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Le corps, la marche et la zone critique du paysage
Du paysage, rien ne peut tenir dans nos gabarits classiques (i.e. nature/culture, humain/non-humain, etc.). Câest le constat que tout lecteur assidu pourra tirer de lâimmense bibliographie dont le paysage est aujourdâhui la visĂ©e. En dâautres termes, le paysage met notre pensĂ©e en crise. De fait, vivre (pour bien parler) du paysage requiert de nouvelles mĂ©thodes et câest Ă cette perspective que nous nous livrons tout au long de lâarticle. Pour ce faire, le corps est au cĆur de la dĂ©marche et devient progressivement une interface de lecture et dâĂ©criture de lâespace, au grĂ© de « lâexpĂ©rience vĂ©cue du temps », comme lâexprimait lâartiste Barnett Newman. Plus tard, lâusure aussi Ă©reintante que gratifiante et induite par le rythme de la marche va augurer dâune instauration paysagĂšre progressive, par-delĂ le seul vĂ©hicule de lâart, donc vers une mobilisation plus quâune fixation.When it comes to landscape, none of our classical ontologies (e.g. nature/culture or human/non-human) are satisfying. Such a conclusion can be drawn by any committed reader parsing the abundant literature which takes landscape as its central subject. Thus, I set out to explore new ways of understanding the ambiguous essence of landscape by placing my own body at the center of what I do. As an interface, it goes along the reading and the writing of space and across a âphysical sensation of timeâ, as artist Barnett Newman once put it. As I shall show, walking tears and wears the body and not only does it fulfill a slow degradation but also inadvertently yields a significant reward, making the body â in flesh and mind â an interface for ingoing and outgoing signals. This way I will go beyond the theory of a merely art-mediated landscape, thus, toward a mobilization rather than a fixation
En forĂȘt domaniale du Flamand
Comment un paysage natif peut-il devenir un paysage photographique ? Les habitudes sont-elles un poids ou, au contraire, offrent-elles une finesse dâanalyse supplĂ©mentaire au photographe ? Autrement dit, cette connivence va-t-elle promouvoir ou proscrire un projet photographique ? Pour rĂ©pondre Ă ces questions, qui suggĂšrent dĂ©jĂ un passage du pays au paysage, nous nous plaçons en forĂȘt domaniale du Flamand, un massif forestier mĂ©docain. AprĂšs avoir montrĂ© quâil existe une gĂ©nĂ©alogie entre la Flandre, le MĂ©doc et la notion de paysage, nous mĂ©diterons sur lâenchevĂȘtrement des dimensions utilitaire et iconique de la forĂȘt, Ă travers son emblĂšme : le pin maritime. Nous le ferons Ă lâappui de notre corpus photographique. Au terme de lâexploration gĂ©ohistorique et photographique, nous montrerons Ă quel point la beautĂ© schĂ©matique de lâimage touristique, en recouvrant le pays dâun « vernis », Ă©lude les lourds moyens techniques nĂ©cessaires pour maintenir la correspondance entre le milieu et sa reprĂ©sentation.How can a native landscape become a photographic image ? Do habits weigh on photographers or do they, on the contrary, make them more astute in their analyses ? In other words, does such proximity promote or proscribe a photographic project ? To answer these questions, which already suggest a shift from the land to the landscape, we take a look at the Flamand national forest in a woodland area of the MĂ©doc region. After demonstrating the existence of a âgeohistoricalâ link between Flandre, MĂ©doc and the notion of the landscape, we reflect on the interlocking utilitarian and iconic dimensions of the forest through its emblematic maritime pine by using our photographs. Thanks to this geohistorical and photographic exploration, we show to what extent the simplistic beauty of the touristic image, by conferring on the land a âvarnishâ, eludes the complex technical resources needed to maintain a correspondence between the environment and its representation
CuriositĂ©s de lâobservation photographique
JusquâĂ quel point peut-on reprĂ©senter objectivement un paysage en mutation avec la photographie ? Quels critĂšres adopter pour y arriver ? Est-ce le but dâun Observatoire photographique ? Pour rĂ©pondre Ă ces questions, il faudra se pencher sur la croyance en une image photographique dite mĂ©canique et voir quelle fut sa fortune, dâabord en sciences puis en art. Ainsi, nous suivrons le fil de lâobservation, quitte parfois Ă dĂ©tricoter la notion jusquâĂ tomber sur celle qui lui est implicitement associĂ©e : lâobjectivitĂ©. De lĂ , Ă lâappui dâun entretien avec le photographe Gilbert Fastenaekens puis dâune rĂ©flexion centrĂ©e sur les images photographiques de paysages vides, il sâagira de montrer lâinadĂ©quation de termes comme « neutralité », « retrait » ou bien « dĂ©tachement » ; souvent