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La construction de sens de la datavisualisation au regard des usager·ères non-expert·es : prétentions communicationnelles, matérialités sémiotiques et registres appréciatifs
International audienceThe aim of this article is to shed light on the construction of meaning in datavisualization, based on its communicative pretension, its semiotic materialities and the appreciative registers associated with them by non-expert users. To do so, the authors proceed in three ways : first, by studying the accompanying discourses that inform data policies or the professional groups that produce datavisualizations ; then by analyzing the design principles that are inscribed in the semiotic materialities of datavisualizations ; finally, by reporting on the appreciative registers mobilized by non-expert users as part of an exploratory survey, described as the semio-pragmatics of acts of reception. With this in mind, the article examines the relationship between the degree of familiarity users have with datavisualizations in their daily lives and their level of datavisualization literacy. It thus invites to reassess the role of affects and emotions in the understanding and interpretation of datavisualizations.L’objet de cet article vise à mettre à jour la construction de sens de la datavisualisation, à partir de ses prétentions communicationnelles, ses matérialités sémiotiques et les registres appréciatifs qui leurs sont associés par des usager·ères non-expert·es. Pour ce faire, les auteur·es procèdent de trois manières : premièrement, par l’étude des discours d’accompagnement qui innervent les politiques de la donnée ou les groupes professionnels qui produisent des visualisations de donnée ; puis par l’analyse des principes de conception qui s’inscrivent dans les matérialités sémiotiques des visualisations de données ; enfin, en rendant compte des registres appréciatifs mobilisés par des usager·ères non-expert·es dans le cadre d’une enquête exploratoire, qualifiée de sémio-pragmatique des actes de réception. Dans cette perspective, l’article interroge le rapport entre le régime de familiarité qu’entretiennent les enquêté·es avec les visualisations de données dans leur vie quotidienne et leur niveau de littératie en datavisualisation. Il invite ainsi à réévaluer le rôle des affects et des émotions dans la compréhension et l’interprétation des visualisations de données
Les relations transformées par les démences: Entre renoncement et maintien des attentes sociales à l’égard de son proche
International audienceWhile many research have focused on the care and tasks of family caregivers of someone diagnosed with dementia in order to compensate for the progressive impairments, relational adjustments are still little discussed in sociology. Based on a qualitative methodology, this article explores how family caregivers adapt to cognitive impairments, other than by looking at their caregiving tasks. Their adjustments are understood as activities that consist of rearranging expectations about the person with dementia. A sociology of socialization draws attention to the firmness of the subjective reality of family caregivers and highlights the issue of its flexibility for the adaptation to the transformation of the loved one.Alors que de nombreux travaux scientifiques sur l’entourage de personnes atteintes d’une démence ont porté sur l’activité d’aide déployée pour compenser la survenue des incapacités, les ajustements d’ordre relationnels restent encore peu traités en sociologie. En s’appuyant sur une recherche qualitative menée auprès de proches aidants de personnes atteintes d’une démence, cet article explore la manière dont l’entourage s’ajuste aux nouvelles incapacités cognitives, en les saisissant autrement que par le déploiement d’une activité d’aide. Ces ajustements sont saisis comme des activités qui consistent en des réaménagements des attentes à l’égard de la personne malade. L’approche par la sociologie de la socialisation porte l’attention sur la fermeté de la réalité subjective de l’entourage, ce qui met en lumière l’enjeu de sa flexibilité pour l’appréhension des transformations du proche atteint de la maladie
Identifier les conditions rendant possible l’acte d’apprendre sur Moodle pour mieux accompagner les étudiants
International audience« Accompagner les étudiants pour favoriser leur réussite, leur esprit critique et leur créativité » (Axe C), en particulier dans le cadre d’activités médiées et médiatisées par un objet technique tel que le numérique (Develotte et al., 2011), pose la question préalable de savoir comment ils apprennent. Cette question essentielle nécessite de documenter les aptitudes cognitives et physiques qu’ils mobilisent pour « naviguer » et travailler dans un milieu numérique tel que Moodle. En se focalisant sur leur relation perceptivo-motrice et cognitive à cet artefact, il devient alors possible de documenter leurs façons d’apprendre. C’est le défi qui est relevé par le projet interdisciplinaire PAN « Perception et Apprentissage avec le Numérique », projet porté par l’université Lyon 2 et qui regroupe des chercheurs en anthropologie, en sociologie et en sciences de