17 research outputs found

    Les concessions à charge de remblais en Polynésie française ou les politiques face à la privatisation

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    Les concessions dites « à charge de remblais » autorisées par les pouvoirs publics permettent aux collectivités et aux particuliers d’utiliser l’espace maritime littoral en le remblayant. Les réglementations d’attribution de ces concessions sont traitées depuis les premiers textes et il n’y a plus actuellement que des dérogations. Les remblais sauvages et donc illicite au regard de la loi peuvent néanmoins être régularisés. Malgré des progrès en vue de mieux gérer ce problème de la privatisation du littoral, il est clair que les faits démontrent l’absence de volonté politique pour faire respecter l’inaliénabilité du domaine maritime. Les concessions bien que temporaires sont en fait définitives et le droit de passage de trois mètres de largeur sur la plage n’est jamais exigé. Les conséquences de ces remblais sont traitées dans le texte. Entre électoralisme et intérêt public, le pouvoir politique n’a pas encore eu le courage de faire appliquer la loi.Concessions, called ‘backfill load’, that are authorized by the authorities allow communities and individuals to use backfilled maritime areas for the public interest, or for the interests of riparian owners of the lagoon in order to enlarge their land. These concessions are issued according to regulations that have evolved in recent decades. There are currently no more concessions permitted except under special exemptions. Wild embankments that are therefore illegal in view of the law may nevertheless be regularized. Despite progress towards better management of the coastal privatization problem, there is clear evidence demonstrating a lack of political will to respect the inalienability of the maritime domain. The temporary concessions that are effectively final have never ensured the right of passage - three meters large - to the beach. Between electioneering schedules and public interest, political powers have lacked the courage to enforce these laws in spite of consequences of these embankments

    Les modifications de la ligne de rivage dans les îles de la Société (Polynésie française) : un indicateur des pressions anthropiques en zone côtière

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    Dans les îles océaniques tropicales, la ligne de rivage naturelle correspond à une plage, à une falaise, à des galets ou rochers, à des zones de végétation basse ou haute. Le développement économique des îles et la croissance démographique de leurs populations ont pour conséquence une artificialisation de cette ligne de rivage pour utilité publique ou par des riverains qui cherchent à se protéger des actions de la mer, mais aussi à étendre leur emprise sur le lagon. Plusieurs îles de la Société ont fait l’objet d’une étude quantifiée de leurs lignes de rivage afin de déterminer leurs degrés d’anthropisation. Dans plusieurs d’entre elles, cette artificialisation est voisine ou dépasse 40 % du linéaire côtier. Elle est un bon indicateur des pressions anthropiques en zone côtière. L’évolution de cette tendance a pu être montrée à Moorea par des études menées à quinze ans d’intervalle. Des actions sont entreprises et doivent être développées pour mettre fin cette artificialisation aux conséquences néfastes pour l’environnement.In tropical oceanic islands, coastlines are usually either sandy, rocky or have cliffs, - or may have low or high vegetation. Developing island states with increasing human populations are modifying coastlines to form artificial or modified structures for public utility or by lagoonside residents hoping to protect their property from the sea or to gain extra land on the margins of the lagoon. Several French Society Islands have been examined to establish the extent of this coastal modification. In most of them, human activities have altered 40% or more of the coastline, and the percentage of modification is a good indicator of the human pressure  on the shoreline. The evolution of coastal modification has been documented on Moorea island during two field studies separated by a fifteen year period. Specific activities need to be developed and deployed to stop coastal modifications that result in damage to the environment

    Restauration d’une zone corallienne dégradée et implantation d'un jardin corallien à Bora Bora, Polynésie française

