research

Se taire est impossible ou le choix de la langue frangaise pour témoigner: le cas de Jorge Semprun et de Elie Wiesel

Abstract

Notre communication s´attachera à analyser le recours à la langue française dans l´œuvre littéraire de deux rescapés des camps de concentration durant la IIe Guerre Mondiale : Jorge Semprun et Elie Wiesel. Semprun et Wiesel furent enfermés dans des camps de concentrations en Allemagne, dans des conditions différentes: Semprun fut emprisonné à Buchenwald comme résistant communiste espagnol militant en France, tandis que Wiesel fut déporté avec sa famille de son village hongrois vers le complexe d’Auschwitz, destinés à l’extermination certaine en tant que juifs. Nous verrons que la langue française constitue une sorte de refuge pour ces deux écrivains car elle permet de prendre de la distance avec les événements vécus. De cette façon cette langue « étrangère » permet de se réapproprier le passé et d´exprimer la douleur de la mémoire. L’utilisation du français a donc permis à ces écrivains de se mettre à distance entre un sujet trop difficile à aborder dans leur langue maternelle, servant ainsi de filtre, permettant de maîtriser une réalité autrement insoutenable dans leur langue maternelle. De cette façon, l’écriture en français prend la valeur du salut au sens existentiel. Cependant, elle fait revivre les douleurs et les angoisses. Nous nous pencherons sur la problématique de la langue d´écriture car nous verrons qu´il ne s´agit pas que d’une question linguistique. D´autre part, nous verrons que les auteurs expriment à la fois l´impossibilité de communiquer l´expérience des camps et la nécessité impérieuse de témoigner. Comme le dit Wiesel à Semprun dans Se taire est impossible: « Se taire est interdit, parler est impossible » (1995)

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