31 research outputs found

    La littérature à l’ère photographique : mutations, novations, enjeux : de l’argentique au numérique

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    Travail réalisé en cotutelle avec l'Université Rennes 2 (France)Désormais, nous sommes tous photographes. Nos téléphones intelligents nous permettent de capter, de modifier et de partager nos clichés sur les réseaux en moins d’une minute, tant et si bien que l’image photographique est devenue une nouvelle forme de langage. Réciproquement, serions-nous également tous écrivains ? Il existe en effet une véritable légitimité historique à penser que la notion d'écrivain, comme celle de photographe, s'étend le long d'un paradigme allant de la « simple » possession d'une aptitude technique jusqu'à la gloire des plus fortes figures de la vie culturelle collective. Cette thèse vise à déterminer comment se constitue une nouvelle mythologie de l’image photographique à l’ère du numérique, comprenant aussi bien la réévaluation du médium argentique vieillissant que l’intégration d’un imaginaire propre à ces technologies dont nous n’avons pas encore achevé de mesurer l’impact culturel sur nos sociétés. À cet égard, la perspective littéraire est riche d’enseignements en termes culturels, esthétiques ou même ontologiques, puisque la littérature, en sa qualité de relais du fait photographique depuis près de deux siècles, a pleinement participé à son invention : c’est là du moins l’hypothèse de la photolittérature. En cette période de transition technologique majeure, il nous revient de cerner les nouvelles inventions littéraires de la photographie, pour comprendre aussi bien les enjeux contemporains du fait photographique que ceux de la littérature.Nowadays, we are all photographers. Our smart phones allow us to take, edit and share our snapshots on social media in less than a minute, to the extent that the photographic image has become a new form of language. Reciprocally, have we all become writers as well? There truly is historical legitimacy in seeing the notion of the writer, like that of the photographer, as spanning a paradigmal spectrum, running from “simple” possession of technical aptitude, to the glory of the loftiest figures in our collective cultural life. This thesis aims to determine how the new mythology around the photographic image takes shape in the digital age, while also re-evaluating the aging medium of film, as well as integrating a newly imagined sphere of ideas surrounding these new technologies, for which we have yet to measure the cultural impact on our societies. In this respect, a literary perspective is rich in cultural and even ontological lessons, since literature has interacted with photography for nearly two centuries, and thus contributed to its invention : this is at least the central hypothesis of photoliterature. In this period of major technological transition, we must therefore identify photography’s new literary inventions, so that we can better understand the contemporary issues surrounding both the worlds of photography and literature

    Écrivains et photographes: Zola, Simenon

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    Cette thèse analyse le photographique chez Émile Zola et Georges Simenon, deux écrivains réalistes qui ont pratiqué la photographie, ce qui pose la question du rapport entre photographie et écriture. La thèse étudie d\u27abord les rapports entre la photographie, l\u27écriture réaliste, et le cadre social où elles évoluent. Ensuite, elle analyse de plus près ce qui caractérise la création littéraire et photographique des deux romanciers : le « violon d\u27Ingres » de Zola et « l\u27oeil de Simenon ». Puis, l\u27étude aborde la dimension narratologique de la photographie. En effet, la photographie fonctionne comme actant dans certaines intrigues. Enfin, la recherche s\u27intéresse au regard photographique des deux romanciers, ainsi qu\u27à l\u27aspect mnésique de la photographie et de l\u27écriture. Une attention particulière est accordée au phénomène de l\u27instantané. L\u27étude est comparatiste, et elle est enrichie par deux approches : la sémiotique et l\u27intermédialité. La sémiotique permet de montrer qu\u27il existe chez les deux romanciers un « regard de photographe » dans le texte. La manière de percevoir et de représenter le réel est incontestablement influencée par la photographie. L\u27intermédialité montre une tendance à l\u27autoreprésentation chez Zola, tant dans la sphère romanesque que dans la photographie ; ce trait est moins présent chez Simenon, tout comme le « regard d\u27écrivain » qu\u27on reconnaît dans les photographies de Zola. La thèse dégage d\u27une manière générale que les deux romanciers photographient comme ils écrivent : élaboration minutieuse chez Zola, spontanéité chez Simenon

