10 research outputs found

    La réception du hip-hop chez des rappeurs afro-québécois dans la ville de Québec : appropriation intersectionnelle de problématiques multidimensionnelles

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    Cette thĂšse analyse les rappeurs afro-quĂ©bĂ©cois des communautĂ©s de Limoilou (Limoilou Starz) et leurs amis de Montcalm comme des acteurs qui s’approprient des Ă©lĂ©ments identitaires, de lutte sociale et de survie Ă©conomique, issus des problĂ©matiques globales et amĂ©ricaines du hip-hop, au service de leurs dĂ©fis particuliers. Les divers mĂ©rites des luttes menĂ©es au moyen de leur art sont acquis par des formes spĂ©cifiques de capital. Ainsi les moyens utilisĂ©s par les rappeurs sont principalement les paroles de chansons, les prises de parole publique, dans les mĂ©dias et sur scĂšne, les campagnes d’affichage, l’utilisation des rĂ©seaux numĂ©riques, l’entreprise Ă©conomique autonome (photographie, vidĂ©ographie, gestion des artistes, vente de vĂȘtements). Ces moyens spĂ©cifiques se rattachent Ă  d’autres principes et actions non explicitĂ©s et sociohistoriquement ancrĂ©s. À partir d’une enquĂȘte ethnographique menĂ©e auprĂšs de 31 participants dans la ville de QuĂ©bec, j’utilise le concept de « rĂ©ception diffĂ©renciĂ©e » (Hall, 1980; Morley, 1980) pour dĂ©crire le processus de rĂ©sistance des diffĂ©rents pratiquants et entrepreneurs de la musique aux dominations provenant de groupes divers. Trois principaux groupes de domination sont examinĂ©s : les agents d’institutions Ă©tatiques (comme les policiers du Service de Police de la Ville de QuĂ©bec), les agents d’entreprises privĂ©es (comme les patrons de grandes boites de nuit et les propriĂ©taires de labels musicaux indĂ©pendants) et les groupes et individus du milieu hip-hop, Ă  travers leurs stratĂ©gies d’intimidation. a thĂ©orie « Ă©mergente » ou emergent-fit (Guillemette, 2006; Guillemette et Luckerhoff, 2009) permet d’entrevoir la musique hip-hop en amont comme une structure multidimensionnelle (sociale, identitaire, politique et Ă©conomique) et intersectionnelle (intersection de plusieurs catĂ©gories interreliĂ©es, relatives au lieu de rĂ©sidence, Ă  la race et aux capacitĂ©s Ă©conomiques), et en aval comme un champ musical (Bourdieu, 1976 et 1989; Rimmer, 2010) renĂ©gociĂ©. Cette structure a pris forme et s’est transformĂ©e grĂące aux dispositions mentales et physiques (habitus) des acteurs Ă©tudiĂ©s. Les rĂ©sultats de cette recherche montrent que certains rappeurs et leurs autres collĂšgues artistes hip-hop— ainsi que quelques entrepreneurs— rĂ©sistent Ă  plusieurs sortes de domination. D’autres encore acceptent ces dominations sous forme d’idĂ©ologies, mĂȘme en le reconnaissant explicitement. Par contre, une infime partie des acteurs Ă©tudiĂ©s les rejettent complĂštement. Ainsi, l’appropriation multidimensionnelle et intersectionnelle des sens dominants Ă  travers le hip-hop mĂšne Ă  plusieurs formes de lecture de la domination et de la rĂ©sistance.This research analyzes the afroquebecer rappers of the community of Limoilou (Limoilou Starz) and their friends of Montcalm in Quebec City as actors who appropriate elements of identity, social struggle and economic survival from global and American hip-hop, to help solve their particular challenges. The merits of the various struggles through their art and specific techniques (lyrics, public speaking and in medias and stand-ups, branding campains, online networks) are acquired by multiple sociohistorically rooted forms of capital. From an ethnographic study conducted with 31 participants in the city of Quebec, the concept of "negociated reception" is used to describe the process of resistance of the meaning to these different dominations produced by the actors in positions of power. These modes of domination come from state institutions agents (such as Quebec City Police officers), corporations agents (such as managers of entertainment clubs and of major and independent music labels), and also from individual or groups of peers of hip-hop milieu, through bullying strategies. he “emergent-fit” theory (Guillemette, 2006; Guillemette and Luckerhoff, 2009 ) presents hip-hop music as a renogociated musical field (Bourdieu, 1976 and 1989; Rimmer, 2010), and a multidimensional structure (social, identity, political, and economic) that intersects (through multiple categories such as place of residence, race, and economic capacity), and take shape in and through the mental and physical dispositions (habitus) of the studied actors. The results of this research show that some rappers are "resistant'' to the dominations of their various oppressors. Some others are nevertheless accepting the domination from national ideologies, entrepreneurs and peers, although they are conscious of it. Finally, one small group of studied rappers rejects it completely. Thus, intersectional appropriation of dominant meaning through hip-hop music leads to multiple readings of domination and resistance