l’éducation et de la formation.Cette documentation passe par l’observation et l’identification de ce qu’il perçoit et de ce qu’il fait en condition réelle. Le rapport du sujet à l’environnement dépend des potentialités ou affordances (Gibson, 1979) qu’il perçoit et qu’il estime efficaces pour agir. C’est parce que l’individu et un artefact font partie d’une même niche écologique, que l’individu peut percevoir des affordances en situation réelle, notamment par la présence d’indices sémiotiques (Morgagni ; 2011) l’informant des réponses les plus envisageables à une action pragmatique et par sa connaissance socioculturelle sur l’environnement (Simonian, 2020). L’affordance est ici envisagée comme des perceptions distribuées (Hutchins, 1995) à la fois externes (organisationnelles et contextuelles) et internes (propres aux caractéristiques biologiques, perceptives et cognitives d’un sujet). Certains auteurs (Philipette, Fastrez, 2013 ; Reyssier, 2020) ont notamment montré que ces affordances pouvaient être à la fois épistémiques (liées aux concepts, savoirs) et pragmatiques (liées aux savoir-faire, procédures et outils mobilisables). Ce sont ces deux types d’affordance qui sont étudiées dans cette recherche.Dans la lignée des travaux qui se revendiquent de la cognition située et de la cognition distribuée (Suchman, 1987 ; Cole, 1971 et Theureau, 1992), la cognition est liée à l’action des sujets dont les données ou flux d’action, sont ici saisies par un eye tracker. En captant l’activité oculométrique des étudiants en train de faire, la perception est ainsi réincarnée. Puis par l’explicitation (Vermersch, 1979) et l’autoconfrontation (Theureau, 1992) du sujet qui se voit en train de faire, il devient alors possible de saisir les possibles offerts par l’environnement et ceux réellement mobilisés pour l’action. Autrement dit, il devient alors possible d’identifier ce qui fait environnement pour lui et les conditions qui rendent possible l’action. Une telle orientation immersive appliquée à une activité d’apprentissage instrumentée permet d’interroger la manière dont l’étudiant agit dans son environnement physique et numérique pour apprendre : comprendre ce qu’il perçoit, ce qu’il mobilise et ce qui se produit au cours de la situation.Les résultats obtenus montrent que l’acte d’apprendre ne peut se résumer à la façon dont les étudiants se saisissent des possibilités de répondre à la consigne selon le type de tâche prescrite. Si l’acte de « consulter des ressources » est jugé vide de sens en comparaison avec l’acte de « faire un plan », ils invitent tous deux à des stratégies de consultation des ressources différentes. Ces stratégies se fondent sur des méthodologies acquises lors d’expériences antérieures mais aussi sur l’interprétation que les étudiants font de la consigne, de la façon dont est organisé le contenu sur Moodle et de ce qu’ils présupposent que l’enseignant attend d’eux. Par ailleurs, cette activité ne se résume pas à la compréhension que peuvent avoir les étudiante.s de la tâche prescrite. D’autres conditions rendant possible l’activité d’apprentissage peuvent entrer en jeu : la qualité des ressources, le rapport de l’étudiant à chacune d’entre elles, la façon dont elles sont mobilisées ; la qualité de la consigne qui oriente l’action et favorise des stratégies de méthodologies mises en œuvre (stratégies de lecture, prise de notes) ; mais aussi des stratégies plus personnelles de l’étudiant liées à son rapport aux pairs (coopération, conflit sociocognitif), à l’enseignant (soutien perçu, rôle d’évaluateur), à l’environnement physique (informatique : ergonomie, accès au wifi ; matériel : un espace de travail calme) et au temps (gestion des ressources, recherche d’efficacité).Il apparait ainsi que l’acte d’apprendre sur Moodle ne peut se limiter au seul rapport de l’étudiant avec les ressources proposées : ses expériences antérieures, les intentions pédagogiques qu’il perçoit, les conditions matérielles et temporelles dans lesquelles se déroulent l’apprentissage, sont autant de facteurs pouvant potentiellement influer sur ses capacités perceptivo sensorielles et motrices. Dès lors, des préconisations pédagogiques et institutionnelles peuvent être faites, sur la façon d’instancier des ressources ou de permettre un apprentissage plus effectif et de qualité
Compte rendu de Anna JAUBERT, La Stylisation du discours
International audienc
Subsistence economy in the South Caucasus during the Early Chalcolithic period: bioarchaeological analysis of Bavra Ablari rock-shelter (Samtskhe-Javakheti region, Georgia)