    Écrivains et photographes : Zola, Simenon

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    Cette thèse analyse le photographique chez Émile Zola et Georges Simenon, deux écrivains réalistes qui ont pratiqué la photographie, ce qui pose la question du rapport entre photographie et écriture. La thèse étudie d'abord les rapports entre la photographie, l'écriture réaliste, et le cadre social où elles évoluent. Ensuite, elle analyse de plus près ce qui caractérise la création littéraire et photographique des deux romanciers : le « violon d'Ingres » de Zola et « l'oeil de Simenon ». Puis, l'étude aborde la dimension narratologique de la photographie. En effet, la photographie fonctionne comme actant dans certaines intrigues. Enfin, la recherche s'intéresse au regard photographique des deux romanciers, ainsi qu'à l'aspect mnésique de la photographie et de l'écriture. Une attention particulière est accordée au phénomène de l'instantané. L'étude est comparatiste, et elle est enrichie par deux approches : la sémiotique et l'intermédialité. La sémiotique permet de montrer qu'il existe chez les deux romanciers un « regard de photographe » dans le texte. La manière de percevoir et de représenter le réel est incontestablement influencée par la photographie. L'intermédialité montre une tendance à l'autoreprésentation chez Zola, tant dans la sphère romanesque que dans la photographie ; ce trait est moins présent chez Simenon, tout comme le « regard d'écrivain » qu'on reconnaît dans les photographies de Zola. La thèse dégage d'une manière générale que les deux romanciers photographient comme ils écrivent : élaboration minutieuse chez Zola, spontanéité chez Simenon

    "Je suis le premier spectateur" : l'oeuvre de Pierre Perrault ou le cinéma comme processus

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    Thèse numérisée par la Division de la gestion de documents et des archives de l'Université de Montréal.[À l'origine dans / Was originally part of : Thèses et mémoires - FAS - Département de littérature comparée

    Expositions de soi : journal intime et reconfiguration de l'intimité à l'heure d'Internet

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    In our present day era, we have witnessed the proliferation of phenomena of self-exposure which have literally invaded the media sphere ; from reality television to the tabloid Press, through autofiction writing or social networks, privacy – belonging in the private sphere in people’s minds – now bursts forth on the public stage. Critical reactions are varied, ranging from suspicions of exhibitionism or narcissism to immodesty ; worse yet, some alarmist reports conclude with the « death » of privacy – which, by its self-exposure, would have become a sham. Thus, the early 2000s saw the appearance of the first on-line personal diaries – that is to say kept publicly on the Web. Overthrowing our ideas of diary writing as solitary and destined for oneself, on-line diaries enable us to observe variations in the individual’s relationship with privacy. In order to put into perspective their evolution, we have compared the modalities of expression and of self-exposure in on-line and handwritten diaries. We have undertaken, from a genealogical point of view and based on the analysis of several handwritten diaries already published, a study of the expressions of privacy and of the ways of their publicizing, from the birth of the diary – at the very beginning of the 19th century – to the present day. Subsequently, concentrating on on-line diaries, we have created individual portraits of on-line diarists by working with an analysis of statements gathered during interviews and observation of the diaries concerned. By a comprehensive analysis of individual experiences, we strive to illuminate the interaction between personal and community dynamics, fully leading to a broad cross-disciplinary synthesis. We aim to reveal the direction intended by the diarists for their practice and offer clues about this phenomenon which puts to the test the general perception of privacy as the individual’s secret. This very perception will be questioned all through our study, and which will allow us to throw light on the fluctuations in the private/public boundaries and the fundamentally paradoxical nature of privacy.Notre époque contemporaine a vu se démultiplier les phénomènes d'exposition de soi, qui ont littéralement envahi la sphère médiatique ; de la télé-réalité à la presse people, en passant par la littérature autofictionnelle ou les réseaux sociaux, l'intimité – réservée, dans l'imaginaire collectif, à la sphère privée – s'épanouit désormais sur la scène publique. Les réactions critiques sont nombreuses, naviguant entre soupçons d'exhibitionnisme, de narcissisme ou d'impudeur ; pis, certains constats alarmistes concluent à la « mort » de l'intimité – qui, en s'exposant, deviendrait simulacre. C'est dans ce contexte que sont apparus, à l'orée des années 2000, les premiers journaux intimes en ligne – c'est-à-dire tenus publiquement sur le Web. Bouleversant nos représentations d'une écriture diaristique solitaire et auto-destinée, cet objet nous est apparu comme un support d'observation privilégié des variations du rapport de l'individu à l'intime. De façon à mettre en perspective leurs évolutions, nous avons confronté les modalités d’expression et d’exposition de soi du journal intime en ligne à celles de sa forme manuscrite. Nous avons entrepris de mener, dans une perspective généalogique, et en nous appuyant sur l'analyse de plusieurs journaux intimes manuscrits édités, une étude des formulations de l'intime et de ses formes de publicisation, de la naissance du journal intime – au tout début du XIXème siècle – jusqu'à notre époque contemporaine. Dans un second temps, centrant notre regard sur le journal intime en ligne, nous avons procédé à la réalisation de portraits individuels de diaristes en ligne, reposant sur l'association d'une analyse de discours recueillis en situation d'entretien à l'observation des journaux intimes concernés. Par une approche compréhensive des expériences singulières, nous ambitionnons à mettre au jour l'articulation entre dynamiques personnelles et collectives, dont l'analyse prend toute son ampleur dans une synthèse finale transversale. Celle-ci s'attache à mettre au jour le sens que les diaristes confèrent à leur pratique, et à offrir des clés de compréhension de ce phénomène qui met à l'épreuve la perception consensuelle de l'intimité comme secret de l'individu : c'est précisément cette conception qui sera remise en question tout au long de notre étude, et qui nous permettra d'éclairer les fluctuations des frontières privé/public, et la nature fondamentalement paradoxale de l'intimité