    Les consĂ©quences et les effets de l'Ă©tiquette de «dĂ©portĂ©s» sur les vĂ©cus des immigrĂ©s haĂŻtiens expulsĂ©s par les États-Unis d'AmĂ©rique

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    Ce mĂ©moire retrace une comprehension experientielle des consĂ©quences et des effets des differentes appelations en lien Ă  l'Ă©tiquette de « dĂ©portĂ©s » attribuĂ©es aux immigrĂ©s haĂŻtiens expulsĂ©s des États-Unis d'Amerique notamment au regard du processus de stigmatisation et de marginalisation.Ce mĂ©moire explore les consĂ©quences et les effets de l’étiquette de « dĂ©portĂ©s », notamment en regard des processus de stigmatisation et de marginalisation des immigrĂ©s haĂŻtiens renvoyĂ©s par les États-Unis d'AmĂ©rique. Depuis plus de deux dĂ©cennies, certains pays, notamment les États-Unis d'AmĂ©rique, s'opĂšrent par la mise Ă  l'Ă©cart des Ă©migrĂ©s haĂŻtiens qui ont violĂ© leurs lois. Cette dynamique s'inscrit dans le cadre de la dĂ©portation des non-citoyens. Ainsi, dĂšs leur arrivĂ©e, les immigrĂ©s forcĂ©s de retourner dans leur pays d’origine font l'objet des critiques et des moqueries de toute sorte en lien Ă  leur retour: d’oĂč la base de cette Ă©tude. Celle-ci apporte des rĂ©flexions sur les consĂ©quences et les effets de l'Ă©tiquette de « dĂ©portĂ©s » sur les vĂ©cus des personnes immigrĂ©es expulsĂ©es des États-Unis d’AmĂ©rique qui vivent dans l'Aire mĂ©tropolitaine de Port-au-Prince (AMPAP). L'objectif de cette recherche est de comprendre l'expĂ©rience vĂ©cue par ces HaĂŻtiens renvoyĂ©s par les ÉUA qui sont qualifiĂ©s de « dĂ©portĂ©s ». Plus spĂ©cifiquement, nous voulons rendre compte des points de vue des immigrĂ©s expulsĂ©s de l'AMPAP sur le sens et la signification de cette Ă©tiquette. AncrĂ© dans la perspective thĂ©orique du labelling de Becker (1985) et de Goffman (1975a, 1968b), le vĂ©cu de cette Ă©tiquette et de ses effets dans la vie de ces immigrĂ©s est conçu comme les rĂ©sultats d'un processus d'apprentissage conduisant Ă  leur stigmatisation, discrimination et exclusion. Pour atteindre les objectifs fixĂ©s, une dĂ©marche de type qualificatif reposant sur une sĂ©rie d'entretiens semi-dirigĂ©s avec huit hommes et une femme expulsĂ©s des ÉUA a Ă©tĂ© adoptĂ©e. Les diffĂ©rentes appellations en lien l'Ă©tiquette de « dĂ©portĂ©s » cataloguĂ©e Ă  ces personnes ont contribuĂ© Ă  la rupture des liens affectifs avec leur famille, Ă  la lĂ©gitimitĂ© de leur citoyennetĂ©, Ă  l'exclusion, Ă  la marginalisation, Ă  la discrimination et au profilage social. Mots clĂ©s Mots clĂ©s: DĂ©portation, Ă©tiquetage, vĂ©cu, immigrĂ©, HaĂŻti.This thesis explores the consequences and the effects of the label « deportee », notably, the processes of stigmatization and marginalisation that Haitian immigrants returned by the United States of America (USA) experience. For more than two decades, certain countries, in particular the USA, have been deporting Haitian immigrants who violate their laws. Deportation is a dynamic in which its subjects are considered non-citizens. Thus, as soon as they are deported and arrive in their country of origin, they are subjected to criticisms and the mockeries of all kinds; these dynamics are at the heart of this inquiry. This thesis reflects upon the effects of the label of « deportee » on the lived experiences of expelled immigrants from the USA to the metropole of Port-au-Prince (AMPAP). The objective of this research is to understand the experiences of those qualified as « deportees ». More specifically, we wanted to comprehend from their point of view, the significance of this labelling. Anchored in Becker (1985) and Goffman's (1975a, 1968b) labelling and deviance theories, the results demonstrate the profound effects of this label on those affected, including processes of stigmatization, discrimination and exclusion. To achieve the study’s objectives, a qualitative approach was chosen, in which semi-structured interviews were carried out with eight men and one woman who had been expelled from the USA. It was found, that the label « deportee » had a profound effect on their relationships with their families, friends, entourage, their social networks, and put into question the legitimacy of their citizenship, thus encouraging processes of exclusion, marginalization, and discrimination. Key words: Deportation, labelling, lived experience, expelled immigrant, Haiti