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    The restoration of coral reef habitats by coral transplantation is a hot topic in the news toda y due to the accelerating degradation of the coral reef ecosystem all over the world. There is much discussion about research programs for the transplantation of corals and about ac tuai field realizations and the motivation for coral reef restoration. But the implementation of such a project depends on a social request considering local or global cultural and economical situations . Projects are very costly and only applicable when important economical interests are involved such as the fight against erosion or tourism development. In the lagoon of Bora Bora in French Polynesia, a fringing zone, degraded by coral sand extractions, led to an erosion of the coast damaging local private property in a sec tor weil oriented toward tourism activities. The reconstruction of this degraded site (20,000 sq.m) required physically filling up holes, implementation of spurs, and putting into place artificial concrete structures to promote the natural colonization of corals and other reef organisms in order to reduce swell impacts. The creation of a coral reef garden was also part of the project with the transplantation of corals collected in the vicinity. Fifty groups of three different types of concrete blocks have been set out on the site and six others constitute the coral reef garden on which 311 coral colonies are transplanted. Two and a half years after this restoration, the project proved to be successful. The coral reef garden flourished; it showed much diversification and little mortality among the corals colonies, and the natural colonization on the concrete substrate was teeming with corals, seaurchins, mollusks, and fishes. But thirty months later, an exceptionally violent meteorological and oceanographical situation led to a catastrophic event which caused many transplanted coral as weil as natural colonies in the vicinity to be killed off. Lagoon waters temperatures were recorded as high as 34°C and of the 311 transplanted coral colonies only 119 survived, most of them bleached or partly dead. All colonies of the genus Acropora died, while those of the genus Psammocora survived. Methods for restoration and creation of coral reef gardens are highly controlled but they cannot always escape such catastrophic events such as the one in Bora Bora in December 2001. Physical restoration was successful but the biological transplantation of corals failed. Thus, when we consider how expansive a restoration project is, it is essential to conduct an historical inquiry on a potential coral transplantation site before implementing any projectLes problèmes de restauration de zones coralliennes, avec transplantations de coraux, sont à l'ordre du jour compte tenu de la dégradation accélérée de cet écosystème à la surface de la planète. Les motivations des recherches dans ce domaine et celles des projets de restauration sur le terrain sont évoquées. Elles répondent à une demande sociale exprimée en fonction de considérations culturelles et économiques. Les projets sont coûteux et ne peuvent concerner que des cas très limités avec des intérêts économiques importants (lutte contre l' érosion, développement du tourisme). À Bora Bora, en Polynésie française, une zone lagonaire frangeante, dégradée par des extractions de sédiment corallien, provoquait une érosion littorale. Son ré-aménagement comporte une restauration physique des lieux (comblement des fosses, réalisation d'épis...) et la mise en place de structures artificielles pour permettre la colonisation naturelle de coraux et autres organismes, afin de jouer le rôle de brise houle. Ce projet s'accompagne de la création d'un jardin corallien avec structures artificielles sur lesquelles sont fixés des transplants de coraux. Deux ans et demi après la fin des travaux, le jardin corallien affiche une communauté corallienne florissante et diversifiée avec très peu de mortalité des colonies transplantées, une croissance normale et la colonisation naturelle de coraux et d'autres organismes des récifs coralliens (oursins, mollusques, poissons). Cependant, un événement météorologique et océanographique exceptionnel, trente mois après la création du jardin corallien, a entraîné une forte mortalité des coraux transplantés comme ceux naturellement en place dans le secteur. Si les techniques nécessaires à la restauration de zones dégradées et à la création de jardins coralliens sont totalement maîtrisées, ces réalisations n'échappent pas aux variations temporelles des conditions de milieu qui peuvent être catastrophiques. Dans un tel cas, comme à Bora Bora en décembre 2001, la restauration physique reste à l'actif de l'opération, mais l'échec de la restauration biologique est à noter. Une étude historique, sur plusieurs décennies, des zones sujettes à des mortalités exceptionnelles s'impose donc avant tout choix de sites pour la réalisation de jardins coralliens dont les coûts sont très élevé

