Lecture et lecteurs : l’impensé politique de la littérature française

Abstract

Cet article met en lumière l’écart institutionnel et culturel qui sépare les politiques de la littérature aux États-Unis et en France. Dans le monde universitaire américain, et particulièrement dans les départements de littérature, prévaut une politique de relativisme textuel qui mène à une pratique de suspicion généralisée à l’égard du texte dans les études féministes, culturelles et postcoloniales ; à l’inverse, dans le monde universitaire français, persiste une éthique protectionniste, fondée sur un canon littéraire incontesté et sur un fort isolationnisme disciplinaire. Cet article suggère que le malentendu transatlantique autour des théories critiques de la littérature qui dure depuis plusieurs décennies s’explique par le fait que les théoriciens américains s’intéressent à la lecture et à ses effets politiques, alors que les Français se préoccupent presque exclusivement de l’écriture et de l’écrivain.   This article highlights the institutional and cultural gap that separates literature policies in the United States and France. A policy of textual relativism prevails in American universities, particularly in literature departments, which gives rise to a general suspicion of the text in feminist, cultural and postcolonial studies. In French universities, on the other hand, there persists a protectionist ethic founded on an undisputed literary canon and a strong disciplinary isolationism. This article suggests that the decades-long trans-Atlantic misunderstanding surrounding critical theories of literature can be explained by American theoreticians’ emphasis on reading and its political impacts, whereas the French are concerned almost exclusively with writing and the writer. 

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