    Usages du lexique verbal chez les collĂ©giens camerounais : d’un corpus oral d’élĂšves Ă  une didactique de l’expression dans la formation des enseignants

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    We are pondering over the acquisition of French as the language of education and as a second language in a multilingual situation. Our research study centers on the uses of verbs by French-speaking students. We propose some solutions for the teaching-learning of this vocabulary.The objective is to understand the verbs mainly used by secondary school pupils learning and speaking French as a second language. We have collected our corpus of analysis from pre-adolescents and adolescents in YaoundĂ©, Cameroon. These data were cross-checked, transcribed, processed, and coded in conformity with the processing protocol of CHILDES,( Child Language Data Exchange System). Hence the FREG command mechanically provided us with an exhaustive list of the verbs and the frequency at which they are used. These verbs were grouped according to their semantic contents after LEMMATIZATION (using the headword technique). This method enabled us to dig out the most fundamental communicative potential of the youngsters who will have to improve on, increase or organize vocabulary classes. Our analyses are concerned with the formulation phases, the conceptual and discursive levels. We are questioning the factors which influence the acquisition of verbal terms.Notre thĂšse s’inscrit dans le domaine de l’acquisition du Français Langue de Scolarisation (FLS) et Langue Seconde (L2) en plurilinguisme. Elle s’intĂ©resse aux usages du lexique des verbes chez les collĂ©giens francophones, pour lesquels nous esquissons des solutions Ă  l’enseignement-apprentissage de ce lexique. L’objectif est de comprendre quels sont les verbes mobilisĂ©s par les collĂ©giens de L2 pour exprimer des procĂšs Ă  l’oral. Nous nous appuyons sur un corpus oral collectĂ© auprĂšs des prĂ©-adolescents et adolescents scolarisĂ©s dans la ville Camerounaise de YaoundĂ©. Les donnĂ©es empiriques ont Ă©tĂ© rĂ©unies, traitĂ©es, transcrites et codĂ©es conformĂ©ment au protocole de traitement CHILDES (Child Language Data Exchange SystĂšme). Ainsi, la commande FREQ de CLAN a mĂ©caniquement fourni des inventaires complets de verbes avec leur frĂ©quence respective que nous avons classĂ©s par familles sĂ©mantiques aprĂšs lemmatisation. Cette procĂ©dure nous permet de dĂ©gager le potentiel communicatif le plus fondamental des jeunes que devront corriger, accroitre ou organiser les cours de vocabulaire. Nos analyses sont basĂ©es sur l’étape de la formulation, sur le niveau conceptuel et discursif. Nous interrogeons sur les facteurs qui influencent l’acquisition du lexique verbal