    Figurations d'un récit ambigu : éthique de la responsabilité chez Annie Ernaux, Élise Turcotte et Ken Bugul

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    357581\u Ma thèse part du constat de la mise en scène abondante et répétée de différents types de récits (radiophoniques, journalistiques, littéraires, oraux, visuels) dans les univers narratifs de trois auteures contemporaines d’expression française : Annie Ernaux (France), Élise Turcotte (Québec) et Ken Bugul (Sénégal). Les figures du récit répertoriées dans leurs oeuvres rendent visibles les failles, les incertitudes et l’incomplétude de l’acte communicationnel qui en découle. Ma thèse s’est articulée autour de cette première question : pourquoi ces auteures mettent-elles en scène un récit défaillant puisqu’ambigu par le moyen même du récit ambigu que constitue l’oeuvre? Mon hypothèse a été d’y voir une forme d’éthique narrative : plutôt que de simplement relancer le constat postmoderne de la fin de l’autorité des récits (Lyotard), ces auteures se demanderaient quel récit écrire dans ce contexte et comment le faire. En montrant toute forme de récit comme étant fondamentalement ambigu, Ernaux, Turcotte et Bugul exposeraient en même temps aux lecteurs leurs propres productions narratives sous cette lumière, endossant ce caractère incontournable de leur récit et explorant par l’écriture ses limites, ses forces, ses enjeux et les moyens de sa prise en charge. Elles mesureraient ainsi la nature et l’ampleur de leur responsabilité quant aux effets potentiels de leurs récits sur autrui, forme d’éthique narrative que prône la philosophe américaine Judith Butler. Or, comment passer de l’analyse des figures du récit dans les oeuvres à la qualification de l’éthique narrative des auteures ? L’éthique littéraire se conçoit le plus souvent en regard des thématiques déployées dans les oeuvres, sans égard au travail poétique et énonciatif de l’écrivain, qui pourtant infléchit le sens donné à cette thématique. À ce propos, Altes et Daunais rappellent que le dessein de l’oeuvre ne repose que rarement sur une volonté d’intervention directe dans la société. Plusieurs chercheurs sur l’engagement littéraire contemporain (Gefen, Blanckeman, Bouju, Semujanga) avancent que les intentions d’un auteur relèvent d’un second degré perceptible dans le travail formel de l’oeuvre. Ma thèse situe donc l’éthique littéraire dans l’horizon d’une éthique narrative telle que conçue par Ricoeur, s’inscrivant dans la narration même de l’oeuvre, et portant les marques d’une réflexion de l’auteur quant à la forme idéale guidant sa conduite du récit en fonction de ses effets potentiels et imprévisibles sur autrui. Pour extraire des oeuvres cette éthique narrative, j’ai effectué une étude figurale de type longitudinale en analysant l’ensemble du corpus en prose des écrivaines choisies, afin de discerner les figures du récit récurrentes, les effets de système dans l’oeuvre complète et leur rapport avec la démarche auctoriale d’ensemble. Parmi les trois catégories principales de figures du récit (« récit-exposé », « récit-imposé », « récit-suggéré ») identifiées, celle du « récit-suggéré », récit le plus ambigu, est systématiquement idéalisée. Elle se démarque par son interprétation coopérative, sa constante réappropriation par autrui et son inachèvement souhaité. Elle provient généralement d’un personnage énonciateur intranquille qui souhaite rendre infiniment modifiable sa production narrative en regard de ses effets futurs imprévisibles. Se dégage alors un imaginaire du récit favorisant son ambiguïté et engendrant une problématisation de la responsabilité toujours partielle de son énonciateur. L’esthétique et les procédés textuels des oeuvres des trois auteures (intra-intertextualité, symbolisme, contradictions contrôlées des versions autobiographiques, réitération des thèmes par des genres et des styles variés) confirment que l’idéalisation figurée du récit ambigu renvoie aussi à leur pratique narrative, qui pourtant reste plus intelligible que ce que l’idéal chercherait à atteindre