International audienceThis paper examines the subsistence economy in the South Caucasus during the Early Chalcolithic (c.4700–4300 BC) through bioarchaeological analyses of the Bavra Ablari rock shelter site. This region, rich in biodiversity and characterized by a variety of climates and landscapes, has a history of agropastoral occupation dating back to the beginning of the 6 th millennium BC. Up to now, archaeological studies have mainly focused on the valleys and lowlands, leaving the mountainous areas less explored. Recent excavations at Bavra Ablari, located at an altitude of 1,650 m, have enabled new bioarchaeological analyses to be carried out, providing data on the faunal and botanical assemblages of this period. These analyses reveal a mixed agro-pastoral exploitation, with a predominance of caprine (sheep and goats) rearing and cultivation of cereals, such as barley and einkorn. Faunal remains and evidence of hunting and fishing reveal extensive use of several biotopes. The study highlights the importance of pastoralism, attested to as far back as the Neolithic period, with herds moving seasonally to higher pastures in summer. Early Chalcolithic occupations, such as those at Bavra Ablari, show the persistence of pastoral activities in these mountainous regions despite severe winter conditions and suggest seasonal occupation of the site
La congruence : une approche incarnée et distribuée du développement humain. Le cas des environnements numériques d’apprentissage
This synthesis note, aimed at obtaining the authorization to supervise research in education and training sciences, proposes a theoretical and methodological framework for studying the links between sociocultural data and cognitive processes involved in learning situations. The paradigm of distributed cognition is used to define, as the unit of analysis, the structural coupling between subjects and artifacts. The first part of this note synthesizes the results of my work on educational technologies, using the paradigmatic prism that constitutes the core of this work: articulating cognitive and social process dynamics, and uncovering the links between subjects' social trajectories and the use of digital artifacts. In other words, the goal is to understand the dynamics that connect the general (the social position of the subjects) to the particular (situations, artifacts). The articulation of factors at different levels (with an initial ternary and trilogical micro-meso-macro articulation) (Bronfenbrenner, 1979), in order to analyze instrumented educational and formative phenomena, involves a hierarchical multi-scale analysis mobilizing concepts from various disciplines of the humanities and social sciences. The second part continues this reflection by exploring different theoretical frameworks and horizons that contribute to our understanding of the phenomena we are attempting to elucidate: how does this tension between the general and the particular occur, and how can it be explained, particularly from a temporal perspective. I analytically present the foundations of situated approaches in the humanities and social sciences, linking distributed cognition to its anchorage in the cultural and sociomaterial conditions of its emergence, as well as with sociological approaches that can be mobilized to understand the social and cognitive dynamics of situated individuals (Lave and Wenger, 1991), or what I call “sociocultural moments”, as moments of distributed human activity over time. Here, I outline theoretical orientations, from the field of so-called “dispositionalist” sociology (Lahire, 2006), embodied and grounded approaches to cognition (Varela, Thompson and Rosch, 1993; Wilson, 2002; Barsalou, 2008), cognitive psychology (Tricot and Sweller, 2016), philosophy of knowledge (Clark and Chalmers, 1998; Spinoza), and more specifically cognitive anthropology (Hutchins, 1995), based on distributed cognition, which I deepen in its temporal and sociological dimensions, guiding the relationship between the constitution of our models of the world (Friston, 2013), our perception readiness (Bruner, 1957), and “what happens” in a situation, as a socially and culturally constituted frame (Goffman, 1971). I conclude with the philosophical debate between the Cartesian (dualistic) and Spinozist (monist) approach to the articulation between mind and matter, showing how the Spinozist rupture is an essential step in the development of distributed cognition approaches, particularly by mobilizing the concepts of conatus and immanence, where we highlight theoretical links with Varela’s autopoiesis. Through its self-preserving property, the conatus encompasses an autopoietic dimension. Through auto-causation, autopoiesis would thus refer to a self-referential immanent conatus, drawing from its ontology the power towards perseverance and realization of being.The third part is the culmination of this outline. It introduces two novel concepts: the first concept is the phenomenon of “congruence” (or “congruence principle”) as being understood within this cognitive temporal structure, which allows the subject to actualize the constitutive dispositions of their “internal frame of reference”, which is the second concept. Congruency occurs between one’s “internal frame of reference” and local availabilities (i.e. “external frames of reference”) (Lave, 1988; Suchman, 1987; Norman, 1993; Hutchins, 1995; Quéré, 1997). Why a frame of reference?• The assumption of a frame of reference is consistent with the distributed and embodied approach to cognition: there is no physical location where knowledge, symbols, representations, habits, etc., are stored. Cognitive processes and available information are distributed across brain networks, the body, and the environment. This assumption is consistent with a semiotic and enactive approach to cognition: through sense-making, the subject refers to internalized objects or objects present in the environment. Through prior internalizations of categories, the subject is ready to recognize the framework of a social action.