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Urbaniser les montagnes : la production de l'espace urbain au frontpionnier Ă LĂ o Cai, Vietnam
Depuis les réformes politico-économiques du Vietnam en 1986, la région montagneuse et frontalière sino-vietnamienne au nord fait l'objet d'un processus d'intégration à l'économie mondiale et d'une urbanisation intensive. Des grands projets d'infrastructures et du développement urbain transforment profondément le paysage des petites et moyennes villes dans cette région multi-ethnique et autrefois au front-pionnier. Mon étude vise à comprendre la production de l'espace urbain à la ville de Là o Cai, une des villes qui développent le plus vite dans la région. Elle se penche sur la conception de la ville par l'État (l'espace conçu), le cadre bâti (l'espace perçu), et les expériences quotidiennes de la population étayant l'urbanisation de la ville (l'espace vécu), ainsi que les interactions entre les trois espaces. Conceptuellement, le projet est construit sur la théorie de la production de l'espace d'Henri Lefebvre (1991). Il mobilise aussi la littérature sur la modernité, la durabilité urbaine et la politique au quotidien. La méthodologie qualitative retenue pour cette recherche comprend plusieurs sources d'informations (observations, entretiens semi-dirigés) colligées lors d'un travail de terrain à l'automne 2015. Les résultats montrent que la conception d'une ville moderne pionnière à Là o Cai consiste en un développement d'infrastructures physiques au-delà de besoins de ses habitants; et des modèles architecturaux et urbanistiques banalisés empruntés de l'étranger. Il s'agit d'un processus de transition linéaire, vers lequel la population locale doit converger, sans adaptation à leurs traditions ni à leurs cultures. Le cadre bâti, quant à lui, est axé sur l'esthétique et ne tient pas compte des intérêts de la population locale, en créant une forme urbaine monofonctionnelle et discontinue dans les nouveaux quartiers au sud de la ville. A propos des expériences quotidiennes de la population, l'expansion urbaine a affecté les modes de subsistance des paysans par l'expropriation et la transformation des terrains agricoles qui constituaient leur seule ressource financière. Par conséquent, d'autres modes de subsistance liés à l'agriculture et aux services urbains commencent à émerger. Ainsi, les réactions de la population à l'urbanisation varient entre conformité, appui et modification de l'espace selon leurs besoins, intérêts et cultures. Par exemple, la compensation inadéquate lors de la relocalisation des ménages a mené ces derniers à modifier l'espace conçu imaginé de l'État par une architecture vernaculaire qui correspond aux moyens de ces ménages et à la compensation. Il y a une divergence d'opinions envers les conditions de vie dans les logements nouvellement construits, variant entre appui délibéré et conformité à la nouvelle situation. L'analyse des interactions entre les trois espaces montre notamment des tensions entre l'espace conçu et vécu. Ces tensions transparaissaient dans les conditions de vie difficiles de la population qui y vit. Finalement, l'étalement urbain, les impacts de l'urbanisation sur les modes de subsistance de la population et leur exclusion du processus de la prise de décisions, mettent en péril le rôle potentiel que l'urbanisation à Là o Cai peut jouer dans le développement urbain et rural. Les résultats de cette étude contribueront à mieux comprendre des mécanismes qui sous-tendent l'urbanisation des petites et moyennes villes et à évaluer l'impact de cette urbanisation sur la durabilité de la ville et de la région d'étude.\ud
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Urbanisation, production de l'espace, modernité, Vietnam, petites villes, politique au quotidien, Lefebvr
Les espaces relâchés produits par la créativité populaire