    Entre trivialité et culture : une histoire de l’Internet vernaculaire: Emergence et médiations d’un folklore de réseau

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    From Cybercultural studies to new Web science, Media and Communication theory engage in analyzing scientific models of the Internet that are mostly homogeneous : models built on the faith in the universal language of networked information and tending to creating norms and/or rules for network communication. There are new cultural, economical and even political institutions appearing that rely on a vehicular model that is widely accepted, although criticized.In my thesis I come back to the sources of this criticism by opening a vernacular perspective, which is a concept borrowed from socio-linguistics and reinterpreted under the light of network culture. It allows to think about the relation between values (the vulgar, the popular, the trivial) and media practices of groups manifested as Internet folklore. From the point of view of a local theory (Jacques Perriault), the vernacular perspective opens a field of analysis understood as composite (Joëlle Le Marec), that is a complex of unstable relations between discourse and matter, technologies and their uses, practices, representations and norms. Folklore, by definition formalist and traditional, transforms itself within network culture to become a media process based on appropriation and commentary, two of the most crucial characteristics of the Internet thought of as meta-medium (Philip Agre). Folklore and vernacular provide important elements to sketch a cultural theory of information and communication in terms of « triviality »‘ (Yves Jeanneret) – a culture defined by is mediations and transformations. This thesis, by investigating archeologically the archives of Internet’s micro-history to dig out its folklore, analyzes dynamically contexts that have allowed the social information of contemporary network culture.Studying two periods of network history that are defined partly by the tools of access to the Internet (Usenet in the 80’s and early 90’s and the Web 1.0 in the 90’s and the 2000’s), my research takes a close look at how Internet folklore is invented, experiment, produced and reproduced interacting with content-management media (emailing and newsgroups, homepages, blogs). These apparatuses are seen as « architexts » (following French semiology in media interfaces), which content cannot be understood without an analysis of their system and forms (their « metaforms ») and the process of computer and cultural codes that defined their context of production.A first series of case studies dig out the roots of Internet folklore, its emergence within the first large-scale virtual community : Usenet – and in particular the alt. newsgroup hierarchy. From ASCII Art to Flame Wars and through the pantheon of Net.legends, I show how the leisure and experimental use of communication and information processing rules allow the users to confront the difficulties and dead-ends of collective regulation. The Usenet public, celebrating and participating in network folklore, is testing instruments that give power in writing and expressing opinions. These situations are named « metatexts » : they develop commentaries and folkloric theories on the complex problem of « metarules ». From an Internet micro-historical point of view, they are the basis of a sub-culture that reinvented public discourse within a network context : commenting, conversing, evaluating and filtering, all through the computer media.A second series of case studies approaches network folklore from another angle. Through and experience of participant-observation, I borrow the outlook of two generations of Internet artists on Web popular creativity. The first generation, net.art, considered as pioneer in art happening on the Web in the mid-90’s, starts a process of valuing and mediating amateur creativity in the homepages. The second generation, the surfclubs, recipient to the net.art heritage in the context of Web 2.0, give a new understanding and context to network cultural practices within collective blog networks inspired from image forums, the new territories of emergence for network folklore. The eye of Net art channels the observation of a specific evolution of network vernacular : conflicts about the value and the legitimation of this cultural « popular » matter seem to resolve in the new mainstream tendencies of the social Web. New leisure figures appear, between amateur and professional network practices, inspired by the aesthetic and the informational value of Internet folklore. This issue opens up new discussion on the socio-economics of network culture.The vernacular perspective updates the conflictual relations between, technology, society and culture that have built the Internet and marked its history. Its shows that they are dialogic articulations between users’ creativity and institutional norms that structure the network environment. It uncovers little known archives that reveal the voices of the actors of this cultural micro-history. it signals epistemological problems about material and methods for network culture analysis by suggesting that this should be handled from the bottom up, accompanying the emergence of media practice in the cultural economy of today’s Web.De la perspective cyberculturelle aux nouvelles sciences du Web, les Sciences de l’Information et de la Communication étudient des modèles scientifiques d’Internet marqués par une forme d’homogénéité : celle portée par la croyance en un langage universel de l’information et tendant vers la normalisation et/ou la régulation des outils de la communication en réseau. Ainsi, les nouvelles tendances à l’institutionnalisation de la culture, de l’économie voire de la politique des réseaux reposent sur un modèle véhiculaire prégnant et généralement accepté, bien que souvent critiqué.Je propose de revenir aux sources de ces critiques en les envisageant sous la dimension du vernaculaire, notion empruntée à la socio-linguistique et réinterprétée sous l’angle de la médiation de culture informatique en réseau. Dans ce cadre, cette notion permet de penser l’articulation entre des valeurs (le vulgaire, le populaire, le trivial) et des pratiques médiatiques de groupes qui se manifestent dans un « folklore Internet ». Attachée à une théorie locale des usages techniques (J. Perriault), la perspective vernaculaire ouvre un terrain d’analyse placé sous le sceau du composite (J. Le Marec), c’est-à-dire les relations instables et complexes d’artefacts faits de discours et de matière.Le folklore, par définition formel et traditionnel, se transforme au sein de la culture de réseau pour devenir un processus de médiation fondé sur l’appropriation et le commentaire, deux des grandes caractéristiques d’Internet pensé comme méta-médium (P. Agre). Folklore et vernaculaire fournissent des éléments importants pour envisager une théorie culturelle de l’information et de la communication en termes de « trivialité » (Y. Jeanneret) – une culture définie par ses médiations et ses transformations. Cette thèse se propose, en allant faire l’archéologie des archives de la micro-histoire d’Internet pour y retrouver son folklore, d’analyser de manière dynamique les contextes qui ont permis l’information sociale de la culture de réseau contemporaine.A partir de deux périodes de l’histoire des réseaux marquées par deux réseaux privilégiés d’accès à Internet (Usenet, années 1980-1990 ; le Web, années 1990-2000), j’analyse les contextes de communication dans lesquels un folklore Internet s’invente, s’expérimente, se produit et se reproduit en interaction avec des dispositifs de médiation de contenu en réseau (messagerie, pages personnelles, blogs). Adoptant un point de vue « architextuel » (empruntant à la sémiotique des interfaces et des médiations informatisées), mes études s’intéressent tout aussi bien aux contenus qu’aux formes et métaformes ainsi qu’aux processus de codification informatiques et culturels de ces contextes.Une première série d’études de cas se penche sur les racines du folklore Internet, son émergence au sein de la première communauté virtuelle de grande ampleur, Usenet – en particulier dans la hiérarchie alt. du groupe. De l’art ASCII aux flame wars en passant par le panthéon des célébrités de Usenet, je montre comment l’usage ludique et expérimental des règles de communication et du transfert d’information sur le réseau permettent aux usagers d’affronter les difficultés et les apories de la régulation collective. Le public Usenet, dans la célébration et sa participation au folklore de réseau, teste des instruments qui lui donne un pouvoir d’écriture et d’opinion. Ces situations, je les nomme « métatextes » : des commentaires ludiques et des théories folkloriques sur la question complexe des « métarègles ». En terme de micro-histoire de l’Internet, elles sont fondamentales pour comprendre, à partir de ce qui était à l’origine une sous-culture, le développement culturel du commentaire et de la conversation, de l’évaluation et du filtrage de l’informatique sur le réseau actuel.Une deuxième série approche le folklore de réseau sous une autre forme, et dans une perspective différente. J’emprunte, dans le cadre d’une expérience d’observation-participante, le regard de deux générations d’artistes Internet portées sur la création populaire du Web. Le net.art, pionnier de l’art sur le Web dans les années 1990 (Web 1.0), valorise et médiatise la créativité amateur des pages personnelles. Les surfclubs, héritiers directs dans le cadre du web social des années 2000 (Web 2.0), recontextualisent ces pratiques au sein de réseaux de blogs et s’inspirent des forums d’images, nouveaux lieux d’émergence du folklore Web. L’oeil du Net art permet d’observer une évolution particulière du vernaculaire de réseau : les conflits de légitimation de cette matière culturelle « populaire » semblent se résoudre dans les nouvelles tendances du Web social pour donner lieu à de nouvelles figures du loisir en ligne. Apparaissent alors des professionnels qui s’inspirent de l’esthétique et des pratiques informationnelles des amateurs et les remédiatisent. Cette « résolution » est en fait l’entrée dans de nouveaux enjeux, socio-économiques cette fois, qui pour être compris devront être analysés à partir de cette généalogie historique du vernaculaire Internet.L’approche vernaculaire permet de mettre à jour les conflits techniques, sociaux et culturels ayant joué un rôle crucial dans l’histoire d’Internet : elle éclaire l’articulation dialogique entre la créativité des usagers et les normes institutionnelles qui structurent l’environnement-réseau. Elle fait découvrir des archives peu connus qui révèlent les voix des acteurs micro-historique du réseau des réseaux. Elle signale une série de problèmes épistémologiques sur les matériaux et les méthodes d’analyse de la culture d’Internet en proposant une vision d' »en bas » (« bottom up ») qui accompagne l’émergence des médiations de l’économie culturelle du Web d’aujourd’hui

