Pour une approche territoriale du développement rural

Abstract

Depuis plus de cinq décennies, la principale fonction de l’espace rural au Maroc se réduisait à un réceptacle des politiques agricoles. Ces politiques ont été conçues dans une large mesure en termes de concentration, basée sur ce qu’il est convenu d’appeler les politiques de développement orchestré par le haut. L’enjeu était de créer des pôles de croissance, de profiter de la plus-value économique que produit cet espace, en vue de la généraliser en direction de la périphérie de ces pôles. Quant à l’importance accordée au développement rural, elle se manifestait sous forme de programmes visant la lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme, le sous-emploi et la malnutrition. Ces politiques dirigistes ont abouti, certes, à des résultats probants, mais elles n’ont pas manqué de créer des disparités à l’intérieur de l’espace rural. C’est ainsi qu’on s’est rendu compte que le développement rural ne peut plus être lié à l’agriculture toute seule. Il ne peut être le fait des programmes émanant de l’Etat. Il ne peut, non plus, être traité au niveau de l’espace rural tout entier, mais à l’échelle des parties nettement distinctes les unes des autres, appelées territoires. Les plus pertinents sont ceux qui se rapprochent le plus des espaces vécus par les populations. De fait, les structures de décentralisation et de déconcentration se sont imposées comme une dimension des politiques de développement local. Cependant, ces structures territoriales ne semblent pas toujours remplir cette fonction. En effet, les échelles de proximité géographique respectives de la région et de la province sont trop éloignées des acteurs et des préoccupations quotidiennes des populations rurales locales. Le niveau territorial de la commune rurale répond, certes, au critère de proximité géographique et institutionnelle, mais ne permet pas de mobiliser les ressources nécessaires pour la réalisation des actions. Il ne permet pas non plus d’intégrer la relation rural-urbain. Le cercle semble se rapprocher de l’échelle économique, mais il n’existe que sur le plan administratif. La ”petite région rurale” qui correspond, en quelque sorte, au concept de “pays ” en France, paraît s’être, en revanche, un territoire de convergence géographique, économique, sociale, sociétale, environnementale et politique. Cependant, cette entité territoriale ne correspond à aucun niveau d’expression politique et ne peut, en conséquence, jouer son rôle dans le développement rural. Le problème se pose, donc, dans la détermination du niveau territorial dépassant le “local strict“, permettant de mobiliser les moyens nécessaires à l’investissement, tout en gardant une certaine proximité avec les acteurs et les populations, pour les impliquer dans la conception et la mise en oeuvre des stratégies de développement local. Le groupement de communes rurales, les moyennes et les petites villes, semble répondre au souci de faire correspondre l’espace institutionnel de prise de décision et la réalité de l’espace vécu par les populations, qu’on l’associe au développement local, qui privilégie dans le caractère multidimensionnel du territoire l’échelle de proximité (géographique, économique et politique). Mais de nos jours, une nouvelle approche nous renvoie à une démarche qui s’inscrit en rupture du développement local. Elle se veut être globale et dynamique, dans le sens où elle prend en compte toutes les composantes du territoire, pour explorer toutes ses ressources existantes et potentielles, toutes les interactions urbain-rural et toutes les opportunités offertes par le marché extérieur dans le cadre de la mondialisation. La démarche est fondée sur la notion de “projet de territoire“ qui se déroule dans le temps et dans un espace partagé par les acteurs des entités territoriales groupées et ce, en fonction des défis auxquels ils se doivent de relever

    Similar works