Le bruit et la fureur (sur la violence anarchique dans Anseÿs de Mes)

Si l'on met à part le plus tardif récit d'enfance qu'est Hervis de Mes, Anseïs de Mes est la troisième branche de la geste des Lorrains : l'axe central de ce long ensemble (environ 40.000 vers) est la lutte que se livrent les deux lignages ennemis des Lorrains et des Bordelais. Le conflit se poursuit sur trois générations : celle des pères (Garin et Bégon dans Garin le Lorrain), celle des fils (Gérin et Hernaut dans Gerbert de Mes et Anseïs de Mes), celle des petits-fils (.. ou de parents plu..

Perceval et les péchés de la langue

Combarieu du Grès Micheline de. Perceval et les péchés de la langue. In: Littératures 39, automne 1998. pp. 5-29

La fée et les sortilèges

Entre « la meson tenebreuse que len apele enfer » (La Queste del Saint Graal, p. 113), et la maison de « pardurable clarté » (Lancelot, t. 7, p. 24) où les élus auront la « compaignie sans fin » (id.) de Dieu, le royaume de Logres est un monde d’ombres, de « muances » et de « semblances », où rien n’est sûr aux vivants que la chose incertaine, où variantes et variations masquent la vérité des choses et des cœurs : seul, Galaad l’élu porte, visible sur son visage, cette « simplece » qui fait a..

Les quêteurs de « merveilles »

De même que, à partir du « devisement » du monde, Marco Polo dicte un livre de « merveilles », de même, de toutes les aventures (supposées) que rencontrent ses héros, le romancier de chevalerie ne rapporte que les plus notables : celles que les personnages eux-mêmes, dans le Lancelot, conteront, une fois revenus à la cour d’Artus, celles que le roi fera mettre par écrit au début la Mort le roi Artu. Aventures « merveilleuses » dont l’avènement tranche sur le vide des jours passés « sans avent..

La mort en ce jardin

A première vue, le thème du jardin/verger ne semble pas offrir riche matière à investigation dans le cycle du Lancelot-Graal : les occurrences en sont rares et le traitement, conventionnel, demeure en deçà de ce que l’on peut trouver, par exemple, chez Thomas ou Chrétien de Troyes. Cette indifférence se remarque déjà dans l’emploi d’un vocabulaire qui ne fait pas de distinction entre verger et jardin d’une part, et prael de l’autre. Si l’emploi de jardin et verger comme purs synonymes n’appel..

L'eau et l'aventure dans le cycle du Lancelot-Graal

Le cycle du Lancelot-Graal s'ouvre sur des paysages où l'eau est partout présente : château de Trèbe protégé des assauts par la rivière et les marais qui l'entourent, lac dit "de Diane" à l'abri duquel Niniène emmène l'enfant Lancelot, rivières le long desquelles le roi Claudas aime par dessus tout à chasser, mer maintes fois traversée pour passer de Benoïc et Gaunes en (Grande) Bretagne. Et il se clôt sur d'autres images imprégnées d'eau : chevauchée d'Artus mortellement blessé jusqu'à la me..

Le Lancelot comme roman d’apprentissage

Le peu d’intérêt du Moyen Age pour l’enfant est un lieu commun qui, comme tous ses semblables, souffre un certain nombre d’exceptions qui le confirment. La plus notable d’entre elles, dans le domaine de la littérature romanesque, pourrait bien être le cycle du Lancelot-Gmal. Contrairement à certains de ses devanciers qui se contentent de schématiser à grands traits une enfance idéale ou à un Chrétien de Troyes qui, de façon plus subtile, contourne le problème dans son Perceval, l’auteur du La..

Enfantines

Il n’est pas si fréquent qu’une œuvre du premier tiers du 13° siècle s’intéresse à la fois aux enfants et à l’enfance, surtout si on donne à ces termes leur acception actuelle et non médiévale où la langue vernaculaire emploie le mot « enfes » là où le latin distingue l’infans, le puer, le juvenis ; on peut être appelé « enfes » jusqu’à l’adoubement, voire au mariage ou à l’obtention d’un fief ou, encore, à la paternité. Nous nous arrêterons à l’étape marquée par l’auteur dans sa narration, q..

Les deux morts de Renaut de Montauban

Pour A. Moisan et sa longue compagnie avec Vivien, cet autre héros aux morts variables. Dans l’Introduction à son édition de Renaut de Montauban fondée sur le ms Douce (Oxford, Bodl., Douce 121), J. Thomas parle d’un « Renaut quasi inconnu ». Cet ouvrage, outre qu’il fournit une édition répondant aux critères scientifiques actuels, permet de comparer, en se reportant à celle de F. Castets basée, elle, sur le ms La Vallière (BN., fr. 24387), même si elle est philologiquement vieillie, deux ver..