    Quelle autogestion des pratiques sociolinguistiques haïtiennes dans les interactions verbales scolaires et extrascolaires en Haïti ? : une approche sociodidactique de la pluralité linguistique

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    Based on an empirico-inductive approach, this research is an analytical description and interpretative synthesis of Haitian sociolinguistic practices from the perceptions of both French and Creole (co-official languages). Positioned way ahead of Haitian Creole and English, French is at the core of social demands due to its role in socioprofessional integration in Haiti. Because it functions as a second language compared to Haitian Creole – first language in Haiti – it generates discriminations, insecurity and security in school and extracurricular verbal interactions. In this context, Frenchified Creole as an index of school-goers' apparent double identity (CreoloFrench-Speaking) can not replace French. The self-management of Haitian linguistic plurality is then considered through « field » sociodidactics so as to reduce linguistic insecurity and facilitate educational success. The approach proposed in this study is « contextualised enunciative didactics ». It considers Haitian French as a construct from local, self-managed and shared linguistico-cultural ressources, and it allows to transpose the speaking learners' daily extra-curricular practices into ordinary school practices to liberate speechCe travail de recherche basĂ© sur une approche empirico-inductive est une description analytique et une synthĂšse interprĂ©tative des pratiques sociolinguistiques haĂŻtiennes Ă  partir des reprĂ©sentations du français et du crĂ©ole (langues co-officielles). SituĂ© largement devant le crĂ©ole haĂŻtien et l’anglais, le français se trouve au centre de la demande sociale pour son rĂŽle dans l’insertion socioprofessionnelle en HaĂŻti. De par sa fonction de langue seconde par rapport au crĂ©ole, langue premiĂšre en HaĂŻti, il gĂ©nĂšre des phĂ©nomĂšnes de discriminations, d’insĂ©curitĂ© et de sĂ©curitĂ© dans les interactions verbales scolaires et extrascolaires. Dans ce contexte, le crĂ©ole francisĂ© comme indice d’une double identitĂ© apparente (crĂ©olofrancophone) des scolarisĂ©s ne peut remplacer le français. L’autogestion de la pluralitĂ© linguistique haĂŻtienne est alors envisagĂ©e dans une sociodidactique de « terrain » afin de rĂ©duire l’insĂ©curitĂ© linguistique et faciliter la rĂ©ussite Ă©ducative. Cette recherche propose comme dĂ©marche, une « didactique Ă©nonciative contextualisĂ©e » considĂ©rant le français haĂŻtien comme un construit Ă  partir des ressources linguistico-culturelles locales autogĂ©rĂ©es et partagĂ©es et capable de transposer les pratiques quotidiennes extrascolaires des apprenants locuteurs en pratiques scolaires ordinaires pour libĂ©rer la parole.Travay rechĂšch sa a ki chita sou yon apwĂČch anpiriko-endiktiv se yon deskripsyon analitik e yon sentĂšz entĂšpretativ pratik sosyolengwistik ayisyĂšn yo apati reprezantasyon fransĂš ak kreyĂČl (lang ko-ofisyĂšl). Pou wĂČl li nan ensĂšsyon sosyopwofesyonĂšl, fransĂš plase nan sant demand sosyal la devan lontan kreyĂČl ayisyen ak anglĂš. Fonksyon lang segond li parapĂČ ak kreyĂČl, lang premyĂš an Ayiti, kreye fenomĂšn diskriminasyon, ensekirite e sekirite nan entĂšraksyon vĂšbal eskolĂš ak ekstra-eskolĂš. Nan kontĂšks sa a, kreyĂČl fransize kĂČm endis yon doub idantite sou po (crĂ©olofrakofĂČn) pou eskolarize yo pa kapab ranplase fransĂš. Otojesyon pliralite lengwistik ayisyĂšn nan antre nan yon sosyodidaktik « de teren » pou kapab diminye ensekirite lengwistik la epi fasilite reyisit edikativ yo. RechĂšch sa a pwopoze kĂČm demach, yon « didaktik enonsyativ kontekstyalize » pendan l’ap konsidere fransĂš ayisyen kĂČm yon konstwi (siman) ki soti nan resous lengwistiko-kiltirĂšl lokal ki jere tĂšt yo epi ki se yon pataj ki kapab transpoze pratik bese-leve ekstra-eskolĂš aprenan lokitĂš yo an pratik eskolĂšĂČdinĂš pou libere la parol