    Monitoring of French Polynesia coral reefs and their recent development

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    French Polynesia, consisting of 118 islands in the centre of the Pacific Ocean, has more than 15000 km2 of reefs and lagoons managed by the local government. Tourism and pearl culture are the two main economic resources of the country. Polynesian coral reefs are extremely diverse and are among those for which we have thorough knowledge. The exploitation of local resources has been recorded for multiple decades and includes : coral materials, fishing, harvest and export of mother-of-pearl molluscs, pearl production, and ornamental fish. All over the country, many monitoring programmes have been launched to measure the health of reefs and the natural and anthropogenic perturbations that they suffer : hurricanes and seismic events, water quality, health of benthic and fish communities, pearl oyster pathology and radiobiology. These data, collected over the last few decades, allowed to defi ne the relative importance of natural and anthropogenic degradation on reefs and lagoons, and to explain the present status of reefs at different spatial scales. Devastating hurricanes are rare (1903-1906, 1982-1983 and occasionally at other times), but they may annihilate outer slope coral communities on some islands. Bleaching events with considerable coral mortality at different geographical scales occurred mainly in 1991, 1994 and 2003. Outbreaks of Acanthaster destroyed numerous reefs (lagoons and outer slopes) from 1978-1982 and a new demographic wave began in 2006 at many Society islands. Eutrophication events only occurred occasionally and only in some lagoons. Whereas natural catastrophic events degrade the coral reef ecosystem across many islands, at the archipelago or even regional scale, anthropogenic degradation is limited to a few Society Islands, occurring rarely on atolls and not at all on those (one third) which are uninhabited. The main causes of reef degradation in some areas of Tahiti and Moorea include the embankment of fringing zones, coral mining, overfishing, absence of urban sewage treatment and the development of leisure and tourism activities. Because of its large geographical extent, one may conclude that major reef degradation in French Polynesia is caused by catastrophic natural events. On the other hand, anthropogenic degradation is more localized. Unfortunately, the synergistic effects of these causes of degradation prevent reefs from recovering. Optimum coral cover on French Polynesian outer reef slopes is between 50-60 %. After a major destructive impact (hurricane, bleaching, Acanthaster) a reef is reduced to less than 10 % coral cover, however if no more major disturbance events occur a reef will recover in about 12 years. Most of the 15000 km2 of reefs and lagoons in French Polynesia are in good health, and along with their neighbouring reefs in East and Central Pacific they are considered as the least degraded reefs worldwide and at a low risk of becoming degraded in the few next decades. However, we are more and more anxious about the future of reefs in the world particularly because present simulations predict that major impacts of climate change would include : elevation of sea surface temperatures, increase in the strength of hurricanes and acidification of seawater which will affect the formation of coral structuresLa Polynésie française, 118 îles au coeur du Pacifique, possède une surface de plus de 15000 km2 de récifs et lagons gérés par le gouvernement polynésien. Le tourisme et la perliculture représentent les deux ressources économiques majeures du Pays. Les formations récifales très diversifiées sont parmi les mieux connues. Plusieurs suivis d'exploitation des ressources sont opérationnels depuis des décennies : granulats coralliens, pêche pour l'alimentation, collecte et exportation de mollusques nacriers, production de perles, poissons d'ornement. À l'échelle du Pays de très nombreux programmes de surveillance de l'état des récifs et des perturbations qu'ils subissent, naturelles et anthropiques, ont été mis en place: perturbations cycloniques et sismiques, qualité des eaux, état de santé des peuplements benthiques et ichtyologiques, pathologie des nacres, radiobiologie. Toutes ces données recueillies au fil des décennies ont permis d'établir l'importance relative des dégradations naturelles et anthropiques sur les récifs et lagons polynésiens et d'expliquer leur état de santé actuel en considérant différentes échelles spatiales. Les périodes cycloniques dévastatrices pour les récifs sont rares (1903-1906, 1982-1983 et épisodiquement) mais les cyclones ont parfois anéanti les communautés coralliennes de pentes externes dans certaines îles. Les blanchissements suivis de mortalités importantes à des échelles spatiales diverses, ont été surtout ceux de 1991, 1994 et 2003. Les explosions démographiques d'Acanthaster ont détruit de nombreux récifs (lagons et pentes externes) en 1978-1982 et une nouvelle pullulation s'amplifie depuis 2006 dans plusieurs îles de la Société. Les crises dystrophiques n'ont perturbé qu'épisodiquement certains lagons. Si les événements naturels précédents dégradent les récifs à l'échelle de plusieurs îles, d'archipel ou du Pays, les dégradations anthropiques sont limitées à quelques îles peuplées de la Société, plus exceptionnellement dans les atolls et encore moins dans un tiers d'entre eux qui sont inhabités. Les remblais en zone frangeante, les extractions de matériaux coralliens, la surpêche, l'absence de réseaux d'assainissement des eaux usées urbaines et le développement d'activités de loisir et du tourisme sont les causes essentielles de la dégradation des communautés coralliennes du lagon dans certains secteurs de Tahiti et de Moorea. Ainsi apparaît-il clairement que les dégradations majeures des récifs en Polynésie sont occasionnées par des phénomènes naturels compte tenu de leur étendue géographique. En revanche les dégradations anthropiques sont géographiquement plus localisées. Malheureusement la synergie des deux causes de dégradation ne facilite pas la récupération des récifs. Il est établi qu'une pente externe avec un recouvrement corallien de 50-60 % est à son optimum. Une dégradation majeure (cyclone, blanchissement, Acanthaster) réduit ce recouvrement à moins de 10 %. La communauté met une douzaine d'années pour revenir au recouvrement optimum si aucune autre perturbation importante ne survient. La très large majorité des 15000 km2 de récifs et lagons de Polynésie française sont en bonne santé. Avec leurs voisins du Pacifique Est et Central, ces formations coralliennes sont considérées comme les moins dégradées au monde et à faible risque de dégradation dans les prochaines décennies

