Relations internationales et cosmopolitisme à l'époque de Louis XIV : l'émergence d'une culture diplomatique ?

Abstract

National audienceLes diplomates de l’époque louis-quatorzienne étudiés par Indravati FELICITE s’intéressent à leur tour à la traduction dans les langues européennes des œuvres orientales, et correspondent avec les autres membres de la République des Lettres, parmi lesquels Leibniz qui « transmet aux savants européens des savoirs venus de l’Extrême-Orient car il correspond avec les jésuites français en mission en Chine ». Si on peut en conclure que, certes « les diplomates apparaissent… comme des transmetteurs et des créateurs d’information… et occupent de ce fait une place de choix dans les transferts de tous ordres entre différentes cultures… », ils n’en restent pas moins, de par leur profession, « des professionnels de l’altérité qui ont besoin des différences entre États et entre territoires pour faire valoir leurs compétences cosmopolites ». L’auteure décèle ici une « contradiction entre les aspirations théoriques, la réalité de l’action diplomatique et la carrière des négociateurs ». « Le diplomate doit faire profession de cosmopolitisme sans devenir lui-même un cosmopolite », ce qui ne va pas sans susciter la méfiance et nuire souvent à la carrière des personnels diplomatiques. Le cas, déjà cité plus haut, du juif de Hambourg Jakob, devenu par baptême Louis Abensur, ou encore le parcours chaotique de l’ex-moine français Joseph-Auguste Du Cros, devenu protestant et entré successivement au service de diverses puissances, dans les Iles britanniques et en Allemagne, témoignent de cette difficulté qu’ont certains diplomates à faire reconnaître leurs identités multiples, alors que « cette acceptation est bien plus grande dans la République des Lettres ». Si « la diplomatie telle qu’elle s’est développée depuis la paix de Westphalie a contribué à l’émergence et à la consolidation de l’État moderne, pour certains déjà l’État-nation… », en cela on peut dire que la diplomatie était « anticosmopolite ». Les diplomates apparaissent comme « des cosmopolites dont l’action…a contribué à agrandir les différences entre les États…Toutefois on ne peut imaginer le cosmopolitisme sans l’existence d’États. En ce sens, la diplomatie a contribué à la politisation du concept »

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This paper was published in Hal-Diderot.

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