    La régulation des comportements des citoyens lors de la crise sanitaire COVID : la perception du milieu policier : note de recherche

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    Ce projet, menĂ© en partenariat avec l’Association des directeurs de police du QuĂ©bec (ADPQ), s’est intĂ©ressĂ© aux stratĂ©gies rĂ©gulatoires adoptĂ©es par les autoritĂ©s publiques quĂ©bĂ©coises, dans le contexte particulier de l’état d’urgence sanitaire. Pour cette recherche, nous nous sommes penchĂ©s de façon plus particuliĂšre sur le rĂŽle qu’ont Ă©tĂ© appelĂ©s Ă  jouer les services policiers municipaux et leurs patrouilleurs dans la mise en Ɠuvre des consignes sanitaires gouvernementales

    La forĂȘt quĂ©cĂ©coise en discours dans la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle : reprĂ©sentations politiques et littĂ©raires

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    RÉSUMÉ: Des annĂ©es 1970 jusqu’aux annĂ©es 2000, divers travaux ont soulevĂ© l’absence voire le rejet de la forĂȘt dans l’imaginaire collectif quĂ©bĂ©cois au profit d’une idĂ©ologie clĂ©rico-nationaliste centrĂ©e sur la terre et l’agriculturisme. Or, les dĂ©bats sur la dĂ©forestation et la rĂ©forme des politiques forestiĂšres qui ont investi l’espace public au tournant du XXIe siĂšcle ont propulsĂ© vers l’avant-plan l’enjeu des reprĂ©sentations, et notamment l’importance des rĂ©fĂ©rents historiques comme lieu commun identitaire. Le lien identitaire des QuĂ©bĂ©cois Ă  la forĂȘt prendrait forme dans un passĂ© rythmĂ© par l’exploitation des forĂȘts et une vie quotidienne façonnĂ©e au contact de cette ressource. La sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise pourrait mĂȘme se dĂ©finir comme un « peuple forestier ». Notre thĂšse fait la dĂ©monstration que ces rĂ©fĂ©rents identitaires Ă  la forĂȘt reposent sur la cristallisation de reprĂ©sentations qui ont pris forme et se sont diffusĂ©es dans la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle. Afin de mieux comprendre ces reprĂ©sentations et leur mise en discours, nous nous sommes appuyĂ©e sur une dĂ©finition des reprĂ©sentations qui posent celles-ci comme le rĂ©sultat d’un processus de subjectivation et d’interprĂ©tation du monde, sur lesquels s’appuient les acteurs pour se dĂ©finir et revendiquer leur identitĂ©. La forĂȘt devient un lieu Ă  partir duquel il est possible d’observer les luttes que se livrent les agents individuels et collectifs pour s’approprier le territoire, se dĂ©finir, mais Ă©galement pour dĂ©finir la sociĂ©tĂ©. Les reprĂ©sentations sont Ă  la fois des rĂ©fĂ©rents et des instruments de mĂ©diation des rapports sociaux Ă  la forĂȘt. De façon plus spĂ©cifique, nous avons Ă©tudiĂ© les reprĂ©sentations scientifiques, Ă©conomiques et culturelles de la forĂȘt quĂ©bĂ©coise vĂ©hiculĂ©es par les Ă©lites dans l’espace public. Le corpus des sources est constituĂ© de documents lĂ©gislatifs, d’Ɠuvres littĂ©raires et de la presse Ă©crite. La superposition de ces trois types de documents permet de poser un regard multidimensionnel sur la forĂȘt et d’observer les processus par lesquels la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise s’est appropriĂ© l’objet forestier. Le rĂ©cit qui s’en dĂ©gage se divise en trois temps, qui correspondent Ă  autant de moments charniĂšres dans les politiques forestiĂšres : 1905-1906, avec la crĂ©ation du ministĂšre des Terres et ForĂȘts (MTF); 1921-1922, avec l’adoption d’une premiĂšre loi incluant des rĂšglements soutenant la rĂ©alisation d’inventaires forestiers et l’amĂ©nagement des forĂȘts; et 1937-1938, qui marque la fin d’une Ă©poque par le dĂ©part de Gustave-Clodimir PichĂ©, le chef du Service forestier depuis sa crĂ©ation. En posant notre attention sur ces trois Ă©vĂ©nements, une trame se dessine qui permet de saisir les enjeux autour desquels prennent forme les rĂ©fĂ©rents Ă  la forĂȘt et leur mise en discours : l’exploration du territoire, la classification et la sĂ©paration des terres entre les domaines forestier et agricole, et l’intention de rĂ©aliser un amĂ©nagement rationnel des forĂȘts. En filigrane, on assiste au dĂ©licat travail d’adaptation des principes de la foresterie scientifique europĂ©enne et du mouvement conservationniste amĂ©ricain Ă  la rĂ©alitĂ© quĂ©bĂ©coise, conduisant Ă  la construction d’une vision que l’on peut qualifier de « pichĂ©iste » de la forĂȘt quĂ©bĂ©coise. À cette chronologie politico-administrative se juxtapose celle des Ɠuvres littĂ©raires, qui recĂšle ses propres caractĂ©ristiques influencĂ©es par les transformations de l’environnement culturel et littĂ©raire. À la fin du XIXe siĂšcle, la forĂȘt se fait rare dans les Ɠuvres littĂ©raires, sinon pour vanter la vie du colon-dĂ©fricheur ou folkloriser les figures du coureur des bois et du bĂ»cheron. Entre 1900 et 1930, quelques Ă©crivains vont timidement intĂ©grer les principaux enjeux qui accompagnent le dĂ©veloppement de l’exploitation forestiĂšre : l’industrialisation, l’essor des sciences, l’émergence des sensibilitĂ©s Ă  la nature. De 1930 Ă  1945, on assiste Ă  une Ă©mancipation de la forĂȘt dans les Ɠuvres littĂ©raires. La prĂ©sence de la forĂȘt ne se calcule pas tant Ă  la quantitĂ© des Ɠuvres dans lesquelles elle apparaĂźt, mais par la qualitĂ© et la diversitĂ© des rĂ©alitĂ©s forestiĂšres qu’elles dĂ©voilent. Ces