7 research outputs found
Virtualité photographique : chair, morphing, hybridation
Après sa série d’opérations chirurgicales pendant lesquelles l’artiste se fait, entre autres, greffer des implants sur les tempes, l’Art charnel d’ORLAN s’incarne au virtuel, élaborant des hybridations numériques qui mêlent son propre corps à des représentations de corps non-occidentaux. Avec ses quatre séries des Self-hybridations, ORLAN conçoit des images composites pour donner à voir une identité plurielle. Ces représentations du métissage s’inscrivent dans un contexte de mondialisation accrue, héritée de l’expansion des empires coloniaux d’Europe, qui change les rapports que l’on entretient avec l’altérité. Il s’agit ici de saisir, sous le prisme des études de genres et postcoloniales, les conditions dans lesquelles la virtualité photographique, notamment à travers la pratique du morphing, permet à ORLAN de dépasser les frontières culturelles
Une introduction à la pluralité des corps en transition
La notion de « corps en transition » suggère l’instabilité et la mutation des frontières des rhétoriques de genre, de sexe, de classe, de race et d’espèce entre autres, en tant que catégories construites de manière historique et culturelle par des discours, des pratiques et des représentations, qu’elles soient symboliques ou visuelles. Dans leurs formes plastiques, poétiques et politiques, les images travaillent les corps pour rendre compte des oppressions et des rapports sociaux de dominati..
Glorifier le corps par l’art : Sainte ORLAN et le baroque italien
International audienceCet article propose une étude de cas portant sur l’artiste française ORLAN (1947-) qui, après un voyage en Italie au début des années 1980, réalise plusieurs œuvres s’inspirant du baroque italien dans différents champs tels que la photo- graphie, la performance et l’installation. L’artiste élabore ainsi sa « sainte ORLAN », personnage inspiré directement de l’Extase de Sainte Thérèse du Bernin, mettant en scène son propre corps dans une sorte de mascarade religieuse. Il s’agit ici d’analyser la manière dont une artiste femme française emprunte, dans les années 1980, le vocabulaire artistique du baroque italien. Après avoir mis en exergue les principes de l’hybridation propre au baroque dans la production performative et photographique d’ORLAN, l’article examine la théâtralisation de son corps en se concentrant sur une installation datant de 1984 et disparue aujourd’hui. Il s’agit enfin d’explorer la redéfinition de son identité à travers l’histoire de l’art italien et la religion chrétienne
Contemporary art between and beyond genders and sexes : the construction of a non-binary gender from the late 1960s to the present day
Si le statut de l’artiste a été historiquement pensé au masculin puis revu par un intérêt pour des artistes femmes, cette thèse examine la construction artistique d’une non-binarité de genre. Est postulé ici que les pratiques corporelles non binaires issues du champ social sont observables dans l’art à travers le travail de transformation de soi : notre hypothèse suppose que la subversion des genres réside au cœur de la création, se recoupant avec le bouleversement des pratiques artistiques dans la seconde moitié du XXe siècle, comme le renouvellement des médiums traditionnels par le corps et les nouvelles technologies, et l’insubordination à une esthétique ou un style précis. Cette thèse cherche alors à démontrer que la réinterprétation des figures non binaires historiques (androgyne platonicien, Hermaphrodite ovidien) et l’élaboration de nouvelles figures hybrides (cyborgs, mutants) répondraient au trouble des genres produit par l’évolution scientifique et l’obsolescence des structures psychiatriques contemporaines. Il s’agit ainsi d’examiner les différents codes de représentation d’un genre non binaire en adoptant une approche transdisciplinaire, avec principalement les études queer et le cadre épistémologique des savoirs situés, tout en s’appuyant sur la médecine, l’anthropologie et le droit. À travers le traitement d’une centaine de sources de natures variées et de différents fonds, cette étude est menée sous trois perspectives : la représentation de l’intime comme contestation des normes de genre ; la mise en scène d’une métamorphose du corps de l’artiste en corpus ; la construction d’un genre nomade entre transidentité et indétermination.If the status of the artist has historically been thought as masculine and then renewed by an interest in women artists, this thesis examines the artistic construction of a gender non-binarity. It is postulated hereafter that non-binary corporal practices derived from the social field are observable in art through the work of self-transformation: our hypothesis assumes that the subversion of genders lies in the heart of creation, overlapping with the upheaval of artistic practices in the second half of the 20th century, such as the renewal of traditional mediums by the body and new technologies, and the insubordination to a specific aesthetic or style. This thesis then tries to demonstrate that the reinterpretation of historical non-binary figures (Platonic androgyne, Ovidian Hermaphrodite) and the development of new hybrid figures (cyborgs, mutants) would respond to the gender disorder produced by scientific evolution and the obsolescence of contemporary psychiatric structures. It is thus a question of examining the different codes of representation of a non-binary gender by adopting a transdisciplinary approach, with mainly queer studies and the epistemological framework of Situated Knowledges, while relying on medicine, anthropology and the legal discipline. Through the treatment of a hundred sources of various natures and from different archival resource, this study is carried through three perspectives: the representation of intimacy as a contestation of gender norms; the staging of a metamorphosis of the artist's body into a corpus; the construction of a nomadic gender between transidentity and indetermination
Transgresser pour déconstruire. Deborah de Robertis : l’impertinence contre le pouvoir
International audienceThis article analyzes the artistic production of Deborah de Robertis, who has been controversial since 2014 when she exposed her sex in front of Gustave Courbet's Origine du monde at the Musée d'Orsay. In order to reverse the male gaze on works of art, the artist embodies the model of famous paintings without permission of the museums where she performs, giving rise to several police custodies and trials. The question is about showing how the artist goes beyond simple provocation to formulate an artistic and political discourse, while focusing on her impertinence, taking risks with authority. This study first asks the question of some conformism to the creation of women artists of the 1970s, before examining the subversion of her works of art which break with traditional moral values. Finally, this study analyzes the relations between the artist and museums in order to obtain a general idea of the number of occurrences that daring takes in her artistic production.Cet article analyse la production artistique de Deborah de Robertis, qui fait polémique depuis 2014 lorsqu'elle a exposé son sexe devant l'Origine du monde de Gustave Courbet au musée d'Orsay. Afin de renverser le regard masculin exercé sur l'oeuvre, l'artiste incarne le modèle de tableaux célèbres sans autorisation des musées dans lesquels elle performe, donnant lieu à plusieurs gardes à vue et procès. Il s'agit de montrer comment l'artiste dépasse la simple provocation pour formuler un discours artistique et politique, tout en se concentrant sur son impertinence prenant des risques quant à l'autorité. Cette étude pose d'abord la question d'un certain conformisme face à la création d'artistes femmes des années 1970, avant d'examiner le caractère subversif de ses oeuvres qui entrent en rupture avec l'ordre moral. L'étude analyse enfin les rapports de pouvoir qu'entretiennent l'artiste et l'institution muséale afin d'obtenir une vue d'ensemble des occurrences que prend l'audace dans sa production artistique