    Evaluation socio-économique de la pêche en milieu corallien dans l'île de Moorea

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    Abstract Moorea, 134 km2 of land surface, 70 km of coastline, sister island of Tahiti, is encircled by a coral reef ecosystem 1 km wide and with a surface area of 49 km2. The objectives of the study were : — to establish the present socio-professional status of the « reef lagoon fisherman » — to determine stocks and catch of different fish species — to quantify auto-consumption and the commercialisation of fish ; — and to estimate the economic value of coral reef fisheries in the context of the present development of Moorea, an island of French Polynesia whose G.D.P. (Gross Domestic Product) is one of the most important in the South Pacific area. Coral reef fishing by selective, non destructive methods, as well as road side selling of fish by the fishermen themselves are carried out all year round. This traditional form of coral reef fishing is preserved and supported by local demand which is also traditional. However it remains outside of tourist hotel circuits and commercialisation by middlemen. If the number of fishermen can be estimated as around 50 compared to an active population of 2,763 (out of 8,800 inhabitants) of which 442 are employed in the primary sector, the number of fishermen living mainly by that activity is only 15. The product of coral reef fishery is to be about 50 ± 16 tons per year, which represents between 7 and 13 kg per hectare. However the exploitation of the ichtyological resource concerns only five species, accounting for 65 % of the total tonnage. Population dynamic studies related to these species will be necessary in order to know if they are under or over exploited. Coral reef fishing represents an income of between 25 ± 8 millions CFP.. The average income for a fisherman living mainly from that economical activity is close to the 1992 legal minimum wage level in French Polynesia.Aubanel Annie. Evaluation socio-économique de la pêche en milieu corallien dans l'île de Moorea. In: Journal de la Société des océanistes, 96, 1993-1. pp. 49-62

