research

Le sens du commun

Abstract

Version remaniée d'une communication au colloque international De la culture commune au socle commun : enjeux, tensions, réinterprétations, déplacements ; Lyon : INRP, 19-20 novembre 2009.Nombreux sont qui considèrent le " socle commun des connaissances et des compétences " comme l'aboutissement contemporain de l'idéal républicain de l'École initié par les lois Ferry à l'orée de la IIIe République et, plus encore, comme l'achèvement d'une séquence historique initiée par le plan Langevin-Wallon (1947) et poursuivie par le " collège unique " (loi Haby, 1975). Il ne s'agit plus de seulement poser la nécessité politique, économique et sociale - anthropologique (voire ontologique) au fond - d'instruire et de former les jeunes générations, de la réaliser, de la rendre effective : que l'École soit (enfin ?) le creuset républicain de la communauté nationale. Deux éléments nous inclinent toutefois à (nous) interroger sur le sens - la signification comme l'orientation - que le socle donne à son qualificatif le " commun ". Il y a d'abord une logique de construction, qui conçoit les apprentissages comme l'acquisition de " compétences " qui composent le triptyque connaissances, capacités et attitudes (et qu'y décomposent également). Il y a ensuite une redéfinition de la place de l'École dans l'économie générale du procès de socialisation, d'éducation et de formation, dont la centralité est fortement relativisée, de telle sorte que l'école est posée comme l'une des instances concourant, conjointement à la famille ou à la " formation tout au long de la vie " par exemple, à ce triple procès (de socialisation, d'éducation et de formation). Cette substitution des compétences aux savoirs comme visée des apprentissages scolaires, dans le souci affirmé, de permettre sinon d'assurer une plus grande connectivité avec les savoirs " non-scolaires " (au sens non axiologique du terme) ainsi que le relatif décentrement de l'institution scolaire dans le procès sus-cité, nous inclinent à penser que le commun du socle est un commun par sommation, un commun par le fait en somme. Et nous formons alors l'hypothèse que ce commun est un commun " faible " qui, en définitive, repose sur le fait de la scolarité obligatoire en ce qu'elle " doit au moins garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l'acquisition d'un socle commun [...] qu'il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité " (art. 9 du décret n° 2006-830). Ce faisant, nous voilà reconduit à (ré-)interroger le sens du commun selon la " culture commune ", dont le " socle commun " se présente (et est souvent présenté) comme l'aboutissement légitime, voire exclusif

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