Les sculptures du clos du Verbe Incarné et du plateau de la Sarra à Lyon : apports à la connaissance du sanctuaire et du quartier antiques

Abstract

Au cœur de Lyon antique, au point le plus haut de la colline de Fourvière, se situe un grand sanctuaire urbain dominant une luxueuse demeure et un quartier d’habitations et de boutiques. L’ensemble se trouve à proximité immédiate des deux théâtres et de l’emplacement où l’on situe traditionnellement le forum. Les découvertes fortuites depuis le XVIIIe siècle et les fouilles entreprises au XXe siècle ont mis au jour des sculptures dont l’iconographie apporte quelques éléments nouveaux à l’interprétation de cet ensemble urbain.Au sanctuaire proprement dit, dont la construction débute vers 15 ap. J.-C., on peut attribuer une tête de Jupiter de taille colossale, datée de la période sévérienne, une Victoire, des fragments de statuaire, de draperie et de statuettes de Vénus, un doigt colossal portant un anneau appartenant à une statue de très fortes proportions (7 m debout), un fragment de grande statue drapée et quelques éléments décoratifs dont un chapiteau de pilastre orné de dauphins.À la luxueuse domus, connue pour ses splendides mosaïques, on peut replacer des statuettes d’animaux d’inspiration dionysiaque (lièvre, chèvre), un togatus (disparu) et un oscillum représentant Bacchus.Dans les boutiques de la rue de l’Océan a été mis au jour un petit autel comportant une ruche. Dans le périmètre proche, dans la maison à la « banquette chauffante » ont été découverts un oscillum, une statuette d’enfant en Harpocrate ; dans les boutiques de la rue Est, une tête de Silène âgé, un petit autel anépigraphe et dans une citerne, une statuette de Sucellus.Si les sculptures des demeures et des boutiques ne posent pas de réels problèmes d’iconographie en s’accordant à leurs lieux de découvertes (autels, statuettes de genre décoratives, oscilla, statuettes votives), les sculptures mises à jour dans le sanctuaire soulèvent la question non complètement résolue de sa fonction.Ce sanctuaire, un temple entouré d’un portique en PI, lui-même bâti sur un cryptoportique, est le plus grand sanctuaire romain urbain connu en Gaule à ce jour, et le deuxième plus grand temple de Gaule après Narbonne. À la trouvaille des sculptures se joignent celles de trois importants groupes d’inscriptions (bandeau de 17 à 18 m de long), dont une invocation aux divinités topiques de Lugdunum associés à Rome et Auguste et l’empereur Tibère, une inscription à Caligula ainsi qu’une inscription à Caligula, Claude, Néron, Tibère étant nommé comme le fondateur du temple, par les notables municipaux (fastes ?).La tête de Jupiter se présente comme une statue de culte, proche des types de Jupiter découverts dans les capitoles du monde romain à la fin du IIe siècle et au début du IIIe siècle ap. J.-C. Ce sanctuaire est-il un capitole ? La datation de cette tête ne correspond pas à celle de l’édifice. La taille de ce temple permet d’ailleurs de supposer une statue de culte beaucoup plus importante (le fragment de doigt d’une statue de 7 m ?). Il s’agit plutôt, d’après son plan, d’un sanctuaire municipal de culte impérial édifié sous Tibère. On songera alors à des statues colossales d’Auguste et de Rome. Cette statue de Jupiter peut avoir été rajoutée dans la cella dans le cadre d’une association entre le culte impérial et le culte de Jupiter, association qui prend une très grande importance aux époques antonine et sévérienne.Les fragments statuaires appartiennent à la décoration des portiques et au mobilier du sanctuaire.Enfin, la Victoire, qui décore l’écoinçon d’un bloc architectural, viendrait s’insérer dans un petit monument tétrastyle de 7,60 m de côté placé devant le temple (l’autel du temple est placé dans l’escalier). La présence d’un édifice tétrastyle devant un temple est rare et il serait un élément fondamental des processions liturgiques liées au culte impérial.The sculptures in the Clos du Verbe Incarné and on the plateau de la Sarra in Lyon : additional information regarding the ancient sanctuary and district The highest point on Fourvière hill, in the heart of ancient Lyon, is the location of a large urban sanctuary that overlooked a luxurious residence and a residential and commercial district. The site lies in the immediate proximity of the two theatres and the position traditionally attributed to the forum. Chance discoveries since the eighteenth century and excavation work carried out in the twentieth century have unearthed sculptures whose iconography contributes several new elements to our interpretation of this urban site.Attributed to the sanctuary proper, of which construction began around ad 15, are a head of Jupiter of colossal size dated to the Severan period, a Victory, fragments each of statuary, drapery and statuettes of Venus, a colossal finger wearing a ring that belonged to a statue of enormous size (7 m standing), a fragment of a large draped statue, and several decorative elements belonging to a pilaster capital embellished with dolphins.The luxurious domus, known for its splendid mosaics, was the location of animal statuettes of Dionysian inspiration (a hare, a goat), a togatus (missing) and an oscillum representing Bacchus.A small altar featuring a beehive has been found among the shops in Rue de l'Océan. In the immediate area, in the house with the "warming seat", an oscillum and a statuette of Harpocrates as a boy have been discovered ; in the shops in Rue Est, a head of Silenus as an old man and a small anepigraphic altar ; and in a cistern, a statuette of Sucellus.Although the sculptures from the residences and shops present no real problems of iconography and are appropriate for their places of discovery (altars, different types of decorative statuettes, oscilla, votive statuettes), the sculptures unearthed in the temple raise the not fully resolved question of the building's function.This sanctuary – a temple surrounded by a “pi”-shaped portico, itself resting on a cryptoportico – is the largest known Roman urban sanctuary in Gaul, and the second largest temple in Gaul after the one in Narbonne. The discovery of the sculptures is supplemented by the finding of three large groups of inscriptions (a string course 17 or 18 metres long), including an invocation to the topical gods of Lugdunum associated with Rome, Augustus and Tiberius, an inscription addressed to Caligula, and another to Caligula, Claudius, Nero and Tiberius, the latter named as the founder of the temple by the notables of the municipium (fasti ?).The head of Jupiter appears to be a cult statue, very similar to the types of Jupiter found in the capitols of the Roman world in the late second–early third century ad. Was this sanctuary a capitol ? The dating of the head does not match the dating of the building. However, the size of the temple allows us to suppose that there was a much larger cult statue (the finger fragment of a statue 7 m in height ?). To judge by its plan, the site was more likely a municipal sanctuary dedicated to the imperial cult and built during the reign of Tiberius. The colossal statues of Augustus and in Rome come to mind. This statue of Jupiter may have been placed additionally in the cella as part of an association between the imperial cult and the cult of Jupiter, one that took on great importance during the Antonine and Severan periods.The fragments of statuary come from the decoration of the porticoes and the furnishing of the sanctuary.Finally, the Victory, which decorates the quoin of an architectural block, may have been part of a small tetrastyle monument measuring 7.60 m that stood in front of the temple (the temple altar is located on the temple steps). The presence of a tetrastyle building in front of a temple is rare and it was very probably a fundamental element of the liturgical processions linked to the imperial cult.Die Skulpturen aus dem Clos du Verbe Incarné und vom Plateau de la Sarra in Lyon : Beiträge zur Kenntnis des heiligtums und des antiken Viertels