• The frame of reference is individual and shared, as it arises from internalizations of external processes: it is thus inseparable from the dialectic of interiority/exteriority, ascending/descending processes.• The frame of reference acts with the subject in action, with the subject being its own reference, which is consistent with the principle of autopoiesis and embodied cognition.• The frame of reference is modal: it refers to sensorimotor schemes, which emerge according to the level of congruence related to the coupling of the subject with the environment. This makes various hypotheses of preparation for perception acceptable, in the sense that the frame of reference acts as a perceptual filter.• The frame of reference integrates a dispositionalist sociological approach, with dispositions being incorporated traits, but whose genesis results from social experiences and only act when actualized in a situation. Methodologically using the concept of a frame of reference makes it possible to explain different behaviors of individuals in similar social situations, and conversely, those of the “plural individual” (Lahire, 1998, 2023), mobilizing different dispositions depending on the situation (or social context).Congruence aims to understand the processes of subject-situation equilibration. I analyze the effects of an observed gap between the characteristics of a subject (their “internal frame of reference”) and those of a situation and local availabilities (the “external frame of reference”): heterogeneous dispositions within different social situations (Lahire, 2014) and the cognitive dissonance (Festinger, 1959) are mobilized to show that there is an organismic drive towards a return to a state of internal consistency, as well as the theory of the zone of proximal development (Vygotsky, 1978), which describes how the individual attempts to bridge the gap between the state of their knowledge and those that remain to be reached through sociocultural interactions between internal and external states. I show that a degree of – reasonable – congruence can constitute for the subject a space-time conducive to their development, since it generates situated cultural practices, as residues of partial solutions to encountered problems (Hutchins, 1995). Through their qualified intentionality (Rietveld and Kiverstein, 2022), subjects then enactively engage with this created space of possibilities (the “congruence delta”), through active inference (Pezzulo, Rigoli and Friston, 2015; Clark, 2015), by processing epistemic and pragmatic affordances during action (Friston, 2022). This inference, by producing meaning, is a situated practice “for-action” before being a product of this action. Finally, the fourth part operationalizes my theoretical propositions from a methodological perspective, putting them to the test of projects and research programs focusing on educational technologies. Our epistemological and methodological positioning has led us to propose that situated action and learning (Suchman, 1987; Lave and Wenger, 1991) mobilize an “internal frame of reference” (dispositions, Lahire, 2001; modal schemes, Versace et al., 2017; routines and embodied plans, Suchman, 1987; perception-readiness, Bruner, 1957), interacting with an “external frame of reference” as an aid to action (local affordances: Lave, 1988; Norman, 1993; Hutchins, 1995; Quéré, 1997, which can also be distal), according to the characteristics and cognitive and cultural demands of the situation. These “frames of reference”, aiming to consider the system as the unit of analysis, are at least methodological (Stahl, 2005): the researcher can thus understand the internalized processes as well as the components of the environment that will determine some of the perceptions and behaviors of the subjects in a learning setting. I propose to study cognition in the wild by analyzing embodied and situated human behaviors, mobilizing – in part – rigorous methods proven by well-established laboratory techniques, but also by immersion in the sociocultural environment, by collecting data on the culture, work organization, artifacts made available, the specificity of operators organizing the activity realization (Hutchins, 1995; Simonian, 2022). The “Distributed Hierarchical Method” (DHM) analyzes the “congruence delta” within the “frames of references square” (internal-external and local-general), using their “Operational Constituents” (OC). The goal is to identify and study the structural coupling between the OCs of each frame of reference (internal-external and local-general), and thus identify the nature of this relationship. The general idea of the DHM is to analyze, within the subject-situation coupling, whether discrepancies, tensions, have been observed within the different levels of coupling in the “frames of references square”, and to verify if this delta has induced an enactive behavior from the subjects and active inferences, with a developmental aim, in other