Cette recherche porte sur les espaces relâchés produits à partir de la créativité de ceux qui habitent dans des quartiers défavorisés. Ces espaces sont conçus pour répondre à des besoins peu ou non satisfaits par les espaces publics ouverts offerts par la ville, produits officiellement par les planificateurs. À partir de l'analyse approfondie d'un cas - le quartier Pointe-Saint-Charles à Montréal - nous tentons de définir les principales caractéristiques de ces espaces, les différents usages qui y ont lieu et leurs usagers. Cette recherche a donc visé à répondre à la question suivante : comment peut-on identifier les espaces relâchés produits par la créativité populaire? Pour répondre à cette question il était nécessaire de définir les concepts clés utilisés dans cette recherche, se basant surtout sur les différentes conceptions de l'espace public et ses divers regards : urbanistique, sociologique, géographique, psycho-environnementale, culminant dans un regard interdisciplinaire. Pour ce faire, notre revue de la littérature présente les œuvres classiques portant sur l'espace public ainsi que les œuvres très récentes qui portent sur un concept récemment apparu : les espaces relâchés, terme lié surtout aux espaces résiduels auxquels la population donne de nouveaux usages. Afin de développer cette recherche, nous avons adopté la méthode de l'étude de cas à partir de relevés de terrain, pour mieux comprendre les spécificités du phénomène. Nous avons contextualisé notre étude de cas à partir de l'analyse des différents types d'espaces relâchés de Pointe-Saint-Charles. C'est lors de recherches antérieures réalisées au Brésil que l'idée d'étudier ces espaces a germé et elles ont été utilisées afin d'éclairer la démarche de l'étude du cas montréalais. Toutefois, il faut souligner que le cas montréalais n'a pas été aussi riche que prévu. Notre but est de définir les caractéristiques générales des espaces relâchés et ses différents types, tout en soulignant leur importance, selon nous, pour les couches sociales plus pauvres. Leur adaptabilité et leur flexibilité sont deux éléments primordiaux que les rendraient plus sensibles à leur production et leur reproduction, entre autres dans les quartiers ouvriers des villes canadiennes et dans les favelas brésiliennes. Nous espérons ainsi contribuer à la compréhension de l'importance de la création d'espaces de sociabilité plus relâchés dans les villes.\ud
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : espaces relâchés, espaces publics, créativité populaire, Pointe-Saint-Charles
Les enjeux du territoire et du patrimoine de l'industrie au XXe siecle : Les systèmes de productions locaux (SPLs) au Brésil et le cas d'Ibitinga
O sĂ©culo XX Ă© caraterizado por uma dinâmica bastante particular dos setores produtivos e notamente do setor secundário. Num mesmo sĂ©culo assiste-se a construção, desconstrução, reestruturação, deslocalização e revitalização dos territĂłrios industriais. Entre os tecidos industriais ainda produtivos, uma tipologia especĂfica ocupa lugar estratĂ©gico no cenário mundial de competição entre os territĂłrios: os SPLs (Sistemas Produtivos Locais). Um tipo de organização industrial baseado na especialização produtiva de várias pequenas e mĂ©dias empresas ao redor de um produto, ofĂcio ou "savoir faire" tradicional; de forte ancoragem territorial e engajamento da população e instituições locais. Assim, revela-se uma identidade territorial, uma vantagem competitiva, que pode ser incrementada se explorarmos tambĂ©m a dimensĂŁo patrimonial e nĂŁo apenas a econĂłmica. Analisando-se o caso de um SPL no Brasil tenta-se encontrar tal identidade e dimensĂŁo patrimonial e propĂ´r possibilidades de salvaguarda e valorização deste patrimĂłnio - material e imaterial - local
Le territoire, lien ou frontière ? : identités, conflits ethniques, enjeux et recompositions territoriales
La « mise en scène » de l'ethnicité maghrébine à Montréal