Im Herzen des antiken Lyon, auf dem höchsten Punkt des Hügels Fourvière, liegt ein großes städtisches Heiligtum, das einen luxuriösen Wohnsitz und ein Wohn- und Händlerviertel überragt. Der Komplex befindet sich in nächster Nähe der beiden Theater und der Stelle, an der man traditionell das Forum vermutet. Bei den seit dem 18. Jahrhundert zufällig entdeckten Funden, und den Grabungen des 20. Jahrhunderts kamen ikonographische Elemente an den Tag, deren Deutung ein besseres Verständnis dieses städtischen Ensembles ermöglicht.Dem Heiligtum selbst, dessen Bau um 15 n. Chr. beginnt, kann man einen kolossalen, in die severische Zeit datierten Jupiterkopf, eine Victoria, Fragmente von Großplastik, von Draperien und Venusstatuetten, einen zu einer riesigen Statue (stehend 7 m) gehörigen beringten Finger, ein Fragment von einer großen drapierten Statue und einige Dekorelemente, darunter ein mit Delphinen geschmücktes Pilasterkapitell zuweisen.Zu der für ihre prächtigen Mosaiken bekannten luxuriösen domus gehören Tierstatuetten dionysischer Inspiration (Hase, Ziege) sowie ein togatus (verschollen) und ein Bacchus darstellendes oscillum.In den Läden der rue de l’Océan wurde ein kleiner Altar mit einem Bienenstock freigelegt. Im nahen Umkreis, in der sog. domus „à labanquette chauffante“ (mit der beheizten Bank) wurden ein oscillum und die Statuette eines Kindes als Harpokrates gefunden, in den Läden der rue Est der Kopf eines alten Silens und ein kleiner anepigrapher Altar, in einer Zisterne schließlich eine Statuette von Sucellus.Die Skulpturen der Wohnhäuser und der Läden sind vom ikonographischen Gesichtspunkt aus betrachtet nicht wirklich problematisch, sie passen zu ihren Fundstätten (Altare, dekorative Genrestatuetten, oscilla, Votivstatuetten) ; die Skulpturen des Heiligtums werfen dagegen die Frage seiner Funktion auf, die noch nicht vollständig beantwortet werden kann.Bei diesem Heiligtum handelt es sich um einen von einer PI-förmigen Stoa umgebenen Tempel ; die Stoa selbst ist auf einem Kryptoportikus errichtet. Es ist das größte römische Stadtheiligtum, das man in Gallien kennt, und nach Narbonne der größte Tempel Galliens. Zu den Skulpturenfunden kommen drei bedeutende Inschriftengruppen (Band einer Länge von 17 bis 18 Metern Länge), darunter eine Anrufung der mit Rom und Augustus und dem Kaiser Tiberius assoziierten topischen Gottheiten Lugdunums, eine Inschrift an Caligula sowie eine Inschrift an Caligula, Claudius, Nero, wobei Tiberius von den städtischen Honoratioren (fasti ?) als Gründer des Tempels genannt wird.Der Jupiterkopf ähnelt den Kultstatuen des Gottes, die in den am Ende des 2. und Anfang des 3. Jh. n. Chr. im römischen Imperium errichteten Kapitoltempeln gefunden wurden. Handelt es sich bei diesem Heiligtum also um ein Kapitol ? Die Datierung dieses Kopfes entspricht nicht der Datierung des Bauwerks. Die Größe dieses Tempels lässt zudem eine Kultstatue weit größeren Ausmaßes vermuten (gehört das Fingerfragment zu dieser 7 Meter hohen Statue ?). Seinem Grundriss nach zu urteilen, handelt es sich eher um ein unter Tiberius erbautes dem Kaiserkult geweihtes städtisches Heiligtum. Nun drängt sich der Gedanke an Kolossalstatuen von Augustus und Rom auf. Diese Jupiterstatue könnte in der cella im Rahmen einer Assoziation von Kaiser- und Jupiterkult zugefügt worden sein, die in antoninischer und severischer Zeit stark an Bedeutung zunimmt.Bei den Fragmenten der Großplastik handelt es sich um Dekorelemente, die den Säulenhallen und dem Mobiliar des Heiligtums zugeordnet werden.Schließlich gehörte die Viktoria, die den Zwickel eines Blocks schmückt, zu einem kleinen Tetrastylos mit einer Seitenlänge von 7,60 m, der vor dem Tempel errichtet war (der Altar des Tempels stand auf der Treppe). Es ist selten, dass ein Tetrastylos vor einem Tempel errichtet wird, und in diesem Fall dürfte es sich um ein wichtiges Element der liturgischen Prozessionen im Zusammenhang mit dem Kaiserkult handeln

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