    La gestion des récifs coralliens de Polynésie française

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    In the Central Pacific, the 84 high volcanic islands and 34 atolls are inhabited by 231 000 Polynesians who arrived from South East Asia some two thousands years ago. Their culture is oceanic with an intimate connection between man and coral reefs and their resources. Culture and traditions are still strong. After being colonized by France in 1842, French Polynesia became autonomous in 1984 with its own government, and total control of the environment. Tourism and black pearl export are the main economic activities at the moment. The PNP is the largest of all the 23 countries or territories of the South Pacific. The island diversity of these young oceanic islands is important, especially for low islands from open to very close lagoons. Important scientific knowledge of coral reefs come from intensive studies made over 40 years, especially in Moorea, with more than 800 publications. Natural perturbations affecting coral reefs are catalogued along with their impacts. Tsunamis and cyclones are very rare or rare but play a major role in the morphological evolution of atolls. Coral bleaching with mortality has become more frequent over the 3 last decades with major events in 1991, 1994 and 1998. According to some scenario related to global climatic change and sea surface temperature increase for the next century, we can expect the worst with a complete collapse of coral reefs if the corals and their symbiotic algae do not adapt. Human activities, almost exclusively in some Society Islands, especially Tahiti and its large urban zone, have major impacts on coral reefs. Extracting activities of coral sand and blocks is now prohibited but embankments are frequent Populated islands such as Tahiti and Moorea urgently need some collectors of sewage whose nutrients benefit to algae more than to corals. Fishing is culturally and economically important for Polynesian people even if it is for subsistence and very local market Depletion of stocks occurred only in populated areas of some Society Islands. Other edible resources (molluscs, echinoderms, crustaceans) are much less important and turtle are protected. After a colonial exploitation of the mother-of-pearl oyster during the two last centuries for the nacreous button market the black lip oyster is now cultivated for the production of about 11 tons of black pearls in 1999. But the millions of oysters in more than 50 lagoons with employment of more than 5000 persons, need some regulations for the ecology of the coral reef ecosystem as for the world black pearl market. Aquaculture never developed due to rarity of land and cost of labour. Tourism activities need healthy reefs and lagoon waters due to such a nature and ecotourism destination. Many coral reef monitoring programmes have been launched with different time scale and areas of study. A lot of results identify both natural and anthropogenic causes of degradations. Only a few protected coral reef areas exist but none with tourism activities. Reef and lagoon management plans are under way from consensus of all stakeholders. Restoration of degraded sites are experimental but very expensive. Environmental associa¬ tions are inescapable political partners. Preservation of culture and natural heritage with such an intimity between man and coral reefs are cornerstones for the future of French Polynesia and constitute its originality in the world.Au cœur du Pacifique, la Polynésie française (84 îles hautes volcaniques et 34 atolls) compte 231 000 habitants. Arrivé du sud-est asiatique il y a quelque deux millénaires, ce peuple de la mer a une culture, encore très forte de nos jours, intimement liée à l’environnement corallien et à ses ressources. Colonie française