RÉSUMÉ : Cette thèse de doctorat développe un sujet classique en sociologie urbaine : la présence de l’immigration et l’altérité en milieu urbain. En prenant pour étude de cas une nouvelle immigration au Québec, les Maghrébins, ce travail s’attarde sur le territoire montréalais. Cette recherche lie d’une façon systématique les champs des études ethniques à celui de la géographie sociale en ayant un cadre conceptuel multidisciplinaire. L’on s’est penché sur ce que signifiait la «maghrébinité» dans le contexte québécois et montréalais, notamment en développant des données originales et en utilisant des méthodes multiples, comme la cartographie des marqueurs de l’ethnicité utilisés pour rendre visible cette appartenance «maghrébine». Ce travail rend compte, à travers un travail statistique, cartographique et ethnographique, de cette immigration en provenance du Maghreb se concentrant à 90% dans la région de Montréal. L’étude de ce groupe hétérogène, s’est basée sur une description des caractéristiques linguistiques, démographiques, religieuses et résidentielles. Ce travail s’est inscrit dans le sillage des recherches qui questionnent les interactions construisant l’ethnicité et ses frontières, autant que dans ceux qui décrivent ces mêmes interactions dans la ville. En utilisant le concept d’hétérolocalisme qui caractérise, selon cette thèse, la géographie des immigrants maghrébins à Montréal, on y questionne également la nature des noeuds spatiaux qui peuvent prendre place, tel que le quartier désormais intitulé « Petit-Maghreb ». C’est à partir de ce dernier espace, analysé comme un quartier perçu, conçu et vécu, que l’on fait ressortir le thème de l’ambivalence de l’ethnicité, central pour saisir les frontières ethniques qui s’élaborent et que cette thèse décrit chapitre après chapitre. The doctoral thesis developed a classic case in urban sociology, immigration in urban environments, focusing on a new wave of immigration from the Maghreb in Quebec. The doctoral research attempted to systematically link the field of ethnic studies to that of social geography while relying on a multidisciplinary conceptual framework. Thus, it concentrates on the meaning of “maghrebinity” in Quebec and Montreal’s context, particularly mapping out the territories where ethnicity markers were used to make this “maghrebi” belonging visible. The doctoral thesis offers an account of this immigration from the Maghreb -concentrated in 90% of cases in the Montreal region- through a statistical, cartographic and ethnographic analysis. The study of this heterogenous group was based on a description of linguinstic, demographic, religious and residential characteristics, included in the wake of research that questions interactions that build ethnicity and its borders. After examining the nodal heterolocalism specific to the geography of immigrants from the Maghreb, we reframe the history of the neighbourhood designated as the “Little Maghreb”. Constrasting the neighbourhood as it is perceived, conceived and experienced, the thesis extracts the ethnic ambivalence of its stakeholders
La voie du GRIDEQ : du développement régional au développement territorial
Au-delà de la succession des programmes gouvernementaux de développement ou des modes académiques, les communautés poursuivent un effort quotidien pour traiter les problèmes qui se présentent sur leurs territoires. Pour désigner ce travail du territoire par les acteurs, l’Est du Québec a revendiqué la notion de « Dignité ». À la fois normative, heuristique et analytique, cette injonction paraît bien décrire quarante années d’études régionales au sein du Groupe de recherche interdisciplinaire sur le développement régional, de l’Est du Québec (GRIDEQ) : l’ambition des acteurs à développer leur espace ici et maintenant mérite d’être découverte, explicitée et expliquée en termes scientifiques – ce à quoi la présente anthologie entend participer.
À travers une sélection de 24 textes, Yann Fournis donne à observer une démarche collective de production de connaissances dans un champ particulièrement dynamique des sciences sociales québécoises qui a fait le pari, depuis son origine, de l’hybridation entre disciplines. La présentation de ces textes en quatre grandes périodes, de 1974 (année de fondation du groupe à l’Université du Québec à Rimouski) à 2015, permet de mettre en évidence les évolutions intellectuelles des membres du GRIDEQ, depuis les analyses critiques de la dépendance économique et de la domination spatiale jusqu’aux propositions, assagies, en termes de « développement territorial ». Il s’agit ultimement de montrer, à travers le cheminement d’un collectif scientifique œuvrant en région, qu’il existe des logiques fondamentales de structuration de la connaissance prenant racine au sein même des territoires.
