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Fluctuat nec mergitur, les hésitations du cardinal de Noailles
As Archbishop of Paris from 1695 to 1729, Cardinal de Noailles was at the heart of the great debates that pitted the different tendencies within the Roman Catholic Church against each other. Although his own mindset did not allow him to be a figure who could promote interreligious dialogue, the Archbishop of Paris emblematises the debate that took place around him which, whether he liked it or not, allowed for the free expression of different positions. Towards both the Protestants, whom he wanted to convert through kindness and the strength of his faith, and the Pietists, whom he vigorously opposed, the cardinal sought to be conciliatory, always preferring gentleness to coercion. In the Jansenist quarrel, he found himself at the centre of discussions, being consulted by those who rejected the Unigenitus Bull as well as by those who accepted it. This thus led to an exchange about doctrine, the goal of which was to show the error of the enemy’s position and the truth of his own.Comme archevêque de Paris de 1695 à 1729, le cardinal de Noailles a été au cœur des grands débats qui ont agité les différentes tendances du catholicisme. Sans être une figure du dialogue interreligieux, son univers mental ne le lui permettant pas, Mgr de Noailles cristallise autour de lui les débats et bon gré, mal gré, fait discuter les tenants des différentes positions. Des Protestants qu’il souhaite convertir par la douceur et la force de sa foi, aux piétistes qu’il combat vigoureusement, le cardinal se veut conciliant préférant toujours la douceur à la force. Lors de la querelle janséniste, on le retrouve au centre des enjeux et l’objet de toutes les attentions de ceux qui refusent la bulle Unigenitus comme de ceux qui l’acceptent. Commence dès lors un échange doctrinal, souvent houleux, dont le but est de montrer l’erreur des ennemis et la véracité de sa position
Remarques sur le gallicanisme de Bossuet
Cinthia Meli, « Le Sermon sur l’unité de l’Église de Bossuet et son interprétation », Revue d’histoire de l’Église de France, t. 100 (2014), p. 319-332.  Auteur d’une thèse de littérature intitulée Le Livre et la Chaire. Les pratiques d’écriture et de publication de Bossuet publiée en 2014, Cinthia Meli est une spécialiste reconnue de l’œuvre de Bossuet. Le présent article propose une analyse de la théologie de l’Aigle de Meaux. L’objet de ses réflexions est le célèbre Sermon sur l’unité de l..
Roma autem locuta : the bishops of France faced with Unigenitus : ecclesiology, pastoral matters and politics in the first half of the 18th century
Le début du XVIIIe siècle est marqué par l’arrivée de la bulle Unigenitus dans le royaume de France. Les évêques sont chargés de recevoir ce décret romain tout en protégeant au maximum les libertés de l’Église gallicane. Comment l’épiscopat a-t-il réagi aux bouleversements introduits par cette Constitution? Formés à l’école de la modération, les prélats sont gallicans et obéissent aux désirs du roi sans réserve, car leur carrière dépend de la bonne volonté du monarque. Sièges épiscopaux, promotions, cardinalat tout est soumis à ses décisions. La Bulle pose de nombreux problèmes ecclésiologiques en voulant imposer l’infaillibilité pontificale. Les évêques de France se révèlent alors profondément gallicans et partisans de la modération. Protecteurs de leurs prérogatives, ils souhaitent se tenir éloignés autant des nouveautés romaines que des excès richéristes. Dans la gestion des diocèses, ils sont les tenants d’un rigorisme pénitentiel qui se marque par une défense de la contrition et l’éloignement du laxisme sacramentel en matière de communion. Ils sont aussi partisans d’une clarification de la liturgie pour rendre le culte compréhensible aux fidèles. Cependant, toutes les décisions pastorales doivent être prises avec mesure et sans jamais contredire les choix du roi et de son gouvernement. Même si Rome a parlé, la cause n’est pas finie. La controverse s’étire durant près de cinquante ans. L’épiscopat de France est rigoriste, gallican et composé d’hommes alliant des qualités intellectuelles et administratives remarquables. La bulle Unigenitus a donc permis l’émergence d’une réflexion sur le rôle de l’évêque dans l’Église. Les révolutionnaires de 1789 s’en souviendront.The advent of the Unigenitus bull into the kingdom of France marked the outset of the 18th century. Bishops were in charge of enforcing this Roman decree while protecting a maximum of liberties for the Gallican Church at the same time. How did the episcopate react in front of the upheaval brought by this new Constitution? Schooled in moderation, the prelates were Gallican so they unreservedly complied with the king’s wishes, since their careers depended on the Monarch’s good will. Sees, promotions, cardinalships, everything was hung on his decisions. The Bull raised numerous ecclesiological difficulties as it laid down the rule of papal infallibility. On this occasion, the bishops of France revealed their deeply Gallican and moderate characters. In order to protect their prerogatives they wished to keep as much away from Roman novelties as from Richerist excesses. To direct their dioceses they favoured a penitential rigour that was characterised by the defense of contrition and a distance from sacramental laxity in the Holy Communion. They also stood for liturgical clarification to make worship more understandable to their congregations. Yet every pastoral decision had to be carefully measured so that it would never conflict with the choice of the King and his government. Even though Rome had spoken, the case was not closed. The controversy was carried on for about fifty years. The French episcopate was Gallican and composed of men who united remarkable intellectual and administrative abilities. Thus the Unigenitus bull provided an opportunity to question the part played by bishops in the Church. The 1789 revolutionists would remember that
