Ce travail rend compte de l'analyse de discours d'un corpus de presse portant sur un service d'urgences médicales et psychiatriques d'un grand hôpital lyonnais. L'étude dévoile de quelle manière la presse locale interprète à la fois l'accueil d'urgence et les demandes qui sont adressées par les usagers à l'institution hospitalière dans le cadre de l'urgence. Cela permet de déduire quelles sont les représentations médiatiques du soin, d'une part, et des missions de l'hôpital, d'autre part. La presse se trouve devant une difficulté à représenter la réalité d'un lieu fait de paradoxes où s'incarnent deux visions du soin et de l'hôpital. Alors que les urgences hospitalières disposent de moyens techniques de pointe pour prendre en charge des pathologies aiguës et caractérisables dans des spécialités médicales précises, une partie importante des usagers présente au contraire des poly pathologies où s'intriquent détresse psychique et/ou psychosociale, précarité, grand âge. Ainsi, l'offre envisagée par le dispositif de santé est en décalage avec certaines demandes des usagers. Cela aboutit à des situations d'engorgement et de dysfonctionnement du service d'urgence qui n'est plus en mesure d'absorber ni d'orienter vers les services d'aval de l'hôpital des patients qu'il ne s'est pas préparé à prendre en charge dans le dispositif d'accueil initial. Ces situations de crise sont l'occasion de la majorité des articles de la part de la presse locale. Afin d'interpréter et de juger ces situations de crise, la presse locale mobilise la figure de la Cour des Miracles pour caractériser le service d'urgence, ce qui lui permet de distinguer des « vraies » et des « fausses » urgences, des « vrais » et des « faux » patients et ainsi construire une échelle de légitimité des souffrances et, par conséquent, un tableau contrasté des populations qui méritent ou pas la mise en oeuvre des moyens sanitaire de l'urgence. Il est remarquable de noter que la presse se rabat sur une vision de l'urgence somatique et performante en dévalorisant l'accueil des autres formes de détresse (notamment psychique) qui fait pourtant de l'hôpital un des garants de la pérennité du contrat social. Au-delà, cette étude montre combien le discours médiatique est dans la difficulté quand il s'agit de représenter la pathologie mentale ou la détresse psychique