Avec des textes de :
Raymond Beaudry ▪ Pierre Bruneau ▪ Serge Côté ▪ Hugues Dionne ▪ Fernand Harvey ▪ Bruno Jean ▪ Juan-Luis Klein ▪ Danielle Lafontaine ▪ Paul Larocque ▪ Benoît Lévesque ▪ Guy Massicotte ▪ Carol Saucier ▪ Oleg Stane
L'histoire et la mémoire en suspens : le patrimoine des villes post-industrielles et le cas du silo no 5 de Montréal
Le présent mémoire s'intéresse à la question du patrimoine des villes post-industrielles à partir de l'analyse d'un cas spécifique, celui du processus de patrimonialisation de l'élévateur à grain no 5 de Montréal. En partance d'une relecture d'un débat sur les notions et les pratiques de l'histoire et de la mémoire ayant contribué, dans les années 1980, aux mouvements de l'histoire culturelle et au renouveau de l'épistémologie des sciences historiques, nous interrogeons la construction socioculturelle des patrimoines contemporains, et du patrimoine industriel en particulier. Plus spécifiquement, nous questionnons la participation de ce type émergeant de patrimoine aux transformations des rapports à l'espace et au temps qui caractérisent les villes post-industrielles. Dans cette perspective, notre démarche s'interroge sur l'implication des savoirs historiques et sur leurs tensions constitutives avec la construction de mémoires socioculturelles spécifiques, qui contribuent ainsi à la patrimonialisation d'un objet public urbain. Trois questions centrales président à notre démarche. De qui, de quoi y a-t-il mémoire? De qui, de quoi y a-t-il histoire? Comment les savoirs cultivés et les souvenirs culturels transigent-ils ainsi dans la construction des patrimoines actuels? Le cas du silo no 5 est ainsi examiné à l'aune de deux séries historiques comparées. La première présente la mise en forme d'une description historique du silo no 5, que nous avons construite à partir d'une recherche documentaire de notre cru. La seconde décrit, par le biais d'une analyse comparée, la mise en exposition du silo no 5 telle qu'elle fut réalisée, en 2000, à l'occasion d'une exposition organisée spécifiquement à son sujet par le Centre d'histoire de Montréal. Cette analyse descriptive débouche sur l'exposé de quatre logiques patrimoniales se dégageant du processus de patrimonialisation examiné, qui prennent la forme de tensions imbriquées et paradoxales. Une première logique, qui s'attache aux intentionnalités qui sous-tendent l'action patrimoniale, identifie une tension entre la transformation et la monumentalisation de l'objet, d'où ressort le travail d'une mémoire paradoxalement absente du lieu. Une seconde logique démontre la prégnance de l'urbanité sur le passé propre de l'objet patrimonial, en exemplifiant les tensions qui définissent son intégration et sa dislocation dans le tissu urbain. Une troisième logique, plus proprement culturelle, s'attarde aux tensions du spectaculaire et de l'intervention dans la mise en scène patrimoniale, qui correspondent à des dispositifs caractéristiques de la transformation des nouveaux espaces publics urbains. Ces tensions constitutives culminent enfin dans une logique plus globale de l'objet patrimonial mettant en exergue l'un des enjeux fondamentaux du patrimoine contemporain, et des rapports à l'histoire et à la mémoire qu'il engage. Cet enjeu est celui d'une question troublante d'actualité: les patrimoines actuels parviendraient-ils ainsi à tirer de l'oubli par l'oubli? Fondés sur une \ud
« authenticité » nouvelle, les patrimoines des villes post-industrielles imposeraient-ils désormais à l'histoire le verdict de la mémoire? ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Histoire, Mémoire, Sociologie historique, Épistémologie de l'histoire, Ville post-industrielle, Espaces publics urbains, Patrimoine, Patrimoine industriel, Montréal (Québec)
Le projet urbain vu comme un catalyseur identitaire : analyse de contributions récentes à la montréalité (1992-2003)
Cet ouvrage s'intéresse à l'importante question des tensions entre l'innovation et la continuité dans la conception du cadre bâti. La présente recherche porte sur la mise à jour de la singularité du paysage urbain montréalais (la « montréalité », Charney, 1980) par l'actualisation de référents dans les projets d'architectes et d'aménagistes. Une telle \ud
