Cerveau

Abstract

International audienceLe cerveau n'est pas une partie du corps humain comme les autres et rien ne le montre plus clairement aujourd'hui que les grandes initiatives qui l'ont désigné comme une frontière de la connaissance scientifique importante entre toutes. Dans les justifications publiques de la « Décade du cerveau » lancée en 1990 par le Président des Etats-Unis George Bush, comme dans celles en 2013 de l'attribution d'un milliard d'euros sur dix ans par la Communauté européenne au projet Cerveau humain (Human Brain Project) porté par l'Ecole polytechnique de Lausanne, on peut lire les mêmes motivations et les mêmes espoirs. Ces justifications sont d'une part médicales et thérapeutiques, d'autres part liées à ceci que le cerveau serait le « siège de l'intelligence » (c'est la formule familière qu'on retrouve dans la Proclamation présidentielle qui est à l'origine de la Décade du Cerveau) et qu'il serait « l'élément essentiel de notre être humain » (c'est ce qu'affirme la commissaire européenne Neelie Kroes lorsqu'il lui est demandé de défendre le soutien apporté au Human Brain Project –voir Panese 2015). Développer les sciences du cerveau, ou-comme il a été proposé dans le cadre du Human brain project, simuler le cerveau humain serait contribuer décisivement à notre connaissance de nous-mêmes. On rappelle pour mémoire qu'à l'aube de l'essor de ces mêmes sciences au XIXème siècle, Paul Broca était un membre actif de la Société d'Anthropologie de Paris et le développement des neurosciences est ainsi lié dès ses commencements à une anthropologie. Depuis cette époque, la réflexion sur l'humain oscille en fait entre deux pôles : à une extrémité, l'enquête sur l'homme passe par l'enquête sur son cerveau, du fait de l'identité présumée entre un style cognitif unique qui serait propre aux humains, et l'architecture cérébrale atypique qui en serait le soubassement. A l'autre extrémité, les sciences humaines se constituent hors de toute référence au cerveau, l'homme est considéré comme un être situé hors nature et l'apport des neurosciences est tenu pour négligeable, pour des raisons de principe et non du fait de leur immaturité relative

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Last time updated on 28/07/2018

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