Dubois et la politique religieuse du Régent. Modération, pacification et ambition
Andurand Olivier. Dubois et la politique religieuse du Régent. Modération, pacification et ambition. In: Cahiers Saint Simon, n°46, 2018. Le Cardinal Dubois- Journée d’études du samedi 10 mars 2018. pp. 49-66
L’exercice du magistère épiscopal à l’heure de l’Unigenitus : questions d’ecclésiologie gallican
When the Bull Unigenitus arrived in France, the bishops, as first pastors of the Church, ranked among the main agents of the theological controversy over the Constitution. In his decree of 1695, Louis XIV comforted their pre-eminence by strengthening their power of jurisdiction. The charge they were then bestowed upon entailed an important teaching dimension. According to medieval theology, they were pastors, doctors and judges of the faith. The successor of St. Peter, endowed with the same nature, could not claim more than a mere honorary primacy over the episcopal college. The goal of this paper is to question how the teaching authority of bishops evolved during the controversy over Unigenitus that shook the Church of France during the first half of the 18th century
La Grande Affaire
Ce fut bien une grande affaire que la réception de la bulle Unigenitus, et s’attacher aux positions et réactions des évêques français en ces circonstances constitue un point de vue original qui s’intéresse à des personnalités maltraitées par l’historiographie traditionnelle. Ces prélats sont incontestablement de bons administrateurs en ce temps de troubles. Ils sont essentiellement rigoristes, gallicans et prudents pour la plupart, même si les Nouvelles ecclésiastiques viennent donner un relief particulier aux idées extrêmes de quelques-uns. Le jansénisme et la Bulle ne sont plus qu’un prétexte à une réflexion sur les rapports entre l’Église et l’État. Faut-il accepter la Constitution parce que le roi le veut ou la refuser pour protéger les libertés gallicanes mises en cause par Rome ? C’est tout le paradoxe d’un épisode riche d’ambiguïtés et de contradictions, aux enjeux théologico-politiques d’une terrible complexité. Ces pages invitent à une relecture de la grande querelle qui a bouleversé l’Église de France dans la première moitié du xviiie siècle. Elles se proposent de guider le lecteur dans les inextricables débats qui ont agité le clergé et la monarchie lors de la réception de la constitution de Clément XI ; puis d’aborder les conséquences pastorales de l’Unigenitus dans les diocèses et dans les ouvrages forgés par les curies épiscopales, des bréviaires aux missels en passant par les catéchismes
Conciliation et accommodement dans l’affaire de la bulle Unigenitus (1713-1720)
La paix de l’Église a été la première période de conciliation dans la longue querelle janséniste qui divise l’Église de France durant les XVIIe et XVIIIe siècles. Si ce moment répond à des impératifs politiques pour Louis XIV, il signale aussi à l’intérieur du clergé de France une réelle volonté de se rassembler et de ressouder le camp catholique pour vaincre les Protestants. L’esprit de conciliation existe donc dans l’épiscopat et même le regain de vigueur du jansénisme ne viendra pas contre..
8 septembre 1713 : le choc de l’Unigenitus
On n’a souvent plus guère conscience, en ce début de XXIe siècle, de l’influence fondamentale qu’a pu exercer la bulle Unigenitus sur la société de l’Ancien Régime. Fulminée par le pape Clément XI, en septembre 1713 à la demande de Louis XIV, celle-ci était censée donner le coup de grâce à un jansénisme en déclin. Au-delà de la simple condamnation de l’ouvrage de Pasquier Quesnel, Le Nouveau Testament en Français, avec des réflexions morales…, ses implications, sur le fond comme sur la forme, étaient considérables. Les contemporains, partisans comme adversaires, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et ils ont pris fort rapidement la mesure des conséquences de ce texte, qu’il s’agisse de théologie, d’ecclésiologie ou même de pensée politique. Un siècle de passions, d’anathèmes et de déchirures s’en suivit. La bulle Unigenitus devint un thème central des débats de la scène française et, au-delà européenne. En cela, Louis XIV connut un terrible échec posthume
8 septembre 1713 : le choc de l’Unigenitus
On n’a souvent plus guère conscience, en ce début de XXIe siècle, de l’influence fondamentale qu’a pu exercer la bulle Unigenitus sur la société de l’Ancien Régime. Fulminée par le pape Clément XI, en septembre 1713 à la demande de Louis XIV, celle-ci était censée donner le coup de grâce à un jansénisme en déclin. Au-delà de la simple condamnation de l’ouvrage de Pasquier Quesnel, Le Nouveau Testament en Français, avec des réflexions morales…, ses implications, sur le fond comme sur la forme, étaient considérables. Les contemporains, partisans comme adversaires, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et ils ont pris fort rapidement la mesure des conséquences de ce texte, qu’il s’agisse de théologie, d’ecclésiologie ou même de pensée politique. Un siècle de passions, d’anathèmes et de déchirures s’en suivit. La bulle Unigenitus devint un thème central des débats de la scène française et, au-delà européenne. En cela, Louis XIV connut un terrible échec posthume