en 1842, la Polynésie française est un Territoire autonome avec son propre gouvernement qui a toute compétence en matière environnementale. Le tourisme et la production de perles noires sont les deux activités économiques majeures et le PNB par habitant est le plus élevé des 23 pays du Pacifique Sud. La diversité de ces jeunes îles océaniques est importante, tout particulièrement celle des atolls, des plus ouverts aux plus fermés. Les récifs coralliens de Polynésie française sont les mieux connus du Pacifique Sud, notamment ceux de Moorea, suite à une intense activité de recherche depuis 40 ans, avec plus de 800 publications. Les perturbations naturelles comme les tsunamis et les cyclones sont relativement rares, mais jouent un rôle important dans l’évolution morphologique des atolls. Les phénomènes de blanchissement et de mortalité des coraux sont devenus plus fréquents au cours des trois dernières décennies, notamment en 1991, 1994 et 1998. Les prédictions d’élévation de température des eaux océaniques au cours du prochain siècle, en raison du changement climatique mondial, font craindre une disparition complète des récifs si les coraux et leurs algues symbiotiques n’ont pas la capacité de s’adapter. La dégradation des récifs coralliens en raison d’activités humaines est limitée aux îles de la Société, tout particulièrement dans la zone urbaine de Tahiti. Les extractions de matériaux sont maintenant interdites, mais les remblais en zone frangeante sont fréquents. La collecte et le traitement des eaux usées sont devenus une impérieuse nécessité à Tahiti et à Moorea où l’enrichissement en nutriments favorise les algues au détriment des coraux. La pêche est une pratique culturelle et une activité économique importante même s’il ne s’agit que de consommation locale. Elle entraîne dans les îles peuplées (îles de la Société) une forte diminution des stocks de poissons. Les autres ressources des récifs et lagons sont moins importantes ; les tortues sont protégées. Après une exploitation de deux siècles de la nacre pour le marché florissant des boutons, l’huître nacrière est maintenant élevée pour la production de perles noires (11 tonnes en 1999). Mais les élevages de millions de ces nacres dans quelque 50 îles (plus de 5 000 emplois) exigent des réglementations pour la préservation écologique des lagons et pour l’exportation des perles sur le marché mondial. L’aquaculture ne s’est pas développée en raison du peu de terres disponibles et d’une main d’œuvre relativement chère. Tahiti ayant l’image touristique d’une destination nature, la préservation d’un état de santé satisfaisant des récifs et des lagons est d’autant plus indispensable qu’elle doit être associée à l’ écotourisme. Plusieurs programmes de surveillance du milieu corallien ont été mis en place depuis une dizaine d’années et couvrent l’ensemble du Territoire. De nombreux résultats illustrent l’impact sur les récifs des perturbations naturelles et anthropiques. Les quelques sites coralliens protégés n’ont aucune insertion dans l’économie touristique. Des plans de gestion des espaces lagunaires se mettent en place après consensus des catégories d’usagers. Les restaurations de sites coralliens dégradés sont rares, expérimentales et très coûteuses. Le mouvement associatif pour la défense de l’environnement est devenu un partenaire politique incontournable. La culture polynésienne est intimement liée au patrimoine naturel, et tout particulièrement au domaine corallien. C’est ce qui fait l’originalité de cet ensemble au niveau mondial et ce qui constitue son atout majeur pour l’avenir à condition que culture et milieu naturel soient préservés.Salvat Bernard, Aubanel Annie. La gestion des récifs coralliens de Polynésie française. In: Revue d'Écologie (La Terre et La Vie), tome 57, n°3-4, 2002. pp. 193-251

