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Détermination des catécholamines et métanéphrines urinaires dans les cas de morts cardiaques
La chimie clinique postmortem s'est fortement développée ces dernières années et contribue à élucider des cas de deces dont les circonstances sont indéterminées, notamment à cause de l'absence de signes macro- ou microscopiques. L'un des exemples le plus connu dans le domaine forensique est la contribution du dosage des catécholamines urinaires dans les cas de décès consécutifs a une exposition au froid. En effet, lors d'un stress aigu, il existe une activation du systeme sympathico-adrénergique provoquant la libération massive de catécholamines dans le sang. Or, dans les cas de décès par hypothermie, il a été démontré que les taux de catecholamines urinaires étaient significativement plus élevés par rapport à des cas-contrôle.
La stabilité des catécholamines après le décès a fait l'objet d'un certain nombre d'études II a été démontré que les catécholamines sont peu stables dans les différents liquides biologiques et que des lors, des mesures particulières sont nécessaires (acidification des urines congélation immediate de l'échantillon) afin de limiter la dégradation des molécules En revanche dans le domaine clinique, il a été démontré que les métabolites des catécholamines, les métanéphrines sont biochimiquement plus stables et que leur dosage serait donc plus fiable.
Partant de ces différents constats, et du fait que peu d'études ont investigué le dosage de ces marqueurs dans les situations de mort cardiaque, nous avons mené une étude impliquant des cas de morts cardiaques et non-cardiaques (cas-contrôle) et dosé les catécholamines et les métanéphrines dans l'urine et l'humeur vitrée. Nous avons choisi ces deux échantillons car en général l'humeur vitrée est un liquide plus « protégé » que le sérum face aux phénomènes d altération cadavérique. Le choix de l'urine était lié au fait que les catécholamines (et metanephrines) urinaires sont investiguées systématiquement dans le domaine forensique lors de deces par hypothermie et que les catécholamines {et métanéphrines) semblent être plus stables dans I urine que dans le sérum postmortem.
Le but principal de l'étude était de déterminer si un profil biochimique pouvait être défini dans les cas de morts cardiaques en ce qui concerne les catécholamines et métanéphrines urinaires et/ou dans l humeur vitree. Le second objectif de notre étude portait sur la possibilité d'identifier un profil biochimique concernant les catécholamines et métanéphrines urinaires et/ou dans l'humeur vitrée en fonction de la période agonale.
Nous avons inclus dans notre étude 128 cas de décès au total, dont 72 cas de morts cardiaques et 56 cas-controles. Les résultats de notre étude montrent qu'aucune différence statistiquement significative ne peut être identifiée pour les catécholamines et métanéphrines urinaires/dans I humeur vitree dans les cas de morts cardiaques et non cardiaques, ni même en fonction la durée du processus agonal. Ainsi, notre étude semble indiquer que le dosage des catécholamines et de eurs metabolites n'est pas utile pour caractériser le profil biochimique des morts cardiaques dans le domaine forensique. Nos résultats corroborent ceux obtenus par Wilke et Tormey qui avaient évalué la concentration des catécholamines urinaires dans une série de cas de morts cardiaques notamment, et par rapport à la durée du processus agonal.
Afin d'élargir les acquis de notre étude, il serait utile d'effectuer le dosage de ces marqueurs dans d autres liquides biologiques, voire d'utiliser d'autres marqueurs impliqués dans l'activation du systeme sympathico-adrénergique, ceci afin de comprendre davantage les mécanismes y associes. Soulevons encore un point concernant Je dosage de catécholamines et métanéphrines urinaires dans le domaine forensique et leur possible augmentation liée, par exemple à la consommation de certaines drogues de synthèse. Une étude dans ce sens pourrait être envisagée afin dévaluer l'activation du système sympathico-adrénergique suite à une consommation de psychotrope et le possible rôle dans le mécanisme du décès