words, an embodied and situated learning “for-action”. This “frames of references square” induces congruence through the actions of the subjects, contributing to their development. The objective is to collect behavioral, psychological, physiological, and emotional data (depending on the research subject and methodological possibilities) in order to characterize the relational dynamics (the congruence delta) between subjects (micro level) and local affordances (meso level), taking into account the general context (macro level). From a praxeological perspective, we perceive several utilities in testing the congruence phenomenon for scientific purposes, especially for research in education and training sciences, and more restrictively, for educational technologies and computer-assisted learning environments: • The phenomenon of congruence can be tested in macrological crisis contexts to understand the reconfiguration of practices among actors in the educational system, how they react by creating or innovating (for example, the COVID health crisis provided a conducive environment for observing organizational and human activity reconfigurations: emergency hybridization and digitization of teaching, deployment of socio-digital systems, rise of teleworking, etc.).• Congruence can help understand, from the perspective of situated theories of cognition, what happens in the “empty space between the social level and the neuronal level”, and what happens between a passive approach to learning (in reaction to a context, via percepts), and an active approach by directly acting on the environment (Dillenbourg, 1996).• Congruence, understood within a situated and distributed approach to cognition, can offer a possible response to considering micro-meso-macro factors, in order to better understand the issues of replicability in psychology in general, and those concerning cognitive load theory in particular (Sweller, 2023), taking into account the coupling between individual factors and the characteristics of the socio-material and technopedagogical framework.• Congruence can be mobilized to understand the functioning of cognitive systems, by considering the political context and power dynamics among individuals. So far, these dynamics have been outside the scope of research on cognition. For example, political programs can explain how status disparities influence social interactions (for example, Linde, 1988), or how subjects behave in the context of a broader political arena (Moore and Rocklin, 1998), as distal effects on the local cognitive system (Halverson and Clifford, 2006).Finally, congruence is considered immanent, as a way to grasp reality and the meaning of that reality. It could thus constitute the link between empiricism and the axiological neutrality constitutive of the phenomenological approach. To bridge the gap between individual experience, conscious and unconscious internalizations, and the properties of an on-line situation, the brain would act as a “correlator” (Vandaele, 2007) between the properties of signals and scenes to give rise to consciousness (Edelman, 1992). From an evolutionary perspective, the brain's structure would be incrementally influenced by these social and cultural situations, these successive social moments, and this structure would preside over the emergence of cognition in a situation (Tomasello, 2001). These bottom-up and top-down feedback loops seem to provide a better understanding of the semio-constructivist principle specific to enaction, without succumbing to the all-encompassing cultural constructionism in the sense of Pharo (2011). Cognition would thus be “sociomaterial”, in that it proceeds from the conditions of its emergence. Our consciousness would thus be governed by these correlations, these phenomenological and immanent congruences. Driven by our persistence in our being, we would go so far as to say that consciousness emerges because, in feedback loops, our embodied mind connects our past experiences, what constitutes us, and the everyday sociocultural frameworks, in an enactive dynamic in recognition of reality: this is how our conatus projects itself into the world. Our behaviors, our affects, and our choices are a distant resonance of the lived sociocultural moments, and situations contribute to defining us.Cette note de synthèse, en vue d’obtenir l’habilitation à diriger des recherches en sciences de l’éducation et de la formation, propose un cadre théorique et méthodologique pour étudier les liens entre des données socioculturelles et les processus cognitifs mis en œuvre lors de situations d’apprentissage. Le paradigme de la cognition distribuée est mobilisé pour repérer l’unité d’analyse : le couplage structurel entre les sujets et les artefacts. La première partie de cette note synthétise les résultats de mes travaux sur les technologies de l’éducation, au prisme paradigmatique qui constitue le cœur du présent travail : articuler des dynamiques processuelles cognitives et sociales, en mettant au jour les liens entre les parcours sociaux des sujets et les usages des artefacts numériques. Dit autrement, il s’agit de comprendre la dynamique de ce qui relie le général (la position sociale des