Ɠuvres mettent en discours le caractĂšre collectif et multidimensionnel de l’appropriation symbolique de la forĂȘt et du territoire. Bien que les trames politico-administrative et littĂ©raire semblent en apparence Ă©loignĂ©es, celles-ci se rencontrent dans la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle pour tĂ©moigner de la production discursive d’une frange de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise motivĂ©e Ă  poser les bases d’une « mentalitĂ© forestiĂšre » Ă  son image. -- Mot(s) clĂ©(s) en français : forĂȘt ; QuĂ©bec ; reprĂ©sentations ; discours ; territoire ; politique publique; littĂ©rature ; presse Ă©crite ; identitĂ©. -- ABSTRACT: In favor of a clerico-nationalist ideology with an agricultural and terrestrial focus, various works since the 1970s up until the 2000s, have indicated a lack of, and even the rejection of, the forest in the QuĂ©bĂ©cois collective psyche. However, carving out their place in the public sphere at the outset of the 21st century, the debates on deforestation and on the reform of forest policies propelled to the forefront the issues of the representations, and in particular, the importance of historical referents as a common identity source. Emerging from a history punctuated by the exploitation of the forests and from a daily life shaped by being in close contact with this resource, the QuĂ©bĂ©cois sense of identity with the forest materialized. In turn, bringing QuĂ©bĂ©cois society to be described as a “forest nation”. Our thesis demonstrates that these identity referents to the forest are based on the crystallization of the representations that took shape and spread in the first half of the 20th century. In a quest to better understand these representations and their implementation, we considered a definition derived from a process of subjectification and an interpretation of the world, underpinning the major players in defining and reclaiming their identity. In order to observe the struggles between individual agents and collectives attempting to appropriate the territory and to identify themselves and the community, the forest came to be a starting source and the representations referents and mediation tools of the underlying social ties to the forest. More precisely, we studied the scientific, economic and cultural representations of the QuĂ©bĂ©cois forests disseminated by the elite in the public domain. By overlaying legislative materials, literary works and print media, we have taken a multi-pronged look of the forest and have examined the process by which QuĂ©bĂ©cois society has appropriated the forest. Our thesis unfolds a narrative divided into three pivotal time periods in forest policies: 1905-1906, with the creation of the Minister of Lands and Forests (MLF); 1921-1922, with the enactment of a first legislation containing the regulations supporting the implementation of forest inventories and forest management; and 1937-1938, marking the end of an era with the departure of Gustave-Clodmir PichĂ©, Head of Forest Service since its inception. The narrative unveiled by these three critical moments, makes it possible for us to better grasp the issues from which forest referents and their implementation stem from: the exploration of the territory, the classification and the division of the lands between the forestry and agricultural industries, and the intention to carry out a rational management of the forests. Implicitly, through the intricate work of adapting the European forestry scientific principles and the American Conservation Movement to that of the QuĂ©bĂ©cois reality, we are able to witness the development of a vision of the QuĂ©bĂ©cois forest that can be characterized as “pichĂ©iste”. Juxtaposed to this political-administrative time frame, we considered literary works with distinctive characteristics influenced by the changes in the literary and cultural environments. Unless to glorify the pioneer-settler’s life or to folklorize “coureur des bois” and logger figures, the forest was a rare occurrence in literary works at the end of the 19th century. Following an endeavor by a number of writers between 1900 and 1930, to incorporate the basic issues associated with the development of forestry exploitation: industrialization, the advancement of the sciences and the emergence of sensitivities to the natural world, we observe an emancipation of the forest in literary works from 1930 to 1945. It is not so much by the quantity of literary works addressing the forest, by which we can measure the presence of the forest in literary works, but more by the quality and by the diversification of forestry realities that the works disclose. These works bring to the forefront the collective and multidimensional nature of forest and territorial symbolic appropriation. Although it may seem on the surface that there is a large gap between political-administrative and literary backgrounds, they do cross roads in the first half of the 20th century bearing witness to the discursive production of a fringe of QuĂ©bĂ©cois society motivated to lay the foundation of a “forest mentality” faithful to its image. -- Mot(s) clĂ©(s) en anglais : forest ; QuĂ©bec ; representations ; discourse ; territory ; public policy; litterature ; print media; indentity