    Application des résultats de recherche pour la délimitation, la définition, la mise en place et la surveillance d'aires protégées coralliennes dans le contexte culturel, social et politique polynésien

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    Aubanel Annie, Monier Christian. Application des résultats de recherche pour la délimitation, la définition, la mise en place et la surveillance d'aires protégées coralliennes dans le contexte culturel, social et politique polynésien . In: Revue d'Écologie (La Terre et La Vie), tome 59, n°1-2, 2004. p. 347

    La gestion des récifs coralliens de Polynésie française

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    Au coeur du Pacifique, la Polynésie française (84 îles hautes volcaniques et 34 atolls) compte 231 000 habitants. Arrivé du sud-est asiatique il y a quelque deux millénaires, ce peuple de la mer a une culture, encore très forte de nos jours, intimement liée à l'environnement corallien et à ses ressources. Colonie française en 1842, la Polynésie française est un Territoire autonome avec son propre gouvernement qui a toute compétence en matière environnementale. Le tourisme et la production de perles noires sont les deux activités économiques majeures et le PNB par habitant est le plus élevé des 23 pays du Pacifique Sud. La diversité de ces jeunes îles océaniques est importante, tout particulièrement celle des atolls, des plus ouverts aux plus fermés. Les récifs coralliens de Polynésie française sont les mieux connus du Pacifique Sud, notamment ceux de Moorea, suite à une intense activité de recherche depuis 40 ans, avec plus de 800 publications. Les perturbations naturelles comme les tsunamis et les cyclones sont relativement rares, mais jouent un rôle important dans l'évolution morphologique des atolls. Les phénomènes de blanchissement et de mortalité des coraux sont devenus plus fréquents au cours des trois dernières décennies, notamment en 1991, 1994 et 1998. Les prédictions d'élévation de température des eaux océaniques au cours du prochain siècle, en raison du changement climatique mondial, font craindre une disparition complète des récifs si les coraux et leurs algues symbiotiques n'ont pas la capacité de s'adapter. La dégradation des récifs coralliens en raison d'activités humaines est limitée aux îles de la Société, tout particulièrement dans la zone urbaine de Tahiti. Les extractions de matériaux sont maintenant interdites, mais les remblais en zone frangeante sont fréquents. La collecte et le traitement des eaux usées sont devenus une impérieuse nécessité à Tahiti et à Moorea où l'enrichissement en nutrients favorise les algues au détriment des coraux. La pêche est une pratique culturelle et une activité économique importante même s'il ne s'agit que de consommation locale. Elle entraîne dans les îles peuplées (îles de la Société) une forte diminution des stocks de poissons. Les autres ressources des récifs et lagons sont moins importantes ; les tortues sont protégées. Après une exploitation de deux siècles de la nacre pour le marché florissant des boutons, l'huître nacrière est maintenant élevée pour la production de perles noires (11 tonnes en 1999). Mais les élevages de millions de ces nacres dans quelque 50 îles (plus de 5 000 emplois) exigent des réglementations pour la préservation écologique des lagons et pour l'exportation des perles sur le marché mondial. L'aquaculture ne s'est pas développée en raison du peu de terres disponibles et d'une main d'oeuvre relativement chère. Tahiti ayant l'image touristique d'une destination nature, la préservation d'un état de santé satisfaisant des récifs et des lagons est d'autant plus indispensable qu'elle doit être associée à l'écotourisme. Plusieurs programmes de surveillance du milieu corallien ont été mis en place depuis une dizaine d'années et couvrent l'ensemble du Territoire. De nombreux résultats illustrent l'impact sur les récifs des perturbations naturelles et anthropiques. Les quelques sites coralliens protégés n'ont aucune insertion dans l'économie touristique. Des plans de gestion des espaces lagunaires se mettent en place après consensus des catégories d'usagers.In the Central Pacific, the 84 high volcanic islands and 34 atolls are inhabited by 231 000 Polynesians who arrived from South East Asia some two thousands years ago. Their culture is oceanic with an intimate connection between man and coral reefs and their resources. Culture and traditions are still strong. After being colonized by France in 1842, French Polynesia became autonomous in 1984 with its own government, and total control of the environment. Tourism and black pearl export are the main economic activities at the moment. The PNP is the largest of all the 23 countries or territories of the South Pacific. The island diversity of these young oceanic islands is important, especially for low islands from open to very close lagoons. Important scientific knowledge of coral reefs come from intensive studies made over 40 years, especially in Moorea, with more than 800 publications. Natural perturbations affecting coral reefs are catalogued along with their impacts. Tsunamis and cyclones are very rare or rare but play a major role in the morphological evolution of atolls. Coral bleaching with mortality has become more frequent over the 3 last decades with major events in 1991 , 1994 and 1998. According to some scenario related to global climatic change and sea surface temperature increase for the next century, we can expect the worst with a complete collapse of coral reefs if the corals and their symbiotic algae do not adapt. Human activities, almost exclusively in some Society Islands, especially Tahiti and its large urban zone, have major impacts on coral reefs. Extracting activities of coral sand and blocks is now prohibited but embankrnents are frequent. Populated islands such as Tahiti and Moorea urgently need some collectors of sewage whose nutrients benefit to algae more than to corals. Fishing is culturally and economically important for Polynesian people even if it is for subsistence and very local market. Depletion of stocks occurred only in populated areas of some Society Islands. Other edible resources (molluscs, echinoderms, crustaceans) are much less important and turtle are protected. After a colonial exploitation of the mother-of-pearl oyster during the two last centuries for the nacreous button market, the black lip oyster is now cultivated for the production of about 11 tons of black pearls in 1999. But the millions of oysters in more than 50 lagoons with employment of more than 5000 persons, need some regulations for the ecology of the coral reef ecosystem as for the world black pearl market. Aquaculture never developed due to rarity of land and cost of labour. Tourism activities need healthy reefs and lagoon waters due to such a nature and ecotourism destination. Many coral reef monitoring programmes have been launched with different time scale and areas of study. A lot of results identify both natural and anthropogenic causes of degradations. Only a few protected coral reef areas exist but none with tourism activities. Reef and lagoon management plans are under way from consensus of all stakeholders. Restoration of degraded sites are experimental but very expensive. Environmental associations are inescapable political partners. Preservation of culture and natural heritage with such an intimity between man and coral reefs are cornerstones for the future of French Polynesia and constitute its originality in the world

    Restauration d’une zone corallienne dégradée et implantation d’un jardin corallien à Bora Bora, Polynésie française