sujets) au particulier (des situations, des artefacts). L’articulation de facteurs de différents niveaux (avec une première articulation ternaire et trilogique micro-méso-macro) (Bronfenbrenner, 1979), afin d’analyser les phénomènes éducatifs et formatifs instrumentés, implique une analyse hiérarchique multi-échelle mobilisant des concepts de différentes disciplines des sciences humaines et sociales. La deuxième partie poursuit cette réflexion, en explorant différents cadres théoriques participant à notre compréhension des phénomènes que nous tentons d’expliciter : comment se produit, et comment expliquer, cette tension entre le général et le particulier, et plus généralement entre le distal et le local, du point de vue temporel. Je présente de manière analytique les fondements des approches situées en sciences humaines et sociales, en faisant le lien entre la distribution de la cognition et son ancrage dans les conditions culturelles et sociomatérielles de son émergence, ainsi qu’avec des approches sociologiques pouvant être mobilisées afin de comprendre la dynamique sociale et cognitive du sujet situé (Lave et Wenger, 1991), où ce que je nomme des « moments socioculturels », comme moments de l’activité humaine distribuée dans le temps. Ici, j’esquisse une orientation théorique nouvelle, à partir du champ de la sociologie dite « dispositionnaliste » (Lahire, 2006), des approches incarnées et ancrées de la cognition (Varela, Thompson et Rosch, 1993 ; Wilson, 2002 ; Barsalou, 2008), de la psychologie cognitive (Tricot et Sweller, 2016), de la philosophie de la connaissance (Clark et Chalmers, 1998 ; Spinoza, 1677), et plus particulièrement de l’anthropologie cognitive (Hutchins, 1995). A partir de la cognition distribuée, j’approfondis l’acception temporelle et sociologique, présidant la relation entre la constitution de nos modèles du monde (Friston, 2013), de nos dispositions à percevoir (Bruner, 1957), et « ce qu’il se passe » en situation, comme cadre socialement et culturellement constitué (Goffman, 1971). Je montre par ailleurs que la rupture spinoziste (moniste) d’avec l’approche cartésienne (dualiste) est une étape essentielle au développement des approches distribuées de la cognition, notamment en mobilisant les concepts de conatus et d’immanence. La troisième partie est l’aboutissement de cette esquisse. Elle introduit le phénomène de « congruence », qui vise à comprendre les processus d’équilibration sujets-situations, et comprise dans cette structure temporelle cognitive permettant au sujet d’actualiser ses dispositions constitutives de son « référentiel interne », en fonction des disponibilités locales (Lave, 1988 ; Suchman, 1987 ; Norman, 1993 ; Hutchins, 1995 ; Quéré, 1997). J’analyse les effets d’un écart constaté entre les caractéristiques d’un sujet (son « référentiel interne ») et celles d’une situation et les disponibilités locales (le « référentiel externe ») : les dispositions hétérogènes au sein de situations sociales différentes (Lahire, 2014) et le phénomène de dissonance cognitive (Festinger, 1959) sont mobilisés afin de montrer qu’il existe un drive organismique vers un retour à un état de concordance du self, ainsi que la théorie de la zone proximale de développement (Vygotsky, 1978), qui décrit la manière dont l’individu tente de combler l’écart entre l’état de ses connaissances et celles qui restent à atteindre par le biais des interactions socioculturelles entre des états internes et externes. Je montre qu’un degré de congruence – raisonnable – peut constituer pour le sujet un espace-temps favorisant son développement, puisque générateur de pratiques culturelles situées, comme résidus de solutions partielles à des problèmes rencontrés (Hutchins, 1995). Par leur intentionnalité qualifiée (Rietveld et Kiverstein, 2022) et par inférence active (Pezzulo, Rigoli et Friston, 2015 ; Clark, 2015), les sujets investissent alors de manière énactive cet espace des possibles créé (le « delta de congruence »). Cette inférence, en produisant du sens, est une pratique située « pour-l’action » avant d’être un produit de cette action. Enfin, la quatrième partie opérationnalise mes propositions théoriques dans une perspective méthodologique, en les mettant à l’épreuve de projets et de programmes de recherche portant sur les technologies de l’éducation et de la formation. Je propose d’étudier la cognition in the wild en analysant les comportements humains incarnés et situés, en mobilisant autant des approches ethno-méthodologiques que des méthodes et techniques bien établies en laboratoire. Il s’agit pour le chercheur de s’imprégner de l’environnement socioculturel en recueillant des données sur le prescrit, la culture, l’organisation du travail, les artefacts mis à disposition, la spécificité des opérateurs qui organisent la réalisation de l’activité (Hutchins, 1995 ; Simonian, 2022). Nous proposons la « Méthode Hiérarchique Distribuée » pour analyser le « delta de congruence » au sein du « carré des référentiels » (interne-externe et local-général), et ce à l’aide de « Constituants Opérationnels », afin de comprendre ce qui permet au système sujets-situation d’être performant, autrement dit, ce qui permet aux sujets d’apprendre