    Entropologiques métamorphoses du sacré dans la littérature contemporaine

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    « Le problème capital de la fin du siècle sera le problème religieux », déclarait André Malraux en 1955. Si l'on cite volontiers son mot selon lequel le XXle siècle verrait l'éclosion d'un phénomène spirituel majeur, on omet presque toujours la suite. L'écrivain avait pourtant bien pris soin de préciser que ce phénomène ne serait pas forcément la naissance d'une nouvelle religion. L'auteur de La métamorphose des dieux pressentait ainsi \ud « qu'une renaissance religieuse se fonderait sur des données qui ne sont pas les nôtres » et que le problème spirituel se poserait probablement « sous une forme aussi différente que celle que nous connaissons que le christianisme le fut des religions antiques ». À observer ce que la spiritualité devient dans la littérature contemporaine, force est d'admettre qu'il avait vu juste. De Dieu, des dieux, ne reste plus qu'un \ud « effet de trace » là où la croyance s'est pratiquement effacée de l'espace public et artistique. Ce sont ces « survivances » et leurs effets de spectralité qu'il s'agit ici d'interroger sur la base des oeuvres d'André Malraux, de Louis-Ferdinand Céline, de Marcel Moreau, d'Antoine Volodine, de Juan Garcia, de Pascal Quignard, de Valère Novarina, d'Éric Chevillard et de Philippe Beck. Toutes ont en commun de prendre en charge cet héritage qui a modelé si profondément nos façons de penser, de percevoir, d'agir et de vivre en société, afin d'en extraire le suc et de mettre à jour ce qui avait été voilé sous le manteau des mythes et de leurs images: une énergie pure, à laquelle il s'agit dorénavant de donner corps par l'écriture, libre de toute servitude théologique. Ce qui paraît ainsi pour la première fois à la lumière de cet effacement est ce que les dieux et leur cortège mythologique n'auront jamais cessé d'occulter: la parole elle-même comme démiurgie et fonds abyssal des théogonies et des rêveries d'absolu, comme sous-bassement poïétique du sacré et de ses figures tutélaires. La méthode employée pour étudier ces vestiges du sacré, « l'entropologie », fait écho à une proposition de Claude Lévi-Strauss qui, dans Tristes tropiques, suggérait de fonder sous ce néologisme une science qui se chargerait d'étudier les processus et les lois préludant aux phénomènes, complexes, d'usure et d'entropie. À la religion qui, fuyant la multiplicité chaotique des phénomènes en dressant l'écran d'un arrière-monde, tend à oblitérer les forces cosmiques sous des formes vidées de toute potentialité, la littérature oppose une parole vive qui brise le carcan des formes instituées, afin de libérer et de recycler l'énergie qui y est fossilisée. Les métamorphoses du sacré que donnent à lire les oeuvres soumises à l'analyse se traduisent ainsi par le passage d'une représentation traditionnelle, substantielle de l'espace, des corps et de la parole à des modalités de spatialisation, d'incarnation et de matérialisation éminemment paradoxales, spectrales. Ce sont ces nouvelles modalités qu'il s'agit ici d'étudier, en trois temps bien distincts (métamorphoses de l'espace, des corps et de la matière). ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Sacré, Métamorphose, Espace, Corps, Matière, Entropologie, Chamanisme, Friche