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    The restoration of coral reef habitats by coral transplantation is a hot topic in the news today due to the accelerating degradation of the coral reef ecosystem all over the world. There is much discussion about research programs for the transplantation of corals and about actual field realizations and the motivation for coral reef restoration. But the implementation of such a project depends on a social request considering local or global cultural and economical situations. Projects are very costly and only applicable when important economical interests are involved such as the fight against erosion or tourism development. In the lagoon of Bora Bora in French Polynesia, a fringing zone, degraded by coral sand extractions, led to an erosion of the coast damaging local private property in a sector well oriented toward tourism activities. The reconstruction of this degraded site (20,000 sq.m) required physically filling up holes, implementation of spurs, and putting into place artificial concrete structures to promote the natural colonization of corals and other reef organisms in order to reduce swell impacts. The creation of a coral reef garden was also part of the project with the transplantation of corals collected in the vicinity. Fifty groups of three different types of concrete blocks have been set out on the site and six others constitute the coral reef garden on which 311 coral colonies are transplanted. Two and a half years after this restoration, the project proved to be successful. The coral reef garden flourished ; it showed much diversification and little mortality among the corals colonies, and the natural colonization on the concrete substrate was teeming with corals, sea-urchins, mollusks, and fishes. But thirty months later, an exceptionally violent meteorological and oceanographical situation led to a catastrophic event which caused many transplanted coral as well as natural colonies in the vicinity to be killed off. Lagoon waters temperatures were recorded as high as 34 °C and of the 311 transplanted coral colonies only 119 survived, most of them bleached or partly dead. All colonies of the genus Acropora died, while those of the genus Psammocora survived. Methods for restoration and creation of coral reef gardens are highly controlled but they cannot always escape such catastrophic events such as the one in Bora Bora in December 2001. Physical restoration was successful but the biological transplantation of corals failed. Thus, when we consider how expansive a restoration project is, it is essential to conduct an historical inquiry on a potential coral transplantation site before implementing any project.Les problèmes de restauration de zones coralliennes, avec transplantations de coraux, sont à l’ordre du jour compte tenu de la dégradation accélérée de cet écosystème à la surface de la planète. Les motivations des recherches dans ce domaine et celles des projets de restauration sur le terrain sont évoquées. Elles répondent à une demande sociale exprimée en fonction de considérations culturelles et économiques. Les projets sont coûteux et ne peuvent concerner que des cas très limités avec des intérêts économiques importants (lutte contre l’érosion, développement du tourisme). À Bora Bora, en Polynésie française, une zone lagonaire frangeante, dégradée par des extractions de sédiment corallien, provoquait une érosion littorale. Son ré-aménagement comporte une restauration physique des lieux (comblement des fosses, réalisation d’épis...) et la mise en place de structures artificielles pour permettre la colonisation naturelle de coraux et autres organismes, afin de jouer le rôle de brise houle. Ce projet s’accompagne de la création d’un jardin corallien avec structures artificielles sur lesquelles sont fixés des transplants de coraux. Deux ans et demi après la fin des travaux, le jardin corallien affiche une communauté corallienne florissante et diversifiée avec très peu de mortalité des colonies transplantées, une croissance normale et la colonisation naturelle de coraux et d’autres organismes des récifs coralliens (oursins, mollusques, poissons). Cependant, un événement météorologique et océanographique exceptionnel, trente mois après la création du jardin corallien, a entraîné une forte mortalité des coraux transplantés comme ceux naturellement en place dans le secteur. Si les techniques nécessaires à la restauration de zones dégradées et à la création de jardins coralliens sont totalement maîtrisées, ces réalisations n’échappent pas aux variations temporelles des conditions de milieu qui peuvent être catastrophiques. Dans un tel cas, comme à Bora Bora en décembre 2001, la restauration physique reste à l’actif de l’opération, mais l’échec de la restauration biologique est à noter. Une étude historique, sur plusieurs décennies, des zones sujettes à des mortalités exceptionnelles s’impose donc avant tout choix de sites pour la réalisation de jardins coralliens dont les coûts sont très élevés.Salvat Bernard, Chancerelle Yannick, Schrimm Muriel, Morancy Richard, Porcher Michel, Aubanel Annie. Restauration d’une zone corallienne dégradée et implantation d’un jardin corallien à Bora Bora, Polynésie française. In: Revue d'Écologie. Supplément n°9, 2002. pp. 81-96
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