    Les programmes de relations communautaires, community relations [CR], en Irlande du Nord de 1969 a 1998 : l’illusion d’une continuitĂ© ?

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    This study focuses on community relations policies followed by public bodies in Northern Ireland during the Troubles [1969-1998]. The author compares the first plan, which lasted from 1969 to 1974, with the second series of measures taken from 1987. She also examines policies set up during the intervening thirteen years [1974-1987] when the issue of CR remained dormant. This examination shows that the consistency of government policies in the field of community relations is questionable. Community relations programmes have been looked at alongside peacebuilding initiatives involving public bodies as well as community activists. Despite an initial assumption that there has been no continuity in community relations policies between 1969 and 1998, it appears from the research that, throughout the Troubles, such policies have emanated from modes of thinking and acting which are well established among decision makers.Cette thĂšse s’intĂ©resse aux politiques de relations communautaires, community relations [CR], conçues et mises en place par les autoritĂ©s publiques dans le contexte du conflit nord-irlandais entre 1969 et 1998. Elle s’interroge sur la filiation entre les dispositifs de 1969 et 1987-1990 et sur la cohĂ©sion de ces programmes dans la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e. Elle insĂšre les politiques de CR dans une dĂ©marche globale de construction de la paix, peacebuilding, parfois adoptĂ©e par les autoritĂ©s publiques dans le contexte du conflit nordirlandais. La thĂšse dĂ©crit les caractĂ©ristiques de cette dĂ©marche et les met en relation avec les dĂ©veloppements ayant lieu au sein du secteur associatif nord-irlandais. MalgrĂ© une premiĂšre impression de discontinuitĂ© dans les politiques de CR, ce travail doctoral met progressivement en exergue la permanence de schĂ©mas de pensĂ©e et d’action au sein des autoritĂ©s publiques entre 1969 et 1998, desquels Ă©mergent les programmes de CR Ă©tudiĂ©s

    Dictionnaire historique de l’adjectif-adverbe

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