modélisation, tant en matière de réalité que de fictions ? Ne faudrait-il pas aussi interroger les limites de ces représentations imaginaires, fortement dépendantes de la modélisation préalable de la réalité ?Batard Annick. L’imaginaire multimédia des villes : entre réalisme et poétique. In: Représenter la ville : entre cartographie et imaginaire. Actes du 137e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Composition(s) urbaine(s) », Tours, 2012. Paris : Editions du CTHS, 2013. pp. 124-131. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 137-4

Simuler ou faire la guerre virtuelle ne signifie pas pour autant faire la paix

« Tous les garçons jouent à la guerre et aux soldats » (La guerre, PUF, 1953 : 7), écrit Gaston Bouthoul, en indiquant qu’il convient de lutter contre les clichés et de faire une polémologie de la guerre. La définition qu’il propose est la suivante : « la guerre est une lutte armée et sanglante entre groupements organisés. » (ibid. : 33) Pourtant, ce qui nous intéresse ici réside plutôt dans la guerre envisagée sous son aspect ludique : jouer à la guerre. Cet article s’intéresse aux évocations de la guerre dans les jeux vidéo critiqués dans la presse contemporaine généraliste française. Nous observons que les jeux de guerre y sont populaires, tant auprès des jeunes que des adultes. Quelles sont les images qui circulent à propos de ces jeux vidéo guerriers ? Y a-t-il des figures plus particulières qui ressortent de ces images ? Comment interviennent les questions de paix, corollaire de la guerre, dans les jeux vidéo 

La critique journalistique des cédéroms "culturels", entre promotion commerciale et invention d'un genre

Dans la perspective de la théorie des Industries Culturelles, notre thèse examine comment et dans quelle mesure la presse écrite a contribué au processus de légitimation du cédérom comme produit culturel, par le biais d'une critique spécifique. Nous montrons que celle-ci commence à l'hiver 1994-1995 et se développe sous cette forme jusqu'à 1999-2000 environ. Notre recherche établit également que cette critique participe à la légitimation culturelle d'un secteur industriel à la recherche de sa valorisation symbolique, favorisant de ce fait, l'extension des stratégies marchandes dans le domaine de la culture et de l'éducation. Malgré des tentatives d'instrumentalisation de la critique, il ne faudrait pas voir dans cette dernière un simple outil au service des stratégies promotionnelles. En réalité, un genre de critique spécifique se met en place, celle des cédéroms, pour partie inspirée des critiques journalistiques plus anciennes comme la critique littéraire ou cinématographique. Aussi cette critique favorise-t-elle la constitution d'une certaine forme d'espace public "d'amateurs ", autour d'un nouveau type de produit culturel, proposant des contenus culturels, mais aussi éducatifs et ludiques, alliant titres artistiques, scientifiques ou pratiques. En en rendant compte, la critique journalistique élabore et popularise de nouvelles normes critiques, comme l'hypertexte, la navigation, l'interactivité, l'interface...and in what way, the written press contributes to the process of legitimization of the CD-ROM, with a precise criticism, which began in winter 1994-1995 and continues until around Our thesis, which examines the subject with the Cultural Industry approach, considers how 1999-2000. Our research shows how this criticism participates in the cultural legitimization of a cultural industrial sector. The latter seeks to have a symbolic increased value, which assists the spread of commercial strategies in the cultural and educational sectors. Despite instrumentalized attemps concerning the criticism, it would be excesive to see in that criticism only a simple tool. There is also a specific gender of criticism, that of the CD-ROM, in the inspiration of traditional criticism, like literary or cinema criticism, which encourage the creation of a certain type of a public space, such as the " amateur " one, around a new type of cultural product, with contents regarding culture, education and games. Such titles are also artistic, scientific or pratical. It is these elements which the journalistic criticism choose to analyse and to distinguish, elaborating new critical norms such as hyptertexte, surfing, interactivity, interface...LILLE3-Bib. INFOCOM Roubaix (595122202) / SudocPARIS13-BU Droit-Lettres (930792101) / SudocSudocFranceF