« régénération symbolique » (Létourneau, 2000) rejoint deux défis des villes contemporaines: éviter l'uniformisation d'un universalisme mimétique et promouvoir la place d'une ville et de sa spécificité parmi les réseaux de la globalisation. Un des leitmotivs de la production actuelle de l'architecture et de l'aménagement urbains est ainsi interpellé: comment concilier la volonté d'ancrage au contexte local et la réactualisation de la vision moderne? Nous proposons d'examiner le processus par lequel des projets urbains (d'architecture et d'aménagement) participent à la constitution de l'image identitaire de la ville, dans le cas de Montréal. Les études sur les paysages de représentation et l'imagerie identitaire urbaine se sont multipliées récemment (abordées sous divers angles par les Roncayolo, Corboz, Chassay, Morisset, Grignon, Mercier et autres). Mais le rôle des projets d'architecture et d'aménagement y reste inexploré, bien que le cadre bâti qui en est « issu » soit désigné producteur d'identité (Noppen, 1995). Constituée au terme de la reconnaissance par les critiques, la montréalité, attribuée à des caractères architecturaux et urbains, affleurerait en amont, dans les figures et les stratégies de la genèse des projets. L'idée de la montréalité serait alors le fait d'un cycle, depuis les projets jusqu'à leur reconnaissance. Selon cette hypothèse, notre recherche vise à analyser un corpus de cas d'espèce pour comprendre comment le projet d'architecture et d'aménagement urbains est investi de l'idée de montréalité et comment ce processus d'investissement est conçu, par son auteur puis par son « public », comme contribuant à l'affirmation et, éventuellement, aux mutations de cette idée de la montréalité. À l'instar de Ruskin, Sitte, Giovannoni ou Rossi, nous considérons le paysage urbain en tant que tissu continu de constructions et d'espaces où le bâtiment n'est pas un objet isolé, mais partie d'un tout signifiant. L'analyse du projet vise ainsi à contribuer à en démêler l'écheveau identitaire, puisque l'inscription du projet dans le cadre bâti est vue comme une constituante de l'identité urbaine. Notre cadre théorique, au coeur de l'histoire critique des idées en architecture et en aménagement, positionne les documents qui témoignent de la démarche du projet en corpus primaire: nous y retraçons les caractères idéels (idées-images, ElIul, 1984) de la montréalité en vertu d'un modèle systémique qui intègre les interrelations, dans le projet, entre l'origine des caractères de la montréalité (les référents) et leur usage (le recyclage et les mutations). Notre méthodologie s'appuie alors sur la critique génétique (de Biasi, 2000) : nous étudions ainsi dessins, maquettes et autres documents \ud
« génétiques » du projet, avant d'en confronter la montréalité à celle de la fortune critique, cette fois par une analyse foucaldienne du discours et des formes. Le portrait global qui en résulte trace l'herméneutique de projets primés ou reconnus pour leur montréalité, depuis 1992, c'est-à -dire depuis que le 350e anniversaire de fondation de Montréal a propulsé l'idée de la montréalité à l'avant-plan de la scène culturelle. En comprenant la participation de la genèse du projet d'architecture et d'aménagement à l'idée de la montréalité (reconnue a posteriori d'un projet ou conçue comme image globale de la ville), notre recherche contribue à l'avancement des approches en histoire de la forme urbaine en intégrant un nouveau corpus aux représentations analysées. Motivée par l'effervescence récente de la recherche propre aux champs architectural et de design urbain, notre thèse participe au développement de nouveaux créneaux de recherche résolument disciplinaires en évaluant les modalités de la critique génétique pour l'analyse de la sérniogenèse du projet. Elle participe aussi aux connaissances sur le « patrimoine urbain récent » de Montréal en enrichissant sa compréhension et en diversifiant les approches et les outils de son analyse. En effet, savoir dépister, dans un esprit ouvert au changement, la teneur de la contribution de projets actuels à la spécificité et à l'identité du bâti amène à considérer le respect du patrimoine non plus comme une contrainte formelle, mais comme un intrant de l'avenir. Notre recherche fait ressortir quatre