    Criação literária sob mediatização: Houellebecq, Nothomb, Chessex

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    Doutoramento em LiteraturaPartindo da análise dos processos de legitimação e de consagração que regem, a partir da segunda metade do século XX, a mediatização do campo literário, propomo-nos estudar os peri-fenómenos consequentes, tal como a correlação possível entre essa circunstância e a própria criação. O objeto deste estudo focaliza-se na produção de três escritores paradigmáticos das letras de expressão francesa europeias contemporâneas, cuja mediatização acompanha a popularidade: o francês Michel Houellebecq, a belga Amélie Nothomb e o suíço romando Jacques Chessex. Interrogamo-nos sobre as relações possíveis entre os instrumentos dessa mediatização e os seus efeitos nas opções de escrita destes três escritores. Atenta à projeção transfronteiriça de autores e de obras, resultado de uma convergência de alguns fatores de mediatização, mas também às particularidades da memória cultural e literária onde se inscrevem as literaturas respectivas (num percurso de legitimação progressiva das literaturas de periferia face à centralidade franco-francesa), a nossa reflexão visa também contribuir para uma recontextualização do cânone da literatura francesa no contexto globalizado da sociedade mediática contemporânea na qual os autores visados estão comprometidos.Starting with the analysis of the legitimation and consecration’s process that rules, from the XX century’s second half, literary camp’s mediatization, we propose to study consequent peri-phenomenon, as well as the possible co-relation between this circumstance and the creation itself. Our study is focused on the production of three paradigmatic French expression contemporaneous writers from Europe, whose mediatization follows the popularity: the French Michel Houellebecq, the Belgium Amélie Nothomb and the Romand Swizz Jacques Chessex. We question the possible relations between this mediatization instruments and the effects on these three authors writing options. Attentive to the tranfrontier projection of writers and writings, a convergence’s result of certain mediatization factors, but also to the particularities of the cultural and literary memory where the respective literatures inscribe themselves (in a progressive legitimation process from the peripheral literatures face to the Franco-French centrality), our reflection also tends to contribute to a recontextualisation of the French literary canon in the contemporaneous mediatic society’s context with which the writers in question are engaged.En partant de l’analyse des processus de légitimation et de consécration qui régissent, à partir de la seconde moitié du XXème siècle, la médiatisation du champ littéraire, nous nous proposons d’étudier les périphénomènes qui en découlent, tout comme la corrélation possible entre cette circonstance et la création elle-même. L’objet de cette étude se focalise sur la production de trois écrivains paradigmatiques des lettres d’expression française européennes contemporaines, dont la médiatisation accompagne la popularité: le Français Michel Houellebecq, la Belge Amélie Nothomb et le Suisse romand Jacques Chessex. Nous nous interrogeons sur les relations possibles entre les instruments de cette médiatisation et leurs effets sur les options d’écriture de ces trois écrivains. Attentive à la projection transfrontalière d’auteurs et d’oeuvres, résultat de la convergence de certains facteurs de médiatisation, mais aussi aux particularités de la mémoire culturelle et littéraire où s’inscrivent les littératures respectives (dans un parcours de légitimation progressive des littératures de périphérie face à la centralité franco-française), notre réflexion vise aussi à contribuer à une recontextualisation du canon de la littérature française dans le contexte globalisé de la société médiatique contemporaine dans laquelle les auteurs visés se sont engagés
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