Mythes politiques et analyse de réseaux

Abstract

La Congrégation est un des puissants mythes politico-religieux de la France du xixe siècle. Adepte de la conspiration, elle aurait poursuivi des menées ultraroyalistes et ultramontaines grâce à un réseau de filiales secrètes. L’une d’elles, la Société des Bonnes études, était implantée dans le Quartier latin et recrutait principalement parmi les étudiants en droit. À partir des archives de cette société étudiante, cet article se propose d’une part de dresser une sociologie des « jésuites de robe courte », d’autre part de décrire les sociabilités « ultra » des étudiants de la génération de 1820. En croisant les listes de membres de cinq associations « congréganistes », l’analyse relationnelle permet de complexifier l’image fantasmatique des jeunes gens de l’Estrapade léguée par la polémique de 1826. Il est au moins quatre profils : le médiocre, le politique, le dévot, l’intellectuel.The Congregation is one of the powerful political and religious myths of nineteenthcentury France. Its members were conspiracy enthusiasts who carried out ultra-royalist and ultramontane intrigues via a secret network of provincial branches. One of these, the Société des Bonnes études, established in the Latin Quarter, recruited mainly among law students. Drawing from the Congregation’s archives, this article tries to establish a sociology of the « Jésuites de robe courte » as they were named in derision. It describes how the 1820s student generation socialised in these « ultra » circles. Comparing the member lists of five « Congreganist » associations, network analysis makes it possible to get a more complex picture than that which has prevailed since the 1826 controversy. At least four profiles have emerged: the unconcerned, the intellectual, the devout, and the political kind

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