déclinaisons d'un nouveau paradigme de l'identité urbaine de Montréal, qui permettent d'établir une nomenclature des tendances, dans le paysage bâti montréalais, de l'appropriation locale des précédents issus de la culture architecturale globalisée. À l'enseigne de l'hybridation entre néomodernité (universaliste) et urbanité (culturaliste) -l'une sensible aux nouvelles technologies et à la conscience du durable, l'autre sensible au contexte local -, nous dévoilons l'émergence d'un paradigme hybride que nous nommons la contextualité critique. Créant une identité territoriale revisitée, les architectes et les aménagistes soucieux de s'inscrire dans la continuité des imageries identitaires qui matérialisent dans le cadre bâti la personnalité de Montréal exercent ainsi leur capacité d'innover. Attentives aux « idées-images » en chantier, nos futures recherches viseront à approfondir, dans une visée prospective, les tenants et aboutissants des quatre thèmes qui annoncent la régénération symbolique du cadre bâti montréalais. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Identité urbaine, Montréal, Histoire critique, Forme urbaine, Architecture et aménagement contemporains, Analyse génétique du projet, Méthodes du projet urbain architectural et d'aménagement, Paradigmes émergents
À la recherche d'un autre développement? : la dévitalisation urbaine et la revitalisation communautaire au centre urbain de Chicoutimi de 1960 à nos jours
Cette thèse emprunte la perspective de la recherche d'un autre développement pour examiner l'action des groupes de l'espace non institutionnel au centre urbain de Chicoutimi. Avec comme toile de fond la dévitalisation des quartiers centraux de l'arrondissement de Chicoutimi depuis les années 1970, cette étude cherche à voir comment les actions des groupes communautaires ?uvrant sur le territoire urbain peuvent être perçues dans la recherche d'un autre développement.
L'interrogation principale qui sous-tend la thèse est de savoir si les groupes communautaires peuvent êtres considérés comme des acteurs du développement et surtout comme les acteurs d'un autre développement, qui s'élabore non seulement dans les grandes officines internationales du développement, mais également sur le terrain des groupes ?uvrant à la base, dans les territoires locaux, comme ceux du centre urbain de Chicoutimi.
Au plan théorique, les théories du développement et plus particulièrement les théories du paradigme critique du développement et de l'après-développement représentent l'axe central de cette recherche. La présentation et l'analyse de ces théories, mises en lien avec l'action des groupes ?uvrant au centre urbain de Chicoutimi, constituent le c?ur de l'argumentation de la thèse.
Pour réaliser cette passerelle entre les théories du développement et la pratique concrète des groupes de l'espace non institutionnel, îa thèse présente un portrait exhaustif de la problématique de dévitalisation qui existe au centre urbain de Chicoutimi depuis 1970, ainsi qu'un récit et une analyse minutieuse de l'action de quatre groupes communautaires ?uvrant au centre urbain de Chicoutimi, depuis les années 1960 jusqu'à nos jours, chacun de ces groupes représentant une décennie selon son année de fondation. À travers la description et l'analyse de la désintégration territoriale et de l'action de ces groupes communautaires, c'est la dynamique de la dévitalisation et de la revitalisation communautaire que l'on voit se profiler.
Cette recherche sur l'action des groupes communautaires à Chicoutimi s'inscrit dans le débat soulevé par plusieurs théoriciens du développement (Rist, Guichaoua, Goussault, Fontan, Latouche etc.) sur la reconceptualisation de îa notion de développement et sur l'élaboration du paradigme de l'après-développement, qui se veut en rupture et en dehors du paradigme développementiste. L'étude empirique de l'action de groupes communautaires à Chicoutimi, présentée dans cette recherche, sert donc de point d'ancrage pour tenter de répondre aux questions soulevées et pour contribuer au débat sur la reconceptualisation de la notion de développement. La thèse se veut aussi une contribution à l'histoire du mouvement communautaire, et particulièrement à l'histoire du mouvement communautaire en région périphérique