Mémoire et dystopie : l'utilisation politique de la mémoire dans le roman 1984 de George Orwell

Abstract

À partir du roman 1984 de George Orwell, nous entendons montrer la relation entre la mémoire et la dystopie afin d'expliciter le lien qui existe entre les facultés mnésiques et leurs incidences sur une oeuvre de fiction à visée politique. Chez Orwell, les récupérations historiques d'événements avérés, les mises en abîmes tirées de la tradition de l'utopie et l'utilisation du langage sont représentatives d'une tendance à voir dans le passé les possibilités d'un à-venir autre. La manipulation des mémoires individuelle et collective par un régime totalitaire devient la voie privilégiée pour asseoir un pouvoir sur le social. Cependant, c'est également la mémoire qui permet à l'individu de s'échapper du cauchemar sociétal en lui inspirant des rêves compensatoires et en lui insufflant le désir d'oeuvrer concrètement au renversement de l'ordre établi. La mémoire permet ainsi l'émergence d'une altérité en fournissant les références d'un passé différent du présent qui alimenteront une critique du totalitarisme et, ultimement, contribueront à l'avènement d'un monde meilleur. La réappropriation d'une mémoire du passé devient, par conséquent, le moteur d'une écriture visant à définir l'horizon possible de l'avenir. Dans ce contexte, le passé s'avère être à la fois un enjeu primordial pour la domination totale et l'essence d'une résistance pour assurer à l'humanité l'espoir et l'avenir de la liberté. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Littérature, Mémoire, Dystopie, Totalitarisme. George Orwell: 1984

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