amalgamĂ©s pour analyser la dĂ©marche des photographes. Lorsque des photographes sont en mission, câest engagĂ©s tout entier sur le terrain dâune Ă©criture photographique quâils sâoccupent du paysage, dâun regard instruit, certes, mais aussi lourdement instrumentĂ©. Quant aux images quâils produisent, câest parce quâelles sont prises dans une longue sĂ©quence dâattachements techniques que lâidĂ©e mĂȘme dâun dĂ©tachement doit nous paraĂźtre douteuse.To what extent is it possible to give an objective representation of a changing landscape by means of photography ? Which criteria should be adopted to achieve this ? Is this the purpose of a photographic observatory ? To answer these questions, it is necessary to reflect on the belief in a so-called mechanical photographic image and to look at what has become of this belief in science and subsequently in art. Thus we shall follow the thread of observation, even if this means unravelling the notion until we encounter the that of objectivity which is implicitly associated with it. From that point on, based on an interview with the photographer Gilbert Fastenaekens, followed by an analysis of photographic images of empty landscapes, the aim will be to demonstrate the inadequacy of terms such as âneutralityâ, âdistanceâ, or even âdetachmentâ ; often used confusedly in analysing the approach of photographers. When working on an assignment, although they are focusing on the landscape, photographers are entirely engaged in the field of photographic composition, albeit with a trained and highly instrumented eye. As for the images they produce, it is because they are taken within a long sequence of technical attachments that the very idea of a detached view should be considered as highly doubtful
Paysage :de démarche en (dé)construction photographique. Géohistoire de l'image à l'aube de l'AnthropocÚne
De quoi le geste photographique est plein dans le paysage ?Pour reÌpondre aÌ cette question, nous employons une meÌthode reÌsolument transversale en revenant aÌ lâeÌtymologie pour deÌployer non pas une manieÌre de faire mais dâaller vers. Dans cette lanceÌe favorable aÌ une pratique et une theÌoriedu paysage puis aÌ lâarticulation de ces deux versants, la recherche eÌpisteÌmologique permet de deÌcrire les fondements de lâinstauration des dualismes, ces ceÌsures aux fondements de la moderniteÌ europeÌenne dâabord instaureÌs par la projection perspective (cette manieÌre tout aÌ fait singulieÌre de se repreÌsenter â mais aussi de rapporter â le monde) et sur lesquelles le paysage europeÌen repose ;tandis que la recherche photographique vient eÌprouver nos arguments et in fine, mettre en abiÌme les conceptions eÌpisteÌmologiques dont lâoutil photographiquesâest in niment fait le relais dans le paysage. Nous montrons notamment que lâimage photographique consomme la rupture du fosseÌ dualiste :elle le fait mateÌriellement aboutir en images et en eÌpuise symeÌtriquement sa possibiliteÌ theÌorique. En Islande, sur un terrain qui donne â du moins de prime abord â toutes les garanties dâune « pure nature », nous photographions des sites ouÌ il nâest visiblement plus possible de seÌparer nettement le naturel de lâhumain, avec lâambition de faire poindre, aÌ la fois dans et par lâimage, ce quâil convient de nommer la fermeture eÌpisteÌmologique quâannonce lâAnthropoceÌne, un tournant geÌohistorique eÌminemment photographique.Doctorat en Art et Sciences de l'Artinfo:eu-repo/semantics/nonPublishe
Curiosités de l'observation photographique
Jusqu'Ă quel point peut-on reprĂ©senter objectivement un paysage en mutation avec la photographie ?Quels critĂšres adopter ?Est-ce le but dâun Observatoire photographique ?Pour rĂ©pondre Ă ces questions, il faudra se pencher sur la croyance en une image photographique dite mĂ©canique et voir quelle fut sa fortune, dâabord en sciences puis en art. Ainsi, nous suivrons le fil de lâobservation, quitte parfois Ă dĂ©tricoter la notion jusquâĂ tomber sur celle qui lui est implicitement associĂ©e :lâobjectivitĂ©. De lĂ , Ă lâappui dâun entretien avec le photographe Gilbert Fastenaekens puis dâune rĂ©flexion centrĂ©e sur les images photographiques de paysages vides, il sâagira de montrer lâinadĂ©quation de termes comme « neutralitĂ© », « retrait » ou bien « dĂ©tachement » ;souvent amalgamĂ©s pour analyser la dĂ©marche des photographes. Lorsque des photographes sont en mission, câest engagĂ©s tout entier sur le terrain d'une Ă©criture photographique qu'ils sâoccupent du paysage, dâun regard instruit, certes, mais aussi lourdement instrumentĂ©. Quant aux images quâils produisent, câest parce quâelles sont prises dans une longue sĂ©quence d'attachements techniques que l'idĂ©e mĂȘme d'un dĂ©tachement doit nous paraĂźtre doĂ»teuse.info:eu-repo/semantics/publishe