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La consommation ordinaire en tant que phénomène sociologique et biophysique. Approche systémique des pratiques alimentaires domestiques en Suisse romande
L’utilisation durable des ressources et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont des défis environnementaux majeurs. La modification des modes de consommation en est une des pierres angulaires. Au travers de la consommation finale et ordinaire, cette thèse aborde cet enjeu par l’intégration de deux perspectives conceptuelles : l’une est biophysique ; l’autre est sociologique. Nous avons d’abord développé un modèle, interdisciplinaire et systémique, que nous avons ensuite confronté à l’étude empirique des pratiques de consommation alimentaire dans le contexte de la région romande, en Suisse. De par ses impacts environnementaux très significatifs et son caractère universel, l’alimentation est un sujet central de la consommation durable : la manière d’aborder et de conceptualiser ce sujet se trouvent au cœur de notre recherche. La transition vers une consommation durable implique, certes, des changements de comportement, mais elle implique au préalable de comprendre les facteurs complexes qui les façonnent, tout autant que de mesurer les impacts environnementaux qui en résultent. La problématique que nous identifions à cet égard est double.
Premièrement, dans une perspective sociologique, nous assistons à un phénomène d’individualisation et de privatisation des responsabilités en matière de changement vers des pratiques de consommation durables. Les politiques publiques, mais aussi les prescriptions environnementales émanant d’acteurs multiples, s’adressent essentiellement aux consommateurs comme à des individus rationnels : s’ils disposent des bonnes informations, ces derniers feront les bons choix sur le marché. Les études dans le domaine montrent pourtant que cette approche souffre de nombreuses limites, en particulier qu’elle ne tient pas compte des caractéristiques contextuelles et collectives – systémiques – des pratiques de consommation. Deuxièmement, dans une perspective biophysique, nous sommes confrontés à l’agrégation et à l’uniformisation des données : les modèles utilisés pour quantifier l’utilisation des ressources et leurs impacts sur l’environnement sont appliqués aux échelles nationale (p.ex. la Suisse) ou régionale (p.ex. l’Europe). Cette situation conduit à un effet de « boîte noire » qui nous prive d’une lecture plus fine des dynamiques de consommation. Notre hypothèse principale est que ces dynamiques pourraient alors être mises en relation avec leurs contextes socioculturel et infrastructurel et constituer une base de réflexion pour la conception et le développement d’interventions innovantes, contextuellement adaptées, ne reposant pas uniquement sur une logique individuelle et marchande.
La première partie de cette thèse est consacrée au développement d’un cadre conceptuel fondé sur la Théorie du Système Général. Il nous permet d’articuler deux « représentations non- équivalentes » de la consommation finale : l’une porte sur le concept de Métabolisme Socioéconomique ; l’autre porte sur le concept de Pratiques Sociales. L’articulation de ces deux représentations nous permet ensuite de développer un modèle « hybride » de la consommation alimentaire domestique. Pour tester ce modèle, nous avons procédé à des études de cas détaillées sur quinze ménages romands. Nous avons développé à cette fin des méthodes spécifiques, adaptées à la collecte et au traitement de données qualitatives et quantitatives dans une perspective interdisciplinaire. En complément, nous avons proposé des méthodes de traitement de données issues du programme de fidélité d’un distributeur alimentaire (Migros), afin d’évaluer son potentiel analytique dans le domaine des recherches en consommation durable et des dynamiques de consommation alimentaire domestique en particulier.
Nos résultats montrent que l’articulation des concepts de Métabolisme Socioéconomique et de Pratiques Sociales est pertinente et cohérente en regard de notre problématique. Toutefois, elle requiert de porter une attention particulière aux notions systémiques d’échelles spatiale et temporelle, d’éléments et de structure.
Sur le plan empirique, nous avons montré que notre modèle est capable d’identifier des relations causales complexes entre les différents éléments qui composent les pratiques alimentaires domestiques, ainsi qu’entre ces pratiques et les profils métaboliques qui en résultent.
En conclusion, le modèle que nous proposons permet d’identifier et d’analyser les structures et dynamiques socioculturelles de la consommation finale et ordinaire et de les mettre en relation, de façon méthodique et tangible, avec leurs substrats matériels et énergétiques. Nous défendons l’idée qu’une telle approche est un préalable nécessaire pour imaginer et concevoir des alternatives aux modes de consommation actuels. Ce travail constitue ainsi une base conceptuelle et méthodologique pour l’évaluation et la comparaison empirique de la durabilité environnementale de différents modes de consommation. Il ouvre également la voie au développement d’interventions – publiques et privées – innovantes, favorisant l’émergence et la pérennisation de « pratiques » alimentaires durables dans le contexte socioculturel suisse. Par ailleurs, le caractère générique et modulable de notre modèle et de nos méthodes les rendent adaptables à d’autres contextes socioculturels et à l’étude, systémique et typologique, d’autres secteurs de la consommation.
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Sustainable consumption and greenhouse gas (GHG) emissions are the main environmental challenges of the 21st century. Changing consumption patterns is one of their cornerstones. Focusing on final and ordinary consumption, this thesis addresses these topics through the integration of two conceptual perspectives: one is biophysical, the other is sociological. We first developed an interdisciplinary and systemic model, which we applied to the empirical study of the food consumption practices in the context of Romandie 1 . Considering its highly significant environmental impacts and its universal nature, food represents a central issue of sustainable consumption: framing and conceptualizing this issue is our main objective. While transition to sustainable consumption involves changes in behavior, two preconditions are understanding the complex relationships that shape them, as well as monitoring their resulting environmental impacts. The problem we identify in this respect is twofold:
Firstly, from a sociological perspective, we are confronted with what we call an “individualization and privatization” of responsibilities regarding change towards sustainable consumption practices. Environmental policies and prescriptions regard consumers as rational individuals: if they have the right information, they will make the right choices on the market. In return, those informed choices are expected to lead producers and distributors to offer more sustainable goods and services on the market. However, studies show that this approach encounters many limitations, particularly because it does not take into account the contextual and collective - systemic - drivers of consumption practices. Secondly, from a biophysical perspective, we are facing the difficulty of data aggregation and standardization: models used to quantify the resources consumed and their related environmental impacts are applied at national (eg. Switzerland) or regional (eg. Europe) levels and rely on secondary statistical datasets. This situation leads to a “black box” effect preventing an in-depth and detailed understanding of how household consumption dynamics are shaped and respond to specific socio-cultural and infrastructural contexts. This analysis could in turn lead to the design of innovative policies that go beyond market and individualistic logic.
The first chapters of this thesis focus on the development of a conceptual framework based on the General System Theory allowing us to articulate two "non-equivalent” representations of final consumption: the first is based on the Socioeconomic Metabolism concept ; the second is based on the Social Practices concept. From this theoretical and conceptual background, we designed a “hybrid” model to study household food consumption structure and dynamics and apply it to fifteen household case studies in Romandie. We developed methods that allowed us to collect and process both qualitative and quantitative data from an interdisciplinary perspective. Additionally, we designed methods to process data from the loyalty program (Big Data) of an important Swiss food retailer (Migros) to explore and evaluate its analytic value in sustainable consumption research and, more specifically, in relation to domestic food consumption dynamics.
Our results show that the articulation of the Socioeconomic Metabolism and Social Practices concepts is relevant and theoretically coherent. However, specific attention to the systemic notions of spatial and temporal scales, elements and structure is required. Therefore, our model is able to reveal complex causal relationships between multiple elements that make up food consumption practices, as well as between these practices and the resulting metabolic profiles. We then show that the notion of "individual choices", as far as food is concerned, has little relevance due to the domestic inter-individual relations, the infrastructural configuration and the institutional status of the main Swiss food retailers, combined with social, professional and temporal aspects of daily life.
As a conclusion, the model we developed allows to study the socio-cultural structures and dynamics of final and ordinary consumption practices and to relate them, in a systematic and tangible way, to their embedded material and energy flows. We argue that such a conceptual and empirical approach is a prerequisite to envision and design alternatives to current consumption patterns. Therefore, this research paves the way for the development of innovative public and private interventions that promote the emergence of sustainable food consumption practices in the Swiss socio-cultural context. Finally, the modular properties of our model and methods make them suitable to the systemic and typological study of other socio-cultural contexts and consumption sectors facing environmental sustainability challenges
Understanding household food metabolism: relating micro-level material flow analysis to consumption practices
Public and private food consumption is responsible for significant environmental impacts, resulting in numerous studies that highlight the problem and reveal its magnitude at global and national scales. Drawing on a high level of data aggregation and focussing on individual choices and attitudes, current accounts stop short of grappling with the underlying complexity of the phenomenon. In this paper, we explore the conceptual value and methodological feasibility of linking Material Flow Analysis (MFA) and Social Practice Theory (SPT) to apprehend household food consumption dynamics. We develop and pilot a “Practice-extended MFA” framework among selected households in Bangalore, India. While MFA modelling serves to describe and quantify all food consumption processes and related flows at the microlevel, SPT is applied to investigate how individual, technological and sociological aspects of consumption practices converge towards household food “metabolic profiles”. The results revealed a complex system of interactions between food provisioning, storage and management practices, as well as socio-cultural norms. The paper concludes by emphasizing the contribution of a reflective stance between household metabolisms and consumption practices revealing not only what and how much food is consumed and wasted, but why and in what way
Integrating artificial intelligence into lung cancer screening: a randomised controlled trial protocol
Introduction Lung cancer (LC) is the most common cause of cancer-related deaths worldwide. Its early detection can be achieved with a CT scan. Two large randomised trials proved the efficacy of low-dose CT (LDCT)-based lung cancer screening (LCS) in high-risk populations. The decrease in specific mortality is 20%–25%.Nonetheless, implementing LCS on a large scale faces obstacles due to the low number of thoracic radiologists and CT scans available for the eligible population and the high frequency of false-positive screening results and the long period of indeterminacy of nodules that can reach up to 24 months, which is a source of prolonged anxiety and multiple costly examinations with possible side effects.Deep learning, an artificial intelligence solution has shown promising results in retrospective trials detecting lung nodules and characterising them. However, until now no prospective studies have demonstrated their importance in a real-life setting.Methods and analysis This open-label randomised controlled study focuses on LCS for patients aged 50–80 years, who smoked more than 20 pack-years, whether active or quit smoking less than 15 years ago. Its objective is to determine whether assisting a multidisciplinary team (MDT) with a 3D convolutional network-based analysis of screening chest CT scans accelerates the definitive classification of nodules into malignant or benign. 2722 patients will be included with the aim to demonstrate a 3-month reduction in the delay between lung nodule detection and its definitive classification into benign or malignant.Ethics and dissemination The sponsor of this study is the University Hospital of Nice. The study was approved for France by the ethical committee CPP (Comités de Protection des Personnes) Sud-Ouest et outre-mer III (No. 2022-A01543-40) and the Agence Nationale du Medicament et des produits de Santé (Ministry of Health) in December 2023. The findings of the trial will be disseminated through peer-reviewed journals and national and